28 Juin

« Jack Joseph soudeur sous-marin », un récit de Jeff Lemire aux éditions Futuropolis

On ne voit que ça. Son ventre. Enorme ! Susie devrait accoucher dans un mois tout au plus. En attendant, elle aimerait bien que son mari, Jack, reste à ses côtés, participe aux séances de préparation à l’accouchement. Elle se sent seule. Très seule. Jack, lui, ne s’est jamais senti aussi bien au fond de l’eau qu’aujourd’hui. Il est soudeur sous-marin. Une façon peut-être de retarder l’échéance, de fuir encore un peu ses responsabilités. Une façon aussi de replonger dans son passé, d’aller chercher au plus profond de l’eau et de lui-même une culpabilité enfouie. Jusqu’au jour où  Jack est remonté inconscient à la surface. On pense immédiatement à un accident de décompression. Mais non. C’est bientôt Halloween, la date anniversaire de la mort de son père…

Souvenez-vous, Jeff Lemire nous avait littéralement subjugué avec son récit Essex County paru en 2010, récit qui racontait la vie d’un gamin de 10 ans orphelin vivant chez son oncle dans une ferme perdue quelque part dans l’Ontario, au Canada. Avec Jack Joseph, soudeur sous-marin, l’auteur poursuit son exploration de l’âme humaine, peut-être encore plus profondément, intensément, mettant en scène un homme incapable de regarder devant lui, rongé par le souvenir d’un père absent, alcoolique, qui trouvera la mort dans des eaux – et des circonstances – troubles.

Jeff Lemire est inspiré par des gens comme José Munoz, Hugo Pratt, Alex Toth, Joe Kubert ou Dave McKean pour la BD, David Lynch, Stanley Kubrick, Wim Wenders, pour le cinéma. Un trait brut proche de l’esquisse, une atmosphère intime et sombre, une charge émotionnelle forte…  incontestablement, Jeff Lemire est l’un des plus grands auteurs canadiens actuels ! EGuillaud

Jack Joseph, soudeur sous-marin, de Jeff Lemire. Editions Delcourt. 26 euros

Interview de Bruno Bazile, auteur de la BD M’sieur Maurice et la dauphine jaune

Dessinateur des Aventures de Sarkozix, le Nantais Bruno Bazile revient avec un album qui fleure bon l’âge d’or de la bande dessinée franco-belge, une biographie dessinée et romancée de l’auteur Maurice Tillieux. Rencontre…

La fin d’un règne… et la fin d’une série ! Exit Nicolas Sarkozy, au placard les aventures de Sarkozix. La série parodique publiée chez Delcourt entre 2010 et 2012 s’arrête avec le changement de Président mais Bruno Bazile, son dessinateur, ne baisse pas les pinceaux et s’attaque d’emblée aux aventures d’un nouveau personnage, tout aussi réel, tout aussi passionnant, une figure, que dis-je une légende du Neuvième art que les plus de 20 ans, ou plus sûrement 40, connaissent forcément. Son nom : Maurice Tillieux.
M’sieur Maurice et la dauphine jaune est une biographie (très) romancée du génial créateur des aventures de Gil Jourdan publiées dans le journal Spirou entre 1956 et 1979. Inspiré par le quotidien et souvent par son propre quotidien, Maurice Tillieux glissa ses héros dans les décors de quelques sites remarquables de France et d’ailleurs comme le passage de Gois en Vendée, le port de Saint-Nazaire ou le pont transbordeur de Rochefort.

Entre nostalgie et modernité, M’sieur Maurice et la dauphine jaune nous fait découvrir en une suite d’histoires courtes comment ce quotidien, ces sites remarquables mais aussi les quartiers populaires ont pu influencer Maurice Tillieux.

© Christophe Turgis
© Christophe Turgis

Pourquoi une biographie dessinée de Maurice Tillieux ?

Bruno Bazile. Parce que je trouvais, quand j’étais jeune lecteur de la série, une proximité (géographique) entre les aventures de Gil Jourdan et des lieux de vacances que je fréquentais moi-même. Etant devenu auteur BD, adulte, et fréquentant ces lieux familiers, la logique dans laquelle s’était plongé Tillieux pour imaginer ses histoires me paraissait évidente, naturelle. C’est ce que j’ai voulu raconter.

