Il s’appelle Bloch Telonius, ressemble à un Iggy Pop des pays nordiques avec un gros nez, et ne rêve que d’une chose depuis sa plus tendre jeunesse : rejoindre les Chronosquad, ces agents qui veillent sur les Chronotouristes, où qu’ils soient dans l’espace et dans le temps. Car oui, dans le monde de Giorgio Albertini et Grégory Panaccione, les destinations de rêve ont un nom et surtout une date.
Il en rêve depuis sa plus tendre jeunesse et, finalement, l’occasion lui est donnée. Bloch Telonius est recruté comme Chronosquad avec prise de fonction immédiate car il y a urgence. Deux adolescents ont disparu d’un club de vacances de luxe situé en Égypte antique. Et l’un d’eux est la fille du président de la banque centrale. Autant dire que l’heure est grave ! Bloch et deux autres agents sont propulsés en 2574 avant J.C., le 27 juin pour être précis. Leur mission : retrouver ces adolescents et les ramener en 2016. Un petit voyage de plus de 4590 ans pour l’aller, autant pour le retour, enfin normalement…
Il nous a enchanté avec ses aventures muettes au dessin dynamique et expressif (Toby mon ami, Âme perdue, Match, Un Océan d’amour), Grégory Panaccione est de retour avec cette histoire qui mélange autant les genres que les époques. De la science fiction au goût de polar ou l’inverse, le tout mixé avec une histoire d’amour. Et cette fois, il a retrouvé la parole notre Grégory Panaccione, grâce au scénariste Giorgio Albertini. Résultat : une petite merveille qui devrait compter à terme 4 tomes, 800 pages couleurs, le tout publié en un an. Un cadeau venu d’ailleurs, du futur peut-être… ou du passé, qui sait ?
Eric Guillaud
Chronosquad, de Albertini et Panacccione. Éditions Delcourt. 25,50 €
Inutile de le cacher, la première chose qui a arrêté mon regard est le nom de l’auteure. Lolita Séchan. Ça me rappelait quelque chose. Une chanson peut-être. Mais oui bien sûr, c’était la Lolita de Renaud, la fille du chanteur énervant, celle dont il se disait complètement morgane…
Bon ok ! Mais un nom, aussi illustre soit-il, ne fait pas tout. Et ce qui m’a vraiment décidé à ouvrir et lire l’album est franchement ailleurs, dans l’atmosphère de cette magnifique couverture, dans ce bleu intense et dans ces traits, cette multitude de petits traits constituant l’illustration. Au centre, une jeune femme et une jeune fille ensemble sur le même chemin devant une montagne d’émotions.
Oui vraiment, une montagne d’émotions. C’est ce qui me vient à l’esprit en refermant ce bouquin de Lolita Séchan, un bouquin que j’ai eu beaucoup du mal à fermer, tant j’ai été pris par son écriture, par cette façon singulière et belle de décrire, de raconter, de dessiner, de nous embarquer dans son voyage.
Mais que raconte Les Brumes de Sapa ? Un peu de géographie. Sapa est une petite station climatique vietnamienne située à 1650 m d’altitude et à 350 km de Hanoi. Un village très fréquenté par les touristes et donc par les locaux qui tentent de se faire là un peu d’argent.
Lorsqu’elle y débarque à 22 ans, Lolita n’a pas vraiment le profil type de la touriste, plutôt celui de la jeune nana un peu paumée bien décidée à aller voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Et éventuellement trouver une bonne raison de vivre. « J’ai pris un carnet, un crayon, des baskets, et de l’imodium. Un RER pour Roissy Charles de Gaulle, un avion pour Dubaï… Un Whopper au Burger King de l’aéroport, et enfin un avion pour Saïgon… » .
Cette raison de vivre, Lolita la trouve à Sapa. Elle a pour nom Lo Thi Gôm, une jeune fille Hmong. Tout les sépare, à commencer par les milliers de kilomètres entre leur foyer respectif mais au fil des années et des voyages se lie entre les deux une amitié forte et sincère.
