C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…
Une enfant accrochée à une bouée de fortune au beau milieu de l’océan. L’image nous fait inévitablement penser aux migrants tentant la traversée de la Méditerranée ces derniers mois, 10 000 morts depuis 2014 selon le HCR, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés. Mais c’est à une autre tragédie qu’elle fait ici référence, la guerre civile espagnole qui fit entre 1936 et 1939 des centaines de milliers de morts et d’exilés.
Cette histoire, la grande, est abordée dans cet album à travers la petite histoire de Nathalie qui, à cinquante ans, découvre les origines espagnoles de sa mère. La vieille femme qui perd la tête s’est brusquement mise à parler espagnol en demandant qu’on l’appelle Dolorès et non plus Marie. Et puis, il y a ces cauchemars incessants qui la hantent, des histoires de fascistes et de bateau. Personne n’avait jamais entendu parler de ce passé. Troublée, Nathalie se met en quête de cette vie inconnue. Direction l’Espagne où elle découvre le passé de sa mère et du pays, la guerre civile, les morts, les exécutions, l’exil pour beaucoup. Elle y découvre aussi l’Espagne d’aujourd’hui, le mouvement des Indignés, Podemos…
Bruno Loth aime raconter l’humain bousculé par les grands épisodes de notre passé, que ce soit le Front populaire et l’Occupation avec Apprenti et Ouvrier ou, déjà, la guerre d’Espagne avec Ermo, une série de 6 albums auto-éditée entre 2006 et 2013.
Par son format, par son approche et son graphisme, Dolorès offre un récit intime en forme de témoignage sur l’Espagne d’hier et d’aujourd’hui.
Eric Guillaud
Dolorès, de Bruno Loth. Editions La Boîte à Bulles. 18€