06 Mar

Furari, de Jirô Taniguchi. Editions Casterman. 16 euros.

Un sentiment de douceur, de sérénité, de bien-être, de volupté. Voilà ce que beaucoup de fans de Jirô Taniguchi, auteur notamment de Quartier lointain et de L’Homme qui marche, disent éprouver en lisant ses albums. Et celui-ci ne devrait pas déroger à la règle. Furari, qui signifie en japonais « au gré du vent » nous entraîne dans le Tokyo d’hier pour des flâneries géométriques en compagnie d’un homme d’une cinquantaine d’années, un homme qui n’évoquera absolument rien aux Européens mais que les Japonais identifieront comme étant Tadataka Inô. Célèbre géomètre et cartographe du début du  XIXème siècle, Tadataka Inô est à l’origine de la première carte du Japon réalisée avec des techniques et des instruments modernes. Dans les pages de cet album, pas après pas, calmement, rigoureusement, l’homme mesure ses déplacements tout en nous ouvrant les portes de son univers poétique fait de mille émerveillements, ici les libellules et les lucioles, là les cieux étoilés et les clairs de Lune, plus loin les cerisiers en fleur et les feuilles de bambous qui bruissent sous le vent. Un voyage immobile dans le temps et dans l’espace magnifié par le trait délicat et dans le même temps puissamment évocateur, envoûtant, de l’immense Jirô Taniguchi, l’un des maîtres incontestés du Neuvième art, nommé chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres par le ministre de la culture en juillet 2011 ! E.G.