06 Avr

Quand Spirou et Fantasio prennent des Vacances avec André Franquin…

hYvvdkP7nCZC9iJ1Q5vlghk5EywOR9Rz-couv-1200Des vacances sans histoires ? Bien sûr que non…

Pas de projets, pas d’itinéraires, la liberté, la fantaisie, la beauté des paysages et le soleil pour témoin… Voilà donc le programme de Spirou et Fantasio pour ces quelques jours de repos qu’ils ont décidé de s’accorder dans le sud ! Malheureusement, à peine arrivés sur leur lieu de villégiature, un enchainement de circonstances improbables va priver nos deux héros de leur superbe cabriolet, la célèbre Turbotraction. Et cet enchaînement de circonstances porte un nom, Ibn-Mah-Zoud, un roi du pétrole du genre daltonien. Non seulement, il se trompe de voiture, la sienne est rouge, celle de nos amis est bleue, mais en plus il la met dans le décor. Plus de Turbotraction et les ennuis qui commencent…

Publiée dans le journal Spirou à partir du 21 novembre 1957, cette histoire courte du génial André Franquin s’inscrit entre Le Voyageur du Mésozoïque et Le Prisonnier du bouddha. Après Bravo les Brothers, La Foire aux gangsters et La Peur au bout du fil, c’est donc au tour de Vacances sans histoires d’être publié dans une version remasterisée, augmentée des planches en noir et blanc ainsi que de dessins inédits et commentés par José-Louis Bocquet et Serge Honorez. Une mine d’infos pour les innombrables fans de Franquin, des aventures de Spirou et Fantasio et des années 50.

Eric Guillaud

Vacances sans histoires, de Franquin. Editions Dupuis. 24 €

Lip ou le combat de héros ordinaires raconté par Laurent Galandon et Damien Vidal

Couv_213180Le combat des LIP, comme on appelle communément les employés de cette entreprise horlogère de Besançon, est de ces combats qui ont marqué profondément et durablement l’histoire ouvrière de France.

Au début des années 70, l’usine produit quelque 500 000 montres par an dont les premières montres à quartz. Mais la concurrence américaine et japonaise est rude et l’entreprise dépose le bilan en avril 1973. Refusant de voir leurs emplois disparaître et l’entreprise démantelée, les employés se lancent dans une lutte de plusieurs mois, réduisant dans un premier temps les cadences avant de prendre totalement le contrôle de l’usine et de se lancer dans une autogestion qui rendit leur mouvement populaire dans tout l’hexagone et même au-delà avec ce slogan : « C’est possible, on fabrique, on vend, on se paye »…

Lip, des héros ordinaires retrace de façon prenante cette lutte menée par les ouvriers et les ouvrières de l’entreprise pendant 329 jours. Mais pas seulement ! Le scénariste Laurent Galandon et le dessinateur Damien Vidal nous offrent ici une photographie de la société française à la fin des Trente Glorieuses et notamment de la condition des femmes à travers le parcours de Solange, ouvrière horlogère. Un roman graphique tout à fait remarquable à classer entre Les Mauvaises gens de Davodeau et Plogoff de Horellou et Le Lay, deux autres bandes dessinées qui ont pour dénominateur commun le peuple en lutte !

Eric Guillaud

Lip, Des héros ordinaires, de Galandon et Vidal. Editions Dargaud. 19,99€

© Dargaud / Galandon & Vidal

© Dargaud / Galandon & Vidal

01 Avr

Une Affaire de caractères, un polar lettré de François Ayroles

9782756041377vVoilà un polar peu ordinaire. Un polar qui se déroule à Bibelosse, un village d’écrivains, d’imprimeurs, de typographes et autres amateurs de belles lettres…

Tout commence par un accident de la circulation à l’entrée du village. Ramon Hache, spécialiste en enseignes envoi son camion dans le décor. C’est donc à pied qu’il devra honorer une livraison de lettres géantes à un certain Monsieur Tézorus. Monsieur Tézorus parle comme un dictionnaire. Et ce n’est pas une métaphore. Dites-lui bonjour, il vous répond « Bonjour n.m. Salut du jour ». Heureusement, pour le guider dans ce village peuplé de personnages pour le moins singuliers et de caractère, Ramon Hache peut compter sur un vendeur de renseignements ambulant. La livraison suit son cours jusqu’au moment où l’une des figures emblématiques de Bibelosse, Donald Fraser, est retrouvé sauvagement assassiné, son corps jeté au fond d’un puits. L’inspecteur Edgar Sandé est chargé de l’enquête. Très vite, les villageois comprennent qu’ils sont confrontés à un tueur en série. Et l’affaire ne s’annonce pas simple…

