17 Nov

Fleur de Tonnerre : Cornette et Jürg adaptent le roman de Jean Teulé

On parle souvent de tueurs en série, rarement de tueuses, en voici pourtant une et pas des moindres, la Bretonne Hélène Jégado dit Fleur de Tonnerre, accusée du meurtre de 37 personnes et guillotinée en 1852…

C’est un peu Arsenic et vieilles dentelles cette histoire, des dentelles bretonnes bien sûr. Une histoire vraie qui débute au début du XIXe siècle pour s’achever brutalement en son milieu avec une empoisonneuse guillotinée et un nombre indéterminé de victimes.

Certains parlent d’une trentaine, d’autres de beaucoup plus, des femmes, des hommes, des jeunes, des très jeunes, des vieux, des domestiques, des curés et même la soeur de Fleur de Tonnerre… bref tous ceux et celles qui ont eu le malheur de croiser sa route et de se laisser tenter par ses bons petits plats agrémentés d’arsenic.

C’était une manie chez elle, comme d’autres rajoutent du sel sans même avoir goûté le plat, Fleur de Tonnerre glissait un peu d’arsenic ici et là histoire d’entretenir la réputation de l’Ankou dont elle croyait être la réincarnation.

D’abord porté au cinéma par Stéphanie Pillonca, le roman de Jean Teulé est cette fois adapté en bande dessinée par le tandem Cornette – Jürg précédemment responsable de Ziyi paru en 2013 aux éditions Scutella. On pouvait s’attendre, vu le sujet, à une dessin hyper-réaliste et une atmosphère pesante, étouffante.

Ce n’est pas vraiment le cas, les auteurs ont choisi d’établir une certaine distance avec l’horreur des faits par une touche d’humour, noir et grinçant bien évidemment, que ce soit dans le trait ou l’écriture. Il n’en reste pas moins que le personnage est franchement inquiétant, l’histoire, à pleine croyable, et l’album, patiné d’atmosphères bretonnes.

Eric Guillaud

Fleur de Tonnerre, de Cornette et Jürg. Futuropolis. 20€

© Futuropolis / Cornette & Jörg

16 Nov

Humour à volonté avec l’autrice angevine Mathou!

Grisaille, pluie, froid… et covid-19, nul besoin de s’appeler Nostradamus pour prédire que les prochains mois ne seront pas des plus folichons et nécessiteront une double dose de vitamines. Pour ça, nous avons ce qu’il vous faut et sans prescription médicale…

Un peu d’humour ne fait jamais de mal. En ces temps incertains, il devrait même être déclaré bien de première nécessité et remboursé par la Sécurité sociale.

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15 Nov

Punisher : Soviet ou la guerre, la putain de guerre

La série Punisher a toujours été un électron libre de la galaxie Marvel, un vigilante comme on dit en anglais qui se contrefout des lois et encore moins des règles tant qu’il s’agit de punir les ‘méchants’, quels qu’ils soient. Pas de super-pouvoirs ni d’invasion extra-terrestres ici, juste une réalité sale et perverse, la réalité de la guerre et de ses multiples dommages collatéraux. Et dans cette mini saga, Frank Castle alias le Punisher va devoir encore une fois se salir les mains…

Brutal. C’est en général le premier mot qui vient à l’esprit en parlant du Punisher et c’est particulièrement vrai dans cette mini-série de six épisodes réunis ici dans un seul volume dont la toile de fond est la trop peu souvent évoquée guerre en Afghanistan dans les années 80. Comme le rappelle justement Soviet, ce conflit fut pour le régime soviétique et surtout sa jeunesse qui y fut envoyée pour servir de chair à canon l’équivalent de ce que fut la guerre du Vietnam pour les américains : une guerre absurde et plus particulièrement violente dont personne n’est sorti vainqueur mais où tout le monde a morflé, physiquement et moralement.

