07 Août

Flic & Fun, les aventures de deux flics mais pas à Miami

Ces deux-là ont longtemps hésité entre l’animation en parcs d’attractions et l’élevage de bovins avant de finalement tenter le concours de la police et d’être reçus. Un sacré coup de bol pour eux, pas vraiment pour nous! Les flics les plus affligeants de la planète BD sont de retour!

Ne vous y trompez pas, les palmiers qui figurent sur la couverture de ce deuxième volet de Flic & Fun paru en juin dernier ne promettent en aucun cas des aventures sous le soleil de Miami mais plutôt sous la grisaille de nos grandes villes hexagonales. Je peux vous le révéler ici sans risquer la garde à vue, il s’agit d’un simple décor de couverture en carton, un faux donc. Retournez l’album, vous comprendrez !

La suite ici

06 Août

Pages d’été. Ceux qui restent : une histoire très étrange signée Josep Busquet et Alex Xöul

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Étrange, vous avez dit étrange ? Pour le moins, oui. Cet album sorti en mars dernier chez Delcourt nous embarque pour un récit oscillant du début à la fin entre un certain réalisme cauchemardesque et du fantastique débridé. Le titre à lui-seul, Ceux qui restent, interroge, voire inquiète. Le auteurs vont-ils nous parler de la mort ? Du deuil ? En quelque sorte oui. Mais peut-être plus douloureux encore que la mort, la disparition.

Ben est un gamin comme les autres, aimé et entourré par ses parents. Jusqu’au jour où il disparaît sans laisser de traces. L’enquête de police et les appels à l’aide des parents à la télévision n’y changent rien. Pourtant, plusieurs mois plus tard, Ben finit par revenir et raconte alors à qui veut bien l’écouter une histoire abracadabrantesque dans « un royaume digne de nos contes les plus extravagants ». Bien évidemment, personne ne croit son histoire, les psychologues redoutent même une expérience traumatique, l’histoire étant tout simplement selon l’un d’entre eux « un bouclier de protection afin de refouler ce qu’il a vécu ». Pour les parents, l’essentiel est qu’il soit revenu. Le bonheur la maison… Mais Ben disparaît une deuxième fois.

Très vite, ce qui aurait pu être une histoire d’enlèvement classique bascule dans le fantastique. Car l’histoire abracadabrantesque se révèle être bien réelle. Les parents trouvent réconfort et conseils auprès d’une association regroupant ceux qui restent, des familles ayant vécu des faits similaires, tandis que les rumeurs les plus folles se propagent en ville…

Un graphisme agréable, un scénario qui tient la route, des couleurs ternes qui nous plongent dans une atmosphère limite anxiogène… les Espagnols Josep Busquet et Alex Xöul explorent le paranormal avec habileté et sobriété. Un bon moment de lecture.

Eric Guillaud

Ceux qui restent, de Josep Busquet et Alex Xöul. Delcourt. 18,95€

© Delcourt – Busquet & Xöul

01 Août

Le coin des mangas : Super Mario, Blue Giant, Our Summer Love, Epic Lanes, Dino-Sapiens, No Control…

Vous le reconnaissez ? Moustache, salopette bleue, casquette rouge avec un grand M imprimé au dessus de la visière, oui, il s’agit bien de Mario, le héros créé par Nintendo en 1981 pour le jeu Donkey Kong et dont ses propres aventures connues sous le nom de Super Mario ont rencontré le succès que l’on connaît dans le monde du jeu vidéo. Depuis quatre ans maintenant, Mario vit aussi ses aventures en mode manga dans une série animée par Yukio Sawada. Bien que librement adapté de l’univers du jeux vidéo, Super Mario Manga Adventures réunit tous les ingrédients qui ont fait son succès et tous les personnages qui enrichissent l’univers, depuis Luigi jusqu’à Yoshi, en passant par Princesse Peach. Dans ce dix-septième volet, c’est justement cette Princesse Peach qui va être au coeur de l’aventure. Mario et ses compagnons doivent effectivement la sauver d’un sortilège qui la maintient enfermée dans un tableau… Vroum vroum… Here we go ! (Super Mario 17, Soleil Manga. 6,99€)