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22 Juin

75 ans de Spirou : Franquin et les fanzines, un recueil d’entretiens avec la presse souterraine

Petit mais costaud le nouvel ouvrage des éditions Dupuis fêtant les 75 ans de Spirou ! Sur 480 pages, Franquin et les fanzines réunit une vingtaine d’entretiens, l’intégralité selon l’éditeur, que Franquin, l’un des plus grands noms de la bande dessinée franco-belge, figure emblématique du journal Spirou, accorda aux fanzines de 1971 à 1993. 22 ans de passion, de colères, de joies, de partage avec les fans retranscrits dans les pages de Schtroumpf, Esquisse, Antirouille, Sapristi, A l’Aise, Champagne ! ou encore Auracan, des noms qui parleront à certains. Et parmi cette vingtaine d’entretiens, celui réalisé par Guilhem et Christophe Bec en 1990 et qui resta dans les tiroirs pendant plus de vingt ans avant d’être publié sur un blog et finalement dans ce recueil. Guilhem se souvient de ce moment : « J’ai le souvenir d’un grand enfant plein de passion, d’une immense gentillesse et d’une simplicité incroyable. J’ai eu le privilège de lui montrer des pages que j’avais dessinées et apportées avec moi : il s’enflammait sur tel détail ou telle idée, j’étais très impressionné! Je ne sais pas combien de temps a duré l’interview, j’étais sur une autre planète, ne réalisant pas encore ce qui m’arrivait… Bref, je garde le souvenir d’un très grand monsieur – dans tous les sens du terme –  passionné, très simple… et très bavard ! ».

Plus qu’une simple compilation d’entretiens, Franquin et les fanzines pose un regard bienveillant sur une période charnière pour la bande dessinée, période qui la vit entrer dans le monde adulte grâce notamment à ces publications souvent restées confidentielles. Un concentré de passion et d’informations sur un géant du Neuvième art ! EGuillaud

Franquin et les fanzines. Editions Dupuis. 28 euros

19 Juin

M’sieur Maurice et la dauphine jaune, une biographie romancée de Maurice Tillieux signée Bruno Bazile aux éditions Treize Etrange

Mais qu’a donc fait ce fameux M’sieur Maurice pour mériter un album de BD à son nom ? Si les plus âgés d’entre vous comprendront dès les premières pages, les plus jeunes auront peut-être besoin de quelques éclaircissements. Car M’sieur Maurice n’est pas un personnage de papier ordinaire. Dans la vraie vie, l’homme s’appelait Maurice Tillieux et exerçait le métier d’auteur de bande dessinée, oui oui, un auteur prolifique et influent qui imprima sa marque au Neuvième art dans les années d’après-guerre et plus particulièrement au journal Spirou pour lequel il créa les célèbres aventures de Gil Jourdan. C’est d’ailleurs à celles-ci que fait référence la couverture et principalement à celles-ci que nous ramènent les 46 pages de cet album.

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Découvrez l’interview de l’auteur ici-même

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Dans une série d’histoires courtes, Bruno Bazile, auteur par ailleurs des aventures humoristiques de Sarkozix, nous raconte en effet comment le quotidien de l’auteur et notamment ses voyages à travers la France, depuis Marseille jusqu’à Saint-Nazaire, en passant par lîle de Noirmoutier ou  la Normandie, ont pu  influencer son travail et donner naissance à l’un des personnages les plus emblématiques du journal Spirou. Moins épique et surtout moins polémique que le récit des aventures de Jijé, Franquin et Morris aux Etats-Unis (Gringos Locos), M’Sieur Maurice et la dauphine jaune est présenté comme une biographie (très) romancée de Maurice Tillieux. Les amoureux de la série policière s’amuseront des nombreuses anecdotes, des clins d’oeil et des « seconds rôles » qui traversent l’album comme will ou François Walthéry. Toute une époque ! EGuillaud

M’Sieur Maurice et la dauphine jaune, de Bazile. Editions Treize Etrange. 13,90 euros

16 Juin

Moi, moche et méchant : interview exclusive du directeur artistique Eric Guillon

Il est d’origine nantaise mais vit à Los Angeles. Son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant son univers graphique a fait le tour du monde. A quelques jours de la sortie en salles du deuxième volet du film « Moi, moche et méchant », rencontre avec un de ses artisans, le très discret Eric Guillon !

L’histoire est connue. Jusqu’à ce qu’un jeune geek prétentieux dérobe la pyramide de Gizeh, Gru était connu et reconnu comme étant le plus grand super-méchant de l’humanité ! Humilié, ridiculisé, ringardisé, Gru relève la tête et saisit l’occasion pour ressortir de ses cartons un rêve de jeunesse : voler la Lune ! Plus fort que la pyramide, plus fort que tout, Gru et son armée d’assistants, les célèbres Minions, n’ont plus qu’à se mettre au travail et récupérer ce fameux titre de méchant…

