11 Juin

Hope ou le roman noir allié aux forces occultes

Les ripoux, les starlettes, les vieux pervers cachés à la tête des studios, l’industrie du rêve qui vend du cauchemar, une cité des anges pourrie jusqu’à la moelle, le tout dans un noir et blanc poisseux, sublimé par les romans de Dashiel Hammett ou de Raymond Chandler, voici le terrain de jeu du ‘roman noir’ mais aussi de Hope de l’écurie 2000 AD publié aux Éditions Delcourt. Avec une (petite) pointe de magie noire en plus.

Voici donc une plongée dans le Los Angeles des années 40 dans laquelle on voit se débattre la sempiternelle figure du détective privé à la gueule cassée nommé Mallory Hope qui boit trop et ne dort pas assez. Et comme s’il n’avait pas déjà assez un sale gueule, le voilà qu’il commence cette aventure par un tabassage en règle. Une sale posture dont il réussit à s’échapper grâce à une pincée de magie noire…

Tiens, voilà justement ce qui était censé être le ‘plus’ de cette histoire, ce mélange a priori inédit entre uchronie (le tout se passe dans un Los Angeles de 1940 où la Deuxième Guerre Mondiale serait déjà terminée), polar et occulte. Un occulte aussi poisseux que malsain, bouffant ceux qui l’utilisent et qui porte le sceau du magazine anglais culte 2000 AD (Judge Dredd) dans lequel le tout a d’abord été publié il y a trois ans.

Or bizarrement, cet élément magique devient assez rapidement anecdotique, à part lorsque le personnage principal évoque avec morgue sa relation tordue avec l’espèce d’ange (ou démon ?) gardien que l’on voit sous la forme d’une nonne portant un éternel masque à gaz et qui ne le lâche pas d’une semelle. D’où vient-elle ? Quel est le pacte qu’il a conclu avec elle ? Qu’est-ce qui est vraiment arrivé à la femme et au fils de Hope qui ont tous les deux disparu sans laisser de traces ? Ces questions-là, les deux auteurs n’ont eu ni l’envie ni la place d’y répondre, se focalisant plutôt sur l’enquête visant à retrouver un enfant star porté, lui aussi, disparu et qui l’amènera, forcément, à entrevoir la (sale) poussière que l’on cache sous le tapis.

Alors lorsqu’il assume son goût pour les clichés du roman noir (femme fatale incluse), Hope est cynique et sans concession comme il faut, jusque dans ces cadrages nerveux et contrastés qui rappelleront aux plus érudits certains vieux classiques du cinéma de l’époque mais aussi le jeu vidéo Max Payne. Mais pour découvrir le ‘Philip Marlowe rencontrant l’exorciste’ tant attendu, il faudra par contre repasser. Ou on est alors prié d’attendre le second volume, prévu en VO pour Janvier prochain, surtout vu la relative brièveté (80 pages) de ce premier jet.

Olivier Badin

Hope de Guy Adams & Jimmy Broxton, Delcourt, 12,50 euros

© Delcourt / Guy Adams & Jimmy Broxton

10 Juin

Hors-Saison: une autobiographie de James Sturm sur fond de campagne présidentielle américaine

Alors que l’élection présidentielle américaine se rapproche à grand pas, James Sturm nous fait revivre la précédente campagne électorale à travers une autobiographie absolument passionnante…

Trump ou Biden ? On connaîtra le nom du prochain président des États-Unis en novembre ce cette année après une campagne qui promet d’être violente, aussi violente que la précédente. Souvenez-vous de Trump en 2016 promettant d’envoyer Hillary Clinton en prison pour une sombre histoire de messagerie privée qu’elle aurait utilisée pendant qu’elle était secrétaire d’état.

C’est justement sur cet épisode houleux que s’ouvre le récit de James Sturm. Impossible d’aller sur internet, d’allumer la radio ou la télévision sans en entendre parler. Mark, le personnage central de ce récit, ne le supporte plus comme il ne supporte plus cette campagne présidentielle. Au point de déprimer !

