28 Mar

Alice au Pays des Merveilles, de Chauvel et Collette. Editions Drugstore. 15 euros.

Décidément, Alice est partout ! Et pas seulement au Pays des Merveilles. On peut effectivement la voir depuis quelques jours sur grand écran dans l’adaptation cinématographique du génial Tim Burton. On peut aussi l’admirer dans les vitrines de nos libraires préférés avec notamment cette adaptation en bande dessinée proposée par David Chauvel et Xavier Collette. Si on ne compte plus justement les adaptations et références de toutes sortes à cette pièce maîtresse de la littérature enfantine, que ce soit dans le cinéma ou la littérature bien sûr mais aussi dans la musique, le théâtre, la production télévisuelle ou encore les jeux vidéos, cette nouvelle version qui se veut par ailleurs très fidèle à l’oeuvre originelle fixée par Lewis Caroll se singularise par un découpage, un graphisme et une mise en couleurs particulièrement sobres et remarquables. Et la magie opère une nouvelle fois ! Petits et grands découvriront ou redécouvriront au fil des pages un imaginaire véritablement extraordinaire et sans limite ! E.G.

26 Mar

Des hommes dans la guerre d’Algérie, de Bournier et Ferrandez. Editions Casterman jeunesse. 16,75 euros.

Offrir aux jeunes générations les clés nécessaires pour comprendre la guerre d’Algérie, connaître ses enjeux, ses protagonistes : c’est l’objectif de cet ouvrage récemment publié chez Casterman, signé par le dessinateur Jacques Ferrandez et par la directrice des Affaires culturelles au Mémorial de Caen, Isabelle Bournier. Reprenant le principe de l’album Des hommes dans la Grande Guerre, du même auteur sur des dessins de Tardi (2008, éd. Casterman), Des hommes dans la guerre d’Algérie raconte la vie au quotidien des hommes et des femmes, combattants ou civils, français ou algériens, pris dans l’engrenage du conflit. Après un petit survol de 130 années de colonisation, Isabelle Bournier explore dans une série de doubles pages thématiques, alliant des textes concis, des témoignages précieux et une iconographie remarquable, les origines de la guerre, le terrorisme anti-colonialiste, le rôle du général de Gaulle, la vie sous l’Algérie française, la cohabitation, la lutte pour l’indépendance, la torture, les harkis, le rapatriement des pieds-noirs, les traces laissées par la guerre, l’écriture de son histoire… A côté des photographies, des divers documents d’époque, affiches ou extraits de journaux, les dessins de Jacques Ferrandez, issus de sa série Carnets d’Orient (dix albums parus entre 1994 et 2009, éd. Casterman), et de  Retours à Alger, (2006, éd. Casterman) apportent une complémentarité réelle aux différents textes. Un livre très réussi, objectif, attractif et solidement documenté, idéal pour les enfants de 9 à 13 ans mais aussi pour les plus grands et pourquoi pas les adultes qui souhaitent approfondir leurs connaissances sur cette guerre qui, pour reprendre les propos de l’historien Jean-Jacques Jordi qui signe ici la préface, « est une triple guerre : guerre civile, guerre fratricide et guerre de décolonisation où les actes de bravoure côtoient les lâchetés les plus extrêmes ». E.G.

24 Mar

Gaza 1956, en marge de l’histoire, de Joe Sacco. Editions Futuropolis. 29 euros.

