15 Jan

Station 16, un thriller fantastique signé Hermann père et fils

Capture d’écran 2014-01-12 à 20.51.15Question bombes atomiques et effets secondaires, Hermann en connaît un rayon, lui qui anime depuis des années les aventures post-apocalyptiques de Jeremiah. Pourtant, cette fois, le scénario n’est pas de lui mais de son fils, Yves H., et l’atome n’a pas – encore – transformé la planète en un vaste champ de ruine chaotique où survivent quelques âmes perdues. Non, les bombes de Station 16, dont la fameuse Tsar Bomba, 4000 fois plus puissante que celle d’Hiroshima, ont juste rendu une partie de l’archipel russe de la Nouvelle-Zemble interdite aux civils après plusieurs décennies d’essais. Et pour surveiller ce territoire qu’on peut imaginer largement contaminé, quelques militaires russes qui tuent le temps en provoquant les ours blancs. Jusqu’au jour où un appel au secours leur parvient par radio depuis la Station 16, une station météorologique arctique pourtant abandonnée depuis 50 ans. Une mission de reconnaissance est envoyée sur place…

Pour ce nouveau one-shot réalisé en tandem dans la collection Signé, Hermann et son fils Yves H. ont imaginé un thriller fantastique à nous filer la chaire de poule pour l’éternité ou presque. Un thriller fantastique mais qui prend corps sur le réel et notamment sur cette période d’essais nucléaires soviétiques dans l’archipel de Nouvelle-Zemble. 135 explosions dont 87 dans l’atmosphère. L’horreur est déjà là, Hermann et Yves H. n’avaient plus qu’à tricoter un scénario aux petits oignons. Glaçant !

Eric Guillaud

Station 16, de Hermann et Yves H. aux éditions Le Lombard. 14,45 euros

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11 Jan

Chabouté adapte en BD le classique « Moby Dick » d’Herman Melville aux éditions Vents d’Ouest

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C’est l’une des oeuvres majeures de la littérature américaine, plusieurs fois adaptée avec plus ou moins de fidélité et de succès au cinéma, en album jeunesse ou encore en bande dessinée…

Rien que pour ce dernier média, Pahek et Pecau chez Delcourt, Gillon et Olliver chez Hachette, Will Eisner aux Editions USA, Patrick Mallet chez Treize Etrange se sont attaqués tour à tour au monument. Et c’est aujourd’hui Chabouté qui s’y colle. L’auteur de Quelques jours d’été, Zoé, Pleine Lune, Sorcières, Landru, Construire un feu ou plus récemment du magnifique Un peu de bois et d’acier nous prouve une nouvelle fois qu’il fait partie des plus belles signatures du Neuvième art, un orfèvre du noir et blanc, un génie de la narration, un amoureux des personnages aux caractères trempés, un savoureux raconteur. Chaque planche, chaque case, chaque trait respirent la grande aventure et participent à nous embarquer corps et âme sur le navire de l’inquiétant capitaine Achab pour une chasse à la baleine époustouflante, effrayante.

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L’interview de l’auteur à lire ici

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Un vrai défi pour Chabouté qui a dû « élaguer et trancher », confie-t-il dans une interview accordée à l’éditeur, « aller à l’essentiel tout en m’appliquant à ne pas me cantonner au simple récit d’aventure ou à la basique traque du cachalot blanc. J’ai tenu à conserver dans l’album le principe de découpage en courts chapitres du roman, garder l’omniprésence littéraire de Melville dans l’adaptation par l’intermédiaire de courtes citations qui introduisent l’action à venir de chaque chapitre, retrouver le côté manuscrit dans les têtes de chapitre de la bande dessinée où l’écrit devient graphique ».

Le dossier de presse parle d’une adaptation magistrale. C’est le cas ! Chabouté a su garder l’essentiel de l’esprit du roman tout en y glissant sa griffe comme ces silences qui rythment un récit dense et permettent de nourrir l’imaginaire du lecteur. « C’est l’intérêt et la force d’une simple image : elle peut avoir autant de poids, véhiculer et servir autant d’atmosphère et d’émotion qu’une longue description littéraire ». Un premier volet absolument magnifique et radicalement indispensable ! (en librairie le 15 janvier)

Eric Guillaud

Moby Dick (tome 1), de Chabouté. Editions Vents d’Ouest. 18,50 euros

Chabouté / Vents d'Ouest

Chabouté / Vents d’Ouest

 

10 Jan

Fantômas : Tout l’or de Paris

La colère de Fantômas (t2) Tout l'or de Paris par Olivier Bocquet et Julie Rocheleau - Dargaud

La colère de Fantômas (t2) Tout l’or de Paris par Olivier Bocquet et Julie Rocheleau – Dargaud

Le premier tome était un incontournable de 2013. Fantômas revient, sa colère est toujours autant dévastatrice. Son but : rafler Tout l’or de Paris. Ce nouvel album se poursuit dans la même veine graphique réussie allié à un scénario bien charpenté.

