06 Sep

Fatale, l’adaptation du roman de Jean-Patrick Manchette par Max cabanes

97148293_oElle est belle, elle est intelligente, mais terriblement vénéneuse. La femme fatale dans toute sa splendeur ! Mais pour l’instant, personne ne connaît sa réelle personnalité. Dans la petite ville normande de Bléville où elle vient de débarquer, la jeune femme fait sensation et parvient à infiltrer la société des notables en moins de temps qu’il ne faut pour porter un toast à la nouvelle halle aux poissons dont on célèbre justement l’inauguration. Son nom ? Aimée Joubert. Ses intentions ? Pas franchement louables…

Comme Jacques Tardi, Max Cabanes fait partie des très grandes signatures du Neuvième art européen. Et si je parle de Jacques Tardi dans cette chronique, ce n’est pas pour faire joli, non, c’est plus simplement pour rappeler qu’au moment de la sortie de Fatale dans les années 70, il fut question que ce soit lui qui l’adapta en bande dessinée, projet abandonné et remplacé par un autre : Griffu. Moins prolifique que Tardi, Cabanes a néanmoins élaboré une oeuvre homogène, reconnaissable entre toutes, et touché du bout de sa plume ou de son pinceau des genres différents comme ici le polar. Le travail d’adaptation sur Fatale, soutenu par Doug Headline (le propre fils de Jean-Pierre Manchette), est tout à fait remarquable, la narration est exemplaire, le graphisme de caractère et les ambiances merveilleusement travaillées. Un très très beau livre de 132 pages qui ne devrait pas vous laisser sur votre faim !

Eric Guillaud

Fatale, de Cabanes et Manchette. Editions Dupuis. 22 €

© Dupuis / Cabanes & Manchette

© Dupuis / Cabanes & Manchette

04 Sep

Le cinquième numéro de La Revue dessinée disponible le jeudi 11 septembre…

BvU9l4sIMAAqBoBLe magazine trimestriel d’enquêtes, de reportages et de documentaires en bande dessinée fête son premier anniversaire avec un numéro toujours aussi maous costaud. 226 pages d’infos en version papier ou numérique posant un regard différent sur notre petite planète et ses habitants. Parmi les thème abordés en cette rentrée, Amélie Mougey et Sergio Membrillas nous font découvrir le microcosme des ouvriers prêtés, oui oui, des hommes et des femmes qui doivent parcourir parfois plusieurs centaines de kilomètres pour continuer à bosser quand leur usine d’origine n’a plus de boulot à leur proposer. Olivier Hensgen et Daniel Casanave nous expliquent pourquoi et comment le référendum du 18 septembre en Écosse pourrait bien sonner le glas du Royaume-Uni dans sa forme actuelle tandis que l’Angevin Etienne Davodeau et le grand reporter Benoît Collombat nous entraînent dans les pas du juge Renaud assassiné en 1975 alors qu’il enquêtait sur le financement occulte des partis politiques. Passionnant de bout en bout !

Eric Guillaud

Plus d’infos là

02 Sep

Le Linge sale , la nouvelle comédie sociale de Pascal Rabaté mise en images par Sébastien Gnaedig

image007La vengeance est un plat qui se mange froid. Et parfois tellement froid qu’on s’en ferait mal aux dents ! Mais Pierre Martino se moque royalement de ses dents. L’important pour lui aujourd’hui est de laver son honneur, liquider sa femme, enfin son ex-femme, et l’amant de celle-ci, enfin son ex-amant devenu depuis son mari. Et ça fait 20 ans qu’il rumine son coup, depuis ce fameux jour où il a dessoudé un couple illégitime dans un hôtel en pensant qu’il s’agissait justement de sa femme et de son amant. Vous me suivez ? 20 ans de taule à ruminer qu’il n’est jamais bon d’agir sous l’effet de la colère. Mais cette fois, le moment est venu. Il est prêt. Et les Verron, du nom de la « famille d’accueil » de son ex-femme, une bande de branquignols, marginaux, voleurs de poules et de bœufs, vont morfler…

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Lire l’interview des auteurs ici

