Adapter un roman en bande dessinée n’est déjà pas chose aisée mais adapter un roman dont l’un des personnages principaux est le vent relève d’un pari pour le moins audacieux. Pari relevé et gagné haut la main par l’auteur Éric Henninot…
Vous avez déjà essayer de dessiner le vent ? La sécheresse, la pluie, la neige, la chaleur, le froid… oui mais le vent ! C’est forcément compliqué, on ne le voit pas, on ne peut que le deviner à une coiffure en désordre, à un arbuste penché.
Alors, imaginez un instant mettre en scène et en images un monde rongé par les vents, un monde, peut-être le nôtre demain, inhospitalier au point que des hommes et des femmes s’organisent pour remonter à la seule force de leur volonté et de leur abnégation jusqu’en extrême-amont, là où les vents naissent. En espérant y trouver peut-être le paradis après l’enfer !
Et c’est comme ça depuis des siècles, régulièrement, pour sauver le monde et peut-être apprivoiser le vent, ces hommes et ces femmes organisent des hordes. Mais aucune d’elles n’est parvenue en extrême-amont, toutes ont été détruites par le vent, décimées par les bandes de pillards quand elles n’ont pas tout simplement disparu sans laisser de traces.
C’est l’histoire de ce monde et d’une de ces hordes, la 34e, que raconte ce livre, une horde unie comme un seul homme au départ, confrontée très vite aux éléments déchaînés et peu à peu aux conflits internes.
Bien sûr, la difficulté de cette adaptation ne réside pas seulement dans la figuration du vent, c’est tout un univers pensé en mots qu’il faut mettre en images. En ne respectant bien évidemment pas ce que chaque lecteur a en tête. Dans une préface à l’album, l’auteur du roman Alain Damasio écrit : « De toute façon, on ne juge pas la valeur d’une adaptation à a sa fidélité au support original ; on la juge à la qualité de sa trahison », ajoutant un peu plus loin « La trahison n’est jamais un problème en adaptation ; c’est même un prérequis. Chez les meilleurs, comme Eric, ça devient un art ».
Et de fait, ce premier volet de 74 pages offre un récit au rythme soutenu, captivant de bout en bout, un texte allégé de certaines complexités du roman, un graphisme réaliste d’une très grande finesse et bien sûr un vent omniprésent si bien suggéré qu’il rendrait presque chèvre le lecteur. Le travail effectué par Éric Henninot est en tout point admirable. On attend la suite avec une certaine fébrilité !
Eric Guillaud
Le Cosmos est mon campement, La horde du Contrevent (tome 1), une adaptation de l’oeuvre d’Alain Damasio, par Eric Henninot. Éditions Delcourt. 16,95€
L’info en +
Eric Henninot figure parmi les invités des Utopiales, le festival de science fiction de Nantes qui se déroulera du 1er au 6 novembre.