Mais il a bien d’autres raisons de déprimer. Mark vient de se séparer. Il y a encore quelques semaines, sa compagne Lise et lui-même soutenaient la candidature de Bernie Sanders. Mais depuis, Lise l’a quitté. Le voilà seul, face à ses deux enfants à gérer, face aussi à des problèmes d’argent, des problèmes de boulot et pour finir la dégradation brutale de la santé de sa mère. Cancer. De quoi péter un câble ! Et il le pète ce câble en saccageant un chantier sur lequel il travaillait et ne parvenait à se faire payer. Qui a dit que les emmerdes, ça vole toujours en escadrille ? Et pendant ce temps-là, la campagne présidentielle se poursuit…

Superbe récit anthropomorphique au format à l’italienne, deux cases par page, un peu plus de 200 pages et au bout du compte un récit vraiment touchant sur ces Américains moyens qui se démerdent comme ils peuvent face à une vie qui n’a rien de ce qu’on peut attendre du rêve américain.

Eric Guillaud

Hors-saison, de James Sturm. Delcourt. 24,95€

© Delcourt / Sturm

04 Juin

Vélo ou voiture il faut choisir. Tronchet sort son Petit traité de vélosophie

Un traité de vélosophie. Vous y pensiez ? Tronchet l’a fait. Grand amateur depuis toujours de la petite reine, l’auteur de Raymond Calbuth, des Damnés de la Terre associés ou encore de La Bite à urbain nous explique pourquoi et comment le vélo est l’avenir de l’homme… et de la femme.

L’avenir… et le présent ! Car c’est aujourd’hui qu’il faut changer nos habitudes. La période de confinement que nous venons de traverser y aura peut-être contribué. Beaucoup d’urbains se sont mis au vélo avec le déconfinement venu au point de faire exploser les chiffres de trafic vélo dans les grandes villes. En France, son usage aurait augmenté de 87% par rapport à la période d’avant confinement. C’est énorme ! Alors, autant dire que ce petit traité de vélosophie tombe à pic !

« Le vélo, c’est dans la tête! » écrit en préface l’écrivain et journaliste Eric Fottorino. C’est aussi dans les molets, vous expliquera Tronchet. Car oui, il faut pédaler, parfois sous la pluie, parfois sous les injures des automobilistes bloqués dans les bouchons mais toujours sous les applaudissements de la nature.

En une cinquantaine de planches, autant d’histoires, souvent drôles, toujours bien vues, Tronchet nous parle de son quotidien en mode cycliste, histoire de nous inviter à réinventer la ville…

Eric Guillaud

Petit traité de vélosophie, de Tronchet. Delcourt. 12,50€

© Delcourt / Tronchet

03 Juin

Sélection officielle Angoulême 2021. Le Dernier Atlas : une saga uchronique titanesque

Titanesque. C’est précisément le mot qui vient à l’esprit au regard de ce deuxième volet du Dernier Atlas. Titanesque par le robot trônant fièrement en couverture, titanesque par un scénario exigeant, ouvert sur notre monde et son passé…

Souvenez-vous, nous les avions rencontrés à l’occasion de la sortie du premier volet en mars 2019, les quatre Nantais Gwen de Bonneval, Hervé Tanquerelle, Fabien Vehlmann et Fred Blanchard, accompagnés de leur coloriste Laurence Croix, viennent tout juste de boucler le deuxième épisode de la saga uchronique intitulée Le Dernier Atlas

Quand on dit tout juste, ce n’est pas tout à fait vrai. L’album a connu un retard à l’allumage dû au coronavirus et au confinement. Deux mois de report mais au final un atterissage en douceur sur les étagères de toutes les bonnes librairies de France et d’ailleurs.

Et vous ne pourrez pas le louper. Avec sa couverture jaune du plus bel effet et ce robot géant en premier plan, le dernier Atlas au monde avec tous ses boulons, l’album se remarque de loin. 

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29 Mai

House Of X : les X-MEN se réinventent encore une fois…

Si vous êtes fans de la maison MARVEL, vous savez que ces fins businessmen aiment régulièrement rebooter leurs séries, quitte à réécrire les personnages, leurs liens ou encore leurs origines et à bousculer les fans. Habituée à ce traitement de cheval, sa série phare les X-MEN s’offre ici un nouveau ravalement de façade assez radical et surtout très adulte.

