26 Mai

Mezzo et Jean-Michel Dupont lauréats du 26e prix des libraires de bande dessinée pour l’album Love in vain

loveinvain

Sublime ! C’est par cet adjectif que nous achevions notre chronique de Love in vain au moment de sa sortie en librairie en septembre 2014. Et nous maintenons. Sublime tant dans la forme que dans le fond. Love in vain, pour ceux qui ne l’auraient pas encore lu raconte la vie du légendaire bluesman Robert Johnson mais pas seulement, le dessinateur Mezzo et le journaliste Jean-Michel Dupont nous offrent tout au long de cet album au format à l’italienne la photographie d’un pays ségrégationniste où la vie d’un noir ne vaut pas grand chose… 

Le prix des libraires de bande dessinée vise à promouvoir la diversité de la bande dessinée et encourager la liberté de ses créateurs. Pendant une année, les libraires des réseaux Canal BD et Album soutiendront les auteurs et le livre primé, et mettront à leur service l’ensemble de leurs supports de communication.

L’album Love in vain rejoint Les Vieux fourneaux de Cauuet et Lupano (2014), Le singe de Hartlepool de Moreau et Lupano (2013), Portugal de Pedrosa (2012), Polina de Vivès (2011), Blast de Larcenet (2010)…

Eric Guillaud

La chronique de l’album ici

24 Mai

Roi ours, un premier album griffé par la Franco-mexicaine Mobidic

couvblogMobidic. Avec un nom pareil, on peut s’attendre à un grand récit maritime, plus encore lorsqu’on sait que l’auteur a effectivement choisi ce pseudo en hommage au roman d’Herman Melville.

Pourtant, pas un océan à l’horizon, pas un cachalot même tout petit, non, mais un ours, blanc, tout de même, le fameux Roi Ours du titre de l’album, qui va sauver de la mort une jeune fille offerte en sacrifice à la déesse Caïman. Vous suivez ? Et la mettre dans une situation délicate ! En effet, impossible après ça de retourner dans son village qui verrait en elle la responsable de tous les maux à venir. La déesse Caïman risque d’être très en colère. Bref, Xilil, c’est son nom, est condamnée à errer dans la forêt. À moins que… À moins que le Roi Ours lui propose de devenir son épouse !

Il a de la gueule cet album, surtout pour un premier album, et plus encore pour un album réalisé à une main, celle de Mobidic, une jeune Franco-mexicaine qui devrait jouer dans la cour des grands auteurs complets. Le graphisme est racé et dynamique, les couleurs, profondes à souhait, le casting, très réussi, la mise en scène limpide et l’histoire, bougrement intelligente. Sous une couche épaisse de jungle et de rites sacrificiels qui nous ramènent forcément aux civilisations précolombiennes, l’auteure nous parle de différence, de tolérance, d’amour… Bravo !

Eric Guillaud

Roi Ours, de Mobidic. Editions Delcourt. 16,95 €

© Delcourt / Mobidic

© Delcourt / Mobidic

16 Mar

La Grosse tête, un Spirou qui n’a pas le melon signé Makyo, Toldac et Tehem

10800313_10204952416471735_1753725871_o-800x1071Faire un Spirou, rejoindre le cercle très restreint et convoité de ceux qui ont pu contribuer aux célèbres aventures du groom, ne serait-ce que le temps d’un épisode, pourrait faire enfler quelques chevilles. Mais non, Makyo, Toldac et Tehem on juste donné la grosse tête à Spirou qui, dans cette nouvelle aventure, se la joue star de cinéma.

Et on a parfois du mal à le reconnaître notre bon groom national toujours prêt d’habitude à rendre service, à combattre les méchants de tous poils, à sauver le monde d’une fin atroce. La célébrité lui est monté au ciboulot. Un premier rôle dans un film et le voilà qu’il n’en finit plus de fréquenter les plateaux télé, les tribunes de Roland Garros et les soirées people, oubliant par là même le coup d’état à Bretzelburg, l’exode, les camps de réfugiés… Des camps de réfugiés à Bretzelburg, me direz-vous ? Oui, ce petit pays que connaît si bien Spirou est tombé entre les mains de la junte militaire, laquelle a instauré un système terrifiant basé sur la consommation obligatoire et excessive de chtoumpfell, plat familial à base de saucisses, de saindoux, de patates et de fraises. Ne riez pas, c’est atroce ! Et c’est bien connu, précise un personnage de l’histoire :

« au-delà de 9000 calories par jour, les gens ne réfléchissent plus, ils digèrent« . C’est justement ce qu’espère la junte militaire.