Pas très simple mais pas vraiment compliquée non plus cette Affaire de caractères ! Plutôt drôle même. Membre du groupe OuBaPo (Ouvroir de bande dessinée potentielle) qui à la manière de l’OuLiPo (Ouvroir de littérature potentielle) de Raymond Queneau impose aux auteurs des contraintes artistiques, François Ayroles signe ici un polar au pays des belles lettres et des bons mots. Les meurtres, l’enquête, les nombreux personnages, ne sont que prétexte à un bel exercice de style qui se niche dans le scénario mais aussi et surtout dans les dialogues. Un album aux nombreuses surprises que nous nous garderons bien de dévoiler ici.

Eric Guillaud

Une Affaire de caractères, de François Ayroles. Editions Delcourt. 16,95 €

© Delcourt - Ayroles

© Delcourt – Ayroles

22 Mar

Celui qui n’existait plus, une histoire dans l’ombre du 11 septembre signée Rodolphe et Van Linthout

Capture d’écran 2014-03-21 à 14.23.26Norman Jones, 40 ans, marié, deux enfants, un bon boulot, pas mal d’argent et… une vie qui l’ennuie affreusement. Alors ce matin-là, à NewYork, Norman traîne au lit avec sa maîtresse, Tiny, pas pressé de rejoindre son bureau au World Trade Centrer. Bureau qu’il n’aura d’ailleurs pas l’occasion de rejoindre. Nous sommes le 11 septembre 2001 et deux avions de ligne viennent de percuter les tours. Les médias redoutent déjà des milliers de morts, alors pourquoi pas lui, oui, pourquoi pas lui qui rêvait de tout recommencer, de repartir à zéro…

Pourtant peu incontionnel du travail de Rodolphe, je dois reconnaître que ses derniers récits me surprennent agréablement, notamment Mojo et aujourd’hui Celui qui n’existait plus, tous deux mis en images il est vrai par un dessinateur de talent passé maître dans l’art d’installer des ambiances, le Belge Van Linthout. Comme Mojo, ce nouvel album paru chez Vents d’Ouest nous entraîne sur les routes américaines avec une fiction inscrite dans le réel et ici l’attentat contre les Twin towers comme point de départ !

Eric Guillaud

Celui qui n’existait plus, de Georges Van Linthout et Rodolphe. Editions Vents d’Ouest. 22€

© Vents d'Ouest / Rodolphe & Van Linthout

© Vents d’Ouest / Rodolphe & Van Linthout

19 Mar

Errance en mer rouge, un voyage sur les pas de Henry de Monfreid signé Joël Alessandra

L.10EBBN002048.N001_ErranceMe_C_FROublier le souffle d’Anna, oublier la douleur, la maladie qui l’a anéantie, oublier la mort. Un mois après le décès de sa femme, Tom commence seulement à réaliser que la cicatrisation sera longue et douloureuse. La solution ? Fuir ce quotidien devenu insupportable, s’envoler pour d’autres horizons. Ce sera l’Afrique, Djibouti, le lycée Kessel où il remplace au pied levé un professeur de dessin rapatrié en urgence en France. A défaut d’échapper aux souvenirs douloureux, Tom se laisse envoûter, happer, par ce pays, par ses habitants, ses ambiances et par ses fantômes, Joseph Kessel et surtout Henry de Monfreid, l’écrivain voyageur. L’aventure est au bout de la piste !

Magnifique. Absolument magnifique ! Errance en mer rouge est un récit comme on en lit finalement assez rarement, une invitation au voyage, à l’aventure, à la découverte. Il faut dire que Joël Alessandra, auteur d’une vingtaine d’albums parmi lesquels Le Périple de Baldassare (Casterman), Retour du Tchad (La Boîte à bulles), Ennedi la beauté du monde (La Boîte à bulles) ou Instinct sauvage (KSTR), est lui-même un grand voyageur et avoue une attirance particulière pour l’Afrique où Il a vécu un an et demi, à Djibouti. Une histoire troublante, un graphisme vivant, des atmosphères merveilleuses, de belles références littéraires… Errance en mer rouge vous emmènera loin, très loin !