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Noir, affreusement noir, et en même temps délicieusement jubilatoire. Le nouvel album de Pascal Rabaté est un petit bijou de comédie sociale et de thriller déjanté qui s’inscrit dans la continuité des Pieds dedans, série parue aux éditions Vents d’ouest dans les années 90. On y retrouve tout ce qui fait le jus d’un Rabaté, l’humain dans toute sa splendeur avec ses défauts mais aussi ses qualités. Ainsi, les Verron sont peut-être des crapules mais des crapules au bon cœur toujours prêts à partager un pt’tit jaune au comptoir du Sporting en écoutant le dernier Johnny. Seule différence mais de taille, c’est Sébastien Gnaedig, par ailleurs éditeur aux éditions Futuropolis, qui signe le dessin, un dessin semi-réaliste à la Dupuy & Berberian qui s’accorde parfaitement bien avec l’univers de Pascal Rabaté. Écrit à l’origine pour le cinéma, ce scénario trouve finalement une belle issue graphique. 120 pages de bonheur !  En librairie le 3 septembre 2014

Eric Guillaud

Le Linge sale, de Gnaedig et Rabaté. Editions Vents d’Ouest. 19,50 €

© Vents d'ouest / Rabaté & Gnaedig

© Vents d’ouest / Rabaté & Gnaedig

01 Sep

Une nouvelle aventure du groom dans le journal Spirou dès le 3 septembre

Le magazine Spirou du 3 septembre

Le magazine Spirou du 3 septembre

S’il vous fallait une bonne raison, une très bonne raison, pour quitter le sable chaud de votre plage préférée, alors la voici ! Spirou, le groom Spirou, est de retour pour une nouvelle aventure à découvrir dans le journal du même nom à partir de ce mercredi 3 septembre. Après Dans les griffes de la Vipère qui nous avait entraîné dans le monde de la finance, Le Groom de Sniper Alley nous embarque pour une chasse aux trésors dans un pays en pleine guerre civile, un pays fictif mais qui n’est pas sans rappeler l’Irak ou la Syrie.

Dans une interview publiée en ouverture de ce nouveau récit, le scénariste Vehlmann explique : « Yoann (le dessinateur, ndlr), et moi voulions cette fois parler des conflits au Moyen-Orient, d’où l’idée d’envoyer Spirou et Fantasio sur les traces du trésor d’Alexandrie dans un pays fictif en pleine guerre civile : l’Aswana. Les enfants d’aujourd’hui sont assaillis d’informations, que ce soit par Internet ou par les chaînes d’infos. Ils n’ignorent pas que des guerres terribles se déroulent un peu partout dans le monde. Mais comprennent-ils pour autant ces conflits si compliqués? N’en étant pas persuadé, j’ai voulu leur en parler à travers un média plus accessible : la bande dessinée… »

Eric Guillaud

11 Août

Chroniques d’été : Soeur Marie-Thérèse et Saint Maëster vous accompagnent sur les plages paradisiaques

Capture d’écran 2014-08-11 à 10.22.27C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode veille et enfin du temps pour lire et rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente comme celui-ci, le tome 2 de Soeur Marie-Thérèse, sorti début juillet…

Soeur Marie-Thérèse est de retour ! Après une vie de débauche sous les couleurs de Fluide Glacial, notre religieuse préférée a finalement opté pour le couvent Glénat où le sixième tome de ses aventures a été publié en 2008. Le tome 2 ici présenté est donc, vous l’aurez compris, une réédition ou plus précisément une nouvelle édition en couleurs et en grand format, un coup de jeune dont devrait bénéficier l’ensemble des albums. Pour le reste, rien n’a changé, Soeur Marie-Thérèse n’a rien perdu de son caractère bien trempé, de son physique de rêve, de sa verve, même si dans le même temps elle pense avoir attrapé le sida et se découvre un fils caché. A lire après la prière du soir !

