Mobidic. Avec un nom pareil, on peut s’attendre à un grand récit maritime, plus encore lorsqu’on sait que l’auteur a effectivement choisi ce pseudo en hommage au roman d’Herman Melville.
Pourtant, pas un océan à l’horizon, pas un cachalot même tout petit, non, mais un ours, blanc, tout de même, le fameux Roi Ours du titre de l’album, qui va sauver de la mort une jeune fille offerte en sacrifice à la déesse Caïman. Vous suivez ? Et la mettre dans une situation délicate ! En effet, impossible après ça de retourner dans son village qui verrait en elle la responsable de tous les maux à venir. La déesse Caïman risque d’être très en colère. Bref, Xilil, c’est son nom, est condamnée à errer dans la forêt. À moins que… À moins que le Roi Ours lui propose de devenir son épouse !
Il a de la gueule cet album, surtout pour un premier album, et plus encore pour un album réalisé à une main, celle de Mobidic, une jeune Franco-mexicaine qui devrait jouer dans la cour des grands auteurs complets. Le graphisme est racé et dynamique, les couleurs, profondes à souhait, le casting, très réussi, la mise en scène limpide et l’histoire, bougrement intelligente. Sous une couche épaisse de jungle et de rites sacrificiels qui nous ramènent forcément aux civilisations précolombiennes, l’auteure nous parle de différence, de tolérance, d’amour… Bravo !
Eric Guillaud
Roi Ours, de Mobidic. Editions Delcourt. 16,95 €