01 Juin

Armelle et Mirko : une bande dessinée jeunesse pour mettre en lumière la peur du noir

Elle a beau être irrationnelle, la peur panique du noir est universelle. Et c’est justement pour cette raison que les trois auteurs Loïc Clément, Anne Montel et Julien Arnal ont souhaité aborder le sujet et apporter quelques clés pour la surmonter à travers une fiction pleine de poésie et de tendresse…

Savez-vous ce qu’est l’achluophobie ? Derrière ce mot barbare se cache une réalité assez répandue, surtout chez les jeunes enfants : la peur panique de l’obscurité.

C’est ce dont souffre Armelle, une tortue. À la nuit tombée, elle allume un feu, puis une bougie, tentant de rester éveillée. Et le jour ? Ce n’est pas mieux. Au moindre danger, Armelle ne peut même pas se réfugier dans sa carapace : il y fait affreusement noir. Armelle est désespérée jusqu’au jour où elle croise le chemin de Mirko, un insecte qui pourrait bien lui changer la vie…

Cette histoire d’une tendresse infinie est signée par le dessinateur originaire du Cantal, Julien Arnal, transfuge du cinéma d’animation et de l’illustration, et deux scénaristes jusqu’à peu sarthois, Anne Montel et Loïc Clément, dorénavant domiciliés en Bretagne où les nuits ne sont pas moins courtes et le noir pas moins profond. Interview…

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12 Mai

Tati et le film sans fin : plus qu’une biographie, un hommage en bande dessinée à un monument du cinéma

Sa silhouette est aussi reconnaissable que celle de Charlot, Monsieur Hulot, pour vous servir, personnage indissociable de son créateur, Jacques Tatischeff, dit Jacques Tati, réalisateur, scénariste, acteur, clown, mime. Le Brestois Arnaud Le Gouëfflec et l’Angevin Olivier Supiot viennent de lui tirer le portrait dans une biographie dessinée aussi poétique et délicieuse que son oeuvre. Rencontre…

Il rêvait de devenir clown, il deviendra l’une des figures majeures du cinéma français en réalisant des films comme Jour de fête, Mon Oncle, Playtime, Trafic ou encore Parade.

Il est bien évidemment le créateur de Monsieur Hulot, personnage emblématique reconnaissable entre tous avec sa silhouette filiforme, cette élégance so british et une démarche en déséquilibre permanent, un Monsieur Hulot qui viendra passer ses vacances dans notre région, sur la plage de Saint-Marc-sur-Mer où trône aujourd’hui encore une statue à son effigie.

Jacques Tati ne rentrait pas dans le cadre et pas seulement à cause de sa grande taille. Non, l’homme avait du caractère, savait ce qu’il voulait, bref refusait de rentrer dans le moule. Pas banal pour un fils d’encadreur !

Et l’homme a inspiré et inspire aujourd’hui encore nombre de créatifs. Preuve en est cet album paru chez Glénat et signé par le scénariste Arnaud Le Gouëfflec et le dessinateur Olivier Supiot, une biographie de Jacques Tati, à  l’image du personnage, un brin décalée et poétique. Interview…

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09 Avr

Gone with the Wind : l’adaptation d’un monument de la littérature américaine par Pierre Alary (INTERVIEW)

S’attaquer à un tel chef d’œuvre de la littérature et du cinéma réunis ne manque pas d’audace. Pourtant, Pierre Alary l’a fait et bien fait, nous offrant à l’arrivée un magnifique album au dos toilé rouge du plus bel effet…

Gone with the Wind. Autant en emporte le vent en bon français est une expression vieille comme le monde ou presque mais c’est surtout le titre d’un film de Victor Fleming sorti en 1939 et avant ça encore celui d’un roman de Margaret Mitchell paru en 1936.

L’adaptation que voici est le fruit d’un auteur séduit par le décorum du western ou plus largement du 19e siècle américain, époque qu’il a déjà pu aborder dans son album précédent, Don Vega, une variation autour du légendaire cavalier masqué Zorro.

Mais l’histoire n’est pas la même, pas question ici d’un justicier solitaire ou presque mais d’une jeune femme, Scarlett O’Hara, fille d’un riche propriétaire sudiste, élevée au milieu d’une armada d’esclaves plus dévoués les uns que les autres.

© Rue de Sèvres / Alary

L’histoire est connue, Scarlett O’Hara est amoureuse d’un certain Ashley Wilkes qui est promis à une autre femme. Durant des années, elle tente tout de même de le conquérir. Sans y parvenir. La guerre de Sécession passe par là, ruinant sa famille. Elle doit trouver de l’argent pour sauver la plantation, envisage un temps de devenir la maîtresse de Rhett Butler qui a des vues sur elle depuis longtemps mais finit par épouser l’ex-futur mari de sa sœur au porte-monnaie bien joufflu. Vous suivez ?