En même temps, il était temps. De l’avis de nombreux fans, cela fait maintenant des années que la série végétait, enchaînant les scénaristes et les dessinateurs sans qu’aucun ne réussisse à retrouver une certaine flamme. Oui, il fallait foutre un gros coup dans la fourmilière et c’est ce qui se passe avec House Of X.

Alors le point de départ de cette nouvelle version est hautement politique, vu que les mutants se sont réunis sur la même île dans une espèce d’arche de Noé, d’où ils décident de proposer au reste de l’humanité des remèdes contre le cancer ou pour allonger leur espérance de vie… Mais à condition qu’ils soient reconnus comme un pays à part entière. Sauf que personne n’est vraiment qu’il prétend être. Et alors que les Quatre Fantastiques entrent aussi dans la danse, un projet secret baptisé Orchis et caché dans une station spatiale placée en orbite autour du soleil se réveille. Le tout afin de « sauver l’humanité de l’extinction » mais surtout de l’invasion mutante…

© Marvel / Panini Comics – Jonathan Hickman, Pepe Larraz et RB Silva

Bien sûr, cela plus d’un demi-siècle que Jack Kirby et Stan Lee ont lancé la série et qu’elle s’est depuis longtemps détachée de l’esprit un peu béni-oui-oui de ses débuts. Mais la volonté affichée ici est de proposer une série adulte, en prise avec son époque et notamment le pessimisme ambient. Réaliste, noir et quasiment mystique, House Of X joue pas mal avec nos nerfs. Déjà parce qu’elle fait valdinguer les repères des fidèles lecteurs en redistribuant les rôles. Ressuscité, rajeuni mais avec un visage presque tout le temps caché par un casque cybernétique, le professeur X par exemple est désormais aussi froid que calculateur, bien que toujours idéaliste. Tout comme son ancien protégé, et membre historique, Cyclope devenu cynique et radical et l’un de ses plus farouches adversaires.

© Marvel / Panini Comics – Jonathan Hickman, Pepe Larraz et RB Silva

Mais il y a aussi cette temporalité éclatée, l’histoire étant racontée en suivant pas moins de quatre époques différentes, dont une mille ans dans le futur avec un ton SF apocalyptique assez dur. Ou encore ces dialogues très denses ou cette dramaturgie assez emphatique, comme si le scénariste Jonathan Hickman s’était senti obligé de faire dans la surenchère pour être à la hauteur de l’évènement.

© Marvel / Panini Comics – Jonathan Hickman, Pepe Larraz et RB Silva

Bref, pour ce premier des quatre numéros prévus, il va falloir s’accrocher. Â la limite, on se demande même s’il ne faudrait pas mieux attendre que tout cela sorte en intégral pour que l’on puisse, enfin, avoir une vue d’ensemble et donc peut-être comprendre un peu mieux l’intrigue assez complexe. Mais il faut quand même avouer que c’est un vrai pari artistique, porté par un trait très actuel et les couleurs qui pètent de partout, est osé et a de la gueule. Reste à savoir s’il permettra aux X-MEN de retrouver leur place de leaders… Ou pas.

Olivier Badin

House Of X/Powers Of X #1 de Jonathan Hickman,Pepe Larraz et RB Silva, Marvel/Panini Comics, 8,90 euros  

L’instant d’après : une intrigue illusionniste signée Zidrou et Maltaite

Sorti le 13 mars dans toutes les bonnes librairies de France et d’ailleurs, cet album de Maltaite et Zidrou aurait pu connaître le même sort que ses personnages, disparaître l’instant d’après. Mais le confinement instauré quelques jours plus tard n’a finalement pas réduit à néant le travail de ses auteurs. Et il est encore largement temps de le découvrir…

Des personnages qui disparaissent. Comme ça. Sans explication. D’un coup ! Ils sont là et l’instant d’après ils ne sont plus là. Alors bien sûr, ça effraie, ça interroge et ça commence à faire désordre dans la France des années 60. Surtout que ces disparitions peuvent toucher n’importe qui, intervenir n’importe où, à n’importe quel moment, dans un ascenseur, une salle de classe, une cabine d’essayage, un avion…

