10 Fév

Cinq questions à… Bastien Vivès, auteur de l’album Le Jeu vidéo paru chez Delcourt

Sorti dans la collection Shampooing dirigée par Lewis Trondheim, Le Jeu vidéo nous permet de retrouver un jeune auteur en pleine ascension, Bastien Vivès, déjà remarqué pour ses romans graphiques, Le Goût du chlore et Polina, et pour sa contribution à la bédénovela Les Autres gens. Interview express…

©Olivier Roller
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Quel a été votre premier coup de cœur BD ?
Bastien Vivès. Mon premier vrai coup de cœur reste Calvin et Hobbes de Bill Watterson… Ça doit être les albums que j’ai le plus relus et surtout la première fois ou j’ai vraiment acheté des BD avec mon argent. A chaque strip, je me demandais: « mais comment fait-il pour être aussi génial ? ». Et le dessin y est si impressionnant !

Quelle a été son influence sur votre travail, sur votre démarche ?

B.V. Peut-être au niveau de l’écriture, le décalage consistant à faire parler un enfant comme un adulte et surtout le fait que Calvin et Hobbes c’est sérieux… j’ai beaucoup utilisé ce ton dans mes strips. La situation est absurde mais les personnages gardent complètement leur sérieux et leur aplomb.

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retrouvez la chronique de l’album ici-même !

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Comment qualifiez-vous votre propre style ?
B.V. Un mix d’influences de toute part : animation japonaise, Richard Corben, Russ Meyer, Paul Verhoeven, Capcom … Ensuite, je reste dans  une mise en scène assez réaliste dans l’ensemble.

Quel a été l’élément déclencheur pour votre dernier album et le but recherché ?
B.V. Le fait de m’être mis sérieusement sur Street Fighter, et de partager cette passion avec d’autres.

Vos projets ?
B.V. Avec Ruppert et Mulot, on va sortir « La Grande odalisque » chez Dupuis Aire Libre, un récit d’action avec des voleuses de tableaux…

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Interview réalisée par mail le 9 février 2012 – Eric Guillaud

08 Fév

Cinq questions à… Blan et Galou, auteurs de Sois gentil, tais-toi et dors!

Blan et Galou… Galou et Blan… Derrière ces pseudos dignes de héros de dessin animé se cachent deux jeunes auteurs de BD bien décidés à croquer la vie et partager avec nous un humour décalé et corrosif. Ils viennent de publier Sois gentil, tais-toi et dors aux éditions Blandine Lacour. Rencontre…

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Quel a été votre premier coup de cœur BD ?

Galou. Mon premier coup de cœur remonte aux années 80. Je suis tombé sur une BD d’Hislaire, Bidouille et Violette : une histoire d’amour impossible entre deux adolescents séparés par deux mondes. C’était à la fois drôle, ténébreux, tragique et d’un romantisme digne de Roméo et Juliette. J’ai découvert à cette occasion qu’il n’y avait pas que les romans qui pouvaient nous emporter et que bien des sensations pouvaient être ressenties à la lecture d’une BD. Mon second coup de cœur, le coup fatal, c’est Bill Watterson avec son Calvin et Hobbes. Alors là, je dois dire que son travail m’a mis K.O. Encore aujourd’hui, je prends plaisir à étudier ses planches et je ne me lasse jamais devant autant de sommets d’inventivité.

Blan. Trois auteurs m’ont donné du plaisir et l’envie d’en donner aussi, à travers des mini-histoires tout en finesse : Scott Adams, Andy Riley et Martin Vidberg.  Dilbert, Bunny et les patates me font sourire et réfléchir. J’aime quand le texte et le dessin visent juste, quand ils sont efficaces et sans chichi. J’ai aussi redécouvert Sempé tardivement, je n’avais pas saisi toute la subtilité de certaines scènes plus jeune.

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lire la chronique de l’album

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Quelle a été son influence sur votre travail, sur votre démarche ?