C’est cette histoire d’amitié que Lolita Séchan raconte ici sur plus de 250 pages en noir et blanc, avec un graphisme fin, élégant et racé, parfois très détaillé, parfois épuré, dans des vignettes libérées du cadre.
Avec ses mots, son extrême sensibilité, Lolita décrit ses voyages, ses rencontres, elle nous parle des Hmongs, ce peuple de montagnards vivant au nord du Viêt Nam, elle évoque aussi ses amours – on aperçoit Renan Luce – et puis sa famille avec notamment une scène extrêmement émouvante la montrant aux côtés de son père qu’on imagine en cure dans une clinique. Il y a dans cette scène, je ne sais pourquoi, un petit quelque chose de Corto Maltese, la solitude du héros face à son destin peut-être.
C’est beau, c’est fort, c’est poignant. On a simplement envie de dire « Merci Lolita »…
Eric Guillaud
Les Brumes Sapa, de Lolita Séchan. Éditions Delcourt. 24,95€
c’est dans un blockhaus, oui oui, le DY10 situé à deux pas des Machines de l’île à Nantes que j’ai rencontré Marty Planchais, auteur du Petit bourreau de Montfleury paru aux éditions Sarbacane à la fin du mois d’août. Pourquoi dans un blockhaus? Tout simplement parce que c’est là qu’il a installé son atelier comme une vingtaine d’autres personnes, architectes, musiciens, dessinateurs. Un endroit surprenant, sans fenêtres, coupé du monde par des murs de deux mètres de large mais où règne une effervescence créative sans pareil. Marty Planchais m’y attendait pour parler de sa bande dessinée bien sûr mais aussi de ses influences, de Pratt, de la vie…
Un peintre bourreau de père en fils, ce n’est quand même pas banal. Comment accouche-t-on d’une idée pareille ?
Marty Planchais. Un scénario, c’est 7 secondes d’intuition et ensuite 7 heures de travail par jour. Il y a eu beaucoup de lectures forcément. Des livres sur les bourreaux qui ont nourri mon scénario, des dizaines de livres, certains assez glauques qui relataient des exécutions et d’autres qui évoquaient plus simplement le quotidien de ces hommes. Et puis j’ai remarqué qu’il n’y avait pas d’autobiographies de bourreaux. Je pensais que ce serait intéressant de connaître leur quotidien, de partager leurs tracas et leurs passions, parce qu’ils ne tuent pas tous les jours ces gens-là. Et de fil en aiguille, j’en suis arrivé à ce bourreau post-impressionniste jaune et rouge, un peu à la Van Gogh, tourmenté, passionné par la peinture. Un bourreau qui n’a jamais tué et qui un beau jour doit choisir entre sa passion et son métier. Le Petit bourreau de Montfleury aborde cet aspect-là aussi : le choix, la liberté…
Ton album s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes me semble-t-il. C’est ce que tu souhaitais dès le départ ?
M.P. Tout à fait. Evidemment, l’esthétique, le dessin rond, s’adressent avant tout aux enfants et l’éditeur l’a voulu comme ça. Mais j’ai dés le début souhaité que le livre soit ouvert à un plus large public. Les plus jeunes y apprennent ce qu’est la peine de mort, les plus âgés y découvrent de nombreuses références historiques et culturelles, des clins d’œil au fameux discours de Badinter en 1981, à Rimbaud avec ce poème en ouverture qui amène une certaine sérénité apparente, aux peintures de Van Gogh bien sûr, au cinéma aussi et à la bande dessinée, à Pratt plus précisément et à son album Les Helvétiques. Je ne voulais pas d’une histoire sans fond, banale, d’un petit bourreau qui, le matin, va à son travail…
Un clin d’œil à Pratt. Marty Planchais nous explique en images…
Le personnage du bourreau est magnifique. Entre le personnage moyenâgeux et le super-héros. Comment l’as-tu imaginé ?
