A voir la moitié de la France se jeter sur les routes chaque été, on pourrait penser le pays atteint de voyagite aiguë. Mais ce serait sans compter avec les vrais cas pathologiques. Albert Dadas en fait partie. Lorsqu’il décide de prendre la route, ce n’est pas pour s’allonger sur une plage ensoleillée ou faire le tour des châteaux de la Loire. Albert Dadas n’a rien du touriste moyen, c’est un captivé, un homme atteint de la folie du fugueur. Il suffit qu’il entende un nom de ville ou de pays pour qu’il quitte immédiatement sa maison et se mette à marcher en leur direction. Ainsi, va-t-il se retrouver successivement à Pau, Paris, Nantes, Marseille mais aussi en Algérie, à Moscou, en Pologne ou en Autriche… Et à chaque fois le même scénario : Albert Dadas finit dans un hôpital ou une prison, sans argent, sans papier… jusqu’au jour où sa route croise celle de Philippe Tissié, un jeune interne en psychiatrie à l’hôpital Saint-André de Bordeaux.
Un sympathique scénario de fiction pensez-vous ? Bien plus que cela. L’histoire du Captivé est en fait basée sur des faits et des personnages bien réels que Christophe Dabitch (Abdallahi, Jeronimus…) et Christian Durieux (Le Pont, Les Gens honnêtes…) ont exhumés après un conséquent travail de recherche et de documentation. L’album reconstitue la vie d’errance de Dadas mais aussi et surtout sa rencontre avec Tissié qui parviendra à le guérir et deviendra ainsi célèbre. Un récit étonnant à la mise en scène et au graphisme irréprochables.
Eric Guillaud
Le Captivé, de Dabitch et Durieux. Editions Futuropolis. 19 €