07 Jan

La BD en 2015 ? Un léger ralentissement selon le rapport Ratier.

1507-1Toujours aussi intéressant, le rapport Ratier 2015 est sorti. Du nom du secrétaire général de l’ACBD, Association des critiques et journalistes de bande dessinée, le rapport Ratier offre chaque année une photographie très précise de la production de bande dessinée dans l’espace francophone européen. Après un fléchissement en 2013, une nouvelle hausse en 2014, l’offre éditoriale enregistre en 2015 un léger ralentissement avec 5255 BD publiées, dont 3924 pures nouveautés. Soit une production en baisse de 2,9% par rapport à l’an passé.

« En cette période d’instabilité économique et politique… », explique Gilles Ratier, « où les assassinats des dessinateurs du journal Charlie Hebdo au début de l’année sont encore dans toutes les mémoires, les acteurs du 9e art cherchent à maintenir les positions durement acquises en matière de parts de marché. Ils ralentissent quelque peu leur rythme de production ou adaptent leur politique éditoriale, en misant sur les valeurs sûres ».

Et qui retrouve-t-on en tête des tirages ? Sans surprise, hors comics et mangas, les plus importants tirages de l’année sont enregistrés par le 36e tome d’Astérix de Conrad et Ferri  (2 250 000 ex.), le quatorzième tome de Titeuf (550 000 ex.), le vingtième tome du Chat de Geluck (310 000 ex.), le nouveau Corto Maltese de Pellejero et Diaz Canales (300 000 ex.), le 20e tome de Largo Winch (300 000 ex), L’Arabe du futur de Riad Sattouf (230 000 ex.)… Tyler Cross 2 du Nantais Brüno et de Nury atteint les 55 000 exemplaires, Les Equinoxes de Pedrosa 35 000 exemplaires.

Côté comics, comme l’an passé, Walking Dead rafle la mise remportant les trois premières places avec les tomes 22, 23 et 24. Pour les mangas, la série Naruto qui occupait en 2014 les quatre premières places s’incline devant One Piece 75, 73 et 74 avec plus de 160 000 exemplaires pour chaque tome.

Le rapport de Gilles Ratier recense 1399 auteurs européens de BD francophones en 2015, dont 173 femmes (12,4%).

Eric Guillaud

Quid de la BD numérique ? Quels sont les tirages des revues d’info BD ? Tous les chiffres, toutes les analyses de Gilles Ratier et de l’ACBD ici

06 Jan

Le Festival d’Angoulême « aime les femmes » et annonce qu’il va ajouter des noms d’auteures dans la liste des éligibles au titre du Grand Prix 2016

Face au tollé soulevé par la publication de la liste 100 % masculine des auteurs éligibles au Grand Prix 2016, le FIBD fait marche arrière et s’explique dans un long post publié sur son compte Facebook.

« Le Festival d’Angoulême aime les femmes… mais ne peut pas refaire l’histoire (de la bande dessinée)« , précisent les organisateurs. 

Accusé de sexisme, confronté à la fondre des auteurs éligibles au Grand Prix qui souhaitent voir retirer leur nom de la liste comme Sattouf ou Davodeau, le FIBD se défend et affirme que « si l’on veut juger de l’action du Festival par rapport aux auteures au regard du temps présent, c’est vers sa Sélection Officielle qu’il convient de se tourner (elle prend en compte les livres parus pendant l’année écoulée). Pour l’édition 2016 de l’événement, celle-ci fait apparaître des créatrices dans une proportion tout à fait significative (25% des livres alors que la représentation de celles-ci parmi l’ensemble des auteur.e.s est inférieure à 15%). »

Et de poursuivre en déclarant : « Même si le Festival déplore que sa relation aux auteures puisse être considérée, en la circonstance, par le prisme réducteur du Grand Prix, il comprend très bien qu’aujourd’hui des femmes et des hommes soient sensibles à cet enjeu de la présence des créatrices dans la bande dessinée. Il comprend également que la dimension symbolique qui s’attache à lui, en tant qu’événement phare, puisse être l’occasion, pour elles et eux, de faire entendre cette préoccupation et la défense de cette cause. Et si finalement, ce débat d’aujourd’hui permettait de la faire avancer concrètement et constituait un marqueur pour les années à venir, le Festival aurait apporté sa contribution. En conséquence, le Festival va, sans enlever aucun autre nom, introduire de nouveau des noms d’auteures dans la liste des sélectionnés au titre du Grand Prix 2016. »

Sage décision, reste maintenant à connaître les noms de ces auteures.

Eric Guillaud

Angoulême 2016 : pas une femme dans la liste des auteurs nommés pour le Grand Prix du festival de bande dessinée. Et pourtant !

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De Binet à Riad Sattouf, en passant par Blain, Bourgeon, Clowes, Christin, Davodeau, de Crécy, Hermann, Frank Miller, Joann Sfar, Jiro Taniguchi ou encore Jean Van Hamme, la liste des nommés au Grand Prix du festival d’Angoulême  2016 a le mérite de réunir quelques-uns des plus grands noms du Neuvième art, de couvrir à peu près tous les genres et tous les grands pays de la bande dessinée, une sélection, pourtant, qui oublie totalement les femmes.