Oubliez le Fantômas des sixties qui a rangé le personnage au rang des nanars ringards. A l’origine, Fantômas, c’est le premier serial français en 32 volumes par Pierre Souvestre et Marcel Allain, le feuilleton le plus marquant du début du 20ème siècle. C’est à ce pur génie du mal que les auteurs Olivier Bocquet et Julie Rocheleau rendent hommage. Jamais plus dangereux que quand il semble hors d’état de nuire, Fantômas poursuit dans ce second tome Tout l’or de Paris son entreprise criminelle. Face à lui, le tandem de Fandor et de l’inspecteur Juve semblent à chaque planche un peu plus dépassés.

Comme dans le premier épisode, toute la cruauté du personnage ressort grâce aux aplats de couleurs dans les tons orange, rouge et vert, rehaussés par une maîtrise du clair obscur. Dans un style très marqué, la dessinatrice n’a pas son pareil pour faire revivre les trognes de la Belle Epoque.

La colère de Fantômas (t2) Tout l'or de Paris par Olivier Bocquet et Julie Rocheleau - Dargaud

La colère de Fantômas (t2) Tout l’or de Paris par Olivier Bocquet et Julie Rocheleau – Dargaud

Nos grands parents ont tremblé en lisant les récits du premier des super vilains. Un siècle après, régalez vous à votre tour en redécouvrant les aventures de ce Fantômas à la cruauté sans limite en attendant le 3ème et dernier épisode de cette série.

Didier Morel

La colère de Fantômas (t2) Tout l’or de Paris par Olivier Bocquet et Julie Rocheleau – Dargaud

Pour aller plus loin : la nuit pour trembler avec Fantômas sur Arte. Au programme : un documentaire et les films de Louis Feuillade

La BO à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

La musique de Yann Tiersen qui accompagne les films muets lors du ciné concert au Théâtre du Chatelet

09 Jan

L’album « La Nuit » de Druillet réédité chez Glénat le 15 janvier

9782344000205-LC’est l’une des oeuvres les plus noires de la bande dessinée francophone. L’une des plus novatrices aussi au moment de sa parution. Nous sommes au milieu des années 70, Philippe Druillet accompagne sa femme vers la mort et signe La Nuit, un cri venu de l’intérieur diront certains, un cri contre la mort, la maladie, le cancer, la médecine, les médecins incompétents…

Aujourd’hui encore, lire La Nuit est une sacré expérience qui peut mettre mal à l’aise, interroger, émouvoir, surprendre, rebuter, mais surtout pas laisser indifférent…

Dans une interview accordée à Jean Depelley et publiée sur le site bdzoom.com en janvier 2012, Philippe Druillet déclarait : « En peinture, chaque fois qu’il arrivait à un artiste un drame pareil, il en faisait une sculpture, une peinture ou quelque chose. Dans la bande dessinée, ça ne s’était jamais fait à l’époque. J’ai donc perpétué la tradition, à la mémoire de cette femme que j’ai adorée et que j’aime encore aujourd’hui, à travers le support d’une bande dessinée. Je me suis dit que je faisais une folie, que j’allais être rejeté par le monde de la B.D. Pas du tout… C’est un des albums qui se vend le mieux ».

Une pièce maîtresse du Neuvième art !