Et même une voiture ! Aline, harpiste reconnue, était assise à côté de son mari. En pleine discussion. Tendue la discussion. La Facel Vega fonçait sur l’autoroute, quand la jeune femme s’est évaporée. De quoi troubler son mari qui en perd le contrôle du véhicule et finit les 4 pneus en l’air. Lui se retrouve à l’hôpital, elle nulle part. De quoi éveiller la suspicion des policiers, d’autant que la jeune femme venait de souscrire une assurance vie. De quoi aussi faire revenir la soeurette des États-Unis. Blandine,  petite blonde streap-teaseuse que tout le monde croit hôtesse de l’air dans sa famille, se retrouve au coeur de l’affaire, à essayer de trouver des pistes, démêler le vrai du faux…

Après deux mois de confinement, voilà une histoire qui devrait aérer nos esprits, emmenée par le prolifique scénariste Zidrou et le dessinateur Eric Maltaite, nom associé aux séries 421 et plus récemment Choc. Pour ceux qui aiment les énigmes non résolues ou presque…

Eric Guillaud

L’Instant d’après, de Zidrou et Maltaite. Dupuis. 14,50€

 

25 Mai

Un Travail comme un autre : sublime adaptation en BD du roman de Virginia Reeves par Alex W. Inker

Attention talent ! Alex W. Inker à qui l’on doit déjà trois albums aussi remarquées que remarquables aux éditions Sarbacane revient avec l’adaptation du premier roman de Virginia Reeves, Un Travail comme un autre, une histoire dans l’Amérique des années 20, à la fois belle et tragique…

Terminé le confinement ! Sans reprendre le cours d’une vie tout à fait normale, nous allons enfin pouvoir vaquer à quelques-unes de nos occupations habituelles, notamment retrouver nos librairies préférées et découvrir les nouveautés que nos amis auteurs et éditeurs nous ont concoctées pour ce printemps étrange.

Parmi celles-ci, Un Travail comme un autre, première véritable lecture post-confinement et premier coup de coeur. Il faut dire que l’album a tout pour séduire : une fabrication hyper-soignée, ce qui est souvent le cas chez Sarbacane, près de 180 pages en quadrichromie, un papier de très belle qualité, une couverture magnifique, une dessin savoureusement rétro et légèrement burlesque qui rappellera à certains la bande dessinée américaine du milieu du XXe siècle, et une histoire de caractère signée de l’Américaine Virginia Reeves et magnifiquement adaptée par le Français Alex W. Inker dont c’est ici le quatrième album de bande dessinée après Apache, Prix polar SNCF 2016, Panama Al Brown et Servir le Peuple, tous publiés aux éditions Sarbacane.

L’histoire justement. Un Travail comme un autre nous embarque dans l’Amérique des années 20. Ce n’est pas encore la Grande Dépression, laquelle débutera avec le krach boursier de 1929, mais déjà, à cette époque, de nombreux fermiers endettés pour assurer la modernisation de leurs exploitations ne parviennent plus à honorer leurs emprunts et sont jetés sur les routes du pays, errant à la recherche d’un nouveau boulot.

Roscoe T Martin aurait pu être un de ces paysans ruinés s’il n’avait pas eu l’idée, l’audace ou le courage, appelez ça comme vous voulez, de détourner une ligne électrique de l’Alabama Power. Non seulement, lui, l’ancien électricien devenu fermier contre son grès lorsque sa femme hérita de l’exploitation familiale, évite la faillite mais trouve le moyen de développer son activité agricole, au point de devenir un homme des plus respectable et respecté des environs.

Jusqu’au jour où un employé de la compagnie d’électricité en question s’électrocute sur l’installation illicite de Roscoe. Pour lui, c’est le début de la fin. Á défaut de connaître l’errance sur les routes comme nombre de ses pairs, Roscoe T Martin va connaître les affres de l’emprisonnement dans un pénitentier d’état. Vingt ans de prison, abandonné par sa femme, violenté par les geôliers, vingt ans… et toute un vie qui fout le camp.