Eric Guillaud

Errance en mer rouge, de Alessandra. Editions Casterman. 22,50€

18 Mar

Omaha Beach, 6 juin 1944 ou l’histoire d’une photographie mythique de Robert Capa

© Dupuis

© Dupuis

C’est l’un des clichés les plus célèbres du Débarquement en Normandie et plus largement du XXe siècle. Un homme allongé dans l’eau, arme à la main, prêt à en découdre avec l’ennemi, une photo légèrement floue prise dans l’urgence, dans la folie du débarquement en juin 44 par un photoreporter qui deviendra mondialement célèbre, l’immense Robert Capa.

70 ans après cette immortalisation de l’un des événements majeurs de la Seconde guerre mondiale, événement qui annonce la libération et la fin des années noires en Europe, les éditions Dupuis et l’agence Magnum Photos s’unissent pour publier une monographie portant sur le cliché, une monographie « à la croisée de la photographie et de la bande dessinée » précise le dossier de presse, 60 planches réalisées par Dominique Bertail au dessin et Jean-David Morvan au scénario complétées par un dossier associant photos, archives et témoignages.

Jean-David Morvan revient sur le genèse de cet album : « J’aime la bande dessinée et la photo. Il y a environ un an, j’ai eu l’idée de contacter Magnum Photos pour leur proposer de faire des bandes dessinées adaptées de leurs reportages. Je n’avais aucun contact, j’ai donc envoyé un email à une adresse trouvée sur Internet. J’ai eu une réponse de Clément Saccomani, le Directeur Editorial de Magnum Photos deux jours plus tard. Ils étaient intéressés et souhaitaient me rencontrer ».

Un album à paraître le 30 mai.

Eric Guillaud

Blast : à vous couper le souffle !

Blast t4 par Manu Larcenet © Dargaud

Blast t4 par Manu Larcenet © Dargaud

Magistral ! Un choc graphique ! Un vénéneux voyage dans les ténèbres ! Le quatrième tome des aventures de Polza Mancini vient de sortir. Blast, c’est l’effet de souffle que l’on ressent après une explosion – et c’est ce qu’a réussi à nous faire éprouver Manu Larcenet avec cette série qui figurera dans les must du 9ème art.

Le dictionnaire nous dit qu’une explosion, c’est une onde qui a plusieurs effets :

  • l’onde de choc dans l’air percute la personne et provoque une onde de choc dans son corps, c’est le « blast primaire »
  • elle projette des objets, c’est le « blast secondaire »
  • lorsque l’onde de choc atteint une personne, celle-ci se trouve pendant un très court instant avec une surpression d’un côté et la pression atmosphérique de l’autre, c’est le « blast tertiaire »
  • enfin l’effroi provoqué par l’explosion induit fréquemment un traumatisme psychique que l’on qualifie parfois de « quatrième blast ».
Blast t4 par Manu Larcenet © Dargaud

Blast t4 par Manu Larcenet © Dargaud

Vous voilà prévenu avant la lecture des 4 tomes de Blast. Ce traumatisme psychique, cet état d’apesanteur qui le libère du poids de sa lourde carcasse, c’est ce que recherche Polza Mancini, un écrivain de 150 kg parti à la dérive après la mort de son père. « Si vous voulez comprendre… Il faut que vous passiez par où je suis passé ». Blast c’est donc le récit, par nature sujet à caution, de cette dérive, à travers un long interrogatoire policier – pour comprendre l’histoire d’un homme suspecté d’avoir fait de nombreuses victimes dont Carole Oudinot, la seule femme qu’il ait aimée.

« Ça y est. C’est fini. Quelle aventure!

Je voudrais adresser ici un remerciement général à tous ceux qui se sont laissés tenter par ces quatre livres. C’était très inattendu qu’un tel récit puisse trouver une audience si importante. Merci, donc, de m’avoir suivi sur ces 5 dernières années qui me semblent aujourd’hui tenir du marathon, certes formateur, mais épuisant. Je suis soulagé que la fin arrive, nullement attristé, solitaire  ou démuni, comme d’ordinaire, au moment de mettre un point final à un livre. Juste soulagé. »

Manu Larcenet - Dargaud / Rita Scaglia

Manu Larcenet – Dargaud / Rita Scaglia

Ainsi s’exprime le peu disert Manu Larcenet sur son blog. Il a réussi à mener à bien ce nouveau récit, mêlant réflexions et résonances des plus autobiographiques pour les réflexions existentielles. Mais ce récit est aussi bien plus noir que ne l’était le Combat ordinaire ou le Retour à la terre. Une oeuvre supplémentaire qui confirme la maturité et la puissance graphique de son auteur. Avec originalité et une liberté incroyable, il multiplie les styles – jusqu’aux dessins de ses enfants pour évoquer les fameux Blast de son héros ou le papier découpé pour les créations schizophréniques d’une de ses victimes. Il y a du Jiro Taniguchi dans les planches évoquant la nature et ses magnifiques plages de silence et du Didier Comès pour la fluidité du noir et blanc.

