13 Fév

Mathias, Jérôme K. Jérôme Bloche (tome 22), de Dodier. Editions Dupuis. 11,95 euros.

Jérôme K. Jérôme Bloche arrêté par le GIGN et placé en garde à vue ! Vous doutez ? C’est pourtant une réalité. En voulant secourir une vieille dame, notre détective au grand cœur se retrouve en effet impliqué dans une sombre affaire de gangster. Et pas de n’importe quel gangster puisqu’il s’agit de l’ennemi public n°1, un certain Mathias, recherché par toutes les polices de France depuis son évasion spectaculaire en hélicoptère. De quoi rendre à cran effectivement les forces de l’ordre qui dans la confusion et la tension du moment vont confondre le Mathias en question avec le pauvre Jérôme K. Jérôme Bloche. Et s’il était au bout de ses peines notre Jérôme… Mais non, il va aussi se faire kidnapper par un couple de malfrats, lui-aussi à la recherche, mais pour d’autres raisons, de l’évadé…

Notre Jérôme national est de retour pour une vingt-deuxième aventure pleine de suspense, de rebondissement et de charme. Comme les précédentes ! Comme celles qui suivront ! Car la série, récompensée par un Fauve au Festival d’Angoulême en 2010 fait aujourd’hui partie des grands classiques du Neuvième art, des grands classiques mais avec une touche de fantaisie, d’humanité, de sensibilité qui fait la différence. Avec son feutre, son vieil imperméable à la Columbo et son solex, Jérôme K. Jérôme Bloche, bientôt 30 ans d’activité au service du Neuvième art , est un héros du quotidien ou presque, un gars comme vous et moi qui cherche simplement à être quelqu’un de bien. L’une des meilleures séries de l’univers… et au delà ! E.G.
 

08 Fév

Tout va mieux… Marzi (tome 6), de Savoia et Sowa. Editions Dupuis. 10,95 euros.

Couv_121579Tout va mieux… et pourtant rien ne semble changer, se dit notre petite polonaise Marzi ! Il fait toujours froid l’hiver. Les dimanches ressemblent à des dimanches. Les magasins sont vides. Les adultes râlent pour un rien… Non, rien n’a changé dans la Pologne tout juste libéréé du joug communiste. Du moins en apparence… et provisoirement… Car la liberté, elle, est bien là… Elle attend maintenant que les hommes l’apprivoisent, l’honorent. « On déambule dans ce champ de liberté où rien ne pousse et on s’en fâche. Mais c’est à nous d’y planter des choses. C’est à nous de prendre soin de cette parcelle qui, cette fois, n’appartient qu’à nous… ». Nous sommes à la fin des années 80, au début des années 90… Bientôt Lech Waleza sera le grand vainqueur des élections présidentielles, dans les écoles, les uniformes disparaissent tandis que le catéchisme fait son entrée, les biens de consommation finissent par affluer, les troupes soviétiques encore présentes sur le territoire vont d’ici peu se retirer, les jeunes veulent apprendre le français ou l’allemand plutôt que le russe… et Marzi grandit, quitte l’enfance pour l’adolescence ! Une page se tourne…

Un récit autobiographique passionnant, signé Marzena Sowa et Sylvain Savoia pour la mise en images.

Eric Guillaud

07 Fév

Au nom du fils (première partie), de Belin et Perrotin. Editions Futuropolis. 15 euros.

Savez-vous comment vous réagiriez si, un jour par voie de presse, vous appreniez l’enlèvement de votre enfant par une quelconque organisation clandestine au bout du bout du monde ? Non ? Michel Garandeau, ouvrier au chantier naval de Saint-Nazaire, a d’abord dû encaisser le choc. Son fils enlevé par les Farcs… Qui l’aurait cru ? Par les Farcs ou une toute autre organisation d’ailleurs puisque personne ne sait réellement ! Mais plutôt que de rester prostré dans son salon à attendre que les autorités compétentes veuillent bien lui lâcher quelques bribes d’information, Michel décide d’aller chercher lui-même son fils. Direction la Colombie donc, la Sierra Nevada pour être précis, où sans connaitre un mot d’espagnol Michel va enquêter, chercher, et peut-être trouver…

Sans être adapté d’un fait réel précis, Au Nom du fils entre bien évidemment en résonnance avec l’actualité la plus brûlante. Mais Clément Belin, déjà responsable des Marins perdus, une adaptation du roman d’Izzo, et Serge Perrotin (Lance Crow Dog aux éditions Soleil) ont voulu, dans ce contexte particulier de prise d’otages, mettre en scène les relations père-fils en décrivant les différentes émotions associées, de la colère à la culpabilité, en passant par la révolte ou l’incompréhension. Une histoire prévue en deux tomes ! E.G.

02 Fév

Renée, de Ludovic Debeurme. Editions Futuropolis. 29 euros.