© Marvel/Panini Comics – Jacen Burrows et Garth Ennis

Tout commence lorsque Castle découvre que les truands russes après lesquels il court sont massacrés un par un par quelqu’un d’autre. Il finit par rencontrer le coupable, un ancien soldat russe traumatisé par son expérience en Afghanistan. Ce dernier a décidé de se venger d’un ancien gradé, aujourd‘hui devenu homme d’affaires en recherche de respectabilité, une ordure qui avait vendu son unité aux talibans en échange d’argent. Le Punisher accepte de s’allier avec lui pour remonter à la source en laissant pas mal de cadavres sur le bas côté pendant que les services secrets américains, eux, décident de regarder ailleurs.

La première surprise de ce récit est le choix du dessinateur Jacen Burrows qu’on avait découvert dans le très fouillis Providence d’Alan Moore. Son style très propre et un chouia rigide ne semble d’abord pas collé au ton très noir mais finit par renforcer le côté très déshumanisé des personnages. Et lorsqu’il s’agit d’être très frontal dans la violence, il réussit aussi bien à nous envoyer à la gueule des images difficilement supportables qu’à suggérer.

© Marvel/Panini Comics – Jacen Burrows et Garth Ennis

L’autre surprise, c’est de retrouver au scénario, le co-créateur de Preacher Garth Ennis. Certes ce dernier avait déjà flirté avec cet anti-héros mais il impose ici une nouvelle fois ses obsessions, comme celle des individus écrabouillés par le système ou la corruption généralisée, quitte à presque réduire Frank Castle à un rôle d’observateur pendant la première moitié du récit avant de lui laisser reprendre la main pour parachever l’œuvre de son acolyte du moment.

Plus que jamais, le Punisher tranche donc ici avec ses copains super-héroïques : pas d’envolées lyriques ni de leçon de morale mais une vendetta particulièrement violente où chacun redouble de sadisme, inclus Frank Castle, bloc inexpressif et sans pitié. Brutal on vous dit.

Olivier Badin

Punisher : Soviet de Jacen Burrows et Garth Ennis. Marvel/Panini Comics. 18 euros 

09 Nov

Les Tuniques Bleues : Munuera et Beka reprennent les rênes de la mythique série

Pour certains, c’est une aberration, pour tous c’est une révolution, Les Tuniques Bleues changent de mains le temps d’un épisode et plus si affinité après que le scénariste historique de la série, Raoul Cauvin, ait décidé de se retirer avec un bilan plus qu’honorable sur la série : 52 ans de bons et loyaux services, 63 scénarios, des millions d’exemplaires vendus à travers le monde… et un sacré héritage !

Impensable, indécent, scandaleux, méprisable… On les entend d’ici les puristes intégristes du neuvième art furieux de la sortie de ce nouvel opus des Tuniques Bleues non estampillé Cauvin et Lambil. On les entend mais le fait est que Raoul Cauvin a décidé d’arrêter la série, que Lambil a besoin de temps pour digérer la nouvelle et que les éditions Dupuis, qui sont désormais propriétaires de la série, n’ont pas l’intention de laisser filer l’année 2020 sans un album.

Alors, Zorro, non pardon Munuera et Beka sont arrivés, avec leurs grands stylos et leurs grands pinceaux pour réaliser un 65e album baptisé L’Envoyé spécial. Un 65e album ? Oui, Madame, un 65e album, le 64e étant réservé au prochain ET dernier opus signé Lambil et Cauvin qui devrait sortir en 2021 et dont les deux premières planches figurent en exclusivité dans les derniers pages de L’Envoyé spécial.

© Dupuis / Munuera & Beka

Et donc, que penser de cet album de Munuera et Beka ? Bien évidemment, comme disait l’autre, reprendre c’est trahir, au moins un peu. C’est le cas ici et c’est plutôt rassurant. Mieux vaut avoir aux manettes d’une telle reprise des amoureux de la série qui cherchent à y mettre leur griffe, leur style graphique (plus enlevé!), leur style d’écriture, de découpage (plus moderne), plutôt que des professionnels du pastiche qui nous apporteraient rien de plus et nous feraient simplement regretter le bon temps.

Mais qu’on se rassure, l’un et l’autre, le scénariste et le dessinateur, ont fait en sorte de conserver l’esprit de la série autour de nos deux héros ou plutôt anti-héros Blutch et Chesterfield, accompagnés ici d’un journaliste du Times qui a réellement existé, William Howard Russell, considéré comme le premier correspondant de guerre de l’histoire. Blutch et Chesterfield sont chargés de sa protection sur le front mais pas seulement tant l’homme et ses écrits semblent déranger les forces en présence. Ah… ces journalistes !

