06 Juin

« Dunk, naissance d’un héros », premier volet d’une trilogie de science fiction signée Robert et Biancarelli

2029. La Terre compte désormais 8 milliards d’individus qui s’entretuent dans des guerres entre nations et ethnies religieuses. L’économie mondiale est entre le mains de 10 personnes, la recherche scientifique a été purement et simplement privatisée, toute idéologie collective a définitivement disparu… Voilà, le décor est planté. Encore une précision et de taille, l’industrie du sport et les paris en ligne offrent un rendement beaucoup plus juteux que le trafic de drogue et d’armes aux mafieux locaux. Et du coup, ça ne plaisante plus chez les sportifs. Steve Moreira, pivot d’une célèbre équipe de basket turque, va l’apprendre à ses dépens en refusant la défaite programmée de son club, les Pills, lors d’un match qui les opposait au leader Galatasaray. Des petites frappes vont s’intéresser à son cas. Mais ils ne seront pas les seuls. Le professeur Mandelberg, grand spécialiste du cerveau, a lui aussi des vues sur le basketteur….

Dunk, du nom d’une action de jeu consistant à mettre le ballon dans le pannier tout en tenant ce dernier d’une main, est l’adaptation du roman de l’écrivain et journaliste Denis Robert paru en 2009 chez Julliard. On y parle de basket mais aussi et surtout d’ultralibéralisme et de neurobiologie dans un univers de science fiction. Malgré un graphisme pas toujours convaincant, ce premier des trois épisodes promet tout de même une belle adaptation ! EGuillaud

Naissance d’un héros, Dunk (tome 1), de Denis Robert et Franck Biancarelli. Editions Dargaud. 13,99 euros

01 Juin

Carnets de mariage, une bande dessinée de Romain Ronzeau chez Delcourt pour tous ceux qui pensent un jour se marier

Romain Ronzeau est un auteur de bande dessinée. C’est aussi, enfin c’était, un célibataire qui décida un beau jour de faire le pas, de s’amarrer, de se mettre la corde au cou… bref de se marier. Bon, on ne dira pas ici qu’il regretta amèrement et rapidement sa décision, mais tout de même, que le chemin fût long et parsemé d’embuches pour parvenir au plus beau jour de sa, de leur vie : le mariage. Et si comme toute belle histoire, celle-ci commence sur l’air du chabadabada chabadabada traditionnel, très vite arrivent les choses sérieuses, le choix du faire-part, des alliances, de la salle de réception, du D.J., du plan de table, de la robe de mariée… C’est ce véritable parcours du combattant que Romain Ronzeau nous raconte ici avec beaucoup de légèreté, d’humour et de justesse. Un guide ultime à conseiller ou offrir aux proches et amis qui s’apprêtent à faire le grand saut ! EGuillaud

30 Mai

Le Vent des cimes, un récit aérien de Buche et Perrissin chez Glénat

Cette nuit là, Rachel Wiezman n’arrive pas à dormir. Quelque chose l’inquiète. Un mauvais pressentiment. Son fiancé, Jack, avec qui elle doit se marier dans quelques heures, devrait être quelque part dans les airs entre Santiago du Chili et Buenos Aires. Il devrait même déjà apercevoir les lumières de la capitale argentine. Mais il n’en est rien. Pris dans une tempête, le jeune et valeureux pionnier de l’aéropostale a du se poser quelque part dans la Cordilière des Andes avec une chance de survie quasi-nulle. Voltigeuse de métier, Rachel décide de s’envoler pour le retrouver et le ramener à la maison…

Basée sur une histoire vraie, celle du pilote Henri Guillaumet qui s’écrasa dans les Andes en 1930 et ne dû sa survie qu’à son incroyable courage, Le Vent des cimes est avant tout une très belle histoire d’amour, de celles à déplacer les montagnes comme le revendique si justement le communiqué de presse de l’éditeur. Aux manettes : un duo qui se connaît bien puisque Eric Buche et Christian Perrissin ont débuté ensemble dans les années 90 avec les Aventures d’Hélène Cartier. Depuis, chacun a taillé sa route, Perrissin travaillant sur la série mythique Barbe Rouge et sur l’excellente trilogie Martha Jane Cannary, Buche signant de son côté Carapace, Francis Cabrel – les beaux dessins, Franky Snow… EGuillaud

