25 Oct

Les Utopiales 2016 : la science-fiction a rendez-vous à Nantes du 29 octobre au 3 novembre

© Bajram

© Bajram

Machine(s), c’est le thème de la 17e édition du festival international de science-fiction qui se tiendra à Nantes du samedi 29 octobre au jeudi 3 novembre, six jours pour découvrir de quoi sera peut-être fait demain et de quoi l’imaginaire se nourrit aujourd’hui…

C’est LE rendez-vous incontournable de tous les fans de science-fiction en France et au-delà, le plus important en Europe, un festival pluridisciplinaire couvrant le cinéma, la littérature, la bande dessinée, les jeux vidéos, les arts plastiques, la recherche scientifique… De quoi s’y perdre avec bonheur. Suivez le guide.

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La maison d’édition ego comme x met la clef sous la porte

© Ego comme X

© Ego comme X

Il y a deux ans, dans une interview accordée au site actuabd à l’occasion des 20 ans d’ego comme x, Loïc Néhou son responsable s’interrogeait sur la possibilité de repartir pour 20 ans dans ces termes : « Difficile à dire… Si c’est le cas, il faudra alors continuer à réfléchir pour s’adapter à la nouvelle donne d’un marché du livre en pleine mutation. Mais je crois que nous avons commencé à bien amorcer le virage, d’autant que la situation financière est toujours restée des plus saines ».

Malheureusement, le constat dressé par Loïc Néhou est aujourd’hui sans appel et le message posté lundi 24 octobre sur le site internet de la petite maison d’édition angoumoisine relativement amère :

« Bon… il est temps d’officialiser les choses : voici 5 ans que je ne me salarie plus (au passage, je ne remercie pas le CENTRE DU LIVRE ET DE LA LECTURE en POITOU-CHARENTES) et 2 ans que j’ai arrêté de publier des livres (je ne remercie pas non plus MAGELIS – POLE IMAGE d’Angoulême), je déclare donc que les ÉDITIONS EGO COMME X cessent désormais leurs activités ».

Créée en 1994, la maison d’édition indépendante ego comme x s’est fait une spécialité des récits autobiographiques comme le fameux Journal de Fabrice Neaud qui, toutes éditions confondues, a atteint un tirage de plus de 50 000 exemplaires, ce qui n’est pas rien.

ego comme x, c’est aussi Le Val des ânes, L’Épinard de Yukiko, L’Homme sans talent, Dans la prison, Gens de France et d’ailleurs, Melody

Parmi les auteurs qui ont contribué à la réputation de la maison, citons Nine Antico, Matthieu Blanchin, Frédéric Boilet, Fabrice Neaud, Jean Teulé, Joe G. Pinelli, Frédéric Poincelet… et beaucoup d’autres.

Eric Guillaud

23 Oct

Little Nemo in Bédéland : les étudiants de l’académie Brassart-Delcourt ont des rêves plein la tête

LITTLE NEMO IN BEDELAND - C1C4.inddIls s’appellent Maël Keravec, Hermeline Janicot-Tixier, Charlotte Vermersch, Kevin Roversi ou encore Marine Derache. Ils sont tous auteurs de BD. Leurs noms de vous disent rien. Normal, ils sont encore étudiants…

Les plus vieux d’entre vous ont peut-être connu Les enfants du Nil, deux albums publiés aux éditions Delcourt au tout début des années 90 et réunissant les récits réalisés par les meilleurs élèves de l’école de BD d’Angoulême.

C’est un peu le même principe qui prévaut ici sauf qu’il s’agit des étudiants de l’Académie Brassart-Delcourt inaugurée en 2014.

Zep est le parrain de cette première promotion qui s’est inspirée de l’univers de Winsor McCay pour développer toute une série de courts récits.

