28 Jan

Tartuffe de Molière, par Duval et Zanzim. Editions Delcourt. 9,95 euros.

  

Molière ? Forcément, on connaît ! Tartuffe ? On connaît, même si on ne l’a pas lu. Fred Duval ? Ceux qui s’intéressent un tant soit peu à la bande dessinée connaissent également ! Le scénariste de Carmen Mc Callum, Travis, Hauteville House, Meteors ou encore de Gibier de potence aborde ici - il est vrai - un genre très éloigné de ses univers habituels. Un genre où on ne l’attendait peut-être pas ! Pas de navettes spatiales à l’horizon, pas de nanotechnologies, de mondes virtuels, pas plus de chevaux traversant au triple galop les grandes plaines de l’Ouest américain ou de cowboys à la gachette facile, non, tout est ici affaire de mots. Et quels mots ! Ceux de Jean-Baptiste Poquelin, autrement appelé Molière, des mots qui dénoncent l’hypocrisie dans une comédie en cinq actes interdite à l’issue de sa première représentation en 1664. Les temps ont depuis bien évidemment changé, pas l’hypocrisie, et Tartuffe est aujourd’hui la pièce la plus jouée depuis sa création. Prévue en trois volumes, l’adaptation de Fred Duval et de Zanzim, dont le trait délicat convient parfaitement à ce genre de récit, propose de retrouver le texte intégral de ce chef d’oeuvre indémodable et d’apprendre au passage quelques répliques qui peuvent toujours servir comme celle-ci : « Couvrez ce sein que je ne saurais voir. Par de pareils objets les âmes sont blessées. Et cela fait venir de coupables pensées ». Joli, non ? E.G.

Martha Jane Cannary, Les années 1852 – 1869 et Les années 1870 – 1876, de Perrissin et Blanchin. Editions Futuropolis. 22 euros le volume.

Derrière le nom de Martha Jane Cannary, qui n’évoque absolument rien à la plupart d’entre nous (et c’est bien normal !), se cache l’une des grandes figures de l’Ouest américain, la légendaire Calamity Jane. Née le 1er mai 1852 dans le Missouri, calamity Jane devient par la force des choses une aventurière au long cours, une femme téméraire qui traverse maintes fois les territoires sioux, une femme libre aussi qui croise un jour la route du général Custer, tombe amoureuse d’une autre figure légendaire de l’époque, James Butler Hickok, alias Wild Bill, a un enfant qu’elle décide plus tard d’abandonner…

Christian Perrissin et Matthieu Blanchin reviennent sur ce véritable mythe en choisissant un angle intimiste, les auteurs s’intéressant plus particulièrement à la femme, à la mère, que fût Calamity Jane. « L’envie, c’était justement de ne pas faire un western mais de raconter une femme qui refuse de se soumettre aux diktats des hommes et de la société… », précise Christian Perrissin. C’est notamment à travers les lettres adressées à sa fille, entre 1877 et 1902, que les auteurs ont construit leur récit. « Pour ne pas être dupes, nous nous sommes documentés sur son environnement historique, social, affectif… », poursuit Matthieu, « Il a fallu faire des recoupements entre divers bouquins qui parlent d’elle ou de ses contemporains comme Wild Bill Hickok ou Custer, et voir si ce qu’elle racontait concordait avec les dates et les lieux… ». Car Calamity Jane inventait beaucoup de choses à son propos. « Nous proposons en fait un portrait subjectif d’une personne qui, il ne faut pas l’oublier, se mysthifiait elle-même de son vivant ». Après un premier album qui a fortement enthousiasmé le monde du Neuvième art et qui a reçu un Essentiel au festival d’Angoulême en 2009 ainsi que le Prix Ouest-France – Quai des Bulles au festival de Saint-Malo en 2008, Mathieu Blanchin et Christian Pessissin poursuivent l’exploration de ce destin de femme hors du commun avec ici les années 1870 – 1876, époque difficile pour Calamity qui se retrouve avec un bébé sur les bras… Un deuxième album tout aussi remarquable avec toujours ce graphisme particulier de Matthieu Blanchin, au trait jeté, dynamique, proche de l’esquisse. Une nouvelle vision de l’Ouest américain ! E.G.

