11 Nov

Bienvenue à Hoxford, de Ben Templesmith. Editions Delcourt. 14,95 euros.

C’est évident, le loup-garou présent sur la couverture tient lieu quelque part d’avertissement. Mais les 40 première pages, bien que plongées dans une atmosphère plus que sordide, ne laissent absolument pas présager une telle suite. Le calme, en quelque sorte, avant la tempête ! Une tempête ? Que dis-je, un cyclone, un typhon, un ouragan tant le scénario de Ben Templesmith tourne au cauchemar, à l’orgie sanguinaire avec dans le rôle du maître des cérémonies, le loup-garou, et dans celui des petites victimes sans défense, une poignée de criminels américains de la pire espèce, tellement ingérables que les Etats Unis ont fini par les confier à un établissement privé russe aux méthodes peu orthodoxes. Bienvenue à Hoxford…

Après 30 Jours de nuit, Fell et Wormwood, le citoyen du monde comme il se définit lui-même, Ben Templesmith, nous offre un album au graphisme tout simplement sublime qui, rien que pour ça, le rend totalement indispensable même pour ceux et celles qui détestent – j’en fais partie – les histoires de loups-garous et autres vampires. Ben Templesmith, lui-même n’affectionne guère ces sombres bestioles. « Pour moi… », écrit-il en préface, « ce sont des rebus d’un autre âge tout juste bons à jouer les monstres de seconde zone ». C’est un concours de circonstance qui va finalement l’amener à imaginer cette histoire. Et il aurait été dommage qu’il en soit autrement. Un album à dévorer sans attendre ! E.G.

Découvrez le site de Ben Templesmith

07 Nov

Les Ignorants, d’Etienne Davodeau. Editions Futuropolis. 24,50 euros.

Mais qu’est ce qui a bien pu réunir ces deux là ? D’un côté Richard Leroy, vigneron à Rablay sur Layon, dans le Maine et Loire. De l’autre, Etienne Davodeau, auteur de bande dessinée, originaire de ce même Maine et Loire. A priori, rien de commun. A priori seulement ! Car, à y regarder de plus près, on finit par distinguer comme un point de convergence évident entre les deux hommes, une certaine idée de la vie, dictée par la passion, la curiosité et le plaisir de partager !

C’est Etienne Davodeau qui a proposé à Richard Leroy de s’initier mutuellement à leur savoir-faire, pour ne pas dire leur art. Ainsi, pendant plus d’un an, l’auteur de Rural!, de Lulu femme nue ou encore des Mauvaises gens a troqué ses pinceaux contre un sécateur -pas à temps plein je vous rassure – et pris la direction des vignes où Richard Leroy lui a transmis ses connaissances, son respect de la terre et son amour du vin. Taille, décavaillonnage, tonnellerie, vendanges… Etienne Davodeau a pu participer à toutes les grandes étapes et approcher les techniques au plus près. Quant à Richard Leroy, qui ne connaissait absolument rien à la bande dessinée, Etienne Davodeau lui a fait découvrir les principaux courants, les grands maîtres scénaristes ou dessinateurs, les héros et anti-héros, quelques techniques aussi…  A chacune de leurs entrevues, Etienne lui a apporté une pile d’albums à lire, comme un instituteur donnerait une liste de devoirs à faire à la maison. Ensemble, ils se sont rendus dans certains festivals, ont visité des expositions, assisté au travail d’un imprimeur et rencontré plusieurs auteurs phare du Neuvième art comme Marc-Antoine Mathieu, Emmanuel Guibert ou Jean-Pierre Gibrat. Rien que ça !

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Retrouvez l’interview d’Etienne Davodeau ici

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Au fil des albums lus et des bouteilles bues, Etienne Davodeau et Richard Leroy ont donc pu approcher, observer, comprendre un peu mieux le métier de l’autre tout en conservant un regard d’ignorant et donc une liberté de parole bien agréable. Et ça donne parfois des échanges savoureux, exemple avec Richard Leroy qui s’exclame devant une série de dessins signés Moebius : « Non. C’est pas bon. Ses planètes, ses bestioles, ses élucubrations, tout ça, pfpf… c’est… fatigant ». Moebius est prévenu, il n’a plus qu’à changer de métier !

