21 Fév

La Flamme de Jorge González : l’Argentine et le football en héritage

Après un petit détour par le Kosovo et le Chili, Jorge González retrouve le chemin de son pays d’origine, l’Argentine, pour un récit familial porté par le football…

Si vous êtes un brin connaisseur du monde footballistique et plus précisément argentin, peut-être connaissez-vous Jose Maria González, joueur du Racing Club de Avellaneda. Avec près de 200 matchs amateurs et professionnels à son actif, il fut l’un des grands défenseurs du club, il est surtout le grand-père de Jorge González, auteur de ce volumineux album paru aux éditions Dupuis.

La Flamme est un récit autobiographique, une histoire de famille sur quatre générations. Tout commence au début du XXe siècle, le Racing club n’est encore qu’un rêve dans la tête d’une poignée d’hommes et Jose Maria González, un nouveau-né parmi d’autres. Sur 300 pages, Jorge González nous raconte la naissance d’un club et la naissance d’une légende, Jose Maria González, dit La Flamme, en raison de sa chevelure rousse qui volait telle une flamme au vent.

C’est en 1928 qu’il chausse les crampons et devient pro. Dix ans de sa vie avant de passer à autre chose, un boulot morose dans un ministère morose, dix ans pour passer aussi le relais à son fils, qui jouera un temps dans le club avant de devenir architecte et d’avoir lui-même un fils, Jorge, l’auteur, qui n’approchera le monde du football que par les cartes à collectionner. Sepp Maier, la plus rare ! Jorge rêve d’autre chose, d’un père qui depuis le divorce de ses parents est absent, et de bande dessinée. La boucle est bouclée. Ou presque. Car Jorge a lui aussi un fils, Mateo, aux cheveux couleur feu. Comme le grand-père !

Quatre générations, quatre destins et toujours cette question centrale de la passion, de l’amour paternel, de la transmission, de la mémoire et parfois de l’absence, du manque, la vie comme un match de football avec les perdants et les gagnants, creux qui passent la balle et ceux qui la reçoivent, beau comme un dribble, fort comme un penalty.

Dans la lignée de Bandonéon et Chère Patagonie, Jorge González explore l’histoire de son pays, ici à travers l’histoire de sa famille, avec une palette graphique d’une très grande richesse, qu’on pourrait parfois jugée quasi-expérimentale mais tellement expressive. Magnifique !

Eric Guillaud

La Flamme, de Jorge González. Dupuis. 39€

En 2012, Jorge González nous avait accordé une longue et passionnante interview au moment de la sortie de l’album Chère PatagonieUne interview à retrouver ici !