Et si vous n’en avez pas assez, si vous voulez tout connaître de cet univers, alors voici LE LIVRE qu’il vous faut, la bible en quelque sorte, Super Mario Encyclopedia, près de 200 pages de secrets, d’astuces, d’artworks autour des dix-sept jeux de la saga principale. Tout y est décortiqué à l’extrême, de quoi occuper les plus mordus une bonne partie de l’été. En prime, l’interview de Takashi Tezuka, l’un des créateurs la série Super Mario Bros qui s’est vendue à plus de 300 millions d’exemplaires. (Super Mario Encyclopedia 1985 2015, Soleil Manga. 34,99€)

On reste dans le jeu vidéo et plus précisément dans le sport électronique autrement appelé esport. 385 millions de spectateurs en 2017, 1500 joueurs professionnels en France… l’esport vallait bien un manga. C’est chose faite depuis juillet avec la sortie de ce premier volet d’Epic Lanes aux éditions Robinson. Et surprise, ce sont des Européens qui en assurent la réalisation, les Français Luke et Sophia Metz aka Sonietchka au scénario, créateurs par ailleurs d’une chaîne de bars esport, et l’Espagnol Albert Carreres au dessin. Dans un contexte un poil futuriste, où l’ère numérique est arrivée à son apogée, les auteurs nous embarquent dans les coulisses d’un tournoi inter-écoles riche en rebondissements autour du jeu Epic Lanes capable de réunir des millions de téléspectateurs devant la télévision. Pour les gamers ! (Epic Lanes 1, Robinson. 7,95€)

Changement de style et d’univers avec Blue Giant et la sortie du deuxième volume sur les dix prévus, une série signée Shinichi Ishizuka. Blue Giant nous embarque dans le monde de la musique et plus spécialement dans celui du jazz en compagnie de Dai Miyamoto, lycéen membre de l’équipe de basket, travailleur à mi-temps dans une station service et surtout fou de jazz depuis des années. « Je serai le meilleur jazzman au monde », s’auto-persuadait-il dans le premier tome. Dans l’immédiat, le jeune garçon s’entraîne encore et encore sur les berges de la rivière Hirose. Après Vertical qui traitait de la haute montagne, l’auteur Shinichi Ishizuka offre à ses lecteurs un somptueux voyage au pays du jazz. (Blue Giant 2, Glénat. 7,60)

Les plus beaux jours de sa vie, trois mois d’une intensité rare, un amour qu’il croyait éternel et puis le drame, la mort de celle qu’il aimait, Mizuki. Naoto est de retour sur l’île où il a vécu cette histoire il y a maintenant 7 ans. Il y retrouve la petite soeur de Mizuki et croise un fantôme qui hante le phare, la fille blanche comme on l’appelle ici, et qui ressemble étrangement à son amour. Marre des séries à rallonge ? Alors voici rien que pour vous un one-shot idéal pour l’été, intitulé Our Summer Love et signé Takeru Furumoto. (Our Summer Love, Delcourt Tonkam. 7,99€)

Les histoires d’amour c’est bien, les histoires de dinosaures, c’est pas mal non plus. Dino-Sapiens de Miito Yasui et Yoshi Mori débarque en France avec un premier volet qui montre les crocs. L’histoire commence gentiment dans une école en 2030 et se poursuit dans un train, le temps d’une sortie scolaire qui tourne au carnage avec des dinosaures qui se sont invités à la fête. Dans les wagons, c’est la panique, etce n’est pas franchement mieux dehors. Les dinosaures sont partout… (Dino-Sapiens, Soleil Manga. 7,99)