En revanche, Etienne Davodeau nous étonne à nouveau avec cet album passionnant de bout en bout, de bouteilles en bouteilles serait-on tenté d’écrire, un album qui nous permet de retrouver l’auteur dans un exercice qu’il affectionne particulièrement, la bande dessinée reportage, avec ce petit quelque chose de chaleureux et d’humain en plus qui fait la différence. Comme un grand cru ! E.G.

Plus d’infos sur le site internet d’Etienne Davodeau


06 Nov

César (intégrale), de Tillieux. Editions Dupuis. 39 euros.

Son nom ne dira peut-être pas grand chose aux plus jeunes d’entre vous, pourtant Maurice Tillieux fait assurément partie des grands du Neuvième art. Des très grands même ! Dessinateur et scénariste, il est à l’origine de quelques séries phares comme Félix, Marc Jaguar, Gil Jourdan, Jess Long avec Arthur Piroton, Yoko Tsuno avec Roger Leloup, Marc Lebut et son voisin avec Francis ou encore César. Les aventures de ce dernier, un tendre personnage dans le genre anti-héros qui accumule les catastrophes domestiques et fait penser graphiquement à Fantasio, sont aujourd’hui réunies dans une très belle intégrale publiée aux éditions Dupuis. Vous y retrouverez non seulement les 299 gags que compte la série César, mais aussi quelques documents d’archives exceptionnels provenant de la famille de l’auteur, des couvertures du magazine Spirou, un mini-récit et un dossier d’une quinzaine de pages revenant sur la genèse de la série. Un classique de l’humour à découvrir ou à redécouvrir ! E.G.

02 Nov

Liquidation totale, Sillage (tome 14), de Morvan et Buchet. Editions Delcourt. 13,50 euros.

Avec les quatorze albums que compte la série mère et les centaines de milliers d’exemplaires vendus dans plusieurs langues, sans oublier les 5 volumes de Nävis et les 6 tomes des Chroniques, deux autres séries inscrites dans le même univers, Sillage fait assurément partie des best-sellers du Neuvième art. C’est en 1998 que Jean-David Morvan et Philippe Buchet se sont lancés dans l’aventure. 13 années et de nombreux prix plus tard, le tandem poursuit sur sa belle lancée, ne se lassant pas d’accompagner Sillage – gigantesque convoi de vaisseaux spatiaux – dans son exploration de l’univers à la recherche de planètes à coloniser. Mais la jeune Nävis, véritable électron libre de ce convoi et unique représentante de la race humaine parmi des millions d’êtres d’origines et de croyances très diverses, est aujourd’hui en danger. Un assassin a été engagé pour la liquider et liquider tous ceux qui ont été témoins d’un attentat qui fit des milliers de victimes dans le navire amiral de la Constituante. Une liquidation totale en quelques sortes ! Et cette fois, personne ne donne Nävis gagnante…

Un graphisme sublime, des planches d’une beauté plastique exemplaire, une narration sans faille, une héroïne toujours aussi attachante… ce nouvel épisode de Sillage est un pur bonheur qui devrait contenter les amoureux de science fiction mais pas seulement ! E.G.

01 Nov

Moissons rouges, Vents contraires (tome 2), de Hautière, Ullcer et Brizard. Editions Delcourt. 13,95 euros.

« De la neige en avril. On aura tout vu… ». Peu importe, Yvon Lebihan a décidé qu’il se rendrait en Bretagne et il s’y rendra, quelque soit la météo, quelque soit l’état des routes. Pour son métier !  Yvon est un ancien de la Marine nationale reconverti en documentariste animalier depuis une dizaine d’années. Besoin de liberté, avoue-t-il ! Alors, depuis, il filme la faune de jour comme de nuit. Et c’est justement par une nuit pluvieuse, quelque part dans une forêt bretonne, qu’il va faire une mauvaise rencontre, une femme à moitié nue, plus effrayée que menaçante, qui surgit de nulle part et va l’entraîner dans une sombre histoire…

Le premier volet de ce diptyque sorti il y a un an et demi nous avait laissé avec une série de meurtres sur les bras, des protagonistes totalement dépassés par les événements et nombre d’interrogations. Dans cette seconde partie, toujours aussi captivante et sanglante, le scénariste Régis Hautière (Le Dernier envol, Mister Plumb, Un autre monde, Yerzhan…) et le dessinateur Ullcer (Les enquêtes des détectives Harley & Davidson) lèvent doucement le voile sur le mystère pour arriver finalement au dénouement. A l’origine de toute l’histoire : une découverte biologique majeure ! E.G.