Bon, la question est : Spirou redeviendra-t-il Spirou ? Normal quoi ? Pour le savoir, une seule solution, lire cet album qui, bien sûr, fait d’innombrables clins d’oeil à la série mère, même si le scénario du tandem Makyo-Toldac et le dessin très moderne de Tehem, membre de la bande à Tchô, apportent un regard neuf et intéressant sur une des plus grandes séries de la bande dessinée franco-belge.

« J’avoue que je n’étais pas fan de Spirou… », déclare Tehem dans une interview réalisée par l’éditeur, « J’étais plutôt un « gastoniste », un fan des gags de Gaston Lagaffe. Mais j’aime bien les challenges, et celui-ci était vraiment très intéressant. J’ai dit oui, un peu sans réfléchir…« 

Inutile de réfléchir trop longtemps pour vous jeter sur La Grosse tête, l’humour et l’aventure sont bien au rendez-vous de ce one-shot attendu en librairie le 20 mars.

Eric Guillaud

La Grosse tête, Le Spirou de Tehem, Makyo et Toldac. Editions Dupuis. 14,50 €

© Dupuis / Makyo, Toldac et Tehem

© Dupuis / Makyo, Toldac et Tehem

05 Mar

Rencontre avec l’auteur angevin Olivier Martin à l’occasion de la sortie de l’album Cases Blanches chez Grand Angle

Après Lloyd SInger, No stress ! ou encore Face Cachée, Olivier Martin sort Cases blanches, un récit qui met en scène un auteur de BD en panne d’inspiration depuis de longues années, incapable au grand dam de son éditeur d’achever un nouvel album. Eric Aubron et Pascal Cosset ont rencontré Olivier. Contrairement à son héros, l’auteur angevin ne manque pas d’inspiration…

03 Mar

Papier froissé : une histoire de destins croisés dans l’Espagne contemporaine signée Nadar

papier-froissc3a9-nadar-futuropolis-couverture1Pas loin de 400 pages ! Pour un premier livre, Nadar ne fait pas dans la demi-mesure. C’est énorme et en même temps Papier froissé, c’est son titre, se lit quasi d’un trait tant l’envie est pressante de savoir où l’auteur veut nous emmener.

L’histoire ou plus exactement les deux histoires que nous suivons dans les pages de ce livre prennent vie dans l’Espagne contemporaine, une Espagne en crise où l’argent et le travail ne courent pas franchement les rues, où la démerde est érigé en système économique, où l’illégal est parfois le seul moyen de survie. Deux histoires donc, d’un côté celle d’un jeune adolescent de 16 ans, Javi, qui préfère jouer les petits caïds que d’aller à l’école, monnayant ses services à quelques lycéens et étudiants. Son rêve : acheter un piano à queue. De l’autre, un homme, Jorge, solitaire, triste, dont le seul bien matériel est une Fiat Panda hors d’âge. Il débarque un beau jour dans la ville, trouve un petit boulot dans une menuiserie industrielle et s’installe à la pension Les Chevaux. Aucun rêve pour sa part. L’un et l’autre n’ont à priori rien en commun. Pourtant, dès le début du récit, on peut imaginer qu’ils partagent un passé et des souvenirs douloureux. Et ce passé, justement, pourrait bien ressurgir lorsque la Fiat Panda de Jorge se retrouve taguée. Devant, derrière, sur les côtés, le mot « lâche » s’affiche au regard de tous…

La crise, la solitude, l’exclusion sociale, l’homophobie… L’air de rien, Nadar nous parle de la société d’aujourd’hui avec un récit universel où se croisent des hommes et des femmes qui n’ont pas vraiment pris ou pu prendre leur destin en main. Les uns et les autres cherchent juste à vivre, parfois à survivre, emportés par le quotidien. C’est à la maison des auteurs à Angoulême que l’auteur s’est installé afin de réaliser Papel estrujado, Papier froissé. Un premier livre très réussi qui ne peut que marquer les esprits ! 

