Les ‘crossovers’ (collusion de plusieurs univers au sein d’un même volume) étant l’une des grandes spécialités des comics, on voyait mal comment l’éditeur spécialisé dans le genre Valiant allait y échapper, surtout à l’heure où ses productions sont ENFIN traduites en Français. Paradoxalement, cet imparfait Book of Death à la conclusion hélas un peu bâclée vaut presque plus par ses (généreux) bonus.
Au centre de ce tome une nouvelle fois volumineux (300 pages) se trouve le Guerrier Éternel, peut-être le personnage le plus maudit de l’univers Valiant car condamné, comme son nom l’indique, a ne jamais mourir et à traverser les âges pour protéger Gaia (en gros, la Terre mais perçue comme une entité consciente) et surtout sa géomancienne, sorte de mystique à laquelle elle est liée et dont la survie et qui ici apparaît sous a forme d’une jeune fille boudeuse et impatiente. Au passage, cette idée d’une humanité dont le destin dépend de la planète sur laquelle elle vit sans que cela l’empêche pour autant de la piller sans compter est d’ailleurs l’une thématique récurrente chez Valiant, sorte de variante écolo aux pays des super-héros si vous préférez…
Ici, les rôles sont quasi-inversés vu que le gentil est le méchant, enfin, ce que en tous cas les autres héros de l’écurie Valiant que l’on retrouve ici (X-O Manowar, Ninjak et Live Wire entre autres) croient : que le Guerrier Éternel défend une géomancienne qui ne contrôle pas ses pouvoirs et qui sème donc mort et destruction sur son passage, alors qu’en fait ce sont là les agissements d’un autre géomancien, capturé par un sorcier maléfique. Un scénario assez manichéen donc mais transfiguré par ces visions d’un possible futur apocalyptique si les prophéties du livre des géomanciens s’accomplissent. Des images chocs avec pas mal de combats au programme qui ne rattrapent pas, hélas, la faiblesse de certains personnages (Ninjak, par exemple, à qui Valiant a consacré trois volumes dont on parlera bientôt, apparaît aussi bourrin que buté) et une fin ratée car bien trop facile et surtout expédiée en quelques planches, comme si la montagne accouchait un peu d’une souris.
Non, une fois n’est pas coutume, c’est dans les bonus que ‘Book of Death’ fait la différence. Pas forcément avec cette opulente galerie de croquis ou ce petit prologue de trois pages initialement paru sur le web, non, mais bien dans ces quatre ‘spin-off’ d’une vingtaine de planches qui, individuellement, imagine la mort de quatre des héros de la galaxie Valiant. Or si celui consacré à Harbinger par exemple est trop bavard, le récit de la fin de Bloodshot est à classer parmi les meilleurs de cet éditeur car à la fois beau, mélancolique et d’une incroyable force émotionnelle. Vingt-cinq pages qui valent presque à elles seules l’achat, même si la porte d’entrée pour néophytes au vaste monde Valiant attendue n’est pas hélas vraiment au rendez-vous.
Olivier Badin
Book of Death par Robert Venditti, Robert Gill, Doug Braithwaite, David Baron et Brian Reber, Valiant Comics, éditions Bliss. 24,50€