M.P. Dès la couverture, on voit bien que ce n’est pas un bourreau ordinaire. Je l’ai longtemps cherché graphiquement, essayant plusieurs techniques de dessin. Je voulais un personnage qui soit dans la rondeur, un peu gentillet, tout rouge, masqué pour faire super-héros, un peu naïf mais pas trop quand même…
Un maire qui veut faire preuve de fermeté pour flatter ses électeurs, un croque-mort qui se frotte les mains, des commerçants qui espèrent en tirer quelques menues monnaies et un peuple qui en redemande comme au spectacle. Si l’histoire est drôle au premier abord, le fond est assez noir…
M.P. Oui mais en même temps, ça met en lumière le personnage, parce que c’est une belle personne ce bourreau. Il résiste, ne se trahit pas et finit par faire son choix.
Amnesty International a apporté son soutien à l’album. Comment cela s’est-il concrétisé ?
M.P. Ça s’est fait un ou deux mois avant l’impression de l’album, grâce au super boulot de l’éditeur. C’est la première fois que cette organisation soutient un livre jeunesse. D’habitude, c’est plutôt des BD adultes.
Ça donne quoi concrètement ?
M.P. On rentre dans leur catalogue et puis c’est un label de qualité pour les professionnels comme pour les lecteurs. C’est une belle reconnaissance…
C’est ton premier album. Tu signes à la fois le dessin et le scénario. Pas trop difficile ?
M.P. Le dessin, le scénario… et la couleur qui est très importante ! Oui, c’était assez périlleux mais en même temps une belle aventure. Un an de travail, classiquement je dirais. Après, l’idée en elle-même, je l’avais depuis 3 ou 4 ans en tête. Ça a mûri petit à petit.
M.P. Oui, surtout pour le scénario (merci Emmanuel Gaudin!). Je le faisais lire et relire avec les textes qui sont aussi très importants. C’est pour moi plus important que le dessin. Avoir un bon scénario et un bon texte est la base. Après c’est de l’exécution… J’ai donc pas mal montré le scénario, assez peu les planches finalement.
Quelle technique as-tu employé pour l’album?
M.P. J’ai d’abord fait le storyboard au lavis, je l’ai scanné, regardé si ça collait bien avec les textes. Je suis ensuite passé à la conception des planches définitives, je les ai scannées elles-aussi. J’ai refait chaque planche au lavis pour donner de la matière, du relief, des nuances. J’ai scanné tout ça et fignolé sur Photoshop. Un gros travail que ces effets au lavis mais qui offrent plus de sensibilité aux planches et adoucissent le propos.
M.P. Hugo Pratt. Vers 11 ou 12 ans, j’ai acheté La Jeunesse. Je pensais que c’était le premier album à lire de la série. Je ne comprenais pas tout mais je ressentais une sensation très agréable. J’adorais les ambiances. Après, j’ai acheté De l’autre côté de corto (un livre d’entretiens avec Pratt, ndlr) pour bien connaître l’auteur et son oeuvre. Puis Les Celtiques, Les Helvétiques… Aujourd’hui, je possède toute sa production, pas forcément en édition originale d’ailleurs, c’est pas ce qui m’importe.
Et plus généralement, quelles sont tes influences ?
M.P. Rabaté, Christophe Blain, le talentueux Al Severin, Emmanuel Guibert, Denis Bodart, Christophe Gaultier, Tardi, Sergio Toppi, Dino Battaglia, tout le noir et blanc de cette époque-là et une BD qui m’a beaucoup marqué, L’homme de Java de Pierre-Yves Gabrion, un déclic, un vrai, il y a un côté Corto dans ses pages… Et Cyril Pedrosa qui est un collègue de bureau au DY10. Enfin, il y a la peinture avec Turner, le cinéma bien sûr…
« Un récit qui ravira autant les inconditionnels de la course à pied que les coureurs du dimanche », prévient l’éditeur. Autant dire que pour moi, c’était mal barré. N’étant ni l’un ni l’autre, ce bouquin-là, pensais-je, allait m’ennuyer à mourir, autant qu’une compétition de ping pong retransmise à la radio. Mais non…
D’abord parce que ça ne parle pas du tout de ping pong, ensuite parce que le personnage principal qu’on voit suer sur la couverture de l’album est du genre normal pour moi, comprenez pas vraiment sportif, enfin parce que cette histoire est vraiment drôle et captivante.