Eric Guillaud

Papier froissé, de Nadar. Editions Futuropolis. 29 €

© Futuropolis / Nadar

© Futuropolis / Nadar

01 Mar

De Tintin à La Vache qui rit, mais qui est donc Benjamin Rabier ? Une exposition rend hommage à l’illustrateur à Moulins

DR

DR

Il se cache derrière La Vache qui rit et le sel La Baleine, il a créé Gédéon le canard au long cou et inspiré Hergé. A Moulins, une exposition rend hommage à l’illustrateur Benjamin Rabier dont le coup de crayon est passé à la postérité.

La rétrospective « Il n’y a pas QUE la vache qui rit » se tient jusqu’au 31 août 2015 au Musée de l’Illustration Jeunesse (MIJ) à Moulins. Elle réunit une foisonnante collection de dessins originaux, objets, jouets, meubles et autres affiches publicitaires de ce pionnier de la bande dessinée et du dessin animé.

La suite ici

Claude Bouchet avec AFP

30 Jan

Les mains invisibles, un voyage au bout de l’enfer signé du Finlandais Ville Tietäväinen

9782203089198Fuir. Fuir la misère et l’humiliation, partir pour revenir au pays en héros, riche et couvert de gloire. Une quête du paradis ou, déjà, d’un meilleur vivre qui va jeter le jeune marocain Rachid sur la route de l’enfer.

Une route qui commence sur l’eau. Entassé dans une barquette qui n’arrivera pas à bon port. Rachid échappe de peu à la noyade, s’écroule de fatigue dans un bosquet pas loin de la plage, se fait ramasser par la Guardia Civil et emmené là où on a besoin de main d’oeuvre à pas cher. « Ici, vous n’avez pas de nom, ni de visage… que vos mains« , le prévient-on. Pas de nom, pas de maison non plus, une baraque sans eau, sans électricité, fait office de logement. Bienvenue en Espagne, plus précisément du côté d’Almería. Des serres à perte de vue, des clandestins par milliers qu’on laisse tranquille pourvu qu’ils soient rentables et discrets. De gentilles petites mains invisibles…

Publié initialement en Finlande où il a reçu le Prix Finlandia puis en Allemagne, où il a été nommé pour le prix Max und Moritz, ce récit de Ville Tietäväinen raconte la descente aux enfers d’un jeune homme prénommé Rachid mais qui aurait tout aussi bien pu s’appeler Mohamed, Youssef ou Fadil. Un jeune homme comme les autres qui rêve d’une vie meilleure et accepte pour ça l’inacceptable. Les Mains invisibles est un récit dense, âpre, hyper-réaliste qui a nécessité à l’auteur plus d’un an d’enquête en Espagne et au Maroc. Et au final, un témoignage bouleversant !

Eric Guillaud

Les Mains invisibles, de Ville Tietäväinen. Editions Casterman. 27 €

11 Jan

Charlie Hebdo : les éditeurs s’unissent pour publier un album collectif en hommage aux victimes

Et maintenant, qu’est ce qu’on fait ? La question est sur toutes les lèvres depuis ce funeste 7 janvier, jour de l’attentat dans les locaux de Charlie Hebdo. Oui, qu’est qu’on fait ? La France est dans la rue, les hommages sont mondiaux, le festival de la BD d’Angoulême annonce la création du « Prix Charlie de la liberté d’expression » et une vingtaine de maisons d’édition unissent leurs forces pour publier en février un album-hommage dont les bénéfices seront intégralement reversés aux familles des victimes des attentats. Une union sacrée, une première !

Bien sûr, certains diront que c’est peu face à l’ampleur du drame, mais c’est déjà beaucoup. Toutes les initiatives sont bonnes. Cet album qui devrait compter entre 200 et 300 pages sortira en février. « Son contenu sera une sélection de planches, strips et autres gags piochés au sein de la production pléthorique de dessins réalisés spontanément par des dessinateurs et illustrateurs professionnels depuis le 7 janvier », précise un papier du monde.fr posté le 10 janvier.

Casterman, Dargaud, Delcourt, Drugstore, Dupuis, L’Ecole des loisirs, Fluide glacial, Futuropolis, Glénat, Jungle, Kana, Le Lombard, Panini, Soleil, Steinkis, Urban Graphic, Vents d’Ouest ont d’ores et déjà annoncé leur participation. Des éditeurs indépendants devraient les rejoindre dans les jours à venir.

Eric Guillaud

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