Bref, une histoire d’amour et de guerre, une histoire d’argent aussi dans un contexte de fin du monde ou plus exactement de fin d’un monde, celui du Sud esclavagiste.

Alors bien sûr, avec nos yeux et nos oreilles d’aujourd’hui, on peut juger le roman profondément raciste. L’éditeur de la version anglaise a d’ailleurs préféré ajouter dans la nouvelle édition du roman cet avertissement :

«Autant en emporte le vent comprend des éléments problématiques, notamment la romantisation d’une époque choquante de notre histoire et des horreurs de l’esclavageLe roman inclut la représentation de pratiques inacceptables, des représentations racistes et stéréotypées et des thèmes, une caractérisation, un langage et une imagerie troublants»

© Rue de Sèvres / Alary

De quoi nous refroidir ? De quoi refroidir toute velléité de lecture ou mieux d’adaptation ? Pour Pierre Alary, les choses sont claires. « Loin de moi l’idée de vouloir disculper Margaret Mitchell de quoi que ce soit mais j’ai pris cette histoire comme celle d’une famille avec une représentation du sud de l’époque et je pense une représentation d’une certaine forme d’opportunisme et de capitalisme ».

Si le livre n’est pas un chef d’œuvre de style comme le reconnaît Pierre Alary, son intérêt est ailleurs : « Ce sont les personnages qui m’ont donné envie de faire cette adaptation, le jeu entre Scarlett O’Hara et Rhett Butler, cette espèce de duel permanent, est exceptionnel. Et puis, oui, j’avais également envie de voir pourquoi il y avait tous ces débats autour du roman. Finalement, en tant que lecteur, je pense que tout ce qu’on reproche au livre est un peu exagéré, par rapport à des situations plus récentes aux États-Unis ou ailleurs, quand tu vois par exemple qu’on peut tuer des mecs dans la rue en s’asseyant dessus (affaire George Floyd, ndlr).

© Rue de Sèvres / Alary

« Ce qui est reproché au livre, c’est cette espèce de complaisance envers l’esclavagisme, le fait de montrer des esclaves plutôt heureux de leur sort. Mais il ne faut pas oublier, que ce roman est une représentation de la réalité, pas la réalité ».

Sans vouloir entrer dans la polémique, s’interroger sur un éventuel retrait du livre des catalogues, comme le fut le film de la plate-forme de streaming HBO Max au lendemain du meurtre de George Floyd, on peut légitimement s’interroger sur le travail d’adaptation. Pierre Alary est resté fidèle au roman mais avec nuance.

« Quand tu adaptes un livre, il est intéressant de sentir que tu as des choses à y mettre et à faire passer. J’ai par exemple tout de suite gommé cet accent « petit nègre » qui pour le coup me semblait humiliant, j’ai aussi évité certains mots qui me gênent de par mes convictions. Le second tome sera un peu plus politisé puisqu’on abordera des choses comme le KKK. Je vais passer par le personnage de Rhett Butler, qui est un peu la fenêtre sur le monde moderne, pour amener des choses qui me correspondent un peu plus »

© Rue de Sèvres / Alary

Passer d’un roman de plus de 1000 pages à une bande dessinée qui n’en comptera que 300 sur 2 volumes à l’arrivée est une belle performance que l’on peut doublement saluer ici, tant sur le plan du travail purement d’adaptation scénaristique que de la mise en image elle-même. Gone with the Wind, en anglais pour des histoires de droits, a été entièrement réalisé à l’ordinateur, ce qui confère à l’ensemble une belle homogénéité. Beau boulot !

Eric Guillaud

Gone with the wind, de Pierre Alary d’après le roman de Margaret Mitchell. Rue de Sèvres. 25€

02 Fév

Rencontre avec Sole Otero, lauréate du Fauve d’Angoulême Prix du public France Télévisions pour son album Naphtaline

Elle est argentine, autrice de bande dessinée et de livres jeunesse et depuis peu lauréate du prestigieux Fauve d’Angoulême Prix du Public France Télévisions, rencontre avec la talentueuse Sole Otero qui ne boude pas son bonheur…

Sole Otero sur la scène du théâtre d’Angoulême le 28 janvier 2023 pour la remise de son Fauve Prix du Public France Télévisions • © Antoine Guibert pour FIBD / 9eArt+

Pour tout vous dire, l’affaire n’a pas demandé des heures et des heures de joutes verbales, le jury du Fauve d’Angoulême Prix du Public France Télévisions composé de neuf lecteurs passionnés de bande dessinée a souhaité saluer à l’unanimité le travail de l’Argentine Sole Otero pour son album Naphtaline paru aux éditions ça et là.

