Et sinon ma chérie, c’est quoi ton vrai métier ? Combien d’artistes ont été un jour confrontés à cette question, tantôt posée avec un brin de naïveté, tantôt avec un vrai fond de méchanceté. Cette question, Mademoiselle Caroline la balaie d’un silence qui veut tout dire et passe à la suite, à savoir comment on devient artiste. Ça, c’est une vraie question. Et Ma vie d’artiste y répond…
Artiste, Mademoiselle Caroline l’est assurément. Un vrai métier, une vraie passion, des études, de longues études même, du travail, beaucoup de travail, et des albums.
De Chute libre à La Différence invisible, de Enceinte! C’est pas une mince affaire à Maman?! Quoi encore ?, de Quitter Paris à Je commence lundi, le régime anti-régime!, Mademoiselle Caroline s’est fait un nom dans le genre autobiographique tendance drôle.
Mais elle sait aussi aborder des thèmes plus graves comme la dépression ou l’autisme (en compagnie de Julie Dachez) avec tact, avec légèreté, et toujours avec bonheur.
Dans ce nouvel opus, Mademoiselle Caroline nous raconte SA vie d’artiste, son parcours pour arriver là où elle est aujourd’hui. Depuis sa plus tendre jeunesse, ses premières feuilles griffonnées en regardant Récré A2 à la télévision, jusqu’à la parution de ses premiers albums chez City puis chez Delcourt. La consécration ! 3 T dans Télérama, une équipe complète aux petits soins de ses livres, des tournées de dédicaces, la rencontre avec le monde du neuvième art…
Et c’est là que l’album devient très intéressant. Mademoiselle Caroline nous raconte son quotidien, les festivals à courants d’air, les dédicaces sur tirage au sort, les libraires BD qui se prennent pour Flynn Rider, le beau gosse de Raiponce, le regard des hommes peu habitués à voir des auteurs femmes, les bouquins qui se vendent ou pas, l’argent que ça rapporte ou pas, les illusions et désillusions…
Et pour raconter ce parcours, Mademoiselle Caroline adapte son dessin à chaque période de SA vie d’artiste. Un trait enfantin en noir et blanc pour sa prime jeunesse, en couleurs quand on lui offre sa première boîte de crayons, plus affirmé lorsqu’elle est admise à l’école Penninghen, un dessin sur fond sombre lorsque la technique est à l’étude ou à la mode, et enfin le style graphique qu’on lui connaît aujourd’hui lorsqu’elle devient officiellement auteure de BD. Oui, auteure de BD. Ce n’est pas un gros mot. Et si vous vous demandez encore ce qu’est son vrai métier, alors reprenez la lecture de cette chronique à son début.
Eric Guillaud
Ma Vie d’artiste, de Mademoiselle Caroline. Delcourt. 19,99€