Et si tous ces noms ne vous disent rien, un conseil, mettez les dans un coin de votre tête car certains ont déjà une forte personnalité artistique et pourraient bien percer dans les prochaines années. Pour mémoire, les noms des meilleurs étudiants de l’école de BD d’Angoulême au début des années 90 étaient aussi, pour la plupart, inconnus à l’époque. Depuis, Turf, Masbou, Ayroles, Mouclier, Mazan, Wendling, Gibelin, Oger… ont fait un sacré bout de chemin dans le monde du Neuvième art…

En ouverture, Frank Pé et Zep évoquent Winsor McCay, sa vie son oeuvre, dans une interview menée par Éric Dérian, coordinateur pédagogique à l’Académie.

Eric Guillaud

Little Nemo in bédéland, collectif. Editions Delcourt. 14,95 €

La bande à Renaud, un putain d’album collectif pour ceux qui adorent le chanteur énervant

UnknownEn 1986, une jeune maison d’édition parisienne publiait un album qui allait faire sa réputation : La bande à Renaud. 30 ans plus tard, la petite maison Delcourt est devenu un groupe important et influent dans le milieu du Neuvième art. Quant au chanteur Renaud, après des hauts et des bas, le revoici sur le devant de la scène et en couverture de cet album, certes un peu vieilli, certes un peu marqué pas les abus, mais toujours debout.

Inutile de le présenter, Renaud est un monument de la chanson, un mec qui a marqué des générations de Français en chantant leur vie et un peu la sienne. Laisse béton, Mistral gagnant, Dès que le vent soufflera… une véritable boîte à tubes et un sacré personnage, un fou de BD aussi. Et même si on n’aime pas particulièrement ses chansons, on ne peut décemment pas ne pas avoir d’estime pour lui.

Cette troisième édition de La bande à Renaud réunit les vingt récits déjà publiés ainsi que trois inédits, Manhattan Kaboul mis en images par Edith, J’ai embrassé un flic par Guérineau et La Nuit en taule par Terreur graphique.

Parmi les auteurs qui ont contribué à l’album, on retrouve quelques très grands noms de la BD, des « balèzes parmi les balèzes » écrit Renaud en préface, tels que Juillard, Boucq, Margerin, Cabanes, Loisel, Rabaté, Uderzo, Chaland et Ted Benoît. Laissez tout béton et courrez à la librairie la plus proche de votre HLM.

Eric Guillaud

La bande à Renaud, collectif. Editions Delcourt. 18,95 €

22 Oct

Les voyages d’Ulysse: une odyssée maritime et picturale d’Emmanuel Lepage, Sophie Michel et René Follet aux éditions Maghen

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C’est un livre absolument somptueux que nous ont concocté Emmanuel Lepage, Sophie Michel, René Follet et l’éditeur galeriste Daniel Maghen. Un livre de 272 pages qui nous embarque à bord de L’Odysseus pour un voyage à la croisée de la mythologie grecque, de la peinture, de la littérature et de la bande dessinée…

« Ne t’imagine pas que les informations valent de l’or. Je n’ai pas l’intention de t’offrir une croisière…. Une toile par semaine tant que tu seras sur mon bateau, C’est d’accord ? ». Jules Toulet accepte. Il va pouvoir embarquer sur L’Odysseus, le bateau du Capitaine Salomé Ziegler, une femme de caractère qui aime la peinture et voit finalement en ce jeune peintre une aide providentielle. Le capitaine Salomé est effectivement à la recherche d’Ammôn Kasacz, un des plus grands peintres de la Grèce antique, qu’elle a connu plus jeune. Ses toiles qu’il a disséminées au gré de ses voyages et de sa vie sont autant de petits cailloux blancs posés sur le chemin qui mène à lui. Jules Toulet l’a rencontré plusieurs fois et dernièrement à Alexandrie chez un mécène anglais. L’Odysseus lève l’ancre, cap sur l’Egypte, première étape d’une véritable odyssée…

En digne Breton, Emmanuel Lepage aime la mer et le fait savoir. Aujourd’hui à travers le magnifique travail réalisé sur les planches des Voyages d’Ulysse, hier à travers les albums La Lune blanche, Australes ou encore Voyage aux îles de la Désolation. 

Ponctué de peintures parfois pleine page de René Follet, réalisées pour des albums précédents ou spécifiquement pour celui-ci, ponctué également de textes d’Homère, de flashbacks sur la vie intime de Salomé, de références à la mythologie grecque, Les voyages d’Ulysse est un album très riche qui répond quelque part aux Voyages d’Anna, un carnet de voyage scénarisé, publié en 2005 chez Maghen et mettant déjà en scène Jules Toulet et ses peintures.

Eric Guillaud

Les voyages d’Ulysse, de Lepage, Michel et Follet. Editions Maghen. 29€

L’info en + : les planches originales de l’album sont présentées à la galerie Maghen jusqu’au 16 novembre.

© Maghen / Lepage, Michel & Follet

© Maghen / Lepage, Michel & Follet

18 Oct

Mort aux Vaches : un polar de François Ravard et Aurélien Ducoudray chez Futuropolis

9782754811002Ces gars-là ont des gueules d’atmosphère, des gueules à ne pas jouer les enfants de choeur à la messe du dimanche matin. Non, ces gars-là sont des truands, des as de la cambriole, des professionnels du recyclage de biftons honnêtement gagnés. Enfin quand je dis ces gars-là, ce n’est pas tout à fait exact, je devrais plutôt dire ces gars-là ET cette fille-là…

Cassidy qu’elle s’appelle ! Autant dire qu’elle porte bien son nom et que les mecs ne lui font pas peur. « Bon, on se mesure la bite encore longtemps », lâche-t-elle à ses coéquipiers encore hésitants pour l’intégrer à l’équipe. Mais terminées les balivernes, place à l’action, un petit casse à l’agence bancaire BK de Clermont l’Abbaye et allez hop tout le monde à la campagne, histoire de se faire oublier de la flicaille.

Un mois au vert dans la ferme familiale à donner du grain aux poules, laissant le temps aux uns de faire connaissance, aux autres de se retrouver et au pognon de se refaire une beauté. « La Cagnotte pour l’instant elle est comme la République, unie et indivisible », dit l’un des truands. Un vrai nid douillet que cette ferme. Enfin presque. Le cousin qui a hérité des lieux n’est pas du genre regardant côté accueil. Un bourre-pif en guise de bienvenue et de sombres histoires de vaches folles cachées qui vont attirer les flics comme des mouches autour d’une bouse. Mort aux Vaches….

Il y a du Audiard et du Lautner dans l’air. Il y a aussi et surtout du Ravard et du Ducoudray qui réalisent ici un polar aussi noir que jubilatoire où les emmerdes volent en escadrille. Comme disait Audiard, « les conneries c’est comme les impôts, on finit toujours par les payer ». En attendant, payez-vous cette BD, vous ne le regretterez pas !

Eric Guillaud

Mort aux Vaches, de Ravard et Ducoudray. Editions Futuropolis. 19€

© Futuropolis / Ducoudray & Ravard

© Futuropolis / Ducoudray & Ravard

15 Oct

ChronoSquad : une aventure à travers les siècles signée Giorgio Albertini et Grégory Panaccione chez Delcourt

chronosquadT1Il s’appelle Bloch Telonius, ressemble à un Iggy Pop des pays nordiques avec un gros nez, et ne rêve que d’une chose depuis sa plus tendre jeunesse : rejoindre les Chronosquad, ces agents qui veillent sur les Chronotouristes, où qu’ils soient dans l’espace et dans le temps. Car oui, dans le monde de Giorgio Albertini et Grégory Panaccione, les destinations de rêve ont un nom et surtout une date.