Lucille, album sorti en 2006, avait fortement impressionné les lecteurs mais aussi les professionnels du Neuvième art. Renée, publié en janvier, ne devrait pas non plus passé inaperçu… Sur plus de 400 pages, Ludovic Debeurme nous offre là une suite à la hauteur de nos espérances, une petite leçon de scénario et de narration en même temps qu’une exploration sombre et sans concession des sentiments humains et plus particulièrement ici de la colère. On y retrouve la fameuse Lucille qui, de retour chez sa mère, tente de faire de l’anorexie un mauvais souvenir. Elle doit aussi apprendre à vivre sans Arthur emprisonné pour meurtre. Et ce n’est pas facile. Du tout ! Même si le plus dur est pour Arthur, bien sûr, qui doit cohabiter avec des détenus impitoyables ! Et on découvre Renée, une jeune femme un peu paumée, angoissée, insatisfaite, qui entretien une relation sans passion avec un musicien de jazz…. marié. Pour Lucille comme pour Renée, la vie n’est pas une évidence, un long fleuve tranquille et toutes deux expriment leur mal-être par la colère, une colère envers les autres, envers elles-mêmes, une colère qui n’épargne rien ni personne. « J’ai commencé à écrire la suite de Lucille en utilisant le même processus que pour mes autres livres… », précise l’auteur, « c’est à dire en l’improvisant tout d’abord, puis en posant petit à petit les grandes lignes. La psychologie humaine est complexe et mouvante. C’est la sinuosité de nos parcours qui me passionne, l’impact du temps et des rencontres, le poids ou parfois la légèreté du passé qui nous fabriquent, c’est cela dont je veux rendre compte. Quelle est la part du libre arbitre, comment se joue la bataille pour devenir l’auteur de sa propre vie, sont les questions que je pose dans Renée… ». Une œuvre singulière et forte pour lecteurs exigeants ! E.G.

Drôles de supporters, de Hipo, Jack Domon et Pierre Ménès. Editions Jungle. 9,95 euros.

Drôles ? Ils ne le sont pas toujours ! Ils peuvent même être bruyants, énervants, agités, excessifs et malheureusement, parfois, violents… Mais les supporters sont avant tout et majoritairement des passionnés. Des passionnés de foot comme le sont les auteurs responsables de cet album paru aux éditions Jungle. Jack Domon comme tout bon marseillais, est supporter de l’OM ! Pierre Ménès est journaliste sportif ! 25 ans à couvrir les matchs de L1 ou L2 pour la presse écrite et télévisée. Alors oui, les supporters, ces gars là, ils les connaissent bien. Et ils les aiment. Au point de les croquer dans une série d’histoires courtes qui les caricature un peu plus mais les rend aussi plus humains. Et l’ensemble est assez drôle, tendre, coloré et énergique. Bienvenue dans le monde merveilleux du ballon rond ! E.G.

Largo Winch, édition spéciale. Editions Dupuis. 19,90 euros.

Alors que le second film inspiré des aventures de Largo Winch doit sortir en salles incessamment sous peu, le 16 février en France et le 23 février en Belgique pour être précis, les éditions Dupuis proposent une édition spéciale, à tirage limité, du diptyque qui a inspiré le scénario de ce nouveau long-métrage, diptyque qui réunit La Forteresse de Makiling et L’Heure du tigre. Un album qui ne présente pas grand intérêt pour les acheteurs assidus de la série puisqu’il ne comporte aucun complément, ni sur le travail de Francq et Van Hamme, ni sur le film en lui-même. Seule la couverture reprenant la trame de l’affiche du film avec Tomer Sisley pourra peut-être attirer quelques collectionneurs fous. Reste que cet album permettra aux néophytes de découvrir le milliardaire en blue-jeans dans sa forme papier aux prises avec son passé dans une aventure plus que tourmentée en Birmanie… E.G.
 

29 Jan

La Condition des crabes, La Marche du crabe (tome 1), d’Arthur de Pins. Editions Soleil. 17,95 euros.

On les appelle les Cancer Simplicimus Vulgaris ou plus communément les crabes carrés. Une espèce étonnante qui ne semble pas avoir évolué depuis des milliers d’années, que dis-je des centaines de milliers d’années. Et depuis ces temps immémoriaux, les crabes carrés, que l’on rencontre du côté de l’Estuaire de la Gironde, marchent en suivant toujours la même trajectoire puisque leur physionomie les empêche tout simplement de tourner. Au moins, me direz-vous, ils ne tournent pas en rond. Ni en carré. Ils suivent la ligne droite, la plus rapide il est vrai entre deux points, la plus risquée aussi, lorsqu’il s’agit de passer entre les jambes d’une bande d’humains énervés ou entre les pinces de quelques crabes évolués. Une injustice cruelle à laquelle deux jeunes crabes baptisés Soleil et Bateau vont vouloir mettre un terme…

