14 Jan

Walking Dead – L’étranger : les zombies ne meurent jamais

Ne jamais croire un auteur lorsqu’il vous annonce son envie de tuer sa série star, surtout lorsqu’elle est en pleine forme. Jamais. Donc même si son créateur historique n’est plus à la barre, Walking Dead revit sous la forme de ce premier tome d’un spin-off pour l’instant aussi alléchant que diablement frustrant…

En 2019, son créateur Robert Kirkman annonce la fin de la saga de Walking Dead, véritable phénomène culturel publié en France depuis 2007 et qui a donné naissance, en plus de la BD, à de nombreuses déclinaisons, dont plusieurs très populaires séries TV. Mais tout comme les zombies qu’il a croqué pendant seize longues années, ‘ces morts marchant’ refusent de mourir. Et à peine leur mise en bière réalisée, ils préparaient déjà un retour dont ce volume indépendant ne serait que l’avant-garde. Sauf que cela commence plutôt mal…

Ce n’est pas que L’Etranger soit une mauvaise BD, loin de là. Au contraire même : avec ces cadrages très larges, ces pleines pages contemplatives, son noir et blanc classieux et son découpage très cinématographique, son sens narratif est même plutôt aiguisé. Surtout que l’action a été délocalisée en Europe, à Barcelone pour être plus précis, avec de nouveaux personnages dont on soupçonne déjà les parts d’ombres. Là aussi, les morts-vivants ont envahi les rues dans une ville-fantôme où les faibles périssent et où seuls les plus forts et les plus malins survivent…    

Non en fait, le souci, le gros souci même est que le tout semble fini avant même d’avoir commencé. Le récit est court, très court, trop même. On a l’impression de lire un prologue plus qu’autre chose. Et même si la série nous a habitué à l’idée qu’elle n’hésitait jamais à sacrifier régulièrement ces personnages, aussi aimés soient-ils par les fans, là le couperet tombe franchement trop tôt. Autant cela passe pour le fascicule offert (un petit récit centré sur Negan, l’un des méchants les plus populaires de la série principale) qu’on lit comme une sorte de bonus cadeau, autant ce goût d’inachevé laissé par cet Etranger donnera trop l’impression à certains fans qu’on profite d’eux. Â moins que le tout appelle à une suite qui permettra de rectifier le tir mais pour l’instant, rien n’est moins sûr.

Olivier BADIN

Walking Dead – L’Etranger de Brian K. Vaughan & Marcos Martin. Delcourt. 13,50 euros

© Delcourt / Vaughan & Martin