C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…
Qui de mieux placé qu’un Singapourien pour raconter la seconde guerre mondiale de ce côté-ci de l’Asie ? L’auteur de ce roman graphique paru à La Boîte à bulles, Cheah Sinann, n’a bien évidemment pas vécu la guerre mais en connaît l’histoire avec un grand H et pas mal d’histoires avec des petits h, des histoires d’hommes et de femmes plongés au coeur de l’horreur. La Bicyclette en est une. Est-elle réelle, seulement inspirée de faits réels ou totalement imaginée ? Peu importe, elle aurait pu être véridique, tant le récit est fortement documenté et le contexte solidement planté.
C’est l’histoire d’un gamin des rues de Singapour qui rêve d’apprendre à faire du vélo et qui tombe sur un soldat japonais, un occupant, dont la seule ambition n’est pas de gagner la guerre mais de participer aux Jeux Olympiques en tant que cycliste. Nous sommes en 1942, les Etats-Unis sont entrés en guerre après l’attaque de Pearl Harbour et les Japonais viennent de conquérir la ville de Singapour après un périple de plus de 800 km – pour beaucoup à vélo – depuis la ville de Kota Bharu.
Entre les deux naît une amitié singulière mais à haut risque. L’un et l’autre pourraient être jugés pour trahison. Mais la passion du vélo est plus forte que les différences, plus forte que les préjugés, plus forte que la peur.
Même si le dessin ne m’a pas vraiment convaincu, La Bicyclette a le mérite de s’intéresser à un épisode de la seconde guerre mondiale peu connu de ce côté-ci de la planète. Les dernières pages du livre offrent quelques repères historiques non négligeables.
Eric Guillaud
La Bicyclette, de Cheah Sinann. Editions La Boîte à bulles. 15€