Sébastien Samson, à la fois auteur et personnage central de cette bande dessinée raconte comment au détour d’un verre de vin avec des amis, il décide qu’il les accompagnerait au marathon de New York, non pas pour tenir les valises ou la buvette mais bel et bien pour participer, courir en somme.
Rires, sarcasmes… et puis l’évidence. Sébastien se lance dans un programme de remise en forme puis de préparation digne du bon marathonien.
Après des mois d’entraînement, direction New York, ses buildings, sa statue de la liberté, ses camions de pompier aux sirènes hurlantes… Mais le tourisme s’arrête là, place à la reconnaissance du parcours. Pas longtemps non plus. Pang, c’est le départ, Sébastien nous fait vivre le marathon de l’intérieur avec ses professionnels mais aussi ses amateurs et parfois ses coureurs excentriques, 42 kms de joies et de souffrances, 42 kms aussi de découverte, Sébastien nous offre une visite guidée de New York comme vous n’en n’avez jamais vue ailleurs en 5 heures et 44 minutes chrono.
De quoi me mettre au sport ? Pour vivre New York comme Sébastien l’a vécu, oui ! Demain, séance d’assouplissement, après-demain, footing. Terminé le vin, aux oubliettes le camembert et les cheesecakes, razzia sur les haricots verts. Enfin bon… je vais essayer !
Eric Guillaud
Le marathon de New York, de Sébastien Samson. Editions La Boîte à Bulles. 24€
Frank Pé en rêvait depuis ses débuts dans les années 80, il a fini par le faire. Un Spirou d’encre et de papier. Son Spirou à lui. 84 pages d’une beauté stupéfiante sur un scénario original recadré par Zidrou.
Dire qu’il en rêvait est un doux euphémisme. Lorsqu’il imagine le personnage de Broussaille à la fin des années 70 pour des chroniques sur la faune et la flore publiées dans les pages du journal Spirou et plus tard lorsque ce même Broussaille devient un personnage de BD à part entière, Frank ne cache pas son admiration pour le travail de Franquin. « Cette série était déjà ma réponse au Spirou de Franquin… », déclare-t-il aujourd’hui dans les pages de l’excellent magazine dBD.
Et il en a profité Frank Pé, il s’est fait plaisir comme il nous fait plaisir aujourd’hui. 84 pages au total, 2 ans de travail, des heures et des heures à peaufiner ses planches, à imaginer des machines délirantes, à réactualiser Spirou, Fantasio et les autres, à souffrir sur la couverture, pas assez ceci, trop cela, le cauchemar de l’auteur.
Et puis le voici le beau bébé, avec tous les thèmes chers à Frank Pé, l’écologie, les animaux dont il a toujours été un grand observateur, la poésie, le fantastique et le cirque, oui le cirque qu’on retrouve à toutes les époques de sa carrière, depuis ses premiers travaux à l’école Saint-Luc. Le cirque qui donne de si belles couleurs à ses planches. Et là aussi plane l’ombre de Franquin, les animaux bien sûr qu’on trouve en grand nombre dans les aventures de Spirou et Fantasio comme dans celles de Gaston Lagaffe, et le personnage de Noé imaginé pour l’aventure Bravo les brothers récemment réédité, un « chef d’oeuvre dont on ne pourrait changer un trait » dixit Frank Pé.
Après Frank Le Gall, Schwartz, Trondheim, Emile Bravo et quelques autres, les noms de Frank Pé de de Zidrou rejoignent donc la collection Le Spirou de… avec un récit empreint d’écologie et d’humanisme. Spirou et Fantasio, qui travaillent tous les deux pour le journal Le Moustique, reviennent d’un séjour en Palombie avec un sujet brûlant : les dégâts occasionnés sur la nature par la construction d’un barrage gigantesque. Mais la nouvelle rédactrice en chef refuse de publier leur papier. Spirou démissionne et décide de profiter de la vie, de se perdre dans les forêts, de traîner dans les musées, de flâner en ville ou pourquoi pas de se lancer dans la peinture. Bien sûr, rien de tout ne se produit…
Une histoire à la construction complexe avec plusieurs lignes de scénario simultanées mais limpide au niveau de la lecture, grâce notamment au travail du talentueux scénariste Zidrou.