Beau et tragique, sensible et violent, Un Travail comme un autre trouve illustration à sa juste mesure sous le pinceau d’Alex W. Inker. Plus de 180 pages à dévorer, une immersion totale dans l’Amérique des années 20 avec son cortège de douleurs et d’injustices, de brutalités et de lâchetés. Indispensable pour les amoureux de Steibeck, fortement conseillé pour les autres. Du super boulot !

Eric Guillaud

Un Travail comme un autre, d’Alex W. Inker. Sarbacane. 28€ (en librairie le 27 mai)

© Sarbacane / Inker

19 Mai

L’histoire d’une jeune juive déportée racontée en BD par la Nantaise Stéphanie Trouillard

Elle s’appelait Louise Pikovsky, avait 16 ans, pensait que l’avenir lui appartenait. Mais en janvier 1944, elle est déportée et gazée à Auschwitz. En 2010, une correspondance entretenue avec une de ses professeurs est retrouvée au fond d’un placard. Elle est à l’origine de cette bande dessinée…

© Sarah Leduc – France 24

« Si je reviens un jour…  » : ces mots sont les derniers écrits par Louise Pikovsky, une jeune Parisienne juive de 16 ans, qui sera, avec sa famille, arrêtée, déportée et gazée à Auschwitz au début de l’année 1944.

C’est aujourd’hui le titre d’une bande dessinée qui raconte son histoire. Ces mots, terribles, nous accompagnent tout au long de la lecture. Et si elle était revenue, si elle avait pu reprendre le cours de sa vie, continuer de correspondre avec cette professeur, Mme Malingrey, qui l’avait prise sous son épaule, et si elle avait pu retrouver son école où elle était reconnue comme une très bonne élève. Et si, et si, et si…

Malheureusement, Louise Pikovsky n’est jamais revenue. Ses lettres, soigneusement rangées dans un placard du lycée Jean de la Fontaine à Paris, ressurgissent en 2010 à la faveur d’un déménagement au sein de l’établissement. C’est là que Stéphanie Trouillard intervient.

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15 Mai

Olive, Les Soeurs Grémillet, Walter Appleduck, Frnck, Kidz, Ratafia delirium…10 BD jeunesse pour rattraper le temps perdu

Bon allez, ce n’est pas parce que c’est l’heure du déconfinement qu’il faut oublier les gestes barrières. On se lave donc bien les mains avant de lire cette chronique, une petite séance de rattrapage pour tou(te)s les ex-jeunes-confiné(e)s de France et d’ailleurs qui auraient besoin d’un peu de lecture…

On commence avec une nouvelle série publiée aux éditions Dupuis. Olive est son nom, c’est aussi le nom de son héroïne, une jeune fille de 17 ans profondément introvertie. À longueur de journée, Olive trouve refuge dans un monde parallèle qu’elle s’est construit, un monde plein de douceurs et de couleurs, jusqu’au jour où un spationaute blessé et malade y débarque sans prévenir. Un spationaute tout ce qu’il y a de plus réel dans son monde imaginaire ? Comment est-ce possible ? D’abord sidérée, Olive va devoir sortir de sa zone de confort pour le sauver. Une graphisme plein de charme, une histoire sensible, très bel album. (Olive tome 1, de Cazot et Mazel. Dupuis. 12,50€)

Il y a du Fantômas dans l’air, mais derrière ce visage masqué se cache un as du secret, plutôt qu’un maître du crime. Oui, le baron Mystère est comme son nom l’indique un très mystérieux personnage qui aime conserver ses secrets et les secrets des autres, consignés dans des registres. Récemment entré à son service, le majordome Boule de gomme découvre l’étrangeté du bonhomme et se retrouve à ses cotés lorsqu’il s’agit de mener une enquête après le vol d’une page d’un de ces fameux registres. Un récit mystérieusement drôle ou l’inverse, dans un décor gothique à souhait, accompagné de compléments en réalité augmentée !  (Une Aventure de Mystère et Boule de Gomme, de Le Gouëfflec et Malma. Delcourt. 16,50€)