Scandale, réactions indignées de certains nommés comme Riad Sattouf ou Joann Sfar qui annoncent sur leurs comptes Facebook se retirer de la compétition, explications embarrassées du côté de l’organisation du festival qui évoque la faible présence des femmes dans le milieu, montée au front du Collectif des Créatrices de Bande Dessinée contre le Sexisme qui rappelle sur son site « que depuis 43 ans, Florence Cestac est la seule femme à avoir reçu cette distinction », médias qui s’en mêlent et font monter la mayonnaise…

Bien entendu, je soutiens à mille pour cent la démarche de Riad. Aucun auteur ne peut souhaiter figurer sur une liste entièrement masculine. Cela enverrait un message désastreux à une profession qui de toutes parts se féminise. Bien entendu, je demande que mon nom soit retiré de la liste des nommés. Je suis certain que l’ensemble des auteurs nommés auront la même réaction (Joann Sfar)

Mais alors, où sont les femmes ?

Elles sont là, pareilles aux hommes, dans leurs ateliers, planchant sur leurs tables de travail, souvent seules, élaborant des scénarios, découpant, dessinant, coloriant… Elles ont pour noms Pénélope Bagieu, Flore Balthazar, Cati Baur, Julie Doucet, Annie Goetzinger, Véronique Grisseaux, Chantal Montellier, Anouck Ricard, Marjane Satrapi, Catel, Daphné Collignon, Leslie Plée, Marion Montaigne…

Alors bien sûr, toutes n’ont pas le profil nécessaire pour figurer aujourd’hui sur la liste, le Grand Prix couronnant un(e) auteur(e) pour l’ensemble de son oeuvre, mais tout de même…
Eric Guillaud

05 Jan

La Vraie vie de Cadène et Mardon, un album qui remet le virtuel à sa place

9782754812085Jean a la trentaine et une irrépressible attirance pour les mondes virtuels. Ses nuits, il les passe devant Twitter, Tumblr, Dailymotion, Facebook, Google, YouTube ou encore Weezer, jonglant entre les films pornographiques, les derniers jeux vidéos à la mode, les infos du monde, la musique et, surtout, surtout, les rencontres. Jean adore tchater avec de parfaits inconnus ou inconnues, notamment une certaine Timfusa du Wyoming.

Ses nuits sont courtes. Et ses journées souvent difficiles. Plus ou moins éveillé, plus ou moins en forme, Jean fait l’employé municipal quelque part en province. En cette période de fêtes de fin d’années, Jean monte et démonte le marché de Noël, installe et désinstalle les guirlandes des sapins. Une vraie vie certainement moins exaltante, fantasmagorique, que ce que lui propose sa vie virtuelle. Mais Jean sait encore faire la part des choses. D’ailleurs, il vient de rencontrer l’amour, le vrai. Il s’appelle Carine, la vie va leur sourir, un instant seulement…

Premier album de l’année 2016, premier coup de coeur ! Et ce n’est pas franchement une surprise, La Vraie vie réunit deux auteurs de grand talent, Thomas Cadène d’un côté, initiateur et scénariste de la bédénovella Les Autres gens chez Dupuis, Grégory Mardon de l’autre, notamment responsable de l’Extravagante comédie du quotidien parue en trois volets, toujours chez Dupuis. Avec une narration simple et efficace associée à un trait épais et dynamique, le récit de Cadène et Mardon raconte comment Internet à envahi le monde réel et bouleversé nos existences. Même si la mort a su garder le dernier mot.

Eric Guillaud

La Vraie vie, de Cadène et Mardon. Editions Futuropolis. 20€

02 Jan

Groom : un petit frère au journal de Spirou disponible dans les kiosques le 7 janvier

@ Dupuis - Groom

@ Dupuis – Groom

Ce n’est pas du tout un hasard si les éditions Dupuis ont choisi le 7 janvier, jour anniversaire de l’attentat contre Charlie Hebdo, pour sortir leur nouveau magazine intitulé Groom. Quelques jours après cet acte odieux qui avait mis la France dans la rue, Dupuis avait imaginé un Spirou spécial Charlie rendant hommage aux dessinateurs comme à tous ceux qui étaient tombés sous les balles des terroristes. Un hommage mais aussi une façon de dire non à la barbarie. Ce hors série remporta un gros succès et amena à un constat : le besoin d’expliquer le monde aux plus jeunes. C’est chose engagée avec Groom.

Les attentats, ceux de Charlie et du 13 novembre, ainsi que la crise ukrainienne ou encore la COP 21 sont au sommaire du nouveau magazine qui proposera deux fois par an un décryptage de l’info. 96 pages de BD et de rédactionnels sur des thèmes plutôt sérieux avec un ton pourtant proche, nous annonce-t-on, du magazine Spirou. Côté équipe, Matz, Zidrou, Lupano, Cauuet ou encore Tome seront de la partie, épaulés par quelques spécialistes universitaires.