Sorti en 2010, le film d’animation « Moi moche et méchant » a rencontré un succès mondial, pour ne pas dire interplanétaire… Ses 540 millions de dollars de recettes le hissent de fait à la dixième place des films d’animation les plus lucratifs de l’histoire aux Etats-Unis. Et rien qu’en France, ce sont près de 3 millions de bambins accompagnés de leurs parents qui l’ont vu et parfois revu…
Et l’histoire continue ! Le 26 juin, le deuxième volet de ce beau bébé des studios Universal sera à l’affiche des salles obscures françaises avec un Gru rangé des voitures ou presque, heureux en tout cas de jouer les papas poule, jusqu’au moment où une organisation ultra-secrète vient frapper à sa porte et lui proposer de lutter contre le mal. Gru luttant contre le mal ? Voyez la bande annonce, vous allez tout de suite comprendre…

Parmi les noms inscrits au générique apparaît celui d’un Nantais d’origine, mais oui, Eric Guillon, directeur artistique, qui malgré une quantité astronomique de travail et un aller-retour Los Angeles Paris encore dans les jambes, a gentiment accepté de répondre à nos questions.

Vendredi 7 juin, 20h00 à Nantes, 11h00 à Los Angeles, c’est l’heure de notre rendrez-vous via Skype, l’image et le son en un clic, c’est la magie d’internet. Allez, on se connecte. Bonjour Eric, bonjour Eric, un petit réglage de l’enregistrement côté français, un décrochage rapide des dernières recherches graphiques qui tapissent le mur côté américain et c’est parti…
Je crois savoir que vous travaillez sur plusieurs nouveaux projets. Pouvons-nous en savoir un peu plus ?
Eric Guillon. Effectivement, je travaille sur trois nouveaux films mais je ne peux absolument pas en parler, ni donner le titre, ni le sujet. Secret défense !

Tout de même, on entend parler de-ci de-là d’un film consacré aux Minions pour 2014.
E.G. Il y a effectivement celui-ci qui est bien avancé. Les deux autres sont deux sujets totalement originaux mais je ne peux pas en dire plus…

Même sous la torture ?
E.G. !!!!

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15 Juin

Junk, un western signé Brüno et Nicolas Pothier chez Treize Etrange

Il n’ont pas vraiment le profil ni les artères des jeunes cowboys fringants qu’on a l’habitude de voir dans les rôles principaux des bons vieux westerns. Ford, Jill, Wood, Moos, Wang et Hank ont certes fait partie de la bande des Jersey Cowpunchers mais c’était il y a 15 ans. Autant dire une autre vie.  Depuis, chacun s’est habitué à ne plus voir l’autre et à se contenter de petits boulots plus ou moins honnêtes pour survivre. Jusqu’au jour où Hank, le leader, réunit l’équipe pour une étrange chasse au trésor dans les montagnes…

Publié initialement en deux volumes, en 2008 et 2010, ce western n’a de vieillerie que les personnages principaux et le titre (junk signifie viellerie, bric à brac…). Pour le reste, Brüno et Nicolas Pothier signent un western tout à fait moderne tant sur le plan graphique, avec ce trait stylisé et reconnaissable entre tous, que sur le plan scénaristique et narratif. Nicolas Pothier, par ailleurs scénariste de l’excellente série Ratafia également publiée chez Treize Etrange, parvient à nous tenir en haleine tout au long des quelques 110 pages que compte l’album. Enfin, il serait totalement injuste de ne pas signaler le travail de la coloriste Laurence Croix qui nous offre là de somptueuses atmosphères notamment dans les montagnes enneigées. Un western qui doit autant à Sergio Leone qu’à John Ford. Indispensable ! EGuillaud

Junk, de Pothier et Brüno. Editions Treize Etrange. 20 euros

11 Juin

L’atelier Mastodonte, une BD collective et désopilante signée Alfred, Bianco, Neel, Pedrosa, Tebo, Trondheim et Yoann chez Dupuis

Prenez quelques représentants de la fine fleur du Neuvième art, disons Alfred, Guillaume Bianco, Julien Neel, Pedrosa, Tebo, Lewis Trondheim et Yoann. Enfermez les dans un appartement parisien, agitez le tout pendant quelques mois et vous obtiendrez suffisamment de gags pour lancer une nouvelle série chez Dupuis. L’atelier Mastodonte, c’est son nom, met en scène la vie quotidienne d’un atelier d’auteurs de bande dessinée. Si l’atelier est virtuel (je vous rassure, les auteurs n’ont pas été enfermés façon Loft Story), les planches sont quant à elles bien réelles et ont été publiées dans le magazine Spirou à partir de l’été 2011. Six auteurs, six styles différents mais une seule ambition : l’autodérision. Et le résultat est tout à fait désopilant !