Joe Sacco ! Ce prénom et ce nom suffisent à dire le sérieux de l’affaire. Joe Sacco est un journaliste et un auteur de bande dessinée américain bien connu des amateurs de BD-reportages, genre qu’il a initié dès 1993 en publiant aux Etats-Unis l’album Palestine, édité de ce côté-ci de l’Atlantique en deux volumes chez Vertige Graphic : Palestine, une nation occupée en 1996 et Palestine, dans la bande de Gaza en 1997. Après un petit détour par l’ex-Yougoslavie en guerre qui donnera deux livres, Gorazde en 2001 et The Fixer, une histoire de Sarajevo en 2005 (Rackham), Joe Sacco retrouve le sol de Palestine avec Gaza 1956. Ce gros et beau pavé de 424 pages en noir et blanc apporte un nouveau témoignage particulièrement documenté sur un épisode semble-t-il oublié du conflit israélo-palestinien, le massacre de près de 275 civils perpétré par l’armée israélienne à Khan Younis et à Rafah en 1956. Entre novembre 2002 et mai 2003, le dessinateur reporter se rend à plusieurs reprises sur le terrain afin d’établir la véracité de cette tragédie et embarque le lecteur à la recheche des traces de ce massacre. « Je trouvais exaspérant que le plus important massacre de Palestiniens sur le sol de Palestine – si l’on en croit le chiffre de 275 morts avancé par l’ONU – reste dans les ténèbres de l’oubli où il gisait, comme d’innombrables autres trégédies historiques… ». Sur place, Joe Sacco sollicite les témoins oculaires de l’époque mais, souvent, comme en témoigne ce livre, les Palestiniens interrogés ne comprennent pas son intérêt pour cet épisode vieux de plus de cinquante ans alors que tous les jours, sous les yeux mêmes du dessinateur reporter, se poursuit la tragédie. Entre deux témoignages, Joe Sacco ne peut faire autrement que de nous parler du présent, des bombardements, des maisons rasées et de cette vie qui continue malgré tout. Un album dense, parfois âpre, mais nécessaire qui a demandé à Joe Sacco six années de travail et d’investigations ! E.G.

La Communauté (tomes 1 et 2), de Hervé Tanquerelle et Yann Benoît. Editions Futuropolis. 24 euros.

On attendait la suite de ce récit entamé en 2008 avec une certaine impatience, impatience finalement récompensée. Le second volume de La Communauté est de la même veine que le premier, tout aussi captivant et singulier.

Il s’agit d’un récit qui s’inscrit dans la lignée de la bande dessinée-reportage avec une particularité puisque celui-ci est construit autour d’entretiens. Le Nantais Hervé Tanquerelle, responsable de plusieurs séries comme Le Legs de l’alchimiste (éd. Glénat) ou Professeur Bell (éd. Delcourt) aborde cette forme narrative avec une histoire mettant en scène une communauté créée sur les barricades encore fumantes de mai 1968.

Micro à la main, l’auteur recueille le témoignage d’un de ses fondateurs, Yann Benoît, alors étudiant, aujourd’hui devenu son beau-père. Nous sommes en 1972, Yann et une bande d’amis achètent une ancienne minoterie abandonnée.

Loin des idées reçues, du caricatural flower power (sex, drug and rock n’roll), il décrit un quotidien plutôt laborieux, partagé entre la restauration du site, la construction de nouvelles maisons, les multiples tâches agricoles, la garde des enfants et bientôt la fabrication de jouets en bois à une échelle de plus en plus conséquente.

À tel point que la vie en communauté, qui n’était déjà pas tous les jours une évidence, va en pâtir sérieusement. C’est dorénavant l’usine ! Le travail devient de plus en plus lourd et contraignant et bientôt les grands principes qui prévalurent à la création de la communauté vont se fissurer et les tensions, se multiplier…

Pour rendre vivant cette conversation autour d’un micro, Hervé Tanquerelle utilise le principe du flash-back. « Autant je n’ai jamais douté du fond, autant la forme me posait problème. Il m’aura fallu du temps pour trouver la bonne manière de raconter », confiait l’auteur au moment de la sortie du premier volet.

« Comment transcrire les conversations informelles que j’avais avec mon beau-père? C’était important de les garder car elles permettent à la fois de rester au plus près du vécu, tout en confrontant le point de vue de deux générations. Mais cela comportait aussi la difficulté de rendre attrayante une simple conversation autour d’une table! Assez vite m’est apparu comme une évidence le principe des flash-back, traités différemment au lavis, pour ponctuer notre dialogue ».