Rose Valland Capitaine Beaux-Arts, de Polack, Bouilhac et Catel. Editions Dupuis. 11,50 euros.

  

Qui était Rose Valland ? Si son nom n’a pas forcément traversé le temps et marqué les esprits, son action pendant la seconde guerre mondiale a pourtant été décisive dans le sauvetage du patrimoine culturel juif. Attachée de conservation au Jeu de Paume, à Paris, cette femme opiniâtre va méticuleusement et secrètement noter les références des oeuvres volées aux Juifs et stockées au musée en attendant d’être acheminées en Allemagne. Dès 1945, alors que la guerre se poursuit, Rose Valland, devenue Capitaine Beaux-Arts, part sur les traces de ce patrimoine spolié par les nazis pour le récupérer et le restituer aux différents propriétaires. Elle poursuivra cette tâche pendant des années à travers toute l’Europe. Ce petit album publié aux éditions Dupuis, soutenu par la Fondation pour la mémoire de la Shoah et par la Fondation du Judaïsme fançais, retrace le destin de cette femme étonnante, d’abord en bande dessinée puis sous forme d’une chronologie détaillée et illustrée de photographies et documents d’époque. Un livre à la tonalité éducative, illustré par Catel qui a réalisé précédement le fameux Kiki de Montparnasse, paru aux éditions Casterman. E.G.

L’info en +

Une exposition sur Rose Valland se tient au Musée de la Résistance à Lyon jusqu’au 2 mai 2010. Plus de détails ici

Golden City 8 et Arctica 3 : deux Pecqueur sinon rien…

  

C’était une ville somptueuse. Une ville exclusivement réservée à quelques privilégiés milliardaires. Une ville d’acier délicatement posée sur l’océan à bonne distance des rivages mis à mal par le réchauffement climatique et rongés par la misère et la violence. Mais cette ville a disparu. Subitement ! Et il faudra plusieurs jours de recherches aux équipes de secours pour la retrouver, gisant par trois mille mètres de fond !  Bien que conçue pour être entièrement immergée en cas de danger, Golden City se trouve présentement dans une situation particulièrement délicate. En partie détruite, elle est couchée sur son flanc et en équilibre sur le bord d’une faille sous-marine. Les secours s’organisent mais les chances de retrouver des survivants semblent bien minces… Est-il encore nécessaire de présenter Golden City, l’une des séries phares des éditions Delcourt ? Le scénariste rouennais Daniel Pecqueur et le dessinateur Nicolas Malfin ont imaginé cet univers il y a maintenant plus de dix ans. Huit albums et une série parallèle plus tard  (Golden Cup), Golden City est devenue une oeuvre de référence dans le monde du Neuvième art comme dans celui de de la science fiction, une oeuvre très visuelle qui allie un graphisme élégant, des couleurs très pures, une narration limpide et un scénario simple mais dynamique combinant action, suspense, belles filles et hautes technologies !

Ces aventures là ont le goût de Golden City, les couleurs de Golden City mais s’appellent Arctica. Aux manettes, le même scénariste, Daniel Pecqueur, le même coloriste, Pierre Schelle, et un dessinateur serbe du nom de Boyan Kovacevic. Ici, pas de ville pour milliardaires mais un monde également menacé par le réchauffement climatique et un héros, Dakota, un as de l’aviation qui consacre sa vie à débarrasser l’espace des épaves dangereuses et les routes maritimes, des non moins dangereux icebergs à la dérive. Jusqu’au jour où ce fameux Dakota découvre dans un énorme iceberg un mystérieux caisson en acier. A l’intérieur… une enfant de quelque 10000 ans ! Une bonne dose d’action et d’anticipation, un soupçon d’écologie et toujours cet océan pour horizon… Arctica réunit tous les ingrédients pour en faire une nouvelle grande série ! E.G.

Dans le détail :

Les Naufragés des abysses, Golden City (tome 8), de Pecqueur, Malfin et Schelle. Editions Delcourt. 12,90 euros

Le Passager de la préhistoire, Arctica (tome 3), de Pecqueur, Kovacevic et Schelle. Editions Delcourt. 12,90 euros.