Galou. Sans doute le noir et blanc que Watterson utilise à la perfection. J’ai beaucoup de mal à traiter un dessin avec de la couleur, je trouve que l’on perd en authenticité. J’aime ce côté un peu brut, un peu brouillon que le noir et blanc apporte et que la couleur a tendance à dissimuler.

Blan. Celui qui m’a décidé à faire de la BD, c’est Galou ! Il s’amusait à croquer sa vie et ses amis, c’est comme ça qu’est née La p’tite Blan. J’ai trouvé ça drôle et touchant, et je me suis dit que ce serait génial de pouvoir raconter l’histoire que j’aurais aimé pouvoir lire plus jeune à la place de Tom-Tom et Nana : une BD dont le personnage principal n’est pas forcément hétérosexuel, une BD légèrement déviante, une BD pour dire ce que je n’avais pas osé dire tout ce temps !

Comment qualifiez-vous votre style ?

Galou. Avant de rencontrer Blan, l’idée de devenir dessinateur ne m’avait jamais effleuré l’esprit. Je dessinais des petits personnages pour les coller dans la rue, principalement des mains que je faisais sortir des bouches d’égouts, des distributeurs ou des toilettes publiques, mais je n’avais jamais pensé à faire de la BD. Je n’ai fait aucune école, mais je me suis lancé, je me suis fait la main sur Coming Soon, Naissance d’une déviante (notre premier tome) et depuis je dessine tous les jours des heures pour faire évoluer mon style ! Dans un premier temps, le trait était plutôt minimaliste, je ne m’encombrais pas de détails, j’allais à l’essentiel. Peu à peu, mon dessin a évolué : toujours épuré, avec un esprit « premier jet », mais avec plus de détails. J’apprends en regardant ce que font les autres et en faisant vivre mes personnages. J’essaie de ne pas m’enfermer dans une case/un style, mais de faire au mieux avec ce que je sais faire !

Blan. Humoristique et engagé, caustique et percutant. En tout cas c’est comme ça que j’aimerais qu’on le perçoive. Pour moi le top du style, c’est Desproges, si un jour quelqu’un trouve qu’on s’en approche, même de loin, ce sera la grande classe !

Quel a été l’élément déclencheur pour votre dernier album et le but recherché ?

Galou. Après avoir sorti les trois tomes de La p’tite Blan, nous avions envie de travailler sur quelque chose de différent et l’idée de Sois gentil, tais-toi et dors s’est naturellement imposée. Nous trouvions cela marrant de mettre en situation deux personnages qui partagent le même lit, mais pas toujours les mêmes envies ! L’idée était de dire tout fort ce que les hommes n’entendent même pas à voix basse : arrêtez de faire vos gros lourds, si votre femme ne veut pas faire l’amour avec vous, ce n’est pas à cause des migraines ou des règles, c’est seulement parce qu’elle n’a pas envie de vous là, maintenant. Et à en juger par l’accueil que Sois gentil, tais-toi et dors a reçu lors du Festival de BD d’Angoulême, il semble que beaucoup de femmes se soient reconnues sous le regard gêné de leur mari. Je me souviens en particulier de cette femme qui a tenté de convaincre sa belle-fille de ne pas l’acheter en lui disant que « cela pourrait porter à confusion » si elle l’offrait à son mari. Elle l’a pris quand même..

Blan. L’idée, c’est toujours de faire sourire mais à contre-pied de ce qu’on a l’habitude de trouver en rayons. Les BD dans lesquelles les femmes s’en prennent plein la poire pullulent, alors dans Sois gentil, tais-toi et dors on voulait remettre les choses et les hommes à leur place. Le lit est certainement l’endroit idéal pour ça…

Quels sont vos projets ?

Galou. Dans un premier temps nous allons travailler sur la suite des péripéties de La p’tite Blan avec un tome 4 dans la lignée des trois précédents. En parallèle, j’aimerais sortir une BD un peu plus personnelle sur mon expérience de quarantenaire pré-pubère, célibataire, immature et au chômage. D’ailleurs, à ce propos, si quelqu’un a quelque chose à me proposer (femme, homme, travail ou les trois), je suis preneur !

