25 Fév

Théodore Poussin, La Cantina et Mary Jane, la belle actualité de Frank Le Gall en ce début d’année 2020

Souvenez-vous, il nous avait fallu patienter 13 longues années pour retrouver Théodore Poussin dans une nouvelle aventure après Les Jalousies, deux ans seulement cette fois auront été nécessaires. Et ce n’est pas la seule actualité de Frank Le Gall qui signe aussi en ce début d’année un roman aux éditions Alma et le scénario d’une autre bande dessinée chez Futuropolis…

Treize ans, oui treize ans d’attente avaient été nécessaires pour les amoureux de Théodore Poussin mais le treizième épisode allait sonner le retour, mieux la reconquête. Frank Le Gall nous assurait lui-même à l’époque dans une interview à retrouver ici : « On m’a fait remarquer que c’était l’album de la reconquête. Non seulement, Théodore reconquiert sa dignité, il reconquiert ensuite son île et je suis reparti pour ma part en quête de moi-même et du public ».

Et l’actualité de l’auteur en ce mois de février ne fait que valider la chose. Trois livres, rien que ça, portent sa signature. Un avant-goût de la nouvelle aventure de Théodore Poussin, un roman baptisé La Cantina et le one shot Mary Jane chez Futuropolis en compagnie de Damien Cuvillier.

Théodore Poussin tout d’abord. Comme elle l’avait fait pour le treizième volet de ses aventures, la maison d’édition Dupuis nous propose de découvrir ce nouvel épisode à travers trois cahiers qui seront publiés en amont de l’album. Le premier de ces cahiers réunit les photographies de Frank Le Gall et de son grand-père inspirateur du personnage, Théodore-Charles le Coq, des recherches graphiques et bien sûr des planches, les 20 premières, en fac-similé, dans leur jus, avec les traits de lettrage, les imperfections, les annotations de l’auteur. Côté histoire, retour sur l’île de la belle Aro Satoe où Théodore Poussin se cache des autorités anglaises qui l’accusent de piraterie. L’équipage de l’Amok, son bateau, est lui emprisonné à Singapour. De quoi lui faire broyer du noir…

Vous aimez avoir chaud, très chaud ? Alors direction le désert de Sonora. Nous sommes en 1967, Louis-Marie y tient une Cantina avec pour aide le brave Felipe et pour seul confident un cactus, oui un de ces cactus saguaros, dits cierges, précise Frank Le Gall. « Il lui avait semblé que, étant plus près du ciel, ce cactus-là s’y connaîtrait mieux que ses collègues, question mystères de la création et toute la suite ». Ferdinand. C’est le nom qu’il a donné à ce compagnon végétal. Et autour, tout autour, le désert, personne, pas un chat, de quoi déprimer tranquillement. Jusqu’au jour où une vieille Oldsmobile apparaît dans le paysage, prend la direction de la Cantina et y dépose une femme et son vieil amant, « Une de ces femmes dont la peau est blanche comme le lait et les chevaux dorés comme l’or, avec un sourire comme une gifle et une bouche d’une rare obscénité, rouge sang ». Elle s’appelle Rita, lui Juan. Un premier roman réussi à l’écriture légère et imagée.

Changement de décor, d’époque et d’ambiance pour cette bande dessinée parue chez Futuropolis et réunissant Frank Le Gall au scénario et Damien Cuvillier au dessin. Mary Jane nous parle de la misère, de cette misère sociale qui touchait le monde ouvrier du XIXe siècle en Angleterre. Mary Jane était mariée à un mineur, jusqu’au jour où une explosion en décida autrement et la jeta sur la route. Direction Londres où elle découvre que la misère urbaine n’a rien à envier à la misère rurale. Londres ? « Un écrin de crasse et de misère ». Pour Mary Jane, ce ne sera qu’une longue descente en enfer avec au bout une fin monstrueuse et bouleversante. Une histoire tragique qui en croise une autre… Sublime !

Eric Guillaud

Cahiers Théodore Poussin. Dupuis. 13€. Mary Jane avec Damien Cuvillier. Futuropolis. 18€. La Cantina. Alma Editeur. 19€