© Dupuis / Munuera & Beka

Humour, action, anti-militarisme et réflexion autour des médias… ce nouvel opus des Tuniques bleues est une belle réussite.

Et pour tous les amoureux de Lambil, de son trait affuté, les éditions Dupuis viennent de publier une série d’entretiens inédits entre l’auteur d’un côté, Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault de l’autre. Il y est bien sûr question de sa jeunesse, de ses premiers dessins, de ses lectures, de ses débuts chez Dupuis, de sa première planche des Tuniques Bleues publiée en 1973 dans le journal Spirou, de son appréhension de dessiner les bateaux, mauvais souvenir d’une profonde dépression, de l’arrêt de Cauvin et de son désir malgré tout de poursuivre :

« Pendant des  semaines, je n’ai pas pu retourner à ma planche à dessin. Arrêter ? Continuer sans lui ? Je ne me voyais pas travailler avec quelqu’un d’autre, ça a été très compliqué… ».

© Dupuis / Munuera & Beka

Plus de 200 pages à l’iconographie remarquable, le témoignage passionnant d’un sacré bonhomme et d’un grand dessinateur sur le travail de toute une vie et plus globalement sur le milieu de la bande dessinée.

Eric Guillaud

Les Tuniques bleues, L’Envoyé spécial, de Munuera et Beka. Dupuis. 10,95€

Lambil, une vie avec les Tuniques bleues, de Christelle et Bertrand Pissavy Yvernault. Dupuis. 39€

08 Nov

Sélection officielle Angoulême 2021. Rusty Brown : le nouvel album de Chris Ware en temps et en heure malgré le reconfinement

Tenir un nouvel album de Chris Ware entre les mains, c’est un peu Noël avant l’heure, l’assurance d’un instant magique, mélange de lecture et de contemplation, de délectation et d’admiration. Car oui, les albums de l’auteur américain, Alph’Art du meilleur album en 2003 pour Jimmy Corrigan, sont des bijoux d’écriture, de graphisme, de narration et de conception. Rusty Brown n’échappe pas à la règle…

À l’heure du reconfinement et du chamboulement des calendriers de sorties, le nouvel opus de Chris Ware aurait très bien pu finir sagement rangé quelque part dans un entrepôt en attendant des jours meilleurs. Mais heureusement pour les nombreux admirateurs de l’auteur américain, le livre se trouvait sur le chemin des librairies lorsque les nouvelles mesures pour lutter contre la covid-19 sont tombées. De fait, vous pouvez dès aujourd’hui commander votre exemplaire dans toutes les bonnes librairies converties au click and collect et le récupérer contre 49,95€, oui tout de même, autant dire 50€, c’est cher, très cher, mais franchement mérité.

© Delcourt / Chris Ware

Il faut dire que Chris Ware ne fait pas dans la demi-mesure. Chacune de ses réalisations est le résultat d’un travail de longue haleine, ce qui explique le relatif petit nombre d’albums publiés de ce côté-ci de l’Atlantique, cinq à ce jour, Jimmy Corrigan (paru en France en 2002), Quimby the Mouse (2005), ACME (2007), Building Stories (2014) et donc Rusty Brown aujourd’hui, des albums qui sont plus précisément des recueils de périodiques et comic books parus aux États-Unis au fil des ans dans la collection Acme Novelty Library.

© Delcourt / Chris Ware

Avec toujours un extrême souci du détail dans le fond comme dans la forme ! L’oeuvre de Chris Ware se distingue par le soin apporté à la conception du livre et au choix du format, par la narration, exigeante et innovante, par le graphisme d’une incroyable méticulosité, une ligne claire raffinée proche de la perfection, et par ses histoires qui mettent en scène des gens ordinaires avec leurs faiblesses, leurs doutes, leurs angoisses, dans un monde tout aussi ordinaire mais où les connexions humaines deviennent de plus en plus complexes.