Blan. J’ai hâte de sortir un nouvel opus de La p’tite Blan et de publier la première BD 100% Galou. Dans le même temps, on continue de travailler beaucoup sur nos dessins d’actualités (www.laptiteblan.fr) car ça nous semble essentiel par les temps qui courent de réagir et de faire réfléchir… On travaille aussi pour des entreprises, c’est moins essentiel mais c’est amusant et ça permet de se remplir l’estomac !

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Interview réalisée par mail le 7 février 2012 – Eric Guillaud

04 Fév

Sois gentil, tais-toi et dors, de Galou et Blan. Editions Blandine Lacour. 7 euros.

Un livre qui remet l’homme à sa place en trois coups de crayon et deux petites phrases assassines ! On pourrait imaginer ce livre écrit par des femmes. Seulement pour moitié ! Gaël Klein, alias Galou, et Blandine Lacour (l’éditrice), alias Blan, se partagent le dessin et le scénario de cet album lancé lors du dernier Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Alors, pourquoi tant de haine dans un livre qui parle d’amour ? C’est de l’humour, Madame, de l’humour caustique et ravageur qui décape en un rien de temps le vernis de l’hypocrisie conjugale. Un peu trop à votre goût ? Peut-être. Mais, en attendant, les deux auteurs, créateurs  de La p’tite Blan, responsables et coupables d’albums aussi corrosifs que Coming out, une histoire de sortie de placard ou Coming soon, naissance d’une déviante, nous offrent un album rose fluo rempli de strips de deux ou trois cases mettant en scène les échanges (verbaux) sur l’oreiller d’un jeune couple. Une intrusion dans leur intimité plutôt musclée. De quoi mettre l’égo des garçons au fond des chaussettes pour le prochain millénaire. De quoi peut-être aussi en décider certains à la vie de célibataire ! Mais heureusement, tout ceci n’est qu’humour ! Enfin… E.G.

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Retrouvez l’interview des auteurs ici-même!

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02 Fév

Le Cœur à l’ouvrage, Le Tueur (tome 10), de Jacamon et Matz. Editions Casterman. 10,95 euros.

Le Tueur n’aurait plus la gnaque ? Plus le cœur à l’ouvrage ? Au point de se reconvertir dans l’encadrement d’une société pétrolière, en l’occurrence la Petroleo Futuro Internacional chargée d’exploiter les gisements d’or noir récemment découverts au large de Cuba ? Au point également de supporter la vie de bureau, les horaires, la routine, les collègues  ? Au point enfin de dire adieu à sa liberté ? Pas sûr ! Les Cubains exilés de Floride veulent justement attaquer les plates-formes de forages de la Petroleo Futuro Internacional avec le soutien des Américains qui considèrent le gisement comme le leur ! Fini de parader dans les couloirs en costume-cravate, il est temps pour le Tueur de reprendre du service. Direction Miami où il va faire un peu de ménage…

Lancé en novembre 1998, il y a quatorze ans, Le Tueur fait aujourd’hui partie des grands classiques de la bande dessinée noire. Ce dixième volume boucle le deuxième cycle de la série avec un personnage toujours aussi froid, cynique, déterminé, solitaire, même s’il a pris un tournant dans sa carrière de tueur en s’accordant des associés, une femme et même un enfant. Un graphisme racé, des dialogues écrits au scalpel, un scénario dynamique et des réflexions off sur la vie, la politique, le monde… Incontournable ! E.G.

31 Jan

Rising stars (acte 1), de Straczynski, Cha, Zanier et Lashley. Editions Delcourt. 22,95 euros.

