C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode repos et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…
Sorti en janvier dernier, Le Livre de Jessie est un beau pavé de plus de 350 pages, un format, je vous l’accorde, pas forcément idéal pour les longs déplacements estivaux, mais un récit que vous aurez tout le loisir de savourer en ces moments de farniente. Non pas que le livre de Park Kun-Woong soit dense et complexe au point d’exiger beaucoup d’attention et de temps, non, au contraire, il se lit finalement assez rapidement et ce même si vous ne connaissez absolument pas le contexte historique du récit.
Et c’est bien là tout le talent de l’auteur, déjà connu en France pour sa magnifique trilogie Fleur parue elle-aussi aux éditions Casterman ou plus récemment le diptyque Je suis communiste publié par Cambourakis. Dans ces récits comme dans celui qui nous intéresse aujourd’hui, Park Kun-Woong évoque son pays, son histoire tourmentée et ses traumatismes à travers des parcours d’hommes et de femmes, une approche humaniste à la fois intimiste et universelle.
Le Livre de Jessie nous embarque pour l’Asie des années 30. Jessie est le nom d’une enfant née de parents coréens patriotes et résistants, réfugiés en Chine après l’annexion de leur pays par le Japon. L’arrivée de Jessie est source de bonheur et d’espoir pour le jeune couple mais lorsque la guerre sino-japonaise éclate, toute la petite famille doit à nouveau fuir devant l’avancée des armées nipponnes au milieu des bombardements et des cadavres.
Des années d’errance, de privations diverses et d’angoisses… c’est ce périple, cette véritable épreuve, qui durera jusqu’en 1945 que raconte le roman graphique de Park Kun-Woong. À la fois chronique familiale et journal de guerre, Le Livre de Jessie nous parle de l’exil, de la solidarité, de la transmission, de l’engagement politique, de l’amour, de la mort, de l’espoir de jours meilleurs, de la vie au milieu du chaos…
Côté graphisme, on pense bien évidemment à Marjane Satrapi et son Persepolis avec des planches en noir et blanc au trait épais et de caractère, un dessin simple et efficace. Le Livre de Jessie est adapté du journal personnel de Yang Wu-Jo et Choi Seon-Hwa et publié en France à l’occasion du centenaire du soulèvement des indépendantistes coréens.
Eric Guillaud
Le Livre de Jessie, de Park Kun-Woong. Casterman. 24€ (sorti en janvier 2019)