Il a pourtant bien failli se perdre plus d’une fois, comme il le confie à la fin de son ouvrage. Il a alors fait appel à son fidèle complice Jean-Yves Ferri, qui l’a remis en piste en lui proposant quelques strips de Jasper, l’ours bi-polaire sur la banquise, des tranches d’humour salutaire pour Larcenet, comme pour le lecteur, au milieu d’une histoire sur le fil du rasoir.

Après un si long périple, cette grasse carcasse nous aura fait réfléchir sur ce qu’est l’harmonie et le retour à l’état sauvage en harmonie avec la nature. Pourvu que les bouddhistes se trompent, une fois refermé le dernier tome, les effets du Blast n’ont pas fini de nous souffler … une réussite en forme d’apothéose.

Didier Morel

Blast (4 tomes) par Manu Larcenet © Dargaud

A noter : ce 4ème tome est dédié à Laurent Beaufils, le géant roux, notre regretté confrère de France 3, mort prématurément l’an dernier. Ils se sont rencontrés au cours de reportages et il a réalisé avec Sam Diallo en 2006, un documentaire permettant au spectateur de suivre Manu Larcenet pendant la conception du troisième tome du Combat Ordinaire. Manu Larcenet a donné son visage et sa silhouette au personnage du journaliste qui clôt la série.

 La B.O à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir (un clin d’oeil de Larcenet, son héros porte un T-shirt faisant référence au groupe) :

Red Hot Chili Peppers – Scar Tissue

14 Mar

Captain Biceps, une interview en douceur de Tebo

Nous l’avions interviewé en mars 2010 alors qu’il venait de publier le septième volet de Samson et Néon. Quelques années et bébés plus tards, nous le retrouvons quasi inchangé, toujours aussi Tebo, à l’occasion d’un nouveau Captain Biceps, les aventures du justicier en collant rouge qu’il anime depuis 10 ans maintenant avec son ami Zep. 400 000 exemplaires vendus à ce jour annonce fièrement l’éditeur. De quoi bomber le torse et jouer les gros bras mais ce serait mal connaître Tebo, rencontre avec un auteur qui aime les super-héros pour de vrai et la baston pour de rire…

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C’est pas commun comme nom, Tebo. D’où ça vient ?

Tebo. Comme je n’ai jamais pu me trouver un pseudo classe, j’ai juste simplifié mon nom de famille qui est thébault.

Une vingtaine d’albums, deux séries adaptées en dessins animés pour la télé… bref, tu es un peu une star de la BD maintenant. C’est facile à vivre?
Tebo. Il y a pire comme métier… En fait, j’ai même trois séries adaptées en dessins animés : Samson et Néon, Captain Biceps et Comment dessiner?. Et là, je bosse sur une autre série animée avec Futurikon (société de production française, ndlr). Les héros sont mes deux premiers enfants et ça s’appellera César et Capucine. Euh… je me la pète un peu !

Tu habites Caen, est-ce un bon endroit pour trouver l’inspiration ?
Tebo. Non, jamais (même si j’aime beaucoup ma ville… ou alors il faudrait qu’il pleuve un peu moins).

Et travailler avec Zep, c’est comment ?
Tebo. Un pied d’enfer ! On se connait depuis 15 ans grâce à la création du journal Tchô! (journal de titeuf). On est devenu vite copains. Et comme on aimait le travail de chacun, il était logique qu’on travaille ensemble. En plus d’être mon pote, d’être très connu, Zep est un des meilleurs scenaristes du gag en une page. Il faudrait être idiot pour refuser de bosser avec lui.

Si je compte bien, c’est le sixième album de Captain Biceps. C’est un puits sans fond en plus d’être une mine d’or ?

Tebo. Le puits sans fond, il faut le travailler… parce que les idées ne tombent pas toutes seules du ciel ! Et si on veut avoir une mine d’or, il faut être très exigeant sur son travail…

Si je te demandais de tirer le portrait de ton personnage, comment le décrirais-tu ?
Tebo. Faut être une grosse brutasse avec peu de cerveau pour oser s’appeler Captain Biceps!

