25 Avr

Borboleta de Madeleine Pereira : pour que la mémoire du Portugal ne s’envole pas

Il y a cinquante ans aujourd’hui, la révolution des Œillets renversait la dictature salazariste au Portugal. Madeleine Pereira, issue de l’immigration portugaise, née en France, ne l’a pas connue, ne l’a pas subie, mais tente ici, dans ce qui est son tout premier album, d’en cerner les contours et de rétablir une connexion avec un pays, un peuple et une culture qu’elle aime…

Quarante-huit ans ! La dictature au Portugal est la plus longue que l’Europe ait connue au XXe siècle. Dépassant de loin celles instaurées par Hitler, Mussolini ou même le voisin espagnol, Franco. Et malgré tout, cette dictature-là est la moins connue de toutes, la moins enseignée dans les écoles.

Madeleine Pereira est née en France, vit à Angoulême, mais ses racines familiales sont portugaises. Elle-même ne connaissait pas grand-chose à cette histoire avant qu’elle décide d’utiliser son art, la bande dessinée, pour recueillir des témoignages, ici des membres de sa famille, là des amis de son père, et les réunir dans cet album baptisé Borboleta, papillon en français.

À travers ces témoignages, Madeleine Pereira retrace l’histoire de sa famille et au-delà celle de tout un pays. Elle raconte aussi son parcours personnel et intime, depuis la jeune fille refusant tout signe d’appartenance à la communauté franco-portugaise jusqu’à la jeune femme curieuse et fière de ses origines. 

Avec un dessin faussement naïf et un découpage très simple, Madeleine Pereira nous invite à remonter le temps, partager la vie de ces hommes et femmes qui ont accepté de témoigner, de raconter leur parcours, le poids de la dictature, le départ pour la France, la difficile intégration, et parfois, après des décennies d’exil, le retour au pays.

Eric Guillaud

Borboleta, de Madeleine Pereira. Sarbacane. 24€

© Sarbacane / Pereira