17 Sep

Une expo Humano à la Galerie 9ème art…

Les Humanoïdes Associés et la Galerie 9ème art présentent les œuvres originales d’Igor Baranko, François Boucq, Corentin, Jaouen Salaün, Saverio Tenuta et Laura Zuccheri, des œuvres issues de leurs séries respectives, toutes publiées chez Les Humanoïdes Associés, à savoir Princesses égyptiennes, Bouncer, Milan K., Carthago Adventures, La Légende des Nuées écarlates et  Les Epées de verreEn couleurs directes ou en noir & blanc, de styles et de thématiques aussi différents que complémentaires, les œuvres exposées offrent un spectaculaire panorama de la création contemporaine en bande dessinée française et européenne. Une expo à découvrir à la Galerie 9ème art, 4 rue Crétet, Paris 9ème, jusqu’au 21 septembre 2011.

12 Sep

Coucous Bouzon, de Anouk Ricard. Editions Gallimard. 16 euros.

Vous recherchez un emploi ? Envoyez donc un CV à l’entreprise Coucous Bouzon, spécialiste du coucou suisse, et vous aurez peut-être, comme Richard, la chance d’être retenu, non pas pour vos compétences intellectuelles mais pour vos capacités à toucher vos pieds les jambes tendues. Je sais, ça désarçonne, ça interroge, ça peut même effrayer, mais ici, rien n’est comme ailleurs. A commencer par le patron, un doux dingue, plus dingue que doux d’ailleurs, qui vous demandera d’entrée ce que vous pouvez bien apporter à l’entreprise. Ne parlez surtout pas de compétences, d’idées novatrices ou d’une éventuelle augmentation du chiffre d’affaire mais plutôt d’un ordinateur ! Parce qu’ici, on ne fournit pas le matériel. Drôle d’entreprise tout de même et drôles d’employés qui acceptent tout sans protester, y compris que certains d’entre eux disparaissent de la circulation du jour au lendemain…

Lisez Coucous Bouzon et vous ne verrez plus votre patron et vos collègues de la même façon ! Ici, l’humour est caustique, absurde, les situations totalement loufoques, les dialogues décalés, les personnages – des animaux anthropomorphes – savoureux et le style graphique délicieusement enfantin et profondément joyeux. Anouk Ricard, qui a précédemment écrit la série Anna et Froga (3 nominations dans la sélection officielle du festival d’Angoulême) ou encore Commissaire Toumi chez Sarbacane, signe avec ce nouveau one-shot une satire du monde de l’entreprise et en même temps un thriller psychologique délicieusement horrible. Coup de cœur assuré ! E.G.

L’info en +

Pour en savoir plus sur l’auteur, c’est par ici ou bien  !

11 Sep

Sophie, Théodore Poussin, Pauvre Lampil… Une rentrée en intégrale !

Trois intégrales de choc pour cette rentrée 2011 chez Dupuis avec, pour commencer, dans un élan mal contrôlé de favoritisme, le deuxième volet des aventures du génial Théodore Poussin, un personnage créé en 1984 par le non moins génial Frank Le Gall et qui fait partie, tout à fait objectivement, du cercle très fermé des cents, que dis-je des cinquante plus grands héros et anti-héros réunis de la bande dessinée franco-belge. Subtile mélange de Tintin et de Corto Maltese, ce voyageur malgré lui nous entraîne en mer de Chine avec les titres Le Trésor du Raja blanc et Un Passager porté disparu avant de nous dévoiler sa jeunesse dans le magnifique album intitulé La Vallée des roses et ses aspirations les plus intimes dans La Maison dans l’île. Comme dans toutes les intégrales Dupuis, un cahier graphique accompagne ce recueil et permet au lecteur de découvrir la genèse de ces récits avec photos, illustrations, esquisses et témoignages à l’appui ! Pour les amoureux d’aventures teintées de poésie et de mystère… Un bonheur !