Adapté du court métrage La Révolution des crabes, qui a remporté un nombre incroyable de prix dont le prix du meilleur film d’animation au Mouviz Festival à Nantes, La Marche du crabe se déclinera ici en trois albums sous la plume et le pinceau ou plus exactement sous la souris du Sieur Arthur de Pins, auteur par ailleurs de la série coquine Pêchés mignons chez Fluide glacial et de Zombillénium chez Dupuis. Avec son graphisme réalisé directement sur ordinateur et qui supprime le trait pour ne conserver que des formes, Arthur de Pins poursuit l’élaboration d’un univers très personnel, décalé et drôle. Un univers graphique que vous pouvez découvrir plus en détail dans l’ouvrage Monsieur Z Artbook publié chez Fluide glacial et chroniqué ici-même il y a quelques temps ! E.G.

23 Jan

Conventum, de Pascal Girard. Editions Delcourt. 13,50 euros.

Direction Québec pour une histoire signée Pascal Girard et qui met en lumière un phénomène très en vogue depuis quelques années : les soirées-retrouvailles entre anciens copains de classe. Pour Pascal Girard, l’auteur ET le personnage principal de cette bande dessinée, l’invitation est arrivée par courrier après que dix ans se soient écoulés depuis son année de secondaire, assez pour avoir effectivement envie de partager quelques souvenirs avec les copains d’alors autour d’un repas et d’une bonne bière. Pourtant, Pascal hésite avant de finalement accepter l’invitation, avec le doux espoir, il est vrai, d’y retrouver Lucie Coté dont il fut secrètement amoureux à l’époque. Mais avant tout, Pascal doit se reprendre en main. Sport, régime, nouvelle garde-robe… Il doit absolument faire bonne figure !

Quand vous aurez lu ce livre, vous réfléchirez à deux fois avant d’accepter une invitation pour une soirée en compagnie de vos anciens copains de classe. Avec beaucoup de lucidité, Pascal Girard y décrit en effet sa propre expérience de la chose et le moins que l’on puisse dire est qu’elle n’est pas franchement positive. Publié dans la collection Shampooing, dirigée
par Lewis Trondheim, Conventum est un récit à l’esprit vif, drôle et léger.

L’info en +

Décidément, le Québec est à l’honneur en ce début d’année chez Delcourt et plus précisément dans la fameuse collection Shampooing, avec la publication d’un deuxième album directement issu de la production locale. Son titre, Comédie sentimentale pornographique, un récit sur des trentenaires en quête de sens et d’amour. Jimmy Beaulieu signe ici son premier album édité en France. Mais de l’autre côté de l’Atlantique, cet auteur n’est pas un débutant dans le milieu de la bande dessinée. Il a été tour à tour directeur de collection, libraire, critique, commissaire d’exposition, conférencier et même éditeur. Sa structure, Colosse, propose une bande dessinée alternative aux comics anglophones. E.G.

20 Jan

Monsieur Jean, de Dupuy et Berberian. Editions Les Humanoïdes Associés. 19,95 euros.

C’est toujours avec un grand plaisir, un immense plaisir même, que l’on retrouve Monsieur Jean, personnage fortement sympathique imaginé par Dupuy et Berberian il y a maintenant plus de vingt ans. Monsieur Jean est ce qu’on appelle un anti-héros ou un héros du quotidien qui vieillit au fil des aventures comme nous-mêmes pouvons vieillir. Un peu moins vite peut-être ! Ses aventures, publiées un temps aux Humanoïdes Associés (5 volumes parus) sont aujourd’hui reprises par la maison Dupuis (2 volumes à ce jour). Le dernier album en date, Un Certain équilibre, nous permettait de partager avec Monsieur Jean les affres de la paternité. La Théorie des gens seuls qui vient d’être réédité aux Humanoïdes Associés n’est aucunement la suite mais un hors-série initialement publié en 2000 et prenant place entre le troisième et le quatrième tome de la série. Dans un format plus compact et en bichromie, Dupuy et Berberian y racontent des anecdotes non développées au cours de la série, explorant avec le même bonheur le petit monde de Monsieur Jean qui à ce moment précis se voit obligé d’héberger son ami Félix, un Félix totalement déprimé par le célibat et qui établit des théories à tour de bras comme la théorie des gens seuls ou celle des chaussettes trouées… On y parle d’amitié, d’amour, de sexe, de ces petites et grandes choses qui font le quotidien, le tout avec une certaine dose de légèreté et beaucoup d’humour. C’est fin, c’est intelligent, c’est drôle, c’est universel et quasi-intemporel… C’est du grand Dupuy et Berberian à découvrir ou à redécouvrir ! E.G.

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