La BD s’en va t’en guerre et Art Spiegelman, traits de mémoire… Une nouvelle collection de DVD consacrée à la BD chez Arte

Pour rendre compte de la bonne ou mauvaise marche du monde, il y avait jusqu’à présent l’écrit, le dessin, la photographie, le cinéma, la télévision… Il y a désormais la bande dessinée. Devenu depuis longtemps un art majeur, le Neuvième art ne pouvait difficilement se cantonner à la seule fiction et à l’exploration de l’imaginaire, si riche et infini soit-il. Depuis quelques années, une nouvelle voie s’ouvre à lui : le journalisme avec des récits proches du reportage, de la biographie, du témoignage historique ou du récit de voyage. Le film de Mark Daniels, publié chez Arte Editions dans la nouvelle collection Univers BD, présente les principaux initiateurs de cette nouvelle forme de bande dessinée, en s’interrogeant sur leur pouvoir, leur force émotionnelle…  Parmi les noms aujourd’hui reconnus, il y a bien évidemment Art Spiegelman avec l’immense récit Maus, paru en 1986, qui retrace la vie de sa famille pendant l’holocauste, et, quelque années plus tard, l’album singulier A l’ombre des tours mortes qui évoque l’attentat du 11 septembre 2001 et ses retombées sur le peuple américain.¨Peut-être moins connus du grand public mais tout aussi importants sont Joe Sacco (Gorazde : la guerre en Bosnie orientale, Palestine : dans la bande de Gaza…), Ted Rall (Passage afghan…), Joe Kubert (Fax de Sarajevo…) ou, plus près de nous, Marjane Satrapi (Persepolis…) et Emmanuel Guibert (La Guerre d’Alan, Le Photographe…). Chacun d’eux, dans des styles graphiques et narratifs différents, ont abordé dans leurs livres les plus grandes tragédies humaines en s’appuyant sur des recherches documentaires, des témoignages de proches ou d’amis, ou encore par une immersion en situation, comme Joe Sacco parti en en Palestine ou en Serbie, son cahier de dessins sous le bras.

Un second DVD consacré au travail d’Art Spiegelman vient d’être également édité dans la même collection. Il est signé Clara Kuperberg et Joëlle Oosterlinck et offre un regard insolite sur cet auteur relativement avare d’interviews. Un troisième DVD est prévu courant 2010 et portera sur l’auteur Joann Sfar.

Un regard très intéressant sur un moyen d’expression et d’information particulièrement en vogue ces dernières années ! E.G.

Dans le détail :

La BD s’en va t’en guerre, de Mark Daniels. Arte Editions. 20 euros.

Art Spiegelman, traits de mémoire, de Clara Kuperberg et Joëlle Oosterlinck. Arte Editions. 20 euros.

Vitesse moderne, de Blutch. Editions Dupuis. 14,50 euros.

Vitesse moderne réédité à la vitesse de la lumière ! Publié initialement en 2002, cet album complètement Blutch était réapparu en 2008, à l’occasion du vingtième anniversaire de la collection Aire Libre, dans une édition spéciale au tirage limité présentée sous jaquette.  Il est de retour en ce début d’année 2010 dans la collection Roman Aire Libre. L’album est cette fois broché et au format roman, donc réduit. Blutch, qui est le président du Festival International de la Bande Dessiné d’Angoulême 2010, nous entraîne ici sur les talons d’une jeune artiste de danse contemporaine dans une course folle à travers Paris. Une course où la vie de notre héroïne se trouve bousculée par une série de rencontres. Il y a d’abord Rudy, un de ses prétendants, violoncelliste de profession, psychopathe à ses heures, Renée, une écrivaine qui souhaite lui consacrer un livre, son père qu’elle n’a pas revu depuis des années et même Omar Shariff en conteur d’expérience érotique ou Serge Reggiani dans son propre rôle de chanteur tourmenté. Inutile de tenter ici un résumé de l’album, Vitesse moderne est à découvrir et à juger sur pièce. Une œuvre singulière, fantasque, déroutante, signée par un auteur à part dans le monde du Neuvième art, un auteur qui s’est fait un nom chez les petits éditeurs avant de rejoindre les grands, sans pour autant lâcher une once de ce qui fait son originalité, sa force, son caractère. E.G.

