Pour en finir avec le cinéma ? Christian Hincker, alias Blutch, aurait-il définitivement décidé de tourner le dos au Septième art ? Lui, le passionné de la première heure, le cinéphile averti ? Non, bien sûr, derrière ce titre se cache en fait un hommage appuyé aux acteurs, aux réalisateurs, aux films, aux grands s’entend, à ceux qui ont marqué une époque considérée aujourd’hui comme l’âge d’or du cinéma. Paul Newman, Jean-Luc Godard, Burt Lancaster, Luchino Visconti, Michel Piccoli, King Kong, La Grande bouffe, Sacha Guitry, John Wayne, Les Choses de la vie, Le Guépard… hantent les pages de cet album comme autant de pièces qui ont bâti notre patrimoine cinématographique et alimenté notre imaginaire collectif. Blutch, dans une série de scénettes à la façon des films à sketches italiens des années 60, s’interroge sur cet art. Serait-ce un « filet à papillons pour attraper les petites filles », comme le fait dire l’auteur à un de ses personnages, ou bien « un art illustratif et déclamatoire et, pire que tout, sentimental » ? Et ces acteurs, « un jour vedettes, le lendemain aux oubliettes ». Le cinéma serait-il simplement un art « où les hommes se font aligner et polir les dents, où les durs se font poudrer pour masquer leur couperose, où les cow-boys se font épiler la poitrine et frisotter les mèches ». Et s’il ne s’agissait pas d’un art mais plutôt d’une industrie. Le propos est parfois dur, le plus souvent subjectif, mais Blutch nous dévoile dans un style qui est le sien, avec un trait à fort caractère, vif et épais, son rapport intime avec le cinéma. Cela pourra paraître parfois un peu hermétique à certains mais un album de Blutch se mérite et supporte allégrement la relecture ! Alors, n’hésitez pas… E.G.
L’info en +
Du 16 septembre au 29 octobre 2011, la galerie Martel, 17 rue Martel à Paris, accueille une exposition-vente des planches de l’album Pour en finir avec le cinéma. Comptez tout de même 1500 euros pour une planche en noir et blanc. Plus d’infos ici !