Eric Guillaud

 

08 Jan

Pinkerton, les aventures d’un flic privé dans l’Ouest américain

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Pinkerton, Allan Pinkerton, n’est pas un ange. Les malfaiteurs en tout genre qu’il pourchasse sans répit à travers le pays non plus. Pilleurs de trains, as de la gâchette, voleurs de chevaux… tous connaissent et craignent l’homme et son agence de détectives, la Pinkerton National Detective Agency. Pas de cadeau, pas de demi-mesure, aucune indulgence et encore moins d’attendrissement à attendre du flic le plus dangereux du Far West. Et pour l’heure, Pinkerton a du pain sur la planche. Un attentat serait en préparation contre le président Lincoln, tout juste élu. Un coup des sudistes qui refusent l’abolition de l’esclavage. Pinkerton envoie les détectives de son agence arpenter le pays à la recherche de la moindre information…

Le but d’un western est avant tout de distraire. Et Pinkerton distrait ! Mais il nous instruit aussi sur l’une des époques les plus sombres des Etats-Unis, la guerre de Sécession. Ce deuxième volet de la série initiée par le tandem Damour – Guerin se déroule quelques mois avant le début des combats. Mais déjà, on y ressent toute la tension née de l’élection du Républicain et abolitionniste Lincoln. Un western intelligent et graphiquement maîtrisé dans un contexte fort et explosif!

Eric Guillaud

Dossier Abraham Lincoln, Pinkerton (tome 2), de Damour et Guerin. Editions Glénat

07 Jan

La BD en 2013 ? Le rapport Ratier est sorti…

Astérix vainqueur toutes catégories !

Astérix vainqueur toutes catégories !

Très attendu chaque année, le rapport Ratier, du nom du secrétaire général de l’ACBD, Association des critiques et journalistes de bande dessinée, note pour la première fois depuis de nombreuses années un fléchissement du nombre de nouveautés. 5159 livres de bande dessinée en 2013, tout de même, contre 5585 en 2012.

Au delà de ce fléchissement dû à la situation économique générale, Gilles Ratier note que le secteur trouve malgré tout « un équilibre entre dynamisme et vigilance ou innovation et prudence : d’autant plus facilement qu’il s’appuie sur plusieurs locomotives traditionnelles qui sont de retour, Astérix en tête ».

A noter que l’activité est dominée par 5 éditeurs qui totalisent 75% des ventes en nombre d’exemplaires, que l’Asie et les Etats-Unis avec respectivement 1555 et 461 titres sont toujours les principaux pourvoyeurs du marché francophone, que 1492 auteurs réussiraient à vivre de leurs créations sur le territoire francophone européen, qu’il existe 13 revues papier et 32 sites spécialisés à ce jour et que la bande dessinée numérique reste un média marginal.

Côté tirages hors mangas, le 25e tome d’Astérix arrive en tête avec 2 480 000 exemplaires, suivi de du 22e Blake et Mortimer avec 445 000 exemplaires. Viennent ensuite Le Chat (350 000), XIII (250 000)…

Pour les mangas, la série Naruto occupe les quatre premières places avec 200 000 exemplaires pour les tomes 58, 59, 60 et 61.

Eric Guillaud

Le rapport en long, en large et en travers ici…

05 Jan

Wake up America, une histoire du mouvement pour les droits civiques signée John Lewis, Andrew Aydin et Nate Powell

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Le nom de John Lewis est certes moins illustre de ce côté-ci de l’Atlantique que celui de Martin Luther King. Pourtant John Lewis fait partie de ceux qui ont joué un rôle déterminant dans le combat contre la ségrégation et la discrimination aux Etats-Unis dans les années 50/60…

Il est même aujourd’hui le dernier survivant du groupe des Big Six qui réunissait les six principaux leaders du mouvement pour les droits civiques, organisateurs par ailleurs de la marche vers Washington pour le travail et la liberté au terme de laquelle Martin Luther King prononça le mythique discours I have a dream. C’était le 28 août 1963 !

Wake up America remonte le temps pour nous raconter l’histoire de cet homme, John Lewis, depuis sa plus tendre jeunesse dans la ferme familiale en Alabama, où il découvre l’élevage des poulets en même temps que la bible, Martin Luther King, Rosa Parks, la ségrégation, le racisme, les premiers sit-in de protestation, jusqu’à la fin des années 60. John Lewis est aujourd’hui encore député de Géorgie, un homme très influent au sein de la communauté noire et au-delà.

Traité en noir et blanc, avec le graphisme de caractère profond et expressif de l’Américain Nate Powell, déjà connu en France pour Le Silence de nos amis paru chez Casterman, ce roman graphique de 128 pages est absolument fascinant car au delà de l’histoire de l’homme, une véritable icône, c’est l’histoire de l’Amérique qui se dessine au fil des pages. Trois tomes sont prévus, le premier qui sort le 8 janvier couvre la période 1940-1960.