Personne ne sait exactement ce qui a frappé la petite ville américaine de Pederson. Est-ce un phénomène naturel ? Une radiation ? Un objet d’origine humaine ? Une seule chose est certaine : une boule de feu s’est écrasée un beau jour de 1969 et 113 enfants conçus au moment précis de l’impact ont depuis développé des pouvoirs surnaturels. Parce qu’ils sont plus forts, plus intelligents qu’ils maîtrisent des énergies qu’aucun n’avait pu maîtriser jusque là, l’Etat les va très vite les considérer comme potentiellement dangereux. Il va chercher à les encadrer, à les contrôler, à les utiliser et à les neutraliser si besoin. On les appelle les « Spéciaux ». 113 enfants devenus adultes, plus ou moins intégrés dans la société, plus ou moins discrets. Jusqu’au jour où quelqu’un commence à les tuer. Et si l’assassin était un des leurs ?
Rising stars est une série culte pour les amateurs de comics, une série initialement vendue en fascicule par les éditions Semic au début des années 2000 et restée inachevée. Les éditions Delcourt reprennent donc le flambeau et annoncent une publication en trois volumes de plus de 250 pages chacun, le troisième étant de fait totalement inédit en France. Aux manettes de cette série qui s’interroge – nous interroge – sur les menaces que font peser les états sécuritaires sur les libertés individuelles élémentaires : le scénariste Joe Michael Straczynski, créateur de la série TV mythique Babylon V, et les dessinateurs Keu Cha, Christian Zanier et Ken Lashley. Un monument ! E.G.

L’Ostie d’chat (tome 2), de Iris et Zviane. Editions Delcourt. 8,95 euros.

Bon autant le dire tout de suite, l’histoire d’Ostie d’chat est une histoire de garçons imaginée par… deux filles. On pourrait donc s’attendre à trouver dans ces pages un esprit revanchard, un tacle de la gent féminine sur la gent masculine, et ce serait sûrement mérité, mais non ! Du moins… pas trop. Iris et Zviane, les deux auteures, québécoises, racontent la vie façon Jean-Seb et Jasmin, deux potes de jeunesse qui se partagent un chat, un « ostie d’chat » répondant au doux nom de Legolas, et quelques mésaventures sentimentales et professionnelles… Feuilleton 100% made in Québec, L’Ostie d’chat est né en 2009 sur le web avant de commencer une seconde vie sur papier, en l’occurrence dans la collection Shampooing des éditions Delcourt. Une série franchement drôle prévue en trois volumes ! E.G.

L’info en +

Retrouvez les aventures de L’Ostie d’chat en cliquant sur miaou !

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Relire la chronique du tome 1

29 Jan

La bande dessinée, de Christophe Quillien. Editions Gallimard jeunesse. 14,90 euros.

Publié aux éditions Gallimard jeunesse, cet ouvrage de la collection Tothème n’est pas le premier livre portant sur la bande dessinée, loin de là. Alors qu’offre-t-il de plus que les autres ? Une mise à jour, tout d’abord, même si elle est relative. Aux côtés des historiques Pratt, Franquin, Spirou, Tintin, Tardi, Pif, Snoopy et autres Moebius, Christophe Quillien ouvre ses pages à quelques « petits nouveaux », des nouveaux classiques en fait tels que Zep, Satrapi, Trondheim, Guibert, Largo winch, Lapinot… Mais surtout, il offre une approche et une iconographie résolument originales et ludiques. L’ouvrage se présente comme un parcours en 60 étapes, autant d’entrées réparties en 6 familles : auteurs, repères, personnages, étapes, genres et univers. On y parle de cases, de magazines, de scénarios, de la BD numérique, de la BD d’aventure et de la BD reportage, du manga et du comics, de la place des filles ou encore de l’heroic fantasy… Côté iconographie, l’ouvrage associe des extraits de planches, des couvertures d’albums et des mises en scène de personnages 3D. Un index, un glossaire, une liste des 80 albums indispensables, les noms des Grands prix de la ville d’Angoulême… complètent le livre de Christophe Quillien qui constitue une très bonne approche du Neuvième art pour les enfants dès 9 ans ! E.G.

Pour en savoir plus, visionnez l’interview de Christophe Quillien réalisée par l’éditeur ci-dessous…

La bande dessinée, le nouveau titre de la… par GallimardJeunesse

Angoulême 2012 : Jean-Claude Denis couