Alors qu’il approche des 80 printemps, Edmond Baudoin revient avec un volumineux album de près de 300 pages à L’Association dans lequel il retrace sa vie, ses amours, ses emmerdes… Son chef-d’œuvre ? Peut-être bien, même si lui-même ne croit pas au chef-d’œuvre…
« La vie elle-même est un brouillon de vie »; fait dire Edmond Baudoin à son personnage dans les pages de ce live. Il explique ainsi qu’il ne croit pas au chef-d’œuvre. Certes, sa vie n’est peut-être pas un chef-d’œuvre, on en a connu des plus extraordinaires, des plus extravagantes, des plus flamboyantes, mais c’est sa vie, une vie d’homme, une vie d’auteur, figure importante du neuvième art même s’il reste peu connu du grand public, avec des livres souvent intimistes au trait noir épais, charbonneux, aux thèmes existentiels, à l’approche exigeante et poétique. Baudoin est un artiste, libre, un poète du trait et de l’écriture.
Dans ce nouvel opus, baptisé Les Fleurs du cimetière, du nom de ces fameuses tâches de peau qui apparaissent avec l’âge, Baudoin nous parle de sa jeunesse, de ses parents, de son frère Piero qu’il adorait, de sa famille, de ses amours, de l’amour en général, de ses voyages, de son travail d’auteur, de la vieillesse, du corps qui change, de la maladie, de la vie, de la mort. Des pensées, des confidences très intimes, parfois même un peu crues mais jamais déplacées.
Les 288 pages que comptent cet album paru en juin dernier peuvent effrayer par leur densité, par le mélange d’illustrations, de textes et de bandes dessinées, par les multiples typographies, les ratures qui parsèment les textes, mais passée la surprise, plus on avance dans les pages, plus il est difficile de décrocher tant ce que nous raconte Baudoin parle forcément à chacun de nous. Sa vie effectivement n’est pas un chef-d’œuvre, peut-être un brouillon, mais quel brouillon !
Eric Guillaud
Les Fleurs de cimetière, de Baudoin. L’Association. 30€