C’est la dernière facétie de l’Italien Grégory Panaccione, raconter en BD et sans un mot l’intégralité d’un match de tennis point après point, set après set. Et cette bande dessinée s’appelle Match tout simplement…
Un peu moins de 300 pages et uniquement deux personnages, l’Anglais Rod Jones d’un côté, le Français Marcel Coste de l’autre. Bon autant vous le dire tout de suite, si l’Anglais a le physique et le tempérament d’un winner, le Français serait plutôt du genre looser, arborant fièrement un certain embonpoint en même temps qu’un penchant pour l’alcool et les cigarettes.
D’ailleurs, à la célèbre boisson à bulles présente sur les courts de tennis, Grégory Panaccione a préféré pour tenir le rôle du sponsor une non moins célèbre boisson alcoolisée de couleur jaune. Et Marcel n’est pas venu seul sur le court. Il a apporté avec lui son poisson rouge et son chien. Pourquoi ? Aucune idée. Peut-être n’avait-il pas trouvé à les faire garder. Ils n’interviendront finalement que très peu dans ce duel au soleil et sur terre battue, aussi peu que le public relégué à un élément de décor figé ou que les arbitres et ramasseurs de balles carrément absents.
Non, l’essentiel est bien ici le match et rien que le match. De quoi piquer un bon roupillon me diront les plus fatigués et les moins passionnés d’entre-vous ? Eh bien non. Non parce que Grégory Panaccione, qui nous avait déjà surpris avec ses deux premiers albums, Toby mon ami et Âme perdue, est un champion toutes catégories de l’album qu’on lit à toute vitesse, un as de la narration en même temps qu’un expert de l’écriture automatique sans crayonné préliminaire, une technique qui lui permet de garder un maximum de dynamisme au graphisme. Un mot, un seul, bravissimo !
Eric Guillaud
Match, de Grégory Panacionne. Editions Delcourt. 11,50 €