Deuxième intégrale et deuxième bonheur ! Pauvre Lampil réunit sur près de 350 pages la totalité des gags réalisés par le fameux tandem Lambil-Cauvin autour du quotidien d’auteur de bande dessinée. Imaginés au début des années 70 pour alimenter la rubrique Carte blanche du journal de Spirou, ces gags vont connaître un grand succès auprès des lecteurs et finalement être publiés en albums. C’était la première fois que le Neuvième art se retrouvait ainsi croqué. Dans chacun de ces gags, les auteurs Lambil et Cauvin n’hésitaient pas à s’y mettre en scène jouant à fond sur les cordes de l’autodérision et de l’humour caustique. Auteurs mais aussi éditeurs, lecteurs, libraires ou fans de BD, c’est tout un monde qui se croisent dans ces pages. Un défouloir pour les auteurs et un déridoir pour les lecteurs !

Elle est née avant Natacha et Yoko Tsuno et fut de ce fait la toute première héroïne de la bande dessinée franco-belge. Son nom : Sophie. Son créateur, Jidéhem. Grande figure du journal de Spirou, Jidéhem fut un proche collaborateur de Franquin et un des animateurs de la fameuse chronique automobile du journal pour laquelle il inventa donc ce personnage féminin. Au fil des pages qu’elle partage avec le mécanicien et pilote Starter, la jeune Sophie s’émancipe et finit par éclipser Starter, vivant pendant près de trente ans ses propres aventures. Dans ce premier volume de l’intégrale consacrée à ce personnage, sont rassemblés trois récits présentés comme le socle de ce que deviendra plus tard la série Sophie : à savoir Starter contre les casseurs, L’œuf de Karamazout et La Maison d’en face. En prime, bien entendu, l’habituel et indispensable cahier graphique avec photos, illustrations, couvertures…

Dans le détail :

Intégrale Théodore Poussin (tome 2), de Le Gall. Editions Dupuis. 24 euros.

Intégrale Pauvre Lampil, de Lambil et Cauvin. Editions Dupuis. 39 euros.

De Starter à Sophie, Intégrale Sophie (tome 1), de Jidéhem. Editions Dupuis. 28 euros.

La Comtesse Eponyme, Les lumières de la France (tome 1), de Sfar. Editions Dargaud. 13,95 euros.

Monsieur le comte pratique le commerce triangulaire et tire par conséquent profit de l’esclavage. Toute sa fortune en dépend ! Mais Monsieur le comte, adepte des idées des lumières et de la nouvelle philosophie, ne peut que condamner cette pratique et espérer qu’elle disparaisse au plus vite. En attendant, Monsieur le comte va s’assurer que sa compagnie pratique bien un esclavage à visage humain. On croit rêver ! Mieux, il envisage d’utiliser une partie de son immense fortune à la diffusion de ses écrits contre cette affreuse pratique… comme il dit. Et pendant ce temps, Madame la comtesse, Eponyme, ne rêve que d’une chose : se taper le cuistot du palais…

Avoir des idées, c’est bien. Se les appliquer, c’est autre chose ! Politiques, collègues de bureau, famille, nous sommes tous les jours confrontés à des gens forcément intelligents qui ont des idées, de fabuleuses idées, mais qui ne se les appliquent pas en prétextant qu’un acte individuel ne peut changer le monde. C’est universel ! Aussi universel que ce nouveau récit de Sfar qui nous parachute au cœur du siècle des Lumières et met en scène les contradictions de ce noble esclavagiste et humaniste. Auteur d’une centaine d’albums (La Fille du professeur, Le Chat du rabbin, Sardine de l’espace…) et réalisateur de cinéma (Gainsbourg, vie héroïque…), Sfar s’est imposé comme un auteur complet et unique, aussi à l’aise dans l’écriture que dans le dessin. Preuve en est le premier volet de cette nouvelle série, un album revigorant, drôle et léger, libertin et philosophique, en un mot jubilatoire, idéal pour une rentrée en douceur ! E.G.

L’info en + :

Retrouvez l’univers de Sfar sur son site internet ici-même !

07 Sep

C’est comment qu’on freine ?, de Mardon. Editions Dupuis. 18 euros.

C’est comment qu’on freine ? Sous ce titre qui sonne comme une urgence absolue, Grégory Mardon poursuit son exploration de L’Extravagante comédie du quotidien – nom de la trilogie commencée avec Leçon de choses – autour d’un nouveau personnage prénommé Cyril, un trentenaire hyperactif qui enchaîne les jobs dans la journée et les fêtes branchées la nuit. Une vie de célibataire joyeux et insouciant jusqu’au jour où, en l’espace de quelques minutes, le jeune homme apprend que sa compagne est enceinte et que son père a fait un infarctus. Coup de frein ! Cyril doit maintenant regarder la vie en face… et commencer à assumer !

