Un quartier qui disparaît, un pays qui s’éloigne, un amour qui s’enfuit, un enfant qui meurt… Vous l’aurez compris, Saudade ne fait pas dans le registre de l’humour. Sous ce titre qui exprime une mélancolie empreinte de nostalgie, le Ligérien Franck Fortuna, alias Fortu, a réuni une quinzaine d’histoires courtes tristes et belles à la fois…
Fortu est d’origine portugaise, ceci explique cela, en l’occurence le choix de ce mot pour titre, Saudade, un mot si bien mis en musique par Cesária Évora. Pour la quinzaine de récits qui composent ce recueil paru dans la collection Shampooing des éditions Delcourt, Fortu s’est en partie inspiré de sa propre vie ou de celle de sa famille. Il y raconte notamment son père qui a fuit le Portugal en 1965. Ou plus précisément la dictature de Salazar. Car le pays, son pays, il l’a toujours conservé quelque part au fond du coeur, au point, 48 ans après son arrivée en France, de ne toujours pas se sentir français. Et de ne plus vraiment se sentir portugais. Qui est-il ? Qui sommes nous ? Quelle trace laissons-nous ? Autant de questions que soulève chacune de ces histoires courtes. `
Pas de cases, pas de bulles, deux dessins par page, un graphisme épuré à son maximum, Fortu établit ainsi une proximité étonnante, un lien intime avec le lecteur qui lui permet de transmettre sa saudade. Un très beau livre.
Eric Guillaud
Saudade, de Fortu. Editions Delcourt. 14,50 €