Dans le même temps, les éditions Dupuis publient le premier volet d’une intégrale consacrée à Broussaille, une série follement poétique et magique publiée dans les pages du journal Spirou à partir de 1978, dans un premier temps sous la forme de chroniques puis sous la forme de BD. L’intégrale réunit toutes ces chroniques ainsi que les récits complets parus dans le journal entre 1978 et 1985, et deux albums, Les Baleines publiques et Les Sculpteurs de lumière. En route pour la poésie !
Eric Guillaud
L’info en + : Frank Pé sera à la librairie Bulle vendredi 14 et samedi 15 octobre pour une performance graphique et une séance de dédicaces. Plus d’infos ici…
La Lumière de Bornéo, Le Spirou de… Frank Pé et Zidrou. Editions Dupuis. 16,50€
Broussaille, L’intégrale tome 1, de Bom et Frank Pé. Editions Dupuis. 35€
Elle s’appelle Renée, respire les vapeurs de manganèse dix heures par jour pour fabriquer des piles chez Wonder sous la surveillance d’un petit chef autoritaire. Pas la grande vie dont elle est en droit de rêver. Pas d’argent, peu de loisirs, une chambre sous les toits et un tourne disque qui passe Sylvie Vartan en boucle. « Comme un garçon moi j’ai ma moto, comme un garçon je fais du rodéo… ».
Et puis vient le mois de mai, le joli mois de mai. 1968, ses grèves étudiantes, ses occupations d’usines et d’universités, ses manifestations, ses moments de folie collective, de libération des corps et des esprits.
« Soyez réalistes, demandez l’impossible », recommande un des slogans. Sur les barricades ou pas très loin, Renée rencontre Antoine qui l’entraîne dans un milieu bien éloigné du sien, un milieu d’intellectuels, d’anarchistes, d’artistes… Finies l’usine, la suie noire, les vapeurs de manganèse, Renée s’émancipe, opte pour la couleur, une robe rouge, et la liberté…
Pour écrire cet album, François Bégaudeau au scénario et Elodie Durand au dessin se sont inspirés d’une vidéo tournée en 68 à l’usine Wonder par une équipe de cinéastes étudiants à l’IDHEC (école de cinéma). Loin des récits convenus sur cet événement, les auteurs nous offrent une escapade poétique, utopique et excentrique.
Eric Guillaud
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Wonder, de François Bégaudeau et Élodie Durand. Éditions Delcourt. 17,95€
Un truc de filles me disais-je. Inutile de le cacher, l’album de Séverine de la Croix et Pauline Roland s’est retrouvé au plus bas de ma « pile de livres à chroniquer d’urgence », jugeant le sujet abordé dans ses pages loin de mes préoccupations d’homme…
Jusqu’au jour où mes deux filles, respectivement 11 et 12 ans, ont exhumé l’album et se sont enfermées dans leur chambre pour le lire ou plus exactement le dévorer. Rires, exclamations, rires à nouveau… Apparemment, Lila, pommes, poires, abricots avait trouvé son lectorat. Il fallait que je me penche sur l’affaire…
Alors je l’ai lu. Et relu. Et j’ai moi aussi ri de bon coeur. Si mes filles sont le coeur de cible de l’album, Séverine de la Croix et Pauline Roland on aussi souhaité s’adresser aux parents, notamment aux pères dont je fais partie, pour leur expliquer comment aborder cet instant délicat où les seins commencent à pointer le bout de leur téton et affirmer que l’adolescence n’est plus très loin.
Un instant délicat pour les filles, mais aussi pour les papas et les mamans. Alors, les auteures ont choisi d’aborder le sujet avec beaucoup d’humour et de recul. Sous une forme originale mêlant bande dessinée et journal intime, Lila – pommes, poires, abricots explique mine de rien la poussée mammaire mais aussi plus largement la puberté, la fonction du soutien-gorge, les bonnets, les garçons… Bref tout ce qu’il faut savoir à cet âge-là. Triplement lu et approuvé !
Eric Guillaud
Lila – pommes, poires, abricots, de Séverine de la Croix et Pauline Roland. Editions Delcourt. 14,95 €