Une oeuvre rare, une aventure unique traitée avec subtilité et humour !

Eric Guillaud

23 Mar

L’Institution, de Binet. Editions Fluide Glacial. 9,95 euros.

« J’ai six ans. Avant, j’étais dans une école de filles, mais la loi est formelle, au delà de six ans, les garçons doivent quitter les écoles de filles. Il y a bien l’école mixte du village, mais l’instituteur est communiste et papa pense que seule une école religieuse peut donner à des jeunes gens une éducation convenable… » Ainsi commence L’Institution, un album signé Christian Binet, paru en 1981 et aujourd’hui réédité en version remasterisée chez Fluide Glacial. A cela, une seule et bonne raison : faire découvrir ou redécouvrir une petite perle cachée de la bibliographie de l’auteur ! Le célèbre créateur des Bidochon mais aussi des Impondérables, de Kador ou encore de Monsieur le Ministre raconte ici ses années de pension à l’institution Notre-Dame et ailleurs, des années qu’il reconnaît comme les plus importantes de sa vie : « Ce sont celles qui m’ont façonné, qui m’ont recouvert d’une épaisse croute opaque et résistante au temps. Aujourd’hui, à force de patience et après de nombreux lavages au détergent, le vernis a craqué et ma vraie peau a réapparu ». Une école de la vie en somme, une école difficile où la religion est omniprésente, étouffante, plombante, la discipline sévère, la solitude toujours insupportable. Oeuvre sensible et attachante, L’Insitution permit à Christian Binet, qui avait alors la trentaine, de raconter à sa façon, avec  l’ironie qu’on lui connait, une foule d’anecdotes tantôt drôles, tantôt graves, qui l’ont en tout cas marqué pour le restant de sa vie. Et de faire un peu le ménage ! « C’était un peu la conclusion d’une sorte d’autothérapie, le seul bouquin expiatoire de toute ma carrière. Je voulais me débarrasser de ces mauvais souvenirs tout en faisant rire les lecteurs de Fluide. Ça m’a permis de régler quelques casseroles. Je dois d’ailleurs avouer que le décès de mon père m’a permis de me libérer de ce poids : je ne suis pas certain que j’aurais osé raconter tout cela s’il avait encore été en vie à l’époque. Et, de manière générale, je ne suis pas certain qu’il aurait apprécié que je travaille dans des journaux comme Fluide Glacial. Il me destinait plutôt à la bonne presse catholique. C’est même lui qui prenait les rendez-vous à ma place avec les rédactions, c’est dire l’ascendant qu’il avait sur moi… Cela étant, c’est difficile, quand on fait de l’humour, de dévoiler des histoires graves et personnelles. Je crois être arrivé à un bon mélange… ». Trente années après sa première publication, L’Institution reste étonnament très actuel, tant dans le fond que dans la forme. Un album surprenant ! E.G.

19 Mar

Mince alors ! A la recherche du petit poids, de Carol Lay. Editions Delcourt. 16,50 euros.

Après le printemps vient l’été. Enfin… logiquement. Plus que quelques mois donc pour maigrir et faire bonne figure sur les plages. Mais comment faire ? Telle est la question que nous nous posons tous, ou toutes, un jour ou l’autre et à laquelle Carol Lay semble avoir trouvé une réponse. Lorsqu’elle tombe, à plus de quarante ans, sur une photo d’elle, cette auteure américaine comprend que toute sa vie elle a pesé 12 kilos de trop. Malgré les différents régimes, malgré les consultations d’hypnotiseurs et malgré les cures de pilules pour maigrir. Bref, c’est le déclic et dès lors, Carol Lay n’aura de cesse de chasser les kilos en trop en faisant de l’exercice et, surtout, en comptant la moindre calorie avalée. Un combat de tous les jours qu’elle nous relate dans ces pages d’une originalité, d’une fraîcheur, d’une drôlerie, d’une légèreté tout à fait admirables. Cerise sur le gateau, ou plutôt cerise sur le légume, Mince alors ! propose une trentaine de recettes adaptées au public français et des conseils pour une alimentation saine et équilibrée. Une BD autobiographique à l’humour allégé que vous pouvez consommer sans modération ! E.G.