Eric Guillaud

Heureux les imbéciles, Soeur Marie-Thérèse (tome 2), de Maëster. Editions Glénat. 13,90 €

 

08 Août

L’Argentin Jorge González de retour en octobre avec un récit sur le Kosovo signé Gani Jakupi

Après Bandonéon et Chère Patagonie, l’auteur argentin Jorge González vient de mettre en images le récit du Kosovar Gani Jakupi qui traite de l’après-guerre au Kosovo, un récit à découvrir en octobre chez Dupuis sous le titre Retour au Kosovo. En attendant, voici la couverture et une planche de l’album…

A relire ici, une interview de Jorge González à propos de son album Chère Patagonie

© Dupuis / Gonzalez & Jakupi

© Dupuis / Gonzalez & Jakupi

Chroniques d’été : Finnele ou le regard d’une jeune alsacienne sur la guerre de 14

Couv_217620C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode veille et enfin du temps pour lire et rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente comme celui-ci, Finnele, sorti en mai dernier…

Les livres ayant pour contexte la guerre de 14-18 sont nombreux en cette année de commémoration. Nombreux mais finalement assez variés dans leur approche, dans leur forme aussi. Et celui-ci ne fait que confirmer la chose. Ecrit et dessiné par Anne Weinstroerffer, alias Anne Teuf, Finnele offre un point de vue très particulier sur l’époque, celui d’une petite fille alsacienne, Finnele, qui n’est autre que la grand-mère de l’auteure. Sur 200 pages, cet album en noir et blanc raconte la jeunesse de cette femme, la guerre, la mobilisation, les bombardements, l’exil, la peur, la mort, l’arrivée des troupes françaises, les déchirements au sein d’une population partagée entre l’Allemagne et la France, et finalement le retour de l’Alsace dans le giron français.

Basé sur une histoire vraie, Finnele n’en est pas moins une fiction comme l’explique l’auteure elle-même : « Je dispose de très peu d’éléments sur la vie de ma grand-mère durant cette période-là. Je me suis basé sur ce que j’avais et j’ai inventé le reste à partir de faits historiques avérés… ». Plus connu dans le monde de l’édition jeunesse, Anne Teuf signe ici un premier album BD pour le moins séduisant, intéressant aussi bien dans le fond que dans la forme avec un graphisme semi-réaliste précis et des planches dénuées de cases. Une belle découverte !

Eric Guillaud

Finnele, Le front d’Alsace, de Anne Teuf. Editions Delcourt. 14,95 € 

© Delcourt / Anne Teuf

© Delcourt / Anne Teuf

07 Août

Chroniques d’été : Le Horla de Maupassant adapté par Guillaume Sorel

Couv_208522C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente comme celui-ci sorti en mars de cette année. C’est le moment…

Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, signer l’adaptation d’une oeuvre littéraire mondialement connue que ce soit au cinéma ou comme ici en bande dessinée n’est pas du tout chose aisée. C’est même très risqué pour ne pas dire casse-gueule et le seul apport du visuel sur pellicule ou papier ne suffit pas à faire de l’adaptation une oeuvre digne d’intérêt.

Le Horla, nouvelle fantastique de Guy de Maupassant, a été maintes fois porté à l’écran mais aussi adapté au théâtre et, déjà, en bande dessinée. Malgré tout, l’adaptation de Guillaume Sorel, auteur de BD et illustrateur connu pour ses univers fantastiques, signe ici une adaptation racée grâce à un style graphique fin et nerveux, une mise en page efficace, des atmosphères travaillées… Un voyage express dans les ténèbres de l’esprit !

Eric Guillaud

Le Horla, de Guillaume Sorel. Editions Rue de Sèvres. 15 €

© Rue de Sèvres / Sorel

© Rue de Sèvres / Sorel

04 Août

Le fan-club néerlandais de Tintin, Hergé Genootschap, traîné au tribunal par Moulinsart

© MaxPPP - Hergé

© MaxPPP – Hergé

On ne rigole plus au pays des bulles ! Selon un article de nos confrères du figaro.fr paru ce jour, la société Moulinsart intenterait un procès à Hergé Genootschap, le fan-club néerlandais, pour utilisation illégale de l’image du héros.

Moulinsart c’est quoi ?

Lecteurs assidus de Tintin ou non, tout le monde connaît ce nom. Moulinsart est le château imaginé par Hergé pour les aventures de son personnage. Il apparaît dans l’album Le Secret de la Licorne et devient la propriété du capitaine Haddock. Tintin, mais aussi les Dupondt, Professeur Tournesol, la Castafiore… y séjourneront régulièrement.

Moulinsart est aussi le nom d’une société chargée de l’exploitation commerciale de l’œuvre d’Hergé notamment à travers ses éditions et ses produits dérivés. Et là, ce n’est plus la même limonade.

