18 Juin

Batman Metal : l’homme chauve-souris chamboule sa propre réalité avec une saga épique en trois parties qui sera présentée à la prochaine édition du festival Hellfest, près de Nantes

Alors, attention, on se permet de prévenir tout de suite les chevelus porteurs de t-shirts avec des logos indéchiffrables et des zombies en ruts dessus : ce Batman a autant à voir avec la musique ‘metal’ que notre gouvernement actuel avec les théories marxistes. Par contre, pas mal d’idoles en prennent pour leur grade, en premier lieu un Batman lui-même, ici presque dépassé par les évènements.

Bon, allez, rendons à César ce qui lui appartient et à Iron Maiden sa couronne : tout cela a un tout petit peu quand même rapport avec la musique du même nom vu que l’éditeur français a donc choisi de présenter ce premier tome cette année au Hellfest et que l’un des dessinateurs de la saga, l’américain Greg Capullo, en plus d’être un fan déclaré du genre, a réalisé plusieurs pochettes pour certains poids lourds du genre, style Iced Earth (Something Wicked This Way Come), Disturbed (Ten Thousand Fists) ou Korn (Follow the Leader). Mais sinon, le ‘metal’ du titre est en fait très premier degré : on parle bien d’un metal, la matière donc, qui serait une sorte de porte sur une quantité d’univers parallèles infinie (et encore, ça c’est la version simple) et sur laquelle l’homme masqué a décidé d’enquêter, quitte à sans le savoir enclencher un processus qui chamboulera aussi bien sa réalité que celle de l’écurie DC COMICS dans son intégralité. Parce qu’attention, derrière ça, il y a un autre Batman, maléfique celui-ci car dans sa propre dimension il a fait le choix de servir le Mal et non pas le Bien. Un double diabolique dont une sorte de société secrète surveille l’arrivée depuis des millénaires, dans le plus grand secret. Ah et puis on découvre que le Joker (que l’on croyait mort… Mais vous suivez ou quoi ?) a été séquestré dans la Batcave dans un but bien précis. Et ça, ce n’est que le premier chapitre parce qu’après, cela se complique encore plus. Si !

© Urban Comics / collectif

On le sait depuis quelques années, les comics US adorent (un peu trop) jouer avec les reboots, ces artifices scénaristiques qui permettent de réécrire complètement tel ou tel univers. Et lorsque par dessus vous rajoutez une seconde couche avec les multivers – un ensemble complexe de réalités parallèles – comme ici, cela donne un joyeux bordel. À la manœuvre, on reconnaît la patte du scénariste Scott Snyder qui a toujours aimé brouiller la frontière existant entre le bien et le mal, quitte à parfois un peu perdre son lecteur. Surtout que ce premier tome (sur trois prévus) est assez bicéphale, avec une première partie très (trop) cérébrale multipliant les entrées et les différents points de vue laissant place à une seconde consacrée à la défense de Gotham et beaucoup plus orientée baston. Partie où ironiquement, Batman brille… Par son absence. Contrairement aux seconds rôles qui, ici, prennent la lumière d’une façon parfois étonnante, comme Harley Quinn de Suicide Squad, savoureusement joueuse et taquine.

© Urban Comics / collectif

Alors autant le dire de suite, mieux vaut bien maîtriser la ‘cosmologie’ de l’ami des chauves-souris parce que c’est bourré de références tous azimuts, allant de sa famille au sens large du terme à ses ennemis et plus. Ami néophyte, passe donc de suite ton chemin ! C’est dense de chez dense et ne fait aucune économie dans la démesure. Par contre, sur le plan strictement graphique même si Capullo est loin d’être seul au stylo ici (on retiendra notamment le super boulot d’Andy Kubert), c’est un feu d’artifice, avec un sens du découpage vraiment étonnant capable d’alterner planches monumentales et cadrages ultra- serrés et des méchants qui suintent de partout, surtout ceux qui sont des sortes d’alter-ego maléfiques des héros qui les combattent.

© Urban Comics / collectif

À ce stade-là, on a un peu de mal à savoir où tout cela va nous mener et l’indigestion n’est jamais loin. Mais Batman Metal tient au moins son pari de nous embarquer dans une véritable saga bien épique qui ose remettre pas mal de choses et qui ne fait pas de quartier du tout. Et visuellement, c’est une sacrée baffe !

Olivier Badin

Batman Metal, collectif, Urban Comics/DC, 19€

L’info en + Batman au Hellfest. Du 22 au 24 juin, les éditions Urban Comics vous donnent rendez-vous sur leur stand au HellCity Square de 10 à 22h pour vous présenter Batman Metal et vous faire gagner des cadeaux…