Grégory Mardon est de retour. Et avec lui un personnage récurrent dans son oeuvre, comme Antoine Doinel dans celle de François Truffaut (voir Corps à corps, Incognito…), un personnage trentenaire, cette fois célibataire et timide. Maladivement timide ! Au point d’être totalement paralysé à l’idée même d’aborder une femme. Combien de fois est-il ainsi passé à côté d’une belle aventure ? Trop. Beaucoup trop. De quoi le regretter amèrement quand la solitude se fait sentir et que sa sexualité se limite à la visite de quelques sites de charme sur le net. Mais un beau jour, Jean-Pierre décide de passer à l’action, de devenir enfin maître de son destin, de sa vie amoureuse. Le voilà donc distribuant à de jeunes inconnues croisées dans la rue un petit mot leur proposant de le rencontrer. Et ça marche ! Matilda, Valérie, Véréna, Isabelle, Elisa, Jennifer, Kadidia, Gladys, aaahh Gladys… et d’autres encore dont on ne connaîtra jamais le prénom répondent positivement à sa proposition. Jean-Pierre à maintenant l’embarras du choix. Et la difficulté est de se décider pour l’une ou l’autre…
Après Les Poils et C’est comment qu’on freine, Grégory Mardon poursuit son exploration de L’Extravagante comédie du quotidien, titre de cette fameuse trilogie aujourd’hui bouclée, avec toujours autant de singularité, de personnalité, de tendresse, de drôlerie, de poésie, de légèreté et de gravité aussi à certains moments. Son trait toujours aussi juste, élégant, souple, nous rappelle forcément le travail d’un Blutch ou encore celui du tandem Dupuy-Berberian. Un récit à la fois intimiste et universel sur la solitude, l’amour, les hommes, les femmes, la vie en somme. Un album à dévorer ! E.G.