Toujours aussi girly, Les Enigmes de Léa nous offrent depuis trois tomes maintenant des histoires très colorées et très mode, avec une jeune héroïne pétillante mais surtout perspicace. Il n’y en pas deux comme elle pour résoudre des énigmes. Et ça tombe plutôt bien, cet album en est truffé, une par page. Pas de souci pour Léa. Et pour vous ? Parviendrez-vous à les résoudre ? Pour les moins doués, les solutions sont notées en bas de page. (Les énigmes de Léa Tome 3, de Peignen et Nouveau. Bamboo Editions. 10,95€)

« Un monde sans art, c’est comme un tire-bouchon sans semoule ». Ne cherchez pas, vous ne pourrez pas trouver réplique plus débile. Elle est l’oeuvre de Billy que certains présentent comme « l’archétype du type rustre, macho, grossier et alcoolique aux idées dangereusement fascisantes ». Rien de moins ! Et ce grand crétin des alpages, adjoint au shérif dans un bled paumé du coté de l’Ouest sauvage, débarque un beau jour dans la grand ville du coin, invité par Walter Appleduck pour découvrir ce qui fait un monde civilisé. Alors bien sûr, ça dérape, ça déraille, ça flingue à tout va mais c’est bigrement drôle. Normal, ce western est signé côté scénario par Fabcaro, l’auteur de Zaï Zaï Zaï Zaï, et côté dessin par Fabrice Erre. (Walter Appleduck, tome 2., de Fabcaro et Erré. Dupuis. 12,50€)

On reste dans le western parodique avec le deuxième volet de Six-coups paru chez Dupuis début mars. Avec toujours le jeune Eliot en anti-héros parfait. Souvenez-vous, dans le premier volet, son père, shérif de son état, lui avait offert un flingue pour ses dix ans, oui un fabuleux Smoothie-Wesson. Sauf que notre gamin, les flingues, ç’est pas vraiment son truc, ça le dépasse un peu, ça lui fout même la trouille… Alors, se retrouver adjoint au shérif, vous imaginez. C’est pourtant ce qui lui arrive dans ce deuxième épisode, nommé d’office par son père. La blague ! (Six-coups, tome 2, de Thibault-Jouvray et Jouvray. Dupuis. 10,95€)

Changement de style avec le deuxième volet de Kidz du tandem Ducoudrey – Joret. Pas de shérif ici mais des gamins livrés à eux-mêmes dans un monde post-apocalyptique après qu’une épidémie, oui oui, ait transformé le population en zombies, des zombies qui finissent par mourir de faim après avoir dévoré la quasi totalité de l’humanité. Mais il en reste encore quelques exemplaires ici et là comme il reste quelques humains, notamment cette bande de gossesdont on suit ici les aventures, une bande de gosses qui chassent les derniers zombies entre deux jeux vidéo. (Kidz, tome 2, de Ducoudray et Joret. Glénat. 14,95€)

Et de six ! Six albums en un peu plus de trois ans. Celui-ci est sorti en janvier dernier. On y retrouve bien évidemment notre ado de 13 ans, Frnck, Franck si vous préférez, téléporté et bloqué à des milliers d’années de chez lui, du côté de la préhistoire. Bloqué ? Peut-être plus pour longtemps car notre geek a réussi à renvoyer son smartphone avec un message, et non le contraire, dans les années 70, 1970. Un objet venu du futur et du passé en même temps. De quoi faire perdre la boule à ceux qui le découvrent au détour d’une séance de spéléologie. En attendant d’être sauvé, Frnck a tout le loisir d’apprendre les voyelles aux hommes préhistoriques et de se familiariser avec les dinosaures. Drôle ! (Frnck tome 6, de Cossu et Bocquet, Dupuis, 10,95€)

Vous avez aimé la série Ratafia ? Alors, vous aimerez Ratafia Delirium, lancée par le même tandem, Pothier au scénario et Salsedo au dessin. Le même tandem pour un humour encore plus dévastateur qui nous embarque aux confins de l’univers. Finis les océans, nos héros devienent des pirates de l’espace. Et ça va faire mal ! (Ratafia Delirium tome 1, de Pothier et Salsedo. Vents d’Ouest. 11,50€)