Sutures : un récit autobiographique poignant signé David Small

L’histoire racontée dans cet album est tout simplement effrayante. D’autant qu’il s’agit d’une histoire vraie, celle de l’auteur, David Small, et elle commence dans les années 50 à Détroit aux Etats-Unis.

David est alors un petit garçon à la santé fragile avec des problèmes récurents de sinus. Son père, médecin, lui prescrit des séances intensives de radiogaphies pour le soigner. Une croyance de l’époque !

Quelques années plus tard, un kyste apparaît dans le cou de David. Kyste qui se révèle être une tumeur cancéreuse au moment de l’opération. Dans l’affaire, David perd sa glande thyroïde et une corde vocale. Plus de voix !

Mais le plus terrible dans l’histoire est certainement l’attitude de ses parents. Son père et plus encore sa mère sont des êtres froids, distants, égoïstes, avares. Murés dans un silence quasi-permanent, ils manifestent une indifférence totale aux malheurs de leur fils, sa mère lui reprochant même de coûter cher en soins…

Bien sûr, David s’en sortira et entreprendra avec Sutures une véritable thérapie, livrant sur près de 300 pages en noir et blanc un récit poignant qui sera encensé par la critique et le public lors de sa sortie aux Etats-Unis et récompensé par The National Book Award. Sutures est le premier roman graphique de David Small qui offre d’habitude des univers beaucoup moins sombres. Un récit très puissant à vous nouer la gorge pour l’éternité !

Eric Guillaud

Sutures, de David Small. Editions Delcourt. 19,90 euros

Trieste Bologne, Journal d’Italie (tome 1), de David B. Editions Delcourt. 14,95 euros.

C’est un journal, sans en être vraiment un. C’est une autobiographie, sans vraiment l’être non plus. Par contre, c’est du David B.. Aucun doute à ce sujet ! Le cofondateur de la maison d’édition indépendante L’Association, auteur notamment du Cheval blème (éd. L’Association), de L’Ascension du Haut Mal (L’Association), du Capitaine écarlate (Dupuis) ou encore de Par les chemins noirs (Futuropolis) s’invite ici dans un genre très en vogue, celui du journal autobiographique. Mais, vous l’aurez compris, à sa façon. « Le journal autobiographique est un genre de plus en plus pratiqué en bande dessinée… », explique David B., « et je me suis demandé comment je pourrais l’aborder à ma manière. En même temps, ma vie personnelle n’est pas assez passionnante pour être rapportée au jour le jour… Mais elle est aussi faite de mes réflexions de tout ce qui se passe autour de moi, de ce que je vois dans la rue ou des faits divers lus dans la presse. C’est comme ça que naît l’envie de raconter des histoires, et j’ai pensé que celà pouvait être un sujet intéressant. Ce journal d’Italie explique comment je construis mon imaginaire grâce à un répertoire d’idées. Il s’agit du récit de ce qui se passe dans mon cerveau plutôt que ce qui se passe dans ma vie… ». Et dans le cerveau de David B., on peut y trouver une foule de choses très singulières. Plutôt que de chercher à raconter un événement particulier au quotidien, David B. préfère laisser parler son imagination et son amour pour le vagabondage. Dans les rues de Trieste ou celles de Venise, le lecteur est ainsi  invité à partir à la rencontre de lieux qui insufflent à l’auteur quelques souvenirs de lecture, comme ce quartier si particulier du ghetto de Venise qui nous ramène sur les traces de Corto Maltese (Fable de Venise, éd. Casterman), ou cette librairie avec ses livres de gangsters qui nous offrent une petite virée dans le cinéma italien et notamment dans l’univers des films sur la mafia. Bref, page après page, les histoires naissent et disparaissent au gré des rencontres, des conversations, des rêves… Un très beau voyage au coeur de l’imaginaire par l’une des plus belles et originales signatures de ce qu’on désigne comme la nouvelle bande dessinée ! E.G.