Qu’est-ce qui t’inspire dans la vie ?
Tebo. Pas grand chose… car c’est un très gros boulot pour moi de trouver mes histoires, mes gags ainsi que mes petits bouts de phrases rigolotes dans les bulles. Je creuse dans le fond de mon cerveau pour trouver tout ça!

© Glénat / Zep & Tebo

© Glénat / Zep & Tebo

Et qu’est ce qui t’a plus précisément inspiré pour imaginer ton Captain Biceps et ses aventures ?

Tebo. Captain Biceps est né de l’amour que je porte aux histoires de super-héros (c’est ce genre de bd qui m’a donné envie d’être dessinateur) et des histoires rigolotes trash de Wuillemin, Edika, Maester et surtout Gotlib, avec qui j’ai dessiné un combat de Captain Biceps contre Superdupont! Oui, je sais, je me la pète encore…

Tu n’en a pas marre de faire dans le gros bras ? Tu n’as pas envie d’un peu de tendresse, de délicatesse, de faire une série pour les filles avec des princesses qui chantent et font du cheval, un mélange de Violetta et de Grand Galop quoi ?
Tebo. C’est super dur pour moi, de dessiner un cheval… donc, je vais continué à faire ce que j’adore faire : des hommes en collant et slip qui se mettent des bonnes roustes!

Est-ce qu’il y a du Biceps en toi et inversement ?
Tebo. J’ai de trop grosses cuisses pour être Captain Biceps! Et Captain Biceps est nul avec les filles, alors que moi… ah! merde! moi aussi je suis assez nul avec elles. Bon, ben, j’ai au moins un point commun avec mon héros.

Dans une interview de 2011, tu annonçais pour le tome 6 un récit long et moins de combats ? Au final, on retrouve les mêmes ingrédients que dans les albums précédents, à savoir des histoires courtes et de la baston à toutes les pages ou presque. C’est difficile de changer une formule qui marche ?

Tebo. Quand je parlais de combats, il s’agissait des « combats-gag en une page ». J’en avais un peu marre de les dessiner et je trouvais que l’on avait fait le tour de ce genre d’histoire. Ce qui qui est nouveau dans cet album, c’est qu’il n’y a QUE des histoires courtes avec des petites astuces qui les relient entre elles pour en faire une sorte de grande histoire. En plus, Captain Biceps a avec lui dans (pratiquement) toutes les histoires un assistant (Genius Boy)… Ce qui change un peu la série.

© Glénat / Zep & Tebo

© Glénat / Zep & Tebo

Tu es depuis peu à nouveau papa, le troisième je crois, un petit Raphaël, pourrais-tu abandonner la BD pour te consacrer exclusivement à tes enfants?

Tebo. Non, je ne pourrai pas…  comme je ne pourrai pas abandonner mes enfants pour me consacrer exclusivement à la bd.

D’ailleurs, si tu n’avais pas fait de BD tu aurais pu faire quoi ?
Tebo. Astronaute mais j’étais un peu nul en maths et en sport.

© Glénat / Zep & Tebo

© Glénat / Zep & Tebo

Quel effet ça fait d’être exposé dans une galerie comme Arludik à Paris (du 6/3 au 5/4) ?

Tebo. C’est classe ! Je suis très fier, je commence à snober tous mes confrères qui n’ont pas exposé dans cette superbe galerie.

Quel est ton coup de gueule du moment ?
Tebo. il y a trop de bd qui sortent chaque année (et beaucoup trop de bouses à mon goût), ce qui laisse trop peu de places aux bonnes bd et surtout peu de temps pour que les gens les découvrent. Certaines bd restent à peine une semaine en vitrine avant de retourner dans les cartons… C’est triste!

Quel est ton coup de coeur du moment ?

Tebo. Le film Gravity m’a mis une bonne claque!