Les Vent des cimes, de Buche et Perrissin. Edtions Glénat. 25,50 euros

26 Mai

Douce France, un récit de Simon Rochepeau et Lionel Chouin aux éditions Futuropolis

Douce France, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre, celle de Christian, jeune cadre ambitieux dans une entreprise de BTP, et de Raymond Langlade, 92 ans, ancien résistant et homme politique, toujours influent. C’est aussi la confrontation de deux périodes de notre histoire proche. D’un côté, les années noires de la Seconde guerre mondiale, de l’autre le début du XXIe siècle avec son lot de tensions sociales nées de la crise économique internationale. Si Christian n’a pas connu la guerre, il lui doit sa carrière. Christian vient en effet d’être propulsé à la tête du chantier d’un mémorial dédié à la Résistance dans la petite ville de Saint-Yves, d’où il est d’ailleurs originaire. Une belle promotion et un gros chantier. C’est à cette occasion qu’il rencontre Raymond Langlade qu’il érige aussitôt en héros de la Résistance. Un modèle, un homme courageux, droit. Enfin presque… Au fil des rencontres, Christian apprend à mieux connaître l’homme et découvre peu à peu ses zones d’ombre. Mais qui n’en a pas ? Lui-même, issu d’un milieu plus modeste, est constamment sur le fil, prêt à renier les siens, parents et amis, pour faire carrière, rejoindre les nantis…

Un dessin épais, charbonneux, proche de l’esquisse, une histoire dense, très dense, des personnages entre ombre et lumière… le scénariste Simon Rochepeau – qui signe ici son premier album de bande dessinée – et le dessinateur Lionel Chouin (Les Mémoires mortes, Colt Bingers l’insoumis…) nous offrent un récit âpre mais très intéressant sur l’ambivalence de l’être humain. Raymond hier, Christian aujourd’hui, quelque soit l’époque, quelque soit le contexte, l’homme est un être complexe qui peut le meilleur comme le pire… EGuillaud

Douce France, de Simon Rochepeau et Lionel Chouin. Editions Futuropolis. 19 euros

23 Mai

Tueurs de mamans, un thriller signé Zidrou, Borecki et Ers chez Dupuis

Voilà bien un titre surprenant à quelques jours de la fête des mères, surtout de la part des éditions Dupuis. Un titre qui fait froid dans le dos. Et une couverture noire (magnifique!) qui nous met tout de suite au parfum. Tueurs de mamans commence comme une chronique lycéenne, 5 copines qui trainent leur adolescence comme elles peuvent, fondent une congrégation et se retrouvent régulièrement dans une cachette secrète, la chapelle désaffectée de leur école. Là, elles parlent de tout et de rien et bien sûr de ce qui les rapproche : le père qu’elles n’ont pas et cette mère qu’elles maudissent. C’est à l’occasion d’une de leurs réunions qu’elles tombent sur le site internet Castigo. « Ils vous tourmentent ? Nous les châtions ! » promet celui-ci. Et les voilà à passer commande, inconscientes de ce qu’elles vont provoquer. Aucun retour en arrière n’est possible, la machine est lancée, chaque mère va recevoir sa punition : une claque pour la première, une overdose de choux de Bruxelles pour la seconde et puis tout dérape…

Prévu en deux volumes, publiés à un petit mois d’intervalle, ce récit du scénariste Zidrou et des dessinateurs Ers et Borecki est un petit bijou de suspense qui, mine de rien, aborde pas mal de problèmes de société, à commencer par la crise de l’adolescence, la différence au sein du groupe, le handicap, la monoparentalité… et bien sûr les dangers d’internet. Mais tout ceci reste de l’ordre de la fiction, enfin pour le moment, et Tueurs de mamans nous offre un bon moment de détente ! C’est le principal… EGuillaud