Groom, en kiosque le 7 janvier. 6,90€, disponible aussi sur le web ici

Eric Guillaud

22 Déc

Chroniques de Noël : What a wonderful world!, un Zep pour les grands et les pas trop petits

ZEpppAïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

Demander aux pires tyrans de la planète de prendre la pose et de sourire le temps de leur tirer le portrait, il n’y a qu’un Zep pour imaginer la scène et la représenter de quelques coups de crayon. Cet excellent dessin ouvre l’album What a wonderful world! paru aux éditions Delcourt en octobre dernier. 180 pages d’histoires courtes de 1 à 3 ou 4 planches dans l’esprit des dessins de presse.  « J’ai retrouvé le plaisir d’une forme de dessin d’actu… », confie Zep, « même si l’actualité en question était surtout celle de mon atelier ».

L’actu de son atelier mais aussi du monde. Zep évoque en vrac et dans le plus grand désordre J.J. Cale, la drague, le sport, la sexualité des super-héros, les poils dans les urinoirs, la bande de Gaza, la guerre en Syrie, l’érection matinale, le porno, les choux de Bruxelles, les musées, les jeunes qui s’engagent pour le djihad, les bonnes résolutions de la nouvelle année… autant de questions essentielles qui font la vie. « Le dessin est une sorte de sixième sens. Je dessine pour raconter. Je me raconte, mais en vrai, je raconte le monde dans lequel je vis à travers mon personnage ».

What a wonderful world! est à l’origine un blog hébergé par lemonde.fr que Zep a lancé en 2014. Même s’il entretient « des rapports assez conflictuels » avec Internet, Zep met rapidement son blog sur orbite avec plus d’un million de pages vues dès les débuts. Alors pourquoi repasser en mode papier ? « Parce que j’aime les livres! », explique Zep, « Mes livres sont mes propres balises. Plus que mon âge, ce sont mes livres qui me font grandir… ». Dire que c’est du grand Zep sous-entendrait qu’il existe du petit Zep ou du moyen Zep, ce qui n’est pas le cas. Alors, disons simplement que c’est du Zep !

Eric Guillaud

What a wonderful world!, de Zep. Editions Delcourt. 19,99€

Chroniques de Noël : Flora et les étoiles filantes de Chantal Van Den Heuvel et Daphné Collignon

BD-FloraAïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

À 20 ans, Flora rêvait d’être grand reporter, de parcourir le monde à la recherche des derniers gorilles du Kilimandjaro, Finalement, à 40 ans, elle travaille comme pigiste dans Coucou, la feuille de chou d’une société de logements sociaux. Rien de très jouissif, un boulot alimentaire comme tant d’autres qui lui permet quand même, mais jusqu’à quand, de payer l’emprunt pour sa maison. Et c’est déjà pas mal. Flora fait partie de ces célibataires non volontaires, divorcée, et bien décidée à retrouver l’âme soeur. Mais comment faire ? Par l’intermédiaire du site de rencontres sur lequel elle s’est inscrite ? Ce n’est pas gagné…

Les bandes dessinées sur les quarantenaires en crise font ployer les étagères des librairies spécialisées. Certaines sortent tout de même du lot comme celle-ci, parue en octobre dernier au Lombard. Flora est une héroïne attachante, très attachante, et plutôt mignonne, qui nous raconte son quotidien de femme violemment plaquée par son homme et à la recherche d’un « petit coin où être heureuse et trouver l’amour… comme à peu près sept milliards d’individus!« . Un graphisme sobre et raffiné, une histoire simple mais joliment racontée, un album sympathique pour les quarantenaires et les autres !

Eric Guillaud

Flora et les étoiles filantes, de Chantal Van Den Heuvel et Daphné Collignon. Editions Le Lombard. 14,45€ 

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Dix BD pour Noël : on vous laisse choisir le paquet cadeau !

capture_decran_2015-12-01_a_20.38.57bisNoël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux ? Pas de panique, voici rien que pour vous une petite sélection de BD en tout genre à glisser sous le sapin le plus proche…

Mobilisation générale au ​sein de l’équipe web pour lire toutes les nouveautés du moment et en retenir dix. Résultat : une sélection qui couvre tous les styles, tous les goûts, tous les budgets. Joyeuses fêtes et bonnes lectures.

La suite ici…

21 Déc

Rencontre avec le Nantais Pedrosa autour de son nouvel album Les Equinoxes

Il nous avait enthousiasmé avec l’album Portugal paru en 2011, il marque à nouveau cette fin d’année 2015 avec Les Equinoxes, un récit rythmé par les saisons et les sentiments humains. Une équipe de France 3 Pays de la Loire l’a rencontré. Il nous raconte son intention, sa technique…

Un sujet d’Eric Aubron, Sandrine Gadet et Denis Leroy