On me l’a enlevée, de Springer et Lambour. Editions Vents d’ouest. 13 euros.

C’est une histoire presque banale. Tristement banale. Et tragique ! Tout commence au milieu d’une fête foraine. La foule, les enfants qui rient et courent entre les manèges, les vendeurs de barbes à papa… et puis, soudain, des cris. Ceux d’une femme qui vient de s’apercevoir que le landau qu’elle pousse est vide. Désespérément vide ! Sa fille, Lola, âgée de 6 mois, a disparu ! Enlevée, forcément. Aussitôt, l’alerte est donnée et des messages tournent en boucle sur les chaînes de télévision. Au bistrot du coin comme au jardin d’enfants, c’est l’abattement. Et chacun de se demander qui a bien pu faire le coup. Peut-être ce type là-bas que personne ne connaît et qui a l’air un peu louche. Ou, pourquoi pas, l’ex petit ami de Mélanie, la maman éplorée…

Après La Rebouteuse, Séverine Lambour et Benoît Springer poursuivent dans la  chronique provinciale avec ce nouveau récit qui met en scène une fois encore la France profonde, confrontée ici à un acte terrible, le rapt d’une enfant. Avec un angle particulier. On me l’a enlevée ne s’intéresse pas à l’enquête policière lancée pour retrouver la petite mais plutôt aux réactions des villageois et à l’histoire de l’un d’entre eux, une histoire racontée dans une série de flash-backs et qui va avoir une grande importance dans l’épilogue. Tout en douceur narrative, en subtilité graphique et en justesse de ton, Séverine Lambour et Benoît Springer signent ici un bel album et un voyage au coeur de la psychologie humaine ! E.G.

Championzé, de Vaccaro et Ducoudray. Editions Futuropolis. 20 euros.

Saint-Louis du Sénégal, à l’aube du XXè siècle. Amadou M’Barick Fall est un gamin pour le moins vif et rusé. Au point de se faire remarquer et embaucher par deux jeunes artistes hollandaises de passage dans le pays. Avec elles, Amadou M’Barick Fall rejoint la France et découvre le monde du théâtre. Habillé comme un bourgeois européen, il monte sur scène pour réciter des poèmes et, bien souvent, se faire huer et traiter de singe par des spectateurs survoltés. Mais ce n’est pas sur les planches qu’il va se faire un nom. C’est sur les rings. Car, au hasard des rencontres, M’Barick Fall devient boxeur. Et pas de ces boxeurs d’opérette. Non, M’Barick Fall, que l’on va surnommer Battling Siki, sera le premier Français champion du monde de boxe… noir ! C’est en 1922 qu’il conquiert ce titre en battant un autre Français, blanc celui-là, Georges Carpentier. Mais la gloire aura vite un goût amer. La société bien pensante ne peut admettre qu’un noir soit champion du monde et représente à ce titre la France. Il sera accusé de tricherie, perdra son titre avant de le récupérer, partira pour les Etats-Unis où on lui refusera un combat avec le champion américain blanc et moura sur les pavés new-yorkais de cinq balles dans la peau ! Bien sûr, ceux qui s’intéressent un minimum à la boxe connaissent Battling Siki, peut-être moins son histoire et le contexte dans lequel il a évolué. Et c’est là tout l’intérêt de Championzé. Car au-delà d’un portrait sur l’homme, Aurélien Ducoudray et Eddy Vaccaro nous brossent dans ces pages le tableau d’une époque que l’on espère révolue. Celle du colonialisme et du racisme sans retenue. M’Barick Fall aura beau s’être illustré pendant la Grande guerre, jamais il ne sera considéré comme un Français. Publiée chez Futuropolis, Championzé est une biographie réellement passionnante qui, comme L’Enragé, le fameux diptyque de Baru publié aux éditions Dupuis en 2004, parle du milieu de la boxe en s’adressant à un public large et pas seulement aux initiés… C’est beau, c’est fort, c’est poignant et on en redemande. Ca tombe plutôt bien puisque les deux compères ont en projet deux autres biographies de boxeurs et une adaptation du Club du suicide de Stevenson… A suivre donc ! E.G.

Retrouvez ici l’interview des auteurs !