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07 Sep

Rencontre avec le Nantais Olivier Schwartz, nouveau dessinateur des aventures de Spirou et Fantasio

Personnages iconiques du neuvième art s’il en est, Spirou et Fantasio sont de retour pour de nouvelles aventures sous les plumes et les pinceaux d’un trio d’auteurs prêt à tout, y compris à faire mourir le héros-titre. Au dessin, un Nantais d’adoption, Olivier Schwartz. Rencontre…

Aucun personnage sur la couverture, le costume rouge suffit de lui-même, un costume de groom, celui de notre ami Spirou, 84 ans d’existence, 56 aventures à travers le monde, une bonne vingtaine de dessinateurs et scénaristes à ses petits soins au fil du temps, et un retour, fracassant, où il est question de voir la ville sous-marine de Korallion et mourir

La mort de Spirou ? Voilà bien un titre à mettre le feu sur les réseaux sociaux, affoler les amoureux du personnage, mécontenter les gardiens du temple, ceux qui connaissent ses aventures sur le bout des cases et ne peuvent accepter la disparition d’un mythe, d’une légende, d’une partie d’eux-mêmes.

La mort de Spirou ? Oui mais… Alors que les éditions Dupuis fêtent cette année leur centième anniversaire, il n’était pas question de tuer celui qui les a rendues célèbres à travers le monde de la bande dessinée mais bien de relancer ses aventures au point mort depuis 6 ans, depuis que le tandem nantais constitué de Yoann et Vehlmann a décidé de passer la main.

Deux Nantais quittent l’aventure, deux autres Nantais la rejoignent, Olivier Schwartz au dessin et Alex Doucet aux couleurs. Côté scénario, les éditions Dupuis créent la surprise en appelant à la barre deux jeunes auteurs assez éloignés de l’univers de Spirou, le Parisien Benjamin Abitan, plus connu dans le monde des fictions radiophoniques et du théâtre, et la Marseillaise Sophie Guerrive.

Histoire d’en savoir un peu plus sur cette reprise, un événement dans le monde de la BD, nous avons retrouvé Olivier Schwartz chez lui, dans son atelier. Le temps de prendre un petit café et de se remémorer notre première rencontre en 2017 autour de l’album La Femme léopard, il était temps de passer aux choses sérieuses et de passer à la première question.

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11 Mar

INTERVIEW. La Vie de ma mort : une nouvelle BD de l’Angevin Fortu pour les bons vivants et les autres

Un bon brossage des dents, un coup de peigne et voilà nos amis les zombies fin prêts pour de nouvelles aventures croquées par l’auteur saumurois Fortu. De quoi retrouver le sourire, même dans un monde de brutes épaisses.

© Delcourt / Fortu

Nous l’avons découvert en 2016 avec l’album Saudade, recueil d’histoires courtes inspirées de sa vie, retrouvé en 2020 alors qu’il croquait le confinement sur Instagram, il est de retour avec un petit format paru aux éditions Delcourt délicieusement baptisé La Vie de ma mort. L’auteur y décrit le quotidien d’une famille de morts-vivants, un père, une mère et deux ados, prête à tout pour s’intégrer dans la société des vivants, même si les vieux réflexes reprennent vite le dessus. Des histoires courtes d’une ou deux pages à mourir de rire. Un bon bol de sang frais et Fortu nous dit tout ici et maintenant…

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14 Jan

« Je rêve de faire une bande dessinée inadaptable au cinéma » : rencontre avec Pascal Rabaté, auteur et réalisateur atypique

Que ses récits se déroulent pendant la révolution russe, au début de la deuxième guerre mondiale ou dans les années 60, Pascal Rabaté n’a toujours eu qu’une ambition : raconter son époque. Rencontre avec l’un des plus grands auteurs français – et nantais d’adoption – à l’occasion de la sortie de sa nouvelle bande dessinée : Sous les galets la plage…

© éric guillaud

Il y a comme un air de révolte. Et pas seulement dans le titre habilement détourné d’un slogan de mai 68 mais dans le récit en lui-même et assurément dans l’esprit de son auteur. Rien d’étonnant quand on connaît un peu le bonhomme. Pascal Rabaté n’a jamais suivi le même chemin que tout le monde.