31 Oct

La Nuit de la goule, Le Droit chemin (tome 2), de Lupano, Tanco et Lorien. Editions Delcourt. 13,95 euros.

Valard, Dusquennes et les frères Blondiau. Ils sont tous les quatre orphelins et forment une fameuse bande ! C’est dans un établissement d’enseignement agricole pour pupilles de la nation qu’ils se sont rencontrés. Du côté de Merandac. Nous sommes en 1929 et les quatre lascars vont très vite se faire remarquer en multipliant les mauvais coups. On les considère déjà comme de la graine de voyous, des bagnards en puissance, mais c’est à Paris, pendant l’occupation, qu’ils vont vraiment trouver leur voie…

Six mois à peine après la parution du premier volet intitulé Les Enfants terribles, le scénariste Wilfrid Lupano, le dessinateur Tanco et le coloriste Lorien livrent la suite et fin de cette aventure qui se déroule dans l’entre deux guerres. De cette ouverture devrait-on plus logiquement écrire puisque des one-shots devraient suivre ce diptyque de mise en place et permettre aux quatre énergumènes de côtoyer des personnages emblématiques de notre Histoire avec un grand H !

De son côté, selon quelques indiscrétions, Wilfrid Lupano, à qui on doit déjà Alim le tanneur, L’honneur des Tzarom, Les aventures de Sarkozix ou encore L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu, travaillerait aujourd’hui sur un nouveau projet, un conte tragi-comique d’après une histoire vraie, Le Singe de Hartlepool prévu dans la collection mirages courant 2012. A suivre… E.G.

Découvrez les blogs des auteurs Lupano et Tanco !

30 Oct

Gallipoli, Le Temps du rêve (tome 1), de Antoni, Ormière et Blancher. Editions Delcourt. 13,50€.

Les récits ayant pour cadre la Première guerre mondiale sont nombreux dans la bande dessinée. Ceux mettant en scène l’engagement de l’Australie et plus encore l’engagement du peuple aborigène sont beaucoup plus rares. Pour ne pas dire inexistants ! Le Temps du rêve, dont le premier volet vient de sortir aux éditions Delcourt, rattrape un tant soit peu cette « injustice ». C’est le scénariste Stéphane Antoni qui en a eu l’idée. Ce grand passionné d’histoire contemporaine et de culture aborigène a effectué plusieurs voyages en Australie. Ceci explique cela ! Cette série prévue en trois volumes s’ouvre sur un épisode peu glorieux de l’histoire de l’Australie, celui des générations volées, ces enfants d’Aborigènes australiens et d’indigènes du Détroit de Torres enlevés de force à leurs parents par le gouvernement australien. Il se poursuit par le débarquement d’un bataillon de jeunes engagés australiens, parmi lesquels figure justement un aborigène, sur les côtes turques en 1915. Le trait réaliste et plutôt soigné d’Olivier Ormière ainsi que les couleurs bien senties de Virginie Blancher participent pleinement à plonger le lecteur dans cette histoire d’hommes confrontés à la violence, celle de la guerre, celle aussi du colonialisme et du racisme ! E.G.

28 Oct

Sanctuaire (intégrale), de Xavier Dorison et Christophe Bec. Editions Les Humanoïdes Associés. 39,95€.