Après Les Poils qui nous interrogeait sur la résistance du couple face à l’usure du quotidien, C’est comment qu’on freine? met en scène avec autant de justesse le passage parfois brutal de l’adolescence attardée à l’âge résolument adulte. Une comédie de mœurs extraordinaire de légèreté, de sensibilité, d’humour aussi, et en même temps de questionnements, le tout servi par un graphisme très actuel, un trait spontané qui s’inscrit dans la même famille qu’un Blutch ou qu’un Dupuy-Berberian. Grégory Mardon est une valeur sûre de la bande dessinée francophone et nous on adore ! E.G.

03 Sep

On les aura !, Carnet de guerre d’un poilu, de Barroux. Editions Seuil. 16,50 euros.

On le sait maintenant, la bande dessinée est tout autant appropriée à la fiction la plus débridée qu’à la réalité la plus exacte et parfois la plus dure.

Reportages dans la bande de Gaza, en Corée du Nord, en Chine, enquêtes sociales, politiques ou économiques, témoignages, biographies… la « BD réalité » est une des grandes tendances du moment ! Dernier exemple en date, On les aura! de Barroux, n’est autre que la mise en images du journal de guerre d’un poilu, un authentique journal trouvé tout à fait fortuitement par Barroux sur un trottoir de Paris.

Auteur de livres jeunesse reconnu, notamment responsable et coupable de la série Arthur publiée au Seuil ou encore du Paris de Léon chez Acte sud junior, Barroux utilise ici sa plus belle mine de plomb pour nous offrir dans une ambiance graphique étonnante, parfois naïve, plus souvent sombre et tourmentée, un témoignage très fort sur la Guerre de 14, un témoignage en même temps quelque peu différent de ce qu’on a peut-être l’habitude de voir dans le domaine. Ici, pas de tranchées pour décor, peu de scènes de boucherie, juste le récit de ce soldat inconnu parti à la guerre le cœur enjoué, persuadé comme tant d’autres que celle-ci sera de très courte durée.

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Découvrez l’interview de Barroux en cliquant ici

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Page après page, on découvre son quotidien, les marches vers des destinations incertaines, l’attente de nouvelles de la famille, les nuits d’angoisse au son du canon… jusqu’au jour où notre poilu est blessé et rapatrié vers des terres moins hostiles pour être soigné. Le journal s’arrête là, un certain jour de septembre 1914. Son carnet de chant qui l’accompagne est alimenté quant à lui jusqu’en mai 1917… Un témoignage précieux et un album de caractère à découvrir dès le 15 septembre dans toutes les bonnes librairies !

Eric Guillaud

Livre à colorier, de Loustal. Editions Casterman. 15 euros.

C’est un ouvrage surprenant que nous propose Jacques de Loustal en cette rentrée 2011, un ouvrage en noir et blanc, presque naturellement intitulé Livre à colorier. L’auteur de Barney et la note bleue, du Sang des voyous, de New-York Miami, des Amours insolentes et de quelques dizaines d’autres albums s’offre ici une petite virée dans un genre très répandu dans le secteur du livre jeunesse, comme un clin d’œil aux enfants que nous sommes tous restés quelque part. Bien sûr, la centaine de dessins proposés dans ce livre reprend les thématiques chères à Loustal, le voyage, la peinture, la littérature, la musique, le tout baigné dans une atmosphère loustalienne comme on les aime, la couleur en moins. Coloriste hors-pair, Loustal nous invite ici à imaginer, à rêver, et pourquoi pas à appliquer nos propres couleurs. Un album d’illustrations pour le moins original ! E.G.

11 Août

12 septembre, l’Amérique d’après. Collectif. Editions Casterman – Radio France. 22,50 euros.

