04 Mar

Rencontre avec Tébo, auteur de Cosmik Comiks, septième volet des aventures de Samson et Néon paru aux éditions Glénat…

 
  
Un septième volet de Samson et Néon dans les bacs, l’album In Pipi véritas annoncé pour mars, un cinquième Captain Biceps sur la table de travail et des adaptations en dessin animé actuellement diffusées sur France3… Bref, il y a suffisamment de raisons pour que nous ayons eu envie de poser quelques petites questions à Tébo. Cinq questions pas plus, car l’homme est très occupé même s’il sait rester disponible et accessible… 
 
Vous êtes vraiment caennais ou c’est la seule ville qui a accepté de vous accorder un visa ?
 
Tébo. Je suis né à Caen et je vais mourir à Caen. Et ma maman m’a interdit de déménager de cette ville… Je suis un enfant très obéissant… 
 
Néon, extraterrestre rose, Captain Biceps, super-héros à la combinaison rouge et jaune… Vous n’en avez pas assez de dessiner des héros improbables ? N’auriez-vous pas envie de faire des albums un peu plus sérieux ? Des autobiographies, des BD-reportages ou même des livres de poésie ? Quel regard portez-vous sur la BD ?
 
Tébo. J’adore les héros improbables. Je viens de finir d’écrire un scénario pour Nicolas Kéramidas (dessinateur de Luuna, Donjon et Tyko des sables) qui parle d’Alice au Pays des merveilles qui se retrouve téléportée dans une jungle où tous les singes l’appellent Tarzan. Je pense continuer à faire des albums peu sérieux tout au long de ma vie et de ma carrière… Mais j’ai encore un paquet d’idées et de scénarios dans mon cabas et j’ai envie de réaliser des histoires d’horreur, de science fiction, de polar et d’heroïc fantasy. Par contre, je n’ai rien dans mes poches pour l’autobiographie, la bd-reportage et le livre de poésie. J’ai toujours un regard d’enfant quand je lis de la BD. J’en lis tous les soirs avant de me coucher. J’espère que le format papier existera encore longtemps.
 
Deux séries qui connaissent le succès, dont une réalisée avec Zep, deux adaptations pour la télévion… Vous êtes plutôt du genre à avoir la grosse tête, les chevilles qui enflent ou les doigts qui démangent ? Comment vivez-vous le succès et comment l’expliquez-vous ?
 
Tébo. Ce sont mes héros qui sont des stars. Moi, je suis un inconnu… On ne me reconnait pas dans la rue, les filles ne m’envoient pas leurs slips… Auteur de BD, c’est pas très rock. Donc, non, je n’ai pas la grosse tête. Avoir des séries qui marchent est vraiment agréable et surtout rassurant pour l’avenir. J’ai toujours eu peur de ne plus avoir de boulot dans la BD. Plus maintenant (enfin, pas pour cette année). J’ai des demandes d’éditeurs qui veulent travailler avec moi (généralement, c’est plutôt l’auteur qui demande à l’éditeur) ainsi que des producteurs de séries animées qui me demandent de leur trouver des concepts pour des futurs projets. Sinon, je n’explique pas le succès d’une série… Je ne fais pas d’étude de marché sur les lecteurs pour savoir de quoi va parler mon prochain album. Je travaille dur pour que les lecteurs aient du plaisir à lire mes albums tout en ayant du plaisir à les réaliser.
 
Sincèrement, pouvez-vous nous dire où vous allez chercher tout ça ? Quelles sont vos influences, vos inspirations ? Croyez-vous donner une bonne image aux enfants ? Que vous disent-ils quand ils vous croisent sur les festivals ou ailleurs?
 
Tébo. Ce n’est pas très simple d’expliquer d’où viennent les idées… Je pense que c’est une mécanique, une habitude que l’on a (et que l’on travaille) depuis tout petit. Depuis que je sais tenir un crayon, j’ai toujours inventé des personnages, des monstres, des héros. Une fois le personnage créé, je leur inventais une vie, des ennemis, des aventures. On commence par des histoires simples qui au fil du temps deviennent plus complexes, plus abouties. En bref, ça ne me tombe pas tout cuit sur la page blanche, je bosse ! Mes influences lorsque j’étais enfant et ado, il y en a eu plusieurs : Jack Kirby (créateur de Hulk, Les 4 fantastiques, Captain America…), Gotlib (Rubrique-à-brac…), Franck Margerin (Lucien) et Liberatore (Ranxerox). Savoir si je suis une bonne image pour les enfants ? Boah !! Je veux juste être une cour de récréation pour eux. Ce qui est drôle, c’est que l’image de la BD a changé auprès des parents. A mon époque, elle était mal vue. Maintenant, les parents me remercient durant les festivals car leurs progénitures ont pris goût à la lecture. C’est plutôt un beau compliment de leur part. Tandis que les enfants sont généralement intimidés lorsqu’ils me voient et ne me décrochent pas un mot (les parents sont les premiers surpris). Mais si les mêmes gamins viennent me voir avec un copain, ça devient la nouba ! C’est à celui qui parlera le plus fort pour me raconter ce qu’il a aimé dans l’album. J’ai vraiment un super public !
 
Quels sont vos projets pour tout à l’heure, demain et après-demain ?
 
Tébo. J’ai commencé le tome 5 de Captain Biceps avec mon ami Zep au scenario. Je suis l’invité d’honneur du festival de Pau (qui a lieu du 2 au 4 avril) et du festival de BD de Caen (Bulles en folies les 19 et 20 juin). Je dois leur fournir des idées et  réaliser leurs affiches. Je vais me lancer dans la création (scenario et dessin) d’une nouvelle série pour la télévision avec mon ami Tehem (auteur de Zap collège et de Malika Secouss) et écrire un polar un peu fantastique avec de l’action dedans pour mon ami Jérome d’Aviau (auteur de Inès et de Ange le terrible). Peut-être qu’après je prendrai deux jours de vacances avec ma femme et mon fils.

Propos recueillis par Eric Guillaud le 4 mars 2010.

  

Retrouvez la chronique de l’album ici !