13 Mar

Envie de prendre le large ? Une sélection de BD SF pour rêver… ou pas !

Monter dans la première navette, changer de planète, fuir cette fichue pandémie, combien sommes-nous à en rêver ? Mais l’ailleurs n’est pas toujours meilleur, la preuve…

On commence avec une nouvelle série réalisée par les auteurs de Centaurus, un nouveau cycle plus exactement baptisé Europa du nom de la lune glacée de Jupiter. Là-bas, une mission scientifique est venue se poser pour étudier son sol et surtout son sous-sol qui abriterait un océan interne (véridique!) dans lequel la science place de grands  espoirs. Mais cette mission ne répond plus. Un silence radio inquiétant, d’autant qu’une première mission avait été victime d’un terrible accident. Une nouvelle expédition est organisée en urgence avec pour pilote de navette la jeune et réputée peu sociable Suzanne Saint-Loup et pour commandant Paul Douglas, alcoolique assumé. Un bon scénario, un dessin réaliste efficace, des personnages aux caractères trempés, du mystère à toutes les pages… Que du bon ! (Europa, de Léo, Rodolphe et Janjetov. Delcourt. 12€)

Blade Runner est de retour, version 2019, une séquelle « officielle » au film de Ridley Scott, lui-même adapté du roman de Philip K. Dick Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? avec notamment aux manettes Michael Green qui a été co-scénariste sur le film Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve. L’action se situe toujours à Los Angeles mais le fameux chasseur de réplicants Rick Deckard (joué par Harrison Ford) a laissé place à Aahna Ashina, Ash pour les intimes, l’une des premières Blade Runners… Dystopique à souhait ! (Blade Runner 2019, tome 2, de Green, Johnson et Guinaldo. Delcourt. 15,50€)

Colonisation nous embarque dans un futur où l’homme a dû quitter la Terre surpeuplée pour coloniser d’autres planètes. Un exode de masse à bord d’une multitude de vaisseaux spatiaux dont certains se sont perdus dans l’immensité de l’espace et sont sujets à des pillages. Retrouver ces vaisseaux, c’est précisément la mission de Milla Aygon et de son équipe, une mission dangereuse qui les entraîne dans des recoins inhospitaliers de l’univers. Dans ce cinquième volet, l’escouade de Milla rejoint la mystérieuse unité Shadow chargée d’enquêter sur un éventuel complot interne, des membres de l’Agence seraient complices des Atils dans l’échec des colonisations. Un scénario captivant, une mise en images époustouflante, toute en finesse et dynamisme, une très bonne série !  (Sédition, Colonisation tome 5, de Filippi et Cucca. Glénat.13,90€)

Suite et fin de la série Terence Trolley avec ce deuxième album paru en janvier. On y retrouve bien évidemment notre héros-titre toujours en guerre contre le laboratoire Panaklay qui a développé un programme ultra-secret testant sur des enfants cobayes les futures mutations génétiques liées au réchauffement climatique. Et justement, deux de ces cobayes aux super pouvoirs, un garçon capable de s’introduire dans la pensée des autres et une fille capable de contrôler la végétation, ont été récupérés par Terence qui fait tout pour les protéger. Mais le laboratoire n’a pas dit son dernier mot… Scénario et dessin dynamiques. (Terence Trolley, Tome 2, de Sege Le Tendre et Patrick Boutin Gagné. Drakoo. 14,50€)

Inutile de présenter Didier Tarquin. Le dessinateur de l’une des séries phares de l’heroic fantasy en BD, Lanfeust de Troy revient en auteur complet cette fois sur une aventure de SF dont le premier volet est sorti au début de l’année 2019 et le dernier en janvier 2021. Trois tomes en deux ans, un affaire rondement menée et au bout du compte une très belle série. U.C.C. Dolores, c’est son nom, a tout du western intergalactique et peut-être déjà tout d’un classique du genre. « Quand on parle de western en bande dessinée… », explique l’auteur, « il y a une oeuvre qui vient immédiatement à l’esprit. Une et une seule : Blueberry. Avec, évidemment, la patte de Giraud. J’avais envie de retrouver ça, de faire quelques chose de très classique – de néo-classique, disons. Une BD moulée à la louche et au pinceau, c’était comme un besoin de revenir aux fondamentaux quelque part ».  Inutile de vous dire que le résultat est graphiquement sublime. Quand à l’histoire, celle d’une orpheline élevée dans un couvent qui se retrouve du jour au lendemain propriétaire d’un croiseur de guerre baptisé U.C.C. Dolores, on ne peut être que conquis. (U.C.C. Dolores, tome 3, de Didier Tarquin et Lyse Tarquin. Glénat. 14,95€)

Ce qui saute aux yeux de prime abord, ce sont les couleurs, des aplats aux tons pastel au milieu d’une nature luxuriante, bienvenue sur la planète Alta ! C’est là que Geoffroy Monde déroule son histoire, celle d’un peuple confronté à la colère de la nature, une colère qui prend les traits de cyclopes géants. À chaque fois, c’est le même scénario, les cyclopes attaquent, les humains répliquent, les tuent, mais ils sont systématiquement ressuscités par les Augures parce qu’ils feraient partie intégrante de l’équilibre écologique de la planète. Et les attaques sont de plus en plus violentes et dévastatrices… Après toute une série de récits humoristiques, le Lyonnais Geoffroy Monde se frotte à la science-fiction avec bonheur, mettant en place un univers surprenant et passionnant. Les planches sont magnifiques, la palette de couleurs est subtile, le scénario, habile, et même audacieux… et la question écologique omniprésente mais jamais plombante. Une très belle série qui s’achève avec ce troisième tome de 88 pages… (Poussière tome 3, de Geoffroy Monde. Delcourt. 17,95€)

On termine avec le troisième et dernier volet de l’excellente série On Mars publiée par le non moins excellent éditeur Daniel Maghen. On vous avait déjà dit ici tout le bien qu’on en pensait à l’occasion de la sortie du premier volet, la suite est du même très bon niveau, un scénario simple et carré accessible à tous, un graphisme de toute beauté et une histoire qui nous embarque sur la planète Mars où les hommes ont décidé de jeter leur dévolu après avoir bien rincer la Terre. Et pour ce faire, pour créer les cités dômes qui doivent accueillir les colons, la main d’oeuvre est toute trouvée : les repris de justice. Mais bien sûr, tout ne se passe pas comme prévu, les prisonniers se révoltent, un espèce de gourou profite du tumulte ambiant pour enrôler à tour de bras dans sa secte, les services de sécurité martiens sont sans pitié… La planète Mars survivra-t-elle à cette folie des hommes ? Réponse dans cet album.  (On Mars, tome 3, de Grun et Runberg. Daniel Maghen. 16€)

Eric Guillaud