Happy slapping, de Jean-Philippe Peyraud et Marc Villard. Editions Casterman. 17 euros.

Cécile va bientôt avoir 25 ans. Une jeune femme en apparence bien dans ses baskets. En apparence seulement ! Car Cécile a des blessures profondes, très profondes… Mais comment se plaindre quand  tous les soirs on croise la détresse la plus totale sur les trottoirs de Paris ? Cécile travaille au Samu social. Et son quotidien ressemble à ce visage de grand mère virée de chez elle par ses propres enfants et condamnée à dormir dans la rue… Ou à celui de cet homme qui s’est fabriqué un abri fait de tôles et de planches le long du périphérique. Pas franchement gai ! Alors, histoire d’extérioriser un peu ses blessures, Cécile s’arrête parfois chez les Addicts anonymes. « Je m’appelle Cécile et j’ai commencé la coke à dix-huit ans. Ma mère est morte quand j’étais gosse… ». Définitivement pas gai ! Ajoutez à celà un père lui aussi décédé ou, plus exactement, qu’on a voulu faire croire décédé, et qui est SDF quelque part dans Paris. Depuis dix ans ! Avec le Samu social, Cécile essaie de reprendre l’histoire de sa vie là où elle s’est arrêtée. Avec l’espoir un jour de retrouver ce père…

Après la série Premières chaleurs et l’album Quand j’étais star, parus chez Casterman, Jean-Philippe Peyraud signe ici l’adaptation d’un polar, Bird, publié en octobre 2008 par l’écrivain Marc Villard aux éditions Joëlle Losfeld. 80 pages en noir et blanc qui nous entraînent dans le Paris nocturne, celui des SDF et des paumés, des misérables et des laissés-pour-compte, avec au coeur du récit cette jeune femme à la recherche de son père et le meurtre - sordide - d’un SDF par un jeune bourgeois qui sera protégé par son père, un homme politique alors en pleine campagne électorale. Noir, très noir ! E.G.

Festival Des planches et des vaches 9e édition…

Le 9e festival de bande dessinée Des Planches et des Vaches se déroulera les 3 et 4 avril prochains sur le site de La Fonderie à Hérouville-Saint-Clair. Sous la présidence de Christian De Metter, plus de 40 auteurs seront accueillis, parmi lesquels Boiscommun, Bourgne, Djian, Efix, Félix, Floc’h, Kokor, Margerin, Tieko, Diaz Canales, Crossley… Outre les incontournables séances de dédicaces et les remises de prix, le public pourra participer à des ateliers BD, assister à des performances graphiques,  visiter les divers stands (librairie, fanzine…) et découvrir une exposition sur Christian de Metter réunissant plusieurs planches originales de ses albums Shutter Island, Marylin ou encore L’oeil était dans la tombe. Et en ouverture, le 2 avril à 20h00 au BBC : le concert de Bijou SVP ! E.G.

+ d’infos sur le site www.planchesetvaches.com

04 Mar

Rencontre avec Tébo, auteur de Cosmik Comiks, septième volet des aventures de Samson et Néon paru aux éditions Glénat…

 
  
Un septième volet de Samson et Néon dans les bacs, l’album In Pipi véritas annoncé pour mars, un cinquième Captain Biceps sur la table de travail et des adaptations en dessin animé actuellement diffusées sur France3… Bref, il y a suffisamment de raisons pour que nous ayons eu envie de poser quelques petites questions à Tébo. Cinq questions pas plus, car l’homme est très occupé même s’il sait rester disponible et accessible… 
 
Vous êtes vraiment caennais ou c’est la seule ville qui a accepté de vous accorder un visa ?
 