Publié au format à l’italienne avec une couverture de Bilal, oui oui absolument, L’atelier Mastodonte est un incontournable de l’été. C’est frais comme une bonne bière à consommer avec modération, drôle comme du Trondheim, fin comme une vieille blague scatologique de Tebo, intelligent comme du Pedrosa, bref c’est la BD qu’il vous faut pour reposer votre petite tête bien pleine cet été ! EGuillaud

L’atelier Mastodonte, collectif. Editions Dupuis. 14,50 euros

06 Juin

« Dunk, naissance d’un héros », premier volet d’une trilogie de science fiction signée Robert et Biancarelli

2029. La Terre compte désormais 8 milliards d’individus qui s’entretuent dans des guerres entre nations et ethnies religieuses. L’économie mondiale est entre le mains de 10 personnes, la recherche scientifique a été purement et simplement privatisée, toute idéologie collective a définitivement disparu… Voilà, le décor est planté. Encore une précision et de taille, l’industrie du sport et les paris en ligne offrent un rendement beaucoup plus juteux que le trafic de drogue et d’armes aux mafieux locaux. Et du coup, ça ne plaisante plus chez les sportifs. Steve Moreira, pivot d’une célèbre équipe de basket turque, va l’apprendre à ses dépens en refusant la défaite programmée de son club, les Pills, lors d’un match qui les opposait au leader Galatasaray. Des petites frappes vont s’intéresser à son cas. Mais ils ne seront pas les seuls. Le professeur Mandelberg, grand spécialiste du cerveau, a lui aussi des vues sur le basketteur….

Dunk, du nom d’une action de jeu consistant à mettre le ballon dans le pannier tout en tenant ce dernier d’une main, est l’adaptation du roman de l’écrivain et journaliste Denis Robert paru en 2009 chez Julliard. On y parle de basket mais aussi et surtout d’ultralibéralisme et de neurobiologie dans un univers de science fiction. Malgré un graphisme pas toujours convaincant, ce premier des trois épisodes promet tout de même une belle adaptation ! EGuillaud

Naissance d’un héros, Dunk (tome 1), de Denis Robert et Franck Biancarelli. Editions Dargaud. 13,99 euros

01 Juin

Carnets de mariage, une bande dessinée de Romain Ronzeau chez Delcourt pour tous ceux qui pensent un jour se marier

Romain Ronzeau est un auteur de bande dessinée. C’est aussi, enfin c’était, un célibataire qui décida un beau jour de faire le pas, de s’amarrer, de se mettre la corde au cou… bref de se marier. Bon, on ne dira pas ici qu’il regretta amèrement et rapidement sa décision, mais tout de même, que le chemin fût long et parsemé d’embuches pour parvenir au plus beau jour de sa, de leur vie : le mariage. Et si comme toute belle histoire, celle-ci commence sur l’air du chabadabada chabadabada traditionnel, très vite arrivent les choses sérieuses, le choix du faire-part, des alliances, de la salle de réception, du D.J., du plan de table, de la robe de mariée… C’est ce véritable parcours du combattant que Romain Ronzeau nous raconte ici avec beaucoup de légèreté, d’humour et de justesse. Un guide ultime à conseiller ou offrir aux proches et amis qui s’apprêtent à faire le grand saut ! EGuillaud

30 Mai

Le Vent des cimes, un récit aérien de Buche et Perrissin chez Glénat

Cette nuit là, Rachel Wiezman n’arrive pas à dormir. Quelque chose l’inquiète. Un mauvais pressentiment. Son fiancé, Jack, avec qui elle doit se marier dans quelques heures, devrait être quelque part dans les airs entre Santiago du Chili et Buenos Aires. Il devrait même déjà apercevoir les lumières de la capitale argentine. Mais il n’en est rien. Pris dans une tempête, le jeune et valeureux pionnier de l’aéropostale a du se poser quelque part dans la Cordilière des Andes avec une chance de survie quasi-nulle. Voltigeuse de métier, Rachel décide de s’envoler pour le retrouver et le ramener à la maison…

Basée sur une histoire vraie, celle du pilote Henri Guillaumet qui s’écrasa dans les Andes en 1930 et ne dû sa survie qu’à son incroyable courage, Le Vent des cimes est avant tout une très belle histoire d’amour, de celles à déplacer les montagnes comme le revendique si justement le communiqué de presse de l’éditeur. Aux manettes : un duo qui se connaît bien puisque Eric Buche et Christian Perrissin ont débuté ensemble dans les années 90 avec les Aventures d’Hélène Cartier. Depuis, chacun a taillé sa route, Perrissin travaillant sur la série mythique Barbe Rouge et sur l’excellente trilogie Martha Jane Cannary, Buche signant de son côté Carapace, Francis Cabrel – les beaux dessins, Franky Snow… EGuillaud

Les Vent des cimes, de Buche et Perrissin. Edtions Glénat. 25,50 euros