Ils sont auteurs de bande dessinée, journalistes, peintres, dessinateurs de presse, musiciens, écrivains, français ou américains, et nous offrent dans ce très bel album co-édité par Casterman et Radio France un regard croisé sur l’Amérique d’après… d’après le 11 septembre 2001 bien sûr. Au moment où va être célébré le dixième anniversaire de la tragédie, l’idée lancée par Pascal Delanoy était que chacun s’interroge par l’intermédiaire de son média sur le sort du pays, sur ce qu’il est devenu, sur ce qu’il va devenir… Parmi la vingtaine d’intervenants, l’Américain Joe Sacco, journaliste et auteur de plusieurs BD-reportages primées dans les plus grands festivals (Palestine une nation occupée, Gaza 1956 en marge de l’histoire…), nous livre ici comme un avertissement de ce que pourrait bien être le futur des Etats Unis, un pays dirigé d’une main de fer par les industriels – Pepsi à la Maison Blanche – et par une poignée d’hommes qui n’auront d’autre but que d’avilir le reste de l’humanité en instaurant la précarité et la pauvreté maximum. Mais ceci n’est peut-être encore qu’un cauchemar ! Art Spielgelman, autre grand représentant de la bande dessinée, donne, dans une longue interview illustrée par Lorenzo Mattotti, sa vision de l’Amérique, de son Amérique, et surtout de celle de ses enfants. Et pour lui l’Amérique aurait beaucoup changé et ne serait plus aujourd’hui une démocratie ! Une chose est certaine, les Etats Unis passionnent, inquiètent, intriguent, énervent, surprennent… toujours autant. Et cette diversité de sentiments se retrouve dans les 200 pages de cet album augmenté à la veille de l’impression d’une double page réunissant des dessins de Plantu et de Daryl Cagle réalisés juste après l’élimination de Ben Landen… Une très belle initiative ! E.G.

L’info en +

Ils sont exactement dix-neuf à avoir prêté leur plume ou leur pinceau à cet ouvrage qui sera disponible dès le 17 août : Sophia Aram, Russell Banks, Enki Bilal, Daryl Cagle, Charlélie, Jérôme Charyn, Roger Cohen, Jacques Ferrier, Jean-Luc Hees, Barbara Hendricks, Miles Hyman, Jul, Lorenzo Mattotti, José Munoz, Plantu, Joe Sacco, Carlos Sampayo, Fabienne Sintes et Art Spiegelman.

09 Août

L’imagination au pouvoir ?, Jour J (tome 6), de Pécau, Duval, Blanchard, Mr Fab. Editions Delcourt. 14,95 euros.

Imaginez Paris, ses immeubles haussmanniens, ses monuments historiques et de-ci de-là des protubérances roses ou jaunes qui s’élèvent au dessus des toits. C’est le Paris post soixante-huitard qui se reconstruit aux couleurs vives de la flower power histoire de faire oublier la vieille république de de Gaulle morte avec lui le 31 mai 1968 et les années de guerre civile qui ont suivi. Nous voici donc en 1973. L’imagination est finalement au pouvoir. Les Situationnistes, Maoïstes et autres jeunes Communistes Marxistes Léninistes se partagent les places symboliques de la capitale. Daniel Cohn-Bendit, François Mitterrand et quelques autres font partie quant à eux du gouvernement d’union nationale qui se dissoudra le jour où sera promulguée la VIe république… C’est à ce moment précis que l’obscur organisateur en mai 1968 d’un casse de près 200 millions de francs se rappelle au bon souvenir de ses anciens complices désormais proches de la classe politique dirigeante. L’homme réclame son dû…

Après avoir revisité la conquête de la Lune, la Guerre froide, la Première guerre mondiale ou encore l’assassinat de Kennedy, Fred Duval, Jean-Pierre Pécau et Mr Fab imaginent un toute autre issue au fameux mois de mai 1968, une histoire alternative autrement appelée uchronie. Comme le précédent album de cette série franchement passionnante, celui-ci associe un scénario très élaboré, très documenté, et un graphisme racé relevé par les somptueuses couleurs de Fernandez qui joue ici sur les époques en passant d’une atmosphère grisâtre pour les années de guerre à des ambiances psychédéliques pour l’années 73. Prochain album en octobre 2011 sur Napoléon V avec… le Nantais Gess au dessin (Carmen Mc Callum, Teddy Bear…) ! E.G.