Tébo. Je suis né à Caen et je vais mourir à Caen. Et ma maman m’a interdit de déménager de cette ville… Je suis un enfant très obéissant… 
 
Néon, extraterrestre rose, Captain Biceps, super-héros à la combinaison rouge et jaune… Vous n’en avez pas assez de dessiner des héros improbables ? N’auriez-vous pas envie de faire des albums un peu plus sérieux ? Des autobiographies, des BD-reportages ou même des livres de poésie ? Quel regard portez-vous sur la BD ?
 
Tébo. J’adore les héros improbables. Je viens de finir d’écrire un scénario pour Nicolas Kéramidas (dessinateur de Luuna, Donjon et Tyko des sables) qui parle d’Alice au Pays des merveilles qui se retrouve téléportée dans une jungle où tous les singes l’appellent Tarzan. Je pense continuer à faire des albums peu sérieux tout au long de ma vie et de ma carrière… Mais j’ai encore un paquet d’idées et de scénarios dans mon cabas et j’ai envie de réaliser des histoires d’horreur, de science fiction, de polar et d’heroïc fantasy. Par contre, je n’ai rien dans mes poches pour l’autobiographie, la bd-reportage et le livre de poésie. J’ai toujours un regard d’enfant quand je lis de la BD. J’en lis tous les soirs avant de me coucher. J’espère que le format papier existera encore longtemps.
 
Deux séries qui connaissent le succès, dont une réalisée avec Zep, deux adaptations pour la télévion… Vous êtes plutôt du genre à avoir la grosse tête, les chevilles qui enflent ou les doigts qui démangent ? Comment vivez-vous le succès et comment l’expliquez-vous ?
 
Tébo. Ce sont mes héros qui sont des stars. Moi, je suis un inconnu… On ne me reconnait pas dans la rue, les filles ne m’envoient pas leurs slips… Auteur de BD, c’est pas très rock. Donc, non, je n’ai pas la grosse tête. Avoir des séries qui marchent est vraiment agréable et surtout rassurant pour l’avenir. J’ai toujours eu peur de ne plus avoir de boulot dans la BD. Plus maintenant (enfin, pas pour cette année). J’ai des demandes d’éditeurs qui veulent travailler avec moi (généralement, c’est plutôt l’auteur qui demande à l’éditeur) ainsi que des producteurs de séries animées qui me demandent de leur trouver des concepts pour des futurs projets. Sinon, je n’explique pas le succès d’une série… Je ne fais pas d’étude de marché sur les lecteurs pour savoir de quoi va parler mon prochain album. Je travaille dur pour que les lecteurs aient du plaisir à lire mes albums tout en ayant du plaisir à les réaliser.
 
Sincèrement, pouvez-vous nous dire où vous allez chercher tout ça ? Quelles sont vos influences, vos inspirations ? Croyez-vous donner une bonne image aux enfants ? Que vous disent-ils quand ils vous croisent sur les festivals ou ailleurs?
 
Tébo. Ce n’est pas très simple d’expliquer d’où viennent les idées… Je pense que c’est une mécanique, une habitude que l’on a (et que l’on travaille) depuis tout petit. Depuis que je sais tenir un crayon, j’ai toujours inventé des personnages, des monstres, des héros. Une fois le personnage créé, je leur inventais une vie, des ennemis, des aventures. On commence par des histoires simples qui au fil du temps deviennent plus complexes, plus abouties. En bref, ça ne me tombe pas tout cuit sur la page blanche, je bosse ! Mes influences lorsque j’étais enfant et ado, il y en a eu plusieurs : Jack Kirby (créateur de Hulk, Les 4 fantastiques, Captain America…), Gotlib (Rubrique-à-brac…), Franck Margerin (Lucien) et Liberatore (Ranxerox). Savoir si je suis une bonne image pour les enfants ? Boah !! Je veux juste être une cour de récréation pour eux. Ce qui est drôle, c’est que l’image de la BD a changé auprès des parents. A mon époque, elle était mal vue. Maintenant, les parents me remercient durant les festivals car leurs progénitures ont pris goût à la lecture. C’est plutôt un beau compliment de leur part. Tandis que les enfants sont généralement intimidés lorsqu’ils me voient et ne me décrochent pas un mot (les parents sont les premiers surpris). Mais si les mêmes gamins viennent me voir avec un copain, ça devient la nouba ! C’est à celui qui parlera le plus fort pour me raconter ce qu’il a aimé dans l’album. J’ai vraiment un super public !
 