Tueurs de mamans (tome 1), de Zidrou, Ers et Borecki. Editions Dupuis. 12 euros

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17 Mai

Le sourire de Mao, un récit de Jean-Luc Cornette et Michel Constant chez Futuropolis

Oubliez la Belgique telle que vous avez pu la connaître, oubliez par la même occasion les revendications séparatistes car oui le pays a finalement succombé à la tentation du mal en se scindant en deux états. Voilà le point de départ du récit de Jean-Luc Cornette et Michel Constant, une politique fiction qui a pour décor la République Démocratique de Wallonie, une dictature nazillarde où tous les moyens sont bons pour éradiquer une opposition déjà exsangue et donner au pays une image d’avenir radieux par l’achat aux Chinois de la dépouille de Mao Tsé-Toung. Rien que ça ! Et dans cette belle république démocratique bien propre, bien unie, la jeune Ludmilla avec son tee shirt à l’effigie de Mao va rejoindre ses collègues des Fauves de Hesbaye, formation scoute aux ordres, pour dresser une haie d’honneur au président avant de se faire tirer dessus par un jeune contestataire dont elle finira par tomber amoureuse…

Prépublié dans le quotidien belge Le Soir, Le Sourire de Mao ne cache pas ses intentions : inviter les Belges à réfléchir à ce qu’ils perdraient dans une aventure séparatiste. Et rien que pour ça, Le Sourire de Mao est une bande dessinée utile et nécessaire. EGuillaud

Le Sourire de Mao, de Cornette et Constant. Editions Futuropolis. 16 euros

15 Mai

Ouessantines, un récit iodé de Weber et Nicoby chez Vents d’Ouest

C’est décidé, Soizic part s’installer sur l’île d’Ouessant avec la ferme intention d’y vivre et d’y travailler. Et personne n’y pourra rien changer, pas même sa mère légèrement envahissante qui accepte à contre coeur de la véhiculer jusqu’au bateau. Soizic est une vraie Bretonne, têtue comme un bloc de granit. Une heure de traversée seulement et la jeune femme pourra enfin changer de vie. Le bonheur !  Enfin presque… car Ouessant est un île au bout du bout du monde. Et les autochtones pas toujours faciles faciles. Alors, avec son idée de maison d’hôtes, Soizic va très vite se retrouver au coeur des sujets de conversations et confrontée à quelques réactions pour le moins hostiles. Jusqu’au jour où Marie, une vieille Ouessantine qui l’avait prise d’affection se suicide…

Direction la terre la plus occidentale de la France, Ouessant, pour un récit qui relève à la fois de la chronique sociale et du polar. Sur Cette île bercée par les tempêtes aux paysages de caractère mais à la vie souvent rude, le scénariste Patrick Weber et le dessinateur Nicoby développent une histoire captivante sur fond de secrets et de croyances traditionnelles. EGuillaud

Ouessantines, de Weber et Nicoby. Editions Vents d’Ouest. 18,25 euros

13 Mai

Vivre vieux et gros: les clés du succès, un guide pour chats signé Leslie Plée chez Delcourt

Michel est un chat, un chat roux originaire de Nantes. Jusque là, rien de bien original. Des chats nantais, il y en a des milliers, roux plusieurs centaines et qui s’appellent Michel, au moins trois ou quatre. Mais ce chat-là n’est pourtant pas comme les autres. C’est le chat de Leslie Plée, auteure de BD, et sa seule ambition dans la vie est de vivre vieux et gros. Comment chaparder dans les assiettes tout en évitant les colères de sa maîtresse ? Comment manger comme un cochon, croquer tout ce qui traîne au sol, avaler le contenu de la poubelle sans vomir, apitoyer le maître pour avoir plus de croquettes… Bref, autant de questions existentielles et bien d’autres qui trouveront ici, dans ce guide d’un genre nouveau, de brillantes réponses.

