Un pigeon à Paris ? Il y en a des milliers, des dizaines de milliers même, des gros, des maigres, des beaux, des moches, mais un pigeon comme celui-ci vous n’en verrez pas beaucoup, il est tout blanc, tout rond et parle japonais. C’est le personnage imaginé par Lina Foujita pour raconter son séjour en France dans ce manga tout juste sorti chez Glénat. Partie sur un coup de tête ou presque de son Japon natal, Lina Foujita débarque à Paris avec une énorme valise sur le dos et son tout jeune métier de mangaka dans les doigts. Lorsqu’elle découvre les nombreuses subtilités de la société française et les petites complications quotidiennes de la vie parisienne, elle entreprend de raconter ça en dessin à ses compatriotes dans un manga hyper coloré, drôle et, j’imagine, très instructif pour ceux qui sont restés du côté du soleil levant. Pour nous aussi d’ailleurs ! Un peu ovniesque mais franchement original, un manga documentaire en quelques sortes qui met en scène le choc des cultures ! (Un pigeon à Paris, Lina Foujita, Glénat. 10,75€)
Livraison express en moins de 24 heures ! C’était comme ça du temps de son grand père, ça continuera comme ça après sa mort. Mikura a décidé de prendre la relève et d’effectuer en un temps record les livraisons entre les différentes îles éloignées de la préfecture de Tokyo. Avec le vieux coucou du grand père. Mais en triant les affaires du défunt, Mikura découvre des carnets de notes et une lettre adressée à Ms Amelia, île Electriciteit. Le problème est que cette île lui est parfaitement inconnue. C’est l’Île Errante lui explique un vieux marin. Certains disent qu’elle grouille de grands singes, d’autres que ceux qu’y s’en sont approchés ne sont jamais revenus, une île en tout cas qui ne figure sur aucune carte. Mikura est pourtant bien décidée à la retrouver et livrer son courrier. Entre réalité et fantastique, une aventure captivante dont on soulignera la mise en page et le graphisme raffinés. (L’île errante, de Kenji Tsuruta, Ki-oon, 15€)
Pour les plus grands cette fois, ados et adultes, Les Enfants de l’araignée est un récit d’anticipation qui a fait l’effet d’une bombe au moment de sa publication au Japon, un choc graphique et narratif sans précédent que l’on doit à Mario Tamura. 2187, 50 ans après la guerre nucléaire qui a dévasté l’Extrême-Orient, trois ados, Sorao, Kenji et Mita, de s’enfuir du centre de redressement dans lequel ils sont enfermés, dans l’une des rares villes encore debout, Gothic Town, administrée par une junte militaire. Dans leur fuite, les trois ados tombent sur une ville souterraine peuplée de rebelles… Cet univers post-apocalyptique, noir, violent, sans valeurs, permet à Mario Tamura de nous parler d’écologie, d’escalade nucléaire, de relation humaine, des peurs et des rêves de chacun, le tout avec une petite touche d’érotisme. (Les enfants de l’araignée, de Mario Tamura, Casterman, 27€)
Eric Guillaud