Publié il y a très exactement 10 ans, le premier volet de ce récit d’aventure signé Xavier Dorison pour le scénario, Christophe Bec pour le dessin et Homer Reyes pour les couleurs, faisait forte sensation dans le monde du Neuvième art. L’histoire, claustrophobique et angoissante à souhait, nous transporte en juin 2029, quelque part au large des côtes syriennes. L’USS Nebraska, le plus gros et le plus sophistiqué de tous les sous-marins américains en activité, capte alors sur ses écrans radars le signal d’une balise de détresse émettant depuis quelque 1200 mètres de profondeur. Arrivés sur place, les hommes du Nebraska découvrent l’épave d’un vieux sous-marin d’attaque soviétique gisant sur les ruines d’un sanctuaire. Décision est prise d’envoyer une équipe en reconnaissance, une hardiesse qu’ils ne tarderont pas à regretter…

Cette très belle intégrale sous coffret, publiée en octobre aux Humanoïdes Associés, réunit bien évidemment les trois volumes de la série ainsi qu’une dizaine d’illustrations pleine page parmi lesquelles figurent les couvertures des albums. Une très belle idée de cadeau, une manière aussi de découvrir ou de redécouvrir ce qui fait aujourd’hui figure de grand classique du suspense et de l’horreur. Pour ceux qui n’ont pas peur d’une véritable descente aux enfers en apnée et sans palmes. Paliers de décompression à prévoir pour le retour à la vie réelle ! E.G.

27 Oct

Vol de nuit, de Antoine de Saint-Exupéry, illustré par Bernard Puchulu. Editions Futuropolis. 20€.

Après Voyage au bout de la nuit, Casse-pipe, Mort à crédit, Cœur des ténèbres, Meurtres pour mémoire, la collection Futuropolis-Gallimard propose une édition illustrée de Vol de nuit. Ce roman, écrit par Antoine de Saint-Exupéry il y a maintenant plus de 80 ans raconte le quotidien des premiers pilotes de ligne, prêts à tout pour mener à bien leur mission, y compris à sacrifier leur vie. C’est Bernard Puchulu qui signe les illustrations. Professeur de dessin, dessinateur publicitaire et auteur de plusieurs bandes dessinées dont La Boîte morte, le vengeur et son double ou La Jeune copte, le diamantaire et son boustrophédon chez Dargaud, Bernard Puchulu utilise ici la technique du clair obscur pour mettre en images les fameux vols de nuit qui devaient imposer l’aviation pour le transport du courrier. Un best-seller de la littérature à découvrir ou redécouvrir autrement ! E.G.

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Indien, mon frère, Les Tuniques bleues (tome 55), de Lambil et Cauvin. Editions Dupuis. 10,45€.

La cavalerie nordiste a un problème. Un sérieux problème ! Elle n’a quasiment plus de chevaux. Et ceux qui restent sont dans un état déplorable. Les uns sont malades, les autres, blessés ou trop vieux pour charger convenablement l’ennemi. Vous avez déjà vu une cavalerie sans canassons ? Ridicule ! Il faut réagir. Le caporal Blutch et le sergent Chesterfield sont désignés volontaires pour aller chercher des chevaux chez les Comanches, quelque part au fin fond du Texas. Et pour cela, ils se déguisent en colons. Mais sur leur route, nos deux compères rencontrent les Confédérés et leur chef, le lieutenant colonel James Bourland, dit Le Bourreau du Texas. Pas commode ! Ils vont aussi tomber sur un drôle de zigue indien qui ressemble comme deux gouttes de bourbon à Blutch. Un sosie ? Non, un frère jumeau…

Plus de quarante ans d’existence, 55 albums, des milliers de planches publiées, des dizaines de milliers de chevaux dessinés et toujours ce même appétit pour entraîner le lecteur dans le Far West et lui faire vivre des aventures alliant humour et réalité historique, le tout surmonté d’un nuage d’antimilitarisme. Lambil et Cauvin sont des stars du Neuvième art, des stars qui travaillent énormément et produisent des albums avec une régularité exemplaire. Le scénario de ce dernier opus publié tout juste un an après Miss Walker, est basé sur une révélation surprenante. Blutch aurait donc un frère ! Comme toujours, le découpage est somptueux, les dialogues clairs et nets. Le trait, lui, semble plus sombre et encore plus précis que d’habitude. Indispensable ! E.G.

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