Sans pour autant abandonner la science-fiction et l’uchronie, genres qui lui ont permis de se faire un nom dans la bande dessinée, Fred Duval multiplie depuis quelques mois – avec bonheur – les nouvelles expériences. On se souvient des Porteurs d’eau sorti en mai chez Delcourt, le revoici avec Nymphéas noirs chez Dupuis, une adaptation du roman à succès de Michel Bussi. Pourquoi ? Comment ? Le scénariste de Carmen Mc Callum, Hauteville House, Travis, Jour J ou encore Renaissance nous dit tout ici et maintenant…
Fred Duval © Chloé Vollmer Lo
Pourquoi une adaptation du roman de Michel Bussi Nymphéas noirs ?
Fred Duval. L’idée est venue après une rencontre avec Michel Bussi il y a tout juste 4 ans. Nous vivons dans la même ville et il est venu au « déjeuner mensuel des auteurs BD de Rouen » pour nous rencontrer. Il avait envie de faire de la Bande Dessinée. Un éditeur de chez Dupuis était présent, ils ont discuté dans les semaines suivantes et je crois que les Nymphéas se sont imposés comme le premier roman à adapter en BD. À l’époque, je n’avais rien lu de Michel et quand il m’a été proposé d’adapter le roman, je m’y suis plongé et ai vraiment aimé l’ambiance, les personnages, le coup de théâtre également que j’ai tout de suite envisagé dans la perspective d’une adaptation visuelle en me disant : on va bien s’amuser !
@ Dupuis / Duval, Cassegrain & Bussi
Comme l’écrit Michel Bussi en ouverture de la BD, les Nymphéas noirs étaient réputés inadaptables. Qu’est-ce qui fait que ça marche ici ?
Fred Duval. Je pense que le dessin de Didier était idéal pour réussir cette adaptation, il est à la fois impressionniste avec des flous d’arrière-plan magiques (et on avait besoin de pas mal de magie) et un traité des personnages assez réaliste pour que l’histoire soit perçue au premier degré et que les lecteurs s’identifient bien aux protagonistes.
Du coté de l’adaptation, ça m’a demandé deux grosses semaines de réflexion pour lister tous les pièges, toutes les séquences inadaptables visuellement et trouver les solutions, les alternatives. J’ai ainsi ajouté le personnage de Liliane, policière au commissariat de Vernon.
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La chronique de l’album ici
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Qu’est ce qui a été le plus compliqué finalement dans ce travail d’adaptation?
Fred Duval. Le plus difficile a été de garder, de retranscrire l’ambiance absolument incroyable du roman, Giverny est un personnage a part entière, et j’espère que la promenade que nous proposons Didier et moi sera aussi agréable que celle proposée par Michel dans son roman.
Je dois dire que mon premier lecteur a été Michel Bussi. Il s’est énormément impliqué dans la relecture, cela nous a permis de constater que nous prenions du plaisir à travailler ensemble, l’aventure va donc se poursuivre.
@ Dupuis / Duval, Cassegrain & Bussi
Le dessin contribue grandement à la réussite de cette adaptation avec cette touche impressionniste. Est-ce toi qui a suggéré Didier Cassegrain pour le dessin ?
Fred Duval. Oui, nous cherchions depuis quelques mois quand je me suis dit que Didier était pour moi le dessinateur idéal, nous nous connaissons depuis longtemps, je l’ai appelé en me disant qu’il était probablement engagé sur plusieurs années, il s’est trouvé qu’il avait une disponibilité quelques mois plus tard. Il a lu le roman et accepté la collaboration.
La Normandie, la peinture impressionniste, Monet, Rouen, Giverny… On est à la fois très loin de tes séries SF ou steampunk et très proche de ton univers quotidien. C’est une étape importante dans ton travail de scénariste?
Fred Duval. C’est trop tôt pour le dire. La Normandie est dans pratiquement toutes mes séries, mais c’est vrai que j’ai essayé d’appliquer dans cette adaptation tout ce que j’ai appris en terme de découpage, de rythme ; le découpage, c’est vraiment la partie que je préfère dans mon travail de scénariste, enfin c’est la partie où je me sens le plus à l’aise en fait. Quant aux sujet polar contemporain, c’est vrai que c’est une étape, je vais pérenniser en adaptant deux autres romans de Michel Bussi dans les prochaines années.
Propos recueillis par Eric Guillaud le 20 janvier 2019. La chronique de l’album est à découvrir ici
@ Dupuis / Duval, Cassegrain & Bussi