De l’imaginaire à la réalité, une différence de quelques millions d’euros

Dans un article publié en octobre 2013 sur Slate.fr, le journaliste Lionel Maurel explique comment la société Moulinsart tente d’empêcher Tintin d’entrer dans le domaine public, en publiant un nouvel album par exemple avant 2053. Et de rappeler que « Gérés par la Société Moulinsart avec à sa tête Nick Rodwell, l’époux de la veuve d’Hergé, les droits sur cette œuvre majeure du 20ème siècle sont fortement défendus, y compris en traînant devant les tribunaux des tintinophiles souhaitant rendre hommage à l’œuvre du dessinateur »

Tintin prisonnier de Moulinsart ?

Quentin Girard l’affirme en tout cas en titrant son papier ainsi sur libération.fr en mars dernier. Et d’expliquer comment lui-même et un autre journaliste ont eu maille à partir avec la société Moulinsart après qu’ils aient lancé conjointement un blog et un compte twitter intitulés Le Petit XXIe traitant de l’actualité du jour avec des cases extraites des aventures de Tintin. Si les images présentes sur le blog ont toutes été supprimées à la demande de Moulinsart, le compte Twitter semble lui poursuivre son petit bonhomme de chemin.

Pour Quentin Girard, « la réaction de Moulinsart montre surtout une absence totale de compréhension des nouveaux usages numériques. Si l’on s’attarde deux secondes sur le cas du Petit XXIe, qu’y voit-on? Un blog qui montre chaque jour l’incroyable richesse des albums de Tintin, qui permettent d’illustrer le Boeing malaisien disparu, les affrontements en Ukraine, les écoutes ou même une histoire de cambrioleurs dénoncés par un perroquet. Hergé a traversé le XXe siècle, a vécu de multiples soubresauts de l’histoire, a traité les grandes révolutions comme les faits divers, les vols à l’étalage comme la conquête de la Lune. Et l’histoire ayant une fâcheuse tendance à balbutier, il est toujours étonnant de voir à quel point le discours de l’envahisseur japonais dans le Lotus bleu, «pour le bien des peuples», ressemble à celui de Poutine sur la Crimée. »

Eric Guillaud

02 Août

Superman, Batman, Captain America… Les super-héros à la Une d’Historia cet été !

Capture d’écran 2014-07-31 à 22.53.43Historique ! Pour la première fois, le magazine Historia ne titre pas sur les bâtisseurs de cathédrales, le Roi-Soleil, Napoléon ou les empereurs de Chine mais sur des personnages tout droit sortis de l’imaginaire, des personnages ou plus exactement des super-héros qui ont pour nom Superman, Batman, Captain America, Iron Man ou encore Hulk.

Tout droit sortis de l’imaginaire ? Plus exactement sortis de la mythologie, qu’elle soit romaine, grecque ou nordique. Comme le souligne Historia dans une introduction intitulée « Et l’homme créa le surhomme » la filiation de Superman avec Samson et Hercule est évidente, comme celle de Flash avec le dieu Hermès ou celle de Wonder Woman avec une Amazone, guerrière de la mythologie.

Mais avant de se pencher sur Superman & co, Historia s’arrête sur le méconnu M. Rodolphe que le magazine présente comme l’ancêtre des sauveurs de l’Amérique et autres défenseurs de la veuve et de l’orphelin. Et il est Français. Oui Msieur ! Inventé par Eugène Sue au XIXe siècle. Pour les hommes en collant plus forts que la crise économique, plus forts que les cartels mafieux, plus forts que les hordes nazies, il faudra attendre la fin des années 30, 1938 exactement, et l’apparition de Superman dans le n°1 d’Action Comics. Suivront dans la foulée Batman, Captain America, Wonder Woman, un peu plus tard Hulk, Spider Man, les X-Men…

En une centaine de pages, Historia fait le tour des principaux surper-héros en les resituant dans leur contexte historique. Et si vraiment la vie de ces « sentinelles de l’histoire du XXe siècle » ne vous intéresse que modérément, alors repliez-vous sur le dossier consacré aux merveilles du littoral basque dans les dernières pages du magazine.

Eric Guillaud

Disponible en kiosque au prix de 5,95 €

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