Il en rêve depuis sa plus tendre jeunesse et, finalement, l’occasion lui est donnée. Bloch Telonius est recruté comme Chronosquad avec prise de fonction immédiate car il y a urgence. Deux adolescents ont disparu d’un club de vacances de luxe situé en Égypte antique. Et l’un d’eux est la fille du président de la banque centrale. Autant dire que l’heure est grave ! Bloch et deux autres agents sont propulsés en 2574 avant J.C., le 27 juin pour être précis. Leur mission : retrouver ces adolescents et les ramener en 2016. Un petit voyage de plus de 4590 ans pour l’aller, autant pour le retour, enfin normalement…

Il nous a enchanté avec ses aventures muettes au dessin dynamique et expressif (Toby mon ami, Âme perdue, MatchUn Océan d’amour), Grégory Panaccione est de retour avec cette histoire qui mélange autant les genres que les époques. De la science fiction au goût de polar ou l’inverse, le tout mixé avec une histoire d’amour. Et cette fois, il a retrouvé la parole notre Grégory Panaccione, grâce au scénariste Giorgio Albertini. Résultat : une petite merveille qui devrait compter à terme 4 tomes, 800 pages couleurs, le tout publié en un an. Un cadeau venu d’ailleurs, du futur peut-être… ou du passé, qui sait ?

Eric Guillaud

Chronosquad, de Albertini et Panacccione. Éditions Delcourt. 25,50 €

© Delcourt / Albertini & Panaccione

© Delcourt / Albertini & Panaccione

14 Oct

Les brumes de Sapa : un magnifique roman graphique sur le sens de l’amitié signé Lolita Séchan

brumes-de-sapaInutile de le cacher, la première chose qui a arrêté mon regard est le nom de l’auteure. Lolita Séchan. Ça me rappelait quelque chose. Une chanson peut-être.  Mais oui bien sûr, c’était la Lolita de Renaud, la fille du chanteur énervant, celle dont il se disait complètement morgane…

Bon ok ! Mais un nom, aussi illustre soit-il, ne fait pas tout. Et ce qui m’a vraiment décidé à ouvrir et lire l’album est franchement ailleurs, dans l’atmosphère de cette magnifique couverture, dans ce bleu intense et dans ces traits, cette multitude de petits traits constituant l’illustration. Au centre, une jeune femme et une jeune fille ensemble sur le même chemin devant une montagne d’émotions.

Oui vraiment, une montagne d’émotions. C’est ce qui me vient à l’esprit en refermant ce bouquin de Lolita Séchan, un bouquin que j’ai eu beaucoup du mal à fermer, tant j’ai été pris par son écriture, par cette façon singulière et belle de décrire, de raconter, de dessiner, de nous embarquer dans son voyage.

Mais que raconte Les Brumes de Sapa ? Un peu de géographie. Sapa est une petite station climatique vietnamienne située à 1650 m d’altitude et à 350 km de Hanoi. Un village très fréquenté par les touristes et donc par les locaux qui tentent de se faire là un peu d’argent. 

Lorsqu’elle y débarque à 22 ans, Lolita n’a pas vraiment le profil type de la touriste, plutôt celui de la jeune nana un peu paumée bien décidée à aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Et éventuellement trouver une bonne raison de vivre. « J’ai pris un carnet, un crayon, des baskets, et de l’imodium. Un RER pour Roissy Charles de Gaulle, un avion pour Dubaï… Un Whopper au Burger King de l’aéroport, et enfin un avion pour Saïgon… » .

Cette raison de vivre, Lolita la trouve à Sapa. Elle a pour nom Lo Thi Gôm, une jeune fille Hmong. Tout les sépare, à commencer par les milliers de kilomètres entre leur foyer respectif mais au fil des années et des voyages se lie entre les deux une amitié forte et sincère. 

C’est cette histoire d’amitié que Lolita Séchan raconte ici sur plus de 250 pages en noir et blanc, avec un graphisme fin, élégant et racé, parfois très détaillé, parfois épuré, dans des vignettes libérées du cadre.

Avec ses mots, son extrême sensibilité, Lolita décrit ses voyages, ses rencontres, elle nous parle des Hmongs, ce peuple de montagnards vivant au nord du Viêt Nam, elle évoque aussi ses amours – on aperçoit Renan Luce –  et puis sa famille avec notamment une scène extrêmement émouvante la montrant aux côtés de son père qu’on imagine en cure dans une clinique. Il y a dans cette scène, je ne sais pourquoi, un petit quelque chose de Corto Maltese, la solitude du héros face à son destin peut-être.