Le premier épisode nous a permis de faire la connaissance de Lya Berton, jeune héroïne embauchée pour un stage dans un cabinet d’avocats. On comprenait au fil des pages que Lya, handicapée à la suite d’un accident de la circulation, n’était pas une stagiaire ordinaire et n’avait pas choisi son lieu de stage par hasard. Le cabinet a en effet défendu le chauffard qui l’a écrasée. Lya n’avait alors qu’un objectif : dénicher le dossier 2015/78 DV, le sien, enfin surtout celui de l’homme qui l’a laissée pour morte au bord de la route. Ses propres parents lui ont caché son nom. Elle était bien décidée à le faire payer. On la retrouve aujourd’hui avec le fameux dossier entre les mains. Que contient-il ? Réponse dans ce deuxième volet… (Dans les yeux de Lya, tome 2, de Carbone et Cunha. Dupuis. 12,50€)

Il devait sortir le 27 mars, il sortira finalement le 12 juin, Les Soeurs Grémillet est une nouvelle série des éditions Dupuis réunissant Di Gregorio au scénario, Barbucci au dessin, deux Italiens pour un récit en tout point merveilleux, une chronique familiale autour de quatre personnages féminins, trois soeurs aux caractères très différents mais unies paru un petit même grain de folie et une mère qui cache un lourd – trop lourd – secret… (Les Soeurs Grémillet, de Di Gregorio et Barbucci. Dupuis. 13,95€)

Eric Guillaud

09 Mai

The Spider King ou quand les vikings se castagnent avec les extra-terrestres

Des vikings, des couleurs ultra-flashy, une ambiance digne d’un jeu vidéo par moments et, bien sûr, des extra-terrestres armés jusqu’aux dents qui veulent écrabouiller tout le monde. Où est le problème ?

Sorti sous l’étiquette ‘Grindhouse stories’ dont le goût pour la culture bis et les films dits ‘de genre’ est désormais bien reconnu et avec en couverture cette accroche qui résume plutôt bien ce qui nous attend (‘quand les aliens déclenchent le Ragnarök !’), The Spider King réussit plutôt bien le grand écart tout en éclaboussant les murs. Mais sans non plus jamais tomber dans le grand n’importe quoi.

Le tout débute pourtant comme une simple histoire de vengeance entre guillemets entre deux clans vikings se disputant le pouvoir et même sans soucoupe volante ni gros laser à neutrons, le style graphique très coloré s’affirme déjà. Sauf qu’à la page 21 débarque E.T. et il n’est pas content. Du tout.

La lutte fratricide se transforme alors en lutte intergalactique. Et plus on découvre la nature de ce que le roi Hroldf doit affronter et plus le récit prend de l’ampleur à tous les niveaux. Surtout lorsque le héros et sa bande tombe sur un arsenal venu de l’autre bout de la galaxie…

© Glénat / Josh Vann, Simone D’Armini et Adrian Bloch

Avec ses couleurs qui claquent, ses rondeurs de partout, ses têtes réduites en bouillie, ses bras tranchés à tout va et ses monstres démesurés, ce n’est pas par hasard que The Serpent King donne l’impression d’être l’adaptation BD ultra-speedée d’un jeu vidéo sanglant, vu que le dessinateur Simone d’Armini a fait ses armes dans ce milieu.

Tout est excessif chez lui, du nombre de trépassés à la taille des flingues atomiques avec lesquels le héros dézingue à tout va, jusqu’a la mise en page qui, parfois, permet à une seule case de s’étaler sur toute une page. D’accord, la psychologie des personnages passe un peu à la trappe mais ce n’est clairement pas le propos ici.

Non, ça pétarade, ça va vite et ça éclabousse tout en se permettant quelques traits d’humour noir. Bref, cela assume aussi bien ses références (essentiellement cinématographiques) que son genre (le pulp mâtiné de science-fiction) et surtout, cela décrasse bien la pupille en cette période de confinement !

Olivier Badin

The Spider King de Josh Vann, Simone D’Armini et Adrian Bloch. Glénat. 19,95€ (disponible en numérique)

© Glénat / Josh Vann, Simone D’Armini et Adrian Bloch

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