Déjà tout petit…

Le dessin ? Plus qu’une évidence, un besoin. « J’ai dessiné avant d’écrire. Comme beaucoup mais moi j’étais dyslexique, ce qui m’a freiné dans la prose. Donc le dessin fut mon premier moyen de communication. Je n’étais pas bon, j’étais juste moins mauvais que les autres ».

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13 Déc

Rencontre avec Bruno Bazile, dessinateur de l’adaptation en BD des Enquêtes de Victor Legris

Dessinateur des Aventures de Sarkozix, de la biographie dessinée de Charlie Chaplin et d’une bonne vingtaine d’albums supplémentaires, l’auteur nantais Bruno Bazile publie aux éditions Phileas l’adaptation d’un roman policier dans le Paris du XIXe siècle avec la Tour Eiffel pour témoin…

© F3 / Eric Guillaud

Nous l’avions rencontré en novembre 2O19 à l’occasion de la sortie d’une biographie dessinée consacrée à une grande étoile du cinéma, Charlie Chaplin. Changement de décor, changement de personnage, Bruno Bazile revient avec l’adaptation du premier roman des Enquêtes de Victor Legris, une saga policière historique à succès écrite à partir de 2003 par Liliane et Laurence Korb sous le pseudonyme de Claude Izner.

Bruno Bazile en signe le dessin sur un scénario du très prolifique Jean-David Morvan. Enquête policière autour d’une série de meurtres intervenant durant l’exposition universelle de Paris, Mystère rue des Saints-Pères est aussi une belle histoire d’amour dans le Paris de l’époque, un Paris merveilleusement bien recréé par la magie du coup de crayon élégant de Bruno Bazile.

Qui est Victor Legris ? Victor Legris est un passionné de livres anciens d’une trentaine d’années, propriétaire de la librairie L’Elzévir rue des Saints-Pères à Paris. Alors que l’exposition universelle bat son plein, que la foule se presse pour découvrir la Tour Eiffel, qu’on lui propose une place de chroniqueur littéraire dans un nouveau journal baptisé Le Passe-Partout, Victor Legris est interpelé par une série de morts inexpliquées qui se révèlent être des crimes. Intrigué, Victor Legris décide de mener l’enquête…

Pour évoquer ce nouvel album, nous avons donné rendez-vous à Bruno Bazile dans son atelier du côté de Rezé. À notre arrivée, Bruno était en plein travail sur le deuxième tome de la série qui sortira dans quelques mois.

L’Interview ici…

25 Nov

INTERVIEW. Pat Perna nous dit toute la vérité sur son album Kosmos réalisé avec Fabien Bedouel au dessin

Les pieds sur Terre, la tête dans l’imaginaire, le scénariste Pat Perna, accompagné du dessinateur Fabien Bedouel, revisite l’histoire de la conquête de la Lune façon fake news avec pour objectif une bonne dose de divertissement et un brin de réflexion…

Extrait de la couverture de l’album Kosmos © Delcourt / Perna & Bedouel

Et si, comme l’ont prétendu et le prétendent encore aujourd’hui certaines personnes pas toujours bien intentionnées, les Américains n’avaient pas foulé le sol de la Lune, ou du moins n’avaient pas été les premiers à le faire. S’inspirant des fausses nouvelles et autres théories du complot qui n’ont pas attendu les réseaux sociaux numériques pour inonder la planète, Pat Perna a imaginé le scénario de Kosmos, magnifiquement mis en images par son complice Fabien Bedouel.

Nous sommes le 20 juillet 1969, l’homme pose pour la première fois le pied sur la Lune. Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité, les images font le tour du monde, les États-Unis s’imposent dans la conquête de l’espace. Et puis patatras… En rejoignant son module, Armstrong aperçoit au loin un drapeau soviétique et un véhicule lunaire russe, plus loin le corps d’un astronaute mort : une femme.

Les États-Unis coiffés au poteau ? Le sexe masculin humilié ? Sur 210 pages à couper le souffle, les auteurs nous livrent ici un grand récit d’aventure spatiale en même temps qu’une base de réflexion sur les fake news et leur capacité de nuisance… 

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19 Mar

L’histoire du dernier homme de Fukushima racontée par Fabien Grolleau et Ewen Blain

Il y a des images qui nous marquent à vie, celles de la catastrophe de Fukushima en font partie. Mais derrière ces images aussi fortes soient-elles, il y a des hommes et des femmes, des vies bouelversées. Les ex-Nantais Fabien Grolleau et Ewen Blain nous racontent ici celle de Naoto…

Les cerisiers étaient en fleurs, la campagne était belle, rien ne pouvait laisser présager ce qui allait se passer ce 11 mars 2011 sur la côte nord-est du Japon et notamment à Fukushima.

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