Quels sont vos projets pour tout à l’heure, demain et après-demain ?
 
Tébo. J’ai commencé le tome 5 de Captain Biceps avec mon ami Zep au scenario. Je suis l’invité d’honneur du festival de Pau (qui a lieu du 2 au 4 avril) et du festival de BD de Caen (Bulles en folies les 19 et 20 juin). Je dois leur fournir des idées et  réaliser leurs affiches. Je vais me lancer dans la création (scenario et dessin) d’une nouvelle série pour la télévision avec mon ami Tehem (auteur de Zap collège et de Malika Secouss) et écrire un polar un peu fantastique avec de l’action dedans pour mon ami Jérome d’Aviau (auteur de Inès et de Ange le terrible). Peut-être qu’après je prendrai deux jours de vacances avec ma femme et mon fils.

Propos recueillis par Eric Guillaud le 4 mars 2010.

  

Retrouvez la chronique de l’album ici !

  

28 Fév

Championzé, de Vaccaro et Ducoudray. Editions Futuropolis. 20 euros.

Saint-Louis du Sénégal, à l’aube du XXè siècle. Amadou M’Barick Fall est un gamin pour le moins vif et rusé. Au point de se faire remarquer et embaucher par deux jeunes artistes hollandaises de passage dans le pays. Avec elles, Amadou M’Barick Fall rejoint la France et découvre le monde du théâtre. Habillé comme un bourgeois européen, il monte sur scène pour réciter des poèmes et, bien souvent, se faire huer et traiter de singe par des spectateurs survoltés. Mais ce n’est pas sur les planches qu’il va se faire un nom. C’est sur les rings. Car, au hasard des rencontres, M’Barick Fall devient boxeur. Et pas de ces boxeurs d’opérette. Non, M’Barick Fall, que l’on va surnommer Battling Siki, sera le premier Français champion du monde de boxe… noir ! C’est en 1922 qu’il conquiert ce titre en battant un autre Français, blanc celui-là, Georges Carpentier. Mais la gloire aura vite un goût amer. La société bien pensante ne peut admettre qu’un noir soit champion du monde et représente à ce titre la France. Il sera accusé de tricherie, perdra son titre avant de le récupérer, partira pour les Etats-Unis où on lui refusera un combat avec le champion américain blanc et moura sur les pavés new-yorkais de cinq balles dans la peau !

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retrouvez l’interview des auteurs ici-même

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Bien sûr, ceux qui s’intéressent un minimum à la boxe connaissent Battling Siki, peut-être moins son histoire et le contexte dans lequel il a évolué. Et c’est là tout l’intérêt de Championzé. Car au-delà d’un portrait sur l’homme, Aurélien Ducoudray et Eddy Vaccaro nous brossent dans ces pages le tableau d’une époque que l’on espère révolue. Celle du colonialisme et du racisme sans retenue. M’Barick Fall aura beau s’être illustré pendant la Grande guerre, jamais il ne sera considéré comme un Français. Publiée chez Futuropolis, Championzé est une biographie réellement passionnante qui, comme L’Enragé, le fameux diptyque de Baru publié aux éditions Dupuis en 2004, parle du milieu de la boxe en s’adressant à un public large et pas seulement aux initiés… C’est beau, c’est fort, c’est poignant et on en redemande. Ca tombe plutôt bien puisque les deux compères ont en projet deux autres biographies de boxeurs et une adaptation du Club du suicide de Stevenson… A suivre donc ! E.G.

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