Un mot sur tes projets ?
Tebo. J’ai deux bouquins jeunesse qui vont sortir en juin et septembre 2014 (Les Psicopattes 1 et 2, avec Hélène Bruller au scénario chez glénat). Je participe au tome 2 de L’Atelier Mastodonte, une série publiée dans le journal spirou (sortie en juin 2014 chez dupuis). Je bosse sur les illustrations d’un livre traduit de l’américain qui s’appelle Je pète donc je suis (sortie en octobre 2014 chez glénat), j’attaque le story board du troisième et dernier tome d’Alice au pays des singes (sortie en janvier 2015 chez glénat).  Ensuite en juin de cette année, je commence une bd (scenario, dessin et couleur) avec comme héros MIckey (chez Glénat et Disney). L’année prochaine, je dois faire une aventure de Spirou, et après ça, je pourrais reprendre les aventures de Captain Biceps (mais sans mon pote Zep qui est trop occupé ailleurs). Enfin, je prendrai une journée de vacances, et après je me remettrai au boulot…

Ah oui quand même ! Un dernier mot (pas trop gros) ?
Tebo. Il y avait beaucoup trop de questions à cette interview…
 
Nous sommes d’accord. Merci Tebo !

Interview réalisée le 13 mars 2013 par Eric Guillaud

Retrouvez la vie trépidante de Tebo icil’exposition Arludik  et la chronique du sixième album de Captain Biceps sur ce blog

12 Mar

Maggy Garrisson, une nouvelle figure du polar imaginée par Oiry et Trondheim

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Elle s’appelle Maggy Garrisson et aujourd’hui Maggy Garrisson a le cœur particulièrement léger. Elle a enfin retrouvé un job, un job de secrétaire dans une agence de détective privé. L’agence est miteuse, le privé alcoolique, mais qu’importe, deux ans sans travail ont rendu Maggy moins regardante. Et puis, une fois dans la place, Maggy sait qu’elle pourra toujours monnayer quelques menus services. A commencer par retrouver le canari jaune de Madame Simmons et empocher les 70 livres de récompense. Ce n’est pas l’affaire du siècle, c’est sûr, mais ce n’est qu’un amuse gueule. Et le plat de résistance arrive d’ailleurs très vite ! Anthony Wight, le patron de l’agence, se retrouve à l’hôpital après avoir été tabassé. Il charge Maggy de lui ramener son portefeuille dont le contenu suscite la convoitise générale…

Très belle surprise que ce premier volet de Maggy Garrisson. Stéphane Oiry au dessin et Lewis Trondheim au scénario signent en effet une très belle mise en place pour ce polar que l’on pourrait rapprocher d’un Jérôme K Jérôme Bloche, intimiste et humaniste à souhait. L’ensemble des personnages, l’atmosphère so british, l’intrigue, le dessin, tout concourt à faire de Maggy Garrisson une grande série. On attend le second tome avec impatiente !

Eric Guillaud

Maggy Garrisson, de Oiry et Trondheim. Editions Dupuis. 14,50€

10 Mar

Captain Biceps est de retour et ça va faire mal…

 

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Il a tout pour lui. Il est beau, grand, fort et intelligent… enfin… presque. Mais comme il est musclé, très musclé, il serait malvenu, inconscient, voire totalement suicidaire de lui manquer de respect dans ces quelques lignes.

Alors oui, amis du Neuvième art, pour la première fois de ma vie de chroniqueur, je ferai ici totale allégeance, complète carpette, en disant tout le bien que je pense de Biceps, le plus grand « justicier jour et nuit » de la planète « super-héros », le seul à proposer à ses ennemis dans un élan d’humanité mal contrôlé deux manières de les arrêter, la manière douce qui consiste simplement à leur exploser les dents, les bras et les jambes, et la manière forte. Oui, forcément, ça calme !

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À lire l’interview de Tebo ici

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Le grand Captain Biceps, donc, est de retour pour de nouvelles aventures complètement déb… pardon absolument géniales dans lesquelles il va devoir sauver le monde d’une terrible attaque de vampires, retrouver une équipe de scientifiques tombée entre les mains de sauvages, tenir à distance l’affreux Docteur Nuisible, combattre une pieuvre géante au fond de la mer, prendre un peu de vacances et former les Justice-men, une bande de crétins décidés à faire régner la justice sur la ville entre 14 et 17H29. Pourquoi 17h29 me direz-vous ? Tout simplement parce qu’il y a « Questions pour un champion » à 17h30 pétante !

Avec les aventures de Captain Biceps, on rit beaucoup et en même temps on devient intelligent à l’image de leurs auteurs, Zep et Tebo (oui, ils sont aussi très très musclés!). La BD du siècle et au-delà, en librairie le 12 mars.

Eric Guillaud dit Captain Musclor

Le retour du poing de la justice, Captain Biceps (tome 6), de Zep et Tebo. Editions Glénat. 9,99€

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