© Delcourt / Chris Ware

Un format à l’italienne, avec Jaquette-poster et dos toilé orange, une narration mettant en parallèle deux histoires distinctes jusqu’à leur point de rencontre, un récit que l’on présente comme la suite spirituelle et auto-fictionnelle de Jimmy Corrigan... Rusty Brown est ni plus ni moins une nouvelle démonstration de l’immense talent de son auteur, un regard nostalgique et acéré sur notre monde autant qu’une exploration toujours plus poussée des potentialités du neuvième art. Joyeux Noël !

Eric Guillaud

Rusty Brown, de Chris Ware. Delcourt. 49,95€

03 Nov

Histoires du Vendée Globe : un récit en bande dessinée au coeur de la légende

Films, documentaires, beaux livres, bandes dessinées… l’Everest des mers n’en finit pas d’inspirer les artistes, auteurs et réalisateurs. Avec Histoires du Vendée Globe, Alexandre Chenet et Renaud Garreta nous le font vivre de l’intérieur, au plus près de l’aventure, au plus près du mythe…

Une aventure. Et quelle aventure ! « C’est pour nous la plus grande course en solitaire au monde. L’Everest de la voile, comme on l’appelle ! Humainement une des plus fortes par sa longueur et surtout sa difficulté », nous confiait Renaud Garreta dans une interview réalisée en 2012 à l’occasion de la sortie du livre baptisé Seul au monde et portant déjà sur le Vendée Globe.

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31 Oct

Nantes – Utopiales 2020 : un peu de lecture à défaut de festival

Le festival international de science-fiction aurait dû se placer ces jours-ci en orbite géostationnaire au-dessus de Nantes mais la pandémie en a décidé autrement. En attendant des jours meilleurs, nous vous avons mitonné une sélection de BD à lire sous les étoiles exactement…

En cette période de pandémie hautement anxiogène, on aimerait d’un seul clic pouvoir décoller pour une planète un peu plus hospitalière ou pourquoi pas se déplacer dans le temps, changer d’époque. En attendant, le Click & Collect est encore la manière la plus sûre de s’évader à moindre frais. Direction votre libraire en ligne préférée…

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25 Oct

Mes Quatre saisons : Quand Nicoby fait le bilan de sa vie d’auteur à 43 ans

Faut-il attendre d’être nonagénaire pour faire le bilan de sa vie, au risque d’oublier ces petites choses insignifiantes mais croustillantes qui font le sel d’un récit, au risque aussi de ne plus pouvoir modifier grand chose à ses choix, ses orientations, pour le restant de sa vie ? Ce bilan, Nicoby a décidé de le faire à 43 ans et en bande dessinée, avec finalement pas grand chose à regretter ou à changer…

Jamais, je ne me permettrai à travers ces chroniques de dévoiler la fin d’une histoire. Pourtant ici, c’est essentiel pour comprendre la genèse de cet album et ce besoin pour Nicoby de se souvenir de sa vie d’artiste à seulement 43 ans. Mes Quatre saisons se termine en effet sur un épisode douloureux pour l’auteur : la maladie d’Alzheimer de sa mère. Des mots qu’on ne trouve plus, des personnes qu’on ne reconnaît plus, des lieux familiers qui deviennent étrangers, une notion du temps qui s’efface… Nicoby assiste impuissant au développement de la maladie. C’est l’hiver !

Revenons au début du livre, c’est le printemps et les premiers pas de Nicoby dans la bande dessinée. Nous sommes au milieu des années 90, en pleine crise. « La BD, c’est bouché de chez bouché… », s’exclame Nicoby, « ça se mord la queue, les journaux disparaissent les uns après les autres. Nan, c’est vraiment pas fiable. Je peux pas miser que là-dessus ».

Pourtant, Nicoby finit par faire son nid dans le milieu, peu à peu, au fil des rencontres. Et quelles rencontres ! Yvan Delporte, Gotlib, Pierre Christin, Fabrice Erre, François Corteggiani, Blutch, Jean-Claude Fournier ou encore Patrice Leconte qui a jadis fait de la bande dessinée font partie du casting de sa vie et donc de ce livre.