Parue dans la nouvelle collection Tapas:-*, Vivre vieux et gros : les clés du succès est une petite pépite d’humour à consommer entre deux paquets de croquettes. EGuillaud

Vivre vieux et gros : les clés du succès, de Leslie Plée. Editions Delcourt. 14,95 euros

07 Mai

« Toi au moins, tu es mort avant », l’histoire d’un révolutionnaire communiste grec racontée par Sylvain Ricard, Myrto Reiss et Daniel Casanave chez Futuropolis

Valait-il mieux mourir que connaître la guerre civile, le chaos, la dictature des colonels, la Grèce érigée en rempart du communisme pour l’Europe de l’Ouest ? C’est ce que semblait avancer le Grec Chrònis Missios en intitulant son autobiographie parue en 1985 : Toi au moins tu est mort avant. Il faut dire que l’homme, révolutionnaire communiste dès le plus jeune âge, a passé une grande partie de sa vie en prison, plus de 20 ans, et connu les pires traitements. Condamné à mort, il échappe de très peu à la sentence et voit sa peine commuée en perpétuité. Nous sommes en 1946. Tandis que le reste de l’Europe retrouve la paix et la démocratie, la Grèce, elle, s’entredéchire. Torturé, affamé, balloté de prison en prison, mêlé aux condamnés de droit commun, aux drogués, aux malades psychiatriques… Chrònis Missios, comme nombre de communistes, ne reniera jamais ses idées et finira par retrouver sa liberté et écrire cette autobiographie aujourd’hui adaptée en bande dessinée par Sylvain Ricard, Myrto Reiss et Daniel Casanave. Un hommage à l’homme, un hommage à son engagement, qu’il ne connaîtra malheureusement pas. Chrònis Missios décède en novembre 2012, à l’âge de 82 ans. Restent pour la mémoire de l’humanité son livre et cette bande dessinée au récit dense et au graphisme semi-réaliste qui allége le propos très sérieux. EGuillaud

Toi au moins, tu es mort avant, de Casanave, Ricard et Reiss. Editions Futuropolis. 24 euros

06 Mai

« Dent d’ours », un récit de guerre et d’amour signé Yann et Henriet aux éditions Dupuis

Il s’appelle Max Kurtzman, matricule 450775042, né à Opole en Silésie polonaise le 9 septembre 1922, émigré aux Etats-Unis en décembre 1935, engagé volontaire en 1941 dans l’armée américaine après l’attaque de Pearl Harbor. Oui mais voilà, au retour d’une mission dans le Pacifique sur le porte-avions Fighting lady, Max Kurtzman se retrouve mis aux arrêts. Son tort ? Ressembler à l’aviateur allemand Werner Königsberg qu’il a effectivement connu et côtoyé dans sa jeunesse au même titre que la belle mais dangereuse Hanna Reitsch, pilote d’élite de la Luftwaffe.  Soupçonné d’être un espion nazi, menacé d’être exécuté, Max va devoir accepter une mission impossible…

Attention chef d’oeuvre ! D’un côté le génial et prolifique, très prolifique, scénariste Yann (Les Innommables, Colt Walker, Le Pilote de l’Edelweiss…), de l’autre le dessinateur non moins génial Alain Henriet (Pandora Box, John Doe…) et au centre le premier album d’une nouvelle série qui nous ramène à l’époque de la Seconde guerre mondiale.  Dent d’ours est un récit de guerre et d’aviation bien sûr mais pas seulement. Aux magnifiques scènes de combats aériens des premières pages, succèdent les scènes plus intimistes de trois enfants, trois amis pour la vie, fous d’aviation (comme les auteurs!) que la folie des adultes va séparer et tenter d’opposer. Une histoire de guerre qui parle aussi de jeunesse, thème récurent chez Yann, d’amitié, d’amour et d’espionnage. Dents d’ours allie un scénario musclé, des personnages à fort caractère, un trait de génie et une mise en couleurs subtile signée Usagi. On attend la suite avec une certaine impatience ! EGuillaud

Max, Dent d’ours (tome 1), de Yann et Henriet. Editions Dupuis. 14,50 euros

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