C’est beau, c’est fort, c’est poignant. On a simplement envie de dire « Merci Lolita »…

Eric Guillaud

Les Brumes Sapa, de Lolita Séchan. Éditions Delcourt. 24,95€

© Delcourt / Séchan

© Delcourt / Séchan

13 Oct

Rencontre avec Marty Planchais, l’auteur de l’album Le Petit bourreau de Montfleury chez Sarbacane

c’est dans un blockhaus, oui oui, le DY10 situé à deux pas des Machines de l’île à Nantes que j’ai rencontré Marty Planchais, auteur du Petit bourreau de Montfleury paru aux éditions Sarbacane à la fin du mois d’août. Pourquoi dans un blockhaus? Tout simplement parce que c’est là qu’il a installé son atelier comme une vingtaine d’autres personnes, architectes, musiciens, dessinateurs. Un endroit surprenant, sans fenêtres, coupé du monde par des murs de deux mètres de large mais où règne une effervescence créative sans pareil. Marty Planchais m’y attendait pour parler de sa bande dessinée bien sûr mais aussi de ses influences, de Pratt, de la vie…

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Un peintre bourreau de père en fils, ce n’est quand même pas banal. Comment accouche-t-on d’une idée pareille ?

Marty Planchais. Un scénario, c’est 7 secondes d’intuition et ensuite 7 heures de travail par jour. Il y a eu beaucoup de lectures forcément. Des livres sur les bourreaux qui ont nourri mon scénario, des dizaines de livres, certains assez glauques qui relataient des exécutions et d’autres qui évoquaient plus simplement le quotidien de ces hommes. Et puis j’ai remarqué qu’il n’y avait pas d’autobiographies de bourreaux. Je pensais que ce serait intéressant de connaître leur quotidien, de partager leurs tracas et leurs passions, parce qu’ils ne tuent pas tous les jours ces gens-là. Et de fil en aiguille, j’en suis arrivé à ce bourreau post-impressionniste jaune et rouge, un peu à la Van Gogh, tourmenté, passionné par la peinture. Un bourreau qui n’a jamais tué et qui un beau jour doit choisir entre sa passion et son métier. Le Petit bourreau de Montfleury aborde cet aspect-là aussi : le choix, la liberté…

© Planchais - Recherches graphiques

© Planchais – Recherches graphiques

Ton album s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes me semble-t-il. C’est ce que tu souhaitais dès le départ ?

M.P. Tout à fait. Evidemment, l’esthétique, le dessin rond, s’adressent avant tout aux enfants et l’éditeur l’a voulu comme ça. Mais j’ai dés le début souhaité que le livre soit ouvert à un plus large public. Les plus jeunes y apprennent ce qu’est la peine de mort, les plus âgés y découvrent de nombreuses références historiques et culturelles, des clins d’œil au fameux discours de Badinter en 1981, à Rimbaud avec ce poème en ouverture qui amène une certaine sérénité apparente, aux peintures de Van Gogh bien sûr, au cinéma aussi et à la bande dessinée, à Pratt plus précisément et à son album Les Helvétiques. Je ne voulais pas d’une histoire sans fond, banale, d’un petit bourreau qui, le matin, va à son travail…

Un clin d’œil à Pratt. Marty Planchais nous explique en images… 

Le personnage du bourreau est magnifique. Entre le personnage moyenâgeux et le super-héros. Comment l’as-tu imaginé ?

M.P. Dès la couverture, on voit bien que ce n’est pas un bourreau ordinaire. Je l’ai longtemps cherché graphiquement, essayant plusieurs techniques de dessin. Je voulais un personnage qui soit dans la rondeur, un peu gentillet, tout rouge, masqué pour faire super-héros, un peu naïf mais pas trop quand même…

© Planchais - Recherches graphiques

© Planchais – Recherches graphiques

On le voit sur la couverture, il est assez attirant, en tout cas pas repoussant…

M.P. Vraiment ? Tant mieux, c’est vraiment ce que je voulais, ça fait plaisir..