Plus qu’une simple compilation de souvenirs, Nicoby nous raconte en quatre saisons, avec beaucoup de légèreté et une pincée d’autodérision, le quotidien d’un auteur de BD. Il en profite également pour rendre un bel hommage au neuvième art avec tout au long du récit des références aux livres qui l’ont marqué, influencé, des livres mais aussi des auteurs, des univers, des personnages comme Tif et Tondu qu’il s’approprie ici le temps d’une mini-aventure sur une dizaine de pages. Cadeau !

Mes quatre saisons aurait dû sortir en avril dernier mais la crise sanitaire en a décidé autrement. L’album vient simplement de rejoindre les étagères de nos librairies préférées, un rayon de soleil dans un automne pluvieux et anxiogène. Toujours bon à prendre !

Eric Guillaud

Mes Quatre saisons, de Nicoby. Dupuis. 22€

© Dupuis – Nicoby

20 Oct

Spider-Man version Miles Morales, ou comment Marvel réactualise le célèbre tisseur de toiles à la sauce post-Obama

Chez Marvel, rien n’est jamais acquis. Prenez Spiderman, il a été tour à tour lycéen, étudiant, reporter-pigiste, capitaine d’entreprise, infecté par un symbiotique extra-terrestre etc. Manquait juste au tableau le statut de ‘décédé’. C’est désormais fait et ce, dès le troisième épisode de ce reboot apparu aux États-Unis en 2011 et se passant dans un monde parallèle. Un redémarrage avec à sa tête un héros new-look prometteur.

Ce ‘nouveau’ Spider-Man commence pourtant exactement de la même façon que la série d’origine en 1962, avec un jeune adolescent se faisant piquer par une araignée radioactive, avec les superpouvoirs qui vont avec… Mais les temps ont changé : nous ne sommes plus dans les conservatrices années 60 et Barack Obama habite alors la Maison Blanche. Moralité, cette nouvelle incarnation du tisseur est donc un métis du nom de Miles Morales, un ado d’origine afro-américaine et latino. L’objectif de cette relance de l’une des séries les plus mythiques ‘maison des idées’ était clair : à la fois de lui donner un second souffle tout en faisant de l’œil à tous ces potentiels nouveaux lecteurs qui l’auront découvert avec son adaptation cinématographique du début des années 2000 et ses multiples suites. D’où la (furtive) apparition ici par exemple d’un Iron Man reprenant tous les traits de l’acteur qui l’a incarné à l’écran Robert Downey Jr et ces choix de cadrage qui donnent parfois l’impression de lire un script plutôt qu’une BD traditionnelle.

Mais parmi ces spectateurs ceux qui sont allés en salle voir Spider-Man : New Generation, film d’animation de 2018 qui introduisait justement le personnage de Morales, sont particulièrement visés, ainsi que les plus jeunes. D’où ce recentrage vers des thématiques plus propres à cette tranche d’âge : quelle est notre place dans la société, quelles sont nos vraies valeurs, avons-nous vraiment de ressembler à mes parents etc.  Un vrai travail d’équilibriste donc, limite casse-gueule tant réussir sur tous les plans paraissait difficile. Mais ce premier recueil traduit en français réunissant les cinq premiers épisodes et vendu à un prix ‘discount’ y arrive pourtant.

Déjà parce qu’il fait attention à faire de gros clins d’œil aux fans de longue date afin de leurs montrer qu’ils ne sont pas les grands oubliés de l’histoire. D’où ces passages (furtifs) de l’inoxydable tante May, de l’éternelle amoureuse de Parker Gwen ou encore du ‘Daily Bugle’. Et ensuite parce qu’il réussit à trouver le bon mélange entre action et récit initiatique. En fait, comme son prédécesseur, Morales n’est pas un surhomme pétri de certitudes mais juste un ado perturbé par son nouveau statut et qui doit encore apprendre à bien faire la différence entre le bien et le mal, bref à devenir adulte.

Un reboot réussi !

Olivier Badin

Miles Morales : Spider-man de Brian M. Bendis, Sara Pichelli, Chris Samnee et David Marquez. Marvel/Panini. 10,95 euros