Eric Guillaud

Wake up America, de Lewis, Aydin et Powell. Editions Rue de Sèvres. 13 euros

01 Jan

Pan’Pan Panda pour un début d’année en douceur !

nobinobi_couverture-PanPanPanda1Voilà une série qui pourrait bien marcher dans les pas de Chi une vie de chat

Pas de félin ici mais un panda, l’autre animal fétiche des enfants, un panda tellement doux, mignon et rond qu’on a immédiatement envie de se blottir dans ses bras. Panettone est son nom mais tout le monde l’appelle Pan’Pan. Il travaille comme gardien dans une résidence et vit avec Prâline, une gamine qui lui prépare de bons petits plats. On découvre leur vie au quotidien, une vie toute simple faite de bons moments, de rencontres, d’amitié, d’entraide…

Pan’Pan Panda une vie en douceur a été publié par une très jeune maison d’édition de livres jeunesse, nobi nobi! qui s’est donnée pour mission de faire découvrir la culture nipponne aux enfants. Pan’Pan Panda une vie en douceur est son premier manga, un livre aussi craquant que son héros panda. L’histoire au graphisme délicat, aux couleurs tendres, aux personnages attachants, est judicieusement complétée par un lexique, quelques jeux et une galerie réunissant personnages et croquis préparatoires. Irrésistible !

Eric Guillaud

Pan’Pan Panda une vie en douceur, de Sato Horokura. Editions nobi nobi!. 9,45 euros

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23 Déc

Amarillo, le retour de Blacksad de Juan Díaz Canales et Juanjo Guarnido

9782205071801-couv-I400x523Blacksad est fatigué de jouer au détective privé. Très fatigué ! Il se demande même s’il n’aurait pas dû poursuivre la tradition familiale et devenir photographe comme son grand-père. C’est dire ! En attendant, il est prêt à accepter n’importe quel job pourvu qu’il n’entende plus parler de meurtre ou de cadavre. Et le hasard faisant parfois bien les choses, Blacksad croise un riche Texan qui l’embauche pour conduire une voiture jusqu’à Tulsa, à un peu plus de 1000 kms de la Nouvelle-Orléans. Un boulot pépère, une promenade du dimanche en Cadillac se dit-il. Pépère oui jusqu’au moment où notre privé, qui se voyait déjà en pré- retraite, se fait chouraver la tire par deux beatnicks du plus mauvais genre. Alors forcément, ça fâche…

Trois années qu’on n’avait pas apperçu sa trogne noire et son museau blanc, trois longues et insupportables années pour les nombreux fans du personnage et de la série. Mais l’attente est largement récompensée et en même temps habituelle tant Juanjo Guarnido et Juan Díaz Canales aiment prendre leur temps et multiplier les expériences. ils ont signé en tout et pour tout 5 albums en 13 ans. C’est peu mais le très primé Blacksad est toujours l’un des polars animaliers, si ce n’est l’un des polars tout court, les plus forts en caractère et les plus noirs de la planète BD. Il vous manquait un ultime cadeau de Noël ? Ne cherchez plus, vous l’avez trouvé…

 Eric Guillaud

Amarillo, Blacksad (tome 5), de Juan Díaz Canales et Junajo Guranido. Editions Dargaud. 13,99 euros

18 Déc

Une nouvelle aventure du groom signée Schwartz et Yann en prépublication dans les pages du journal Spirou

Schwartz & Yoann

Schwartz & Yann

Après Le Groom vert-de-gris publié en 2011, le tandem Schwartz-Yann est de retour pour une nouvelle aventure de Spirou intitulée Le fétiche des Marolles. Les premières pages sont publiées dans l’hebdomadaire de cette semaine accompagnées d’une interview du scénariste Yann qui revient sur le contexte historique de cette nouvelle aventure, le Bruxelles de l’après-guerre et la colonisation belge. « C’était rutabagas et règlements de comptes! », confie Yann, « Bruxelles avait abrité des résistants, mais aussi pas mal de collaborateurs et de rexistes. A la Libération, il y eut donc une ambiance détestable, où tout le monde surveillait tout le monde, cherchant à savoir dans quel camp avait été son voisin. En Belgique comme en France, la Libération s’accompagna de procès publics. On tondit les femmes ayant eu des relations amoureuses avec des Allemands. On appelait  ça la collaboration « horizontale ». A Bruxelles, on enferma même des collabos dans les cages aux fauves du zoo »... (interview à retrouver en intégralité dans le numéro du 18 décembre)

Eric Guillaud