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La chronique de l’album ici

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Un maire qui veut faire preuve de fermeté pour flatter ses électeurs, un croque-mort qui se frotte les mains, des commerçants qui espèrent en tirer quelques menues monnaies et un peuple qui en redemande comme au spectacle. Si l’histoire est drôle au premier abord, le fond est assez noir…

M.P. Oui mais en même temps, ça met en lumière le personnage, parce que c’est une belle personne ce bourreau. Il résiste, ne se trahit pas et finit par faire son choix.

© Planchais - storyboard

© Planchais – storyboard

Amnesty International a apporté son soutien à l’album. Comment cela s’est-il concrétisé ?

M.P. Ça s’est fait un ou deux mois avant l’impression de l’album, grâce au super boulot de l’éditeur. C’est la première fois que cette organisation soutient un livre jeunesse. D’habitude, c’est plutôt des BD adultes.

Ça donne quoi concrètement ?

M.P. On rentre dans leur catalogue et puis c’est un label de qualité pour les professionnels comme pour les lecteurs. C’est une belle reconnaissance…

C’est ton premier album. Tu signes à la fois le dessin et le scénario. Pas trop difficile ?

M.P. Le dessin, le scénario… et la couleur qui est très importante ! Oui, c’était assez périlleux mais en même temps une belle aventure. Un an de travail, classiquement je dirais. Après, l’idée en elle-même, je l’avais depuis 3 ou 4 ans en tête. Ça a mûri petit à petit.

© Planchais - encrage

© Planchais – encrage

Tu as pu bénéficier de conseils ?

M.P. Oui, surtout pour le scénario (merci Emmanuel Gaudin!). Je le faisais lire et relire avec les textes qui sont aussi très importants. C’est pour moi plus important que le dessin. Avoir un bon scénario et un bon texte est la base. Après c’est de l’exécution… J’ai donc pas mal montré le scénario, assez peu les planches finalement.

Quelle technique as-tu employé pour l’album?

M.P. J’ai d’abord fait le storyboard au lavis, je l’ai scanné, regardé si ça collait bien avec les textes. Je suis ensuite passé à la conception des planches définitives, je les ai scannées elles-aussi. J’ai refait chaque planche au lavis pour donner de la matière, du relief, des nuances. J’ai scanné tout ça et fignolé sur Photoshop. Un gros travail que ces effets au lavis mais qui offrent plus de sensibilité aux planches et adoucissent le propos.

© Planchais - matière

© Planchais – matière

Quel a été ton premier coup de cœur BD ?

M.P. Hugo Pratt. Vers 11 ou 12 ans, j’ai acheté La Jeunesse. Je pensais que c’était le premier album à lire de la série. Je ne comprenais pas tout mais je ressentais une sensation très agréable. J’adorais les ambiances. Après, j’ai acheté De l’autre côté de corto (un livre d’entretiens avec Pratt, ndlr) pour bien connaître l’auteur et son oeuvre. Puis Les Celtiques, Les Helvétiques… Aujourd’hui, je possède toute sa production, pas forcément en édition originale d’ailleurs, c’est pas ce qui m’importe.

Et plus généralement, quelles sont tes influences ?

M.P. Rabaté, Christophe Blain, le talentueux Al Severin, Emmanuel Guibert, Denis Bodart, Christophe Gaultier, Tardi, Sergio Toppi, Dino Battaglia, tout le noir et blanc de cette époque-là et une BD qui m’a beaucoup marqué, L’homme de Java de Pierre-Yves Gabrion, un déclic, un vrai, il y a un côté Corto dans ses pages… Et Cyril Pedrosa qui est un collègue de bureau au DY10. Enfin, il y a la peinture avec Turner, le cinéma bien sûr…

© Planchais - planche définitive

© Planchais – planche définitive

Des projets ?

M.P. Oui, notamment l’adapation d’une oeuvre littéraire et des projets jeunesse.

Nous, on espère une suite au Bourreau

M.P. Il y aurait de quoi faire..

Merci Marty

Interview réalisée le 11 octobre 2016 à Nantes par Eric Guillaud – retrouvez la chronique de l’album ici

© Planchais

© Planchais