Parce que le manga ne s’adresse pas uniquement aux enfants, voici No Control, de Lynn Okamoto et Mengo Yokoyari aux éditions Delcourt/Tonkam. Paru en 2 volumes, ce manga raconte une histoire d’amour impossible entre deux amis d’enfance, Saito et Subaru, un « pauvre et court sur pattes » d’un côté, une « jeune fille de bonne famille canon » de l’autre. Séparés dans leur parcours scolaire, Saito et Subaru finissent par se retrouver dans une grande école. Mais la belle snobe la bête. Au point que Saito, déprimé, fait un voeu au Dieu de la Contrepartie : faire que le placard de sa chambre mène directement à la chambre de Subaru. Et ça marche ! En contrepartie justement, le fameux Dieu prélève une heure de self-control par jour à la jeune Subaru. Je vous laisse imaginer ce qu’il se passe alors…  Pour lecteurs avertis ! (No Control, Delcourt Tonkam. 7,99€)

Eric Guillaud

29 Juil

Pages d’été. Les Oubliés de Prémontré, un récit de Stéphane Piatzszek et Jean-Denis Pendanx au coeur de la première guerre mondiale

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Ces deux auteurs-là nous avaient déjà impressionné avec un premier album commun publié aux éditions Futuropolis. Il s’agissait de Tsunami, l’histoire d’une quête sur l’île de Sumatra encore marquée par le raz-de-marée de 2004.

Stéphane Piatzszek au scénario et Jean-Denis Pendanx au dessin reviennent avec un thème et un contexte très différents mais une réalisation toute aussi soignée et une histoire toute aussi captivante. Les oubliés de Prémontré est basée sur une histoire vraie, une histoire funeste, celle d’un hôpital psychiatrique, l’hôpital de Prémontré dans l’Aisne, qui pendant la première guerre mondiale se retrouva aux premières loges des combats ou du moins des mouvements militaires, 1300 malades, hommes, femmes et enfants, qui auraient pu se retrouver livrés à eux-mêmes si il n’y avait eu le courage de certains.

Car, à l’instar de la majeure partie de la population locale, le directeur de l’hôpital, le médecin-chef et plusieurs membres du personnel s’enfuirent à l’approche des troupes prussiennes en marche vers Paris. Mais d’autres restèrent, comme l’économe André Letombe, qui fut très vite confronté à un dilemme sans précédent : comment nourrir 1300 personnes en pleine guerre ?

De fait, beaucoup des malades moururent de faim, des centaines. Alors Letombe eut l’idée de les faire travailler, de proposer leurs services aux paysans du coin en échange de nourriture. C’est ce qui permit d’en sauver une grande partie.

L’histoire de cet hôpital est connue, Piatzszek et Pendanx nous en livrent une version illustrée qui retrace avec précision et humanité ces années noires où la vie humaine n’a plus la même valeur, qui plus-est lorsqu’il s’agit d’aliénés. De quoi faire passer Letombe pour le vrai fou de l’affaire, capable d’une abnégation totale pour sauver le maximum de malades. Mais dans cette histoire vraie, les auteurs ont imaginé une autre histoire, celle de Clément, un jeune-homme tout juste débarqué à l’hôpital pour prêter main forte. Mais pas seulement. Sous ses apparences de garçon tranquille, Clément cache un secret… Une histoire singulière et prenante !

Les oubliés de Prémontré, de Stéphane Piatzszek et Jean-Denis Pendanx. Futuropolis. 21€

© Futuropolis / Piatzszek & Pendanx

22 Juil

Pages d’été. La Soutenable légèreté de l’être, l’autobiographie d’une trentenaire hypocondriaque signée Éléonore Costes et Karensac

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Elle va avoir 30 ans, déteste son prénom, est souvent de très mauvaise humeur, fume comme un pompier, dort très mal, a mal partout tout le temps et a peur de tout, surtout des maladies. Oui, vous l’avez compris, en plus de tous ces petits défauts qui la rendent invivable, voire détestable, Éléonore, pardon Lolo, est hypocondriaque tendance un peu beaucoup à la folie, capable de s’imaginer un cancer à la première douleur.

Mais cette fois, elle en est persuadée, elle va mourir. Depuis plusieurs jours, elle a mal au ventre. Pour son médecin, le cancer est dans sa tête, pas ailleurs. Pourtant, Lolo fait un malaise et finit par se retrouver à l’hôpital. Totalement liquéfiée par l’idée qu’on lui découvre quelque chose de grave, Lolo fait le point sur ses trente premières années, sur sa famille, l’amour, la vie…

Publiée dans la toute nouvelle collection Une Case en moins des éditions Delcourt, collection qui a pour vocation de mettre en avant des artistes polyvalents et non issus de la BD, La Soutenable légèreté de l’être est une autobiographie signée Éléonore Lolo Costes, comédienne et autrice parisienne, et Karensac, ex-architecte, aujourd’hui autrice pour les éditions Dupuis (Aubépine) et donc Delcourt.

À la fois drôle et touchant, La Soutenable légèreté de l’être raconte les angoisses d’une trentenaire face à la vie, une trentenaire qui a bien du mal à quitter le monde de l’adolescence. Scénario et dessin fonctionnent parfaitement ensemble avec de bonnes trouvailles narratives. Un album à lire même si on a plus de 30 ans, ça peut réveiller quelques souvenirs…

Eric Guillaud

La Soutenable légèreté de l’être, de Éléonore Costes et Karensac. Delcourt. 15,50€

© Delcourt / Éléonore Costes et Karensac

21 Juil

Pages d’été. Le Signal de l’océan, un plaidoyer pour le respect de la nature signé Pierre-Roland Saint-Dizier, Nicoby et Joub

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Vous êtes allongé sur la plage ? Les cheveux dans les yeux et le nez dans le sable ? À vous répéter que c’est quand même beau la nature et que c’est doux le bruit de l’océan ? Ça tombe plutôt bien car l’album dont je vais vous parler ici traite justement de l’océan et des conséquences du réchauffement climatique. Loin de moi l’idée de vous gâcher ce doux moment et de vous culpabiliser, l’album ne répond pas à cette logique, il cherche juste à informer à travers une fiction plutôt sympa signée pour le scénario par Joub et Nicoby et pour le dessin par PR Saint-Dizier.

L’histoire commence en 1976 dans un petit village de la côte atlantique. Il aurait pu s’appeler Biscarosse ou Soulac, les auteurs l’ont finalement baptisé Malberosse, un village comme tant d’autres abandonnés à l’appétit féroce de quelques promoteurs immobiliers. Cette année-là est lancé un projet de complexe touristique les pieds dans l’eau. Bien évidemment, quelques années et tempêtes plus tard, ce complexe se retrouve effectivement les pieds dans l’eau, évacué, abandonné. La faute à l’océan ? La faute aux promoteurs et élus de tous bords qui n’ont pas tenu compte de la nature, du réchauffement climatique, du recul du trait de côte.

Vue imprenable qu’ils disaient ! Ça vous fait penser à l’histoire du Signal à Soulac, l’immeuble devenu le symbole d’un littoral grignoté par la mer ? Bingo, d’ailleurs, le titre de l’album y fait directement référence. Autour de cette histoire vraie, le Tarnais PR Saint-Dizier et les Bretons Nicoby et Joub ont imaginé une fiction qui met en scène les principaux acteurs du drame, les promoteurs, les élus, les – rares à l’époque – opposants et bien sûr les vacanciers pour qui l’érosion ne veut encore rien dire.

Je vous le disais plus haut, il n’est pas question dans ces quelques pages de nous culpabiliser, mais bien de nous sensibiliser à la chose avant qu’il ne soit trop tard. D’ailleurs, les plus pessimistes pensent qu’il est déjà trop tard. Publié avec le soutien du Conservatoire du littoral, Le Signal de l’océan interroge mais apporte aussi quelques réponses dans un dossier de quelques pages en fin d’ouvrage. Il évoque le changement climatique mais surtout le programme Adapto, « une démarche expérimentale de gestion souple du trait de côte ». Un album pour ne pas bronzer idiot !

Eric Guillaud

Le Signal de l’océan, de Pierre-Roland Saint-Dizier, Nicoby et Joub. Vents d’Ouest. 15,50€

© Vents d’Ouest / Pierre-Roland Saint-Dizier, Nicoby et Joub

Du temps où la Guerre des Étoiles débarquait avec les croissants et le journal du matin

Quand la Guerre des Étoiles se dévorait quotidiennement dans les journaux par épisodes aussi brefs que bourrés d’action, coincés entre Snoopy et Erik le Viking…

À la fin des années 70, en France, on avait Jacques Faizant. Mais aux États-Unis, c’était plutôt Buck Rogers, Garfield, Dick Tracy et donc aussi, Star Wars. On a les icônes pop que l’on mérite non ? En même temps, dès le succès du premier volet de la saga au cinéma, Georges Lucas a énormément misé sur tous les à côtés et il ne pouvait donc pas se passer de ces véritables institutions outre-Atlantique qu’étaient les strips journaliers que l’on retrouvait dans tous les quotidiens américains. D’où la mise en route sur le marché de ces petites histoires indépendantes tronquées en mini-épisodes dès le mois de mars 1979 et dont les dix-huit premiers mois d’existence sont traduits en français et réunis pour la première fois aujourd’hui.

Censées se dérouler dans l’espace indéfini (c’est pratique) entre les films ‘La Guerre des Étoiles’ et ‘L’Empire Contre Attaque’ et présentées ici dans un format à l’italienne des plus agréables à lire, ces aventures font appel à tous les héros de la saga (Luke Skywalker, la Princesse Leia, Han Solo, Chewbacca etc.), soit en groupe soit pour des apartés en solo au ton bien particulier qui donnent justement son charme à l’exercice.

© Delcourt – Russ Manning

Car le format avait de nombreuses contraintes, et surtout celle de son découpage impitoyable : une bande (trois, quatre cases maximum) par jour, avec une pleine page (parfois en couleur) le week-end seulement. Dans ces conditions, difficile voire impossible d’apporter des nuances ou d’aborder des questions plus, disons, métaphysiques (d’où par exemple l’absence étonnante de la notion de ‘Force’) car il faut à tout prix maintenir l’attention du lecteur. En résulte un rythme très particulier car complètement hystérique et où chaque page se doit d’avoir soit sa poursuite de vaisseaux spatiaux, soit sa bataille à coups de pistolets laser (voire, si possible, les deux en même temps !).

© Delcourt – Russ Manning

Assez loin donc de la réappropriation des mythes universels que furent les films, ‘Star Wars’ devient donc ici une sorte de série B survitaminée où les méchants sont très méchants (Dark Vador fait quelques apparitions bien sûr) et les gentils très gentils. C’est donc assez naïf, très pop et ancré dans son époque (on est bien dans la toute fin des années 70) tout en profitant de la patte du dessinateur vétéran Russ Manning, responsable de la série ‘Tarzan’ dans la seconde moitié des années 60. Et ce n’est même pas réservé qu’à ceux qui croient qu’il y a longtemps, très longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine… Surtout que l’ajout du chiffre ‘1’ au bout du titre laisse suggérer de futurs tomes à venir.

 Olivier Badin

Star Wars – les strips quotidiens Volume 1, Russ Manning, Delcourt, 39,95€

Pages d’été. Dept. H : un thriller abyssal signé Matt et Sharlene Kindt

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Si vous souffrez de claustrophobie, passez votre chemin, Dept. H est un thriller en milieu hostile, un mystère à huis-clos par 9000 mètres de profondeur, de quoi vous couper le souffle pour l’éternité ou presque.

L’histoire ? Dept. H est le nom d’un laboratoire sous-marin conçu par le professeur Hardy pour étudier les fonds marins. C’est justement là que le professeur est retrouvé mort à la suite de ce qui ressemble à un accident. Mais sa fille, Mia, est persuadé qu’il s’agit d’un meurtre. Elle décide de se rendre dans la base pour enquêter. Sur place, Mia est accueillie par 7 personnes dont son propre frère. L’un d’eux est forcément l’assassin. Mais elle aura peu de temps pour résoudre le mystère, la base a été sabotée et sera inondée sous les 24 heures.

Cette série signée Matt Kindt a été publiée en 24 comics aux États-Unis, elle le sera en 4 volumes de ce côté-ci de l’Atlantique. Deux sont d’ores et déjà disponibles, les deux suivants le seront d’ici avril 2019. Au final, Dept. H offrira près de 700 pages d’un récit au suspense suffocant, une oeuvre singulière qui conforte Matt Kindt parmi les grands auteurs de la bande dessinée américaine. L’auteur de Super Spy, Du Sang sur les mains ou encore de L’histoire secrète du géant nous offre ici des atmosphères à découper au couteau, merveilleusement travaillées par les couleurs de Sharlene Kindt, la femme de l’auteur. C’est beau, c’est fort, c’est sous l’eau. Science-fiction, polar, espionnage, l’auteur y mêle les genres pour mieux nous surprendre. On respire un grand coup et on plonge dans l’aventure…

Eric Guillaud

Dept. H, de Matt et Sharlene Kindt. Futuropolis. 22€ le volume

12 Juil

Quand Hellboy rencontre Richard Corben, ça fait des étincelles !

La dernière entrée de la désormais volumineuse bibliographie de Hellboy s’offre une guest-star de 78 ans dont les traits talentueux réussissent à transformer une ‘petite’ histoire de huit planches en réflexion sur la destinée…

Il y a plusieurs entrées dans l’univers Hellboy. Dont celle-ci, plus axée sur son ‘travail’ au sein du B.P.R.D. (le Bureau de Recherches et de Défense sur le Paranormal en français). Des aventures en général situées entre la fin de la deuxième guerre Mondiale – date à laquelle il a été adopté – et la période actuelle et plus particulièrement dans les années 50. Bon, dans l’absolu, on vous l’accorde, cela ne change pas grand-chose dans les faits : son créateur Mike Mignola est toujours à la manœuvre et signe encore les couvertures (pour attirer le chaland) et ce rejeton né de l’union d’un démon et d’une femme en est toujours le héros principal. Mais tout l’intérêt de ce troisième volume de la série ‘Hellboy & B.P.R.D.’ (à ne pas confondre ni avec les séries ‘Hellboy’ et ‘B.P.R.D.’ tout court attention !) tient en fait en ces huit dernières pages.

Pourtant, les deux premières histoires de ce volume qui en contient trois ne déméritent pas, loin de là. Surtout la première et la plus longue, signée par le dessinateur Stephen Green, avec ses nombreux clins d’œil au film ‘The Thing’ de John Carpenter sur lequel il s’est amusé avec Mignola à greffer des nazis jusqu’en-boutistes (souvenez-vous, nous sommes en 1954 !). Mais le meilleur est pour la fin.

© Delcourt / Mignola, Roberson, Corben, Green, Reynolds, Churilla et Stewart

Après, peut-être ne sommes-nous pas foncièrement objectifs. Et encore, on reconnaît que le scénario de ce court épisode ‘Le Miroir’ est des plus simpliste et tient sur un timbre-poste. Oui, sauf que c’est le dernier grand prix d’Angoulême qui tient le crayon… Certes, Richard Corben, ancien collaborateur de ‘Metal Hurlant’, n’en est pas à sa première parade d’amour avec Hellboy. Et celle-ci est donc très courte et presque contemplative, le rejeton de l’Enfer se ‘contentant’ de se faire molester par des démons. Mais plus que jamais son trait sombre et mélancolique, cette faculté d’évocation et surtout cette ‘patte’ si particulière où l’on a impression de presque sentir les effluves de pourriture qui semblent sommeiller sous ses chacun de ses personnages donnent au tout une touche presque diaboliquement désespérée qui fait toute la différence.

Olivier Badin

Hellboy & B.P.R.D. 1954, par Mignola, Roberson, Corben, Green, Reynolds, Churilla et Stewart, Delcourt, 15,95 euros

© Delcourt / Mignola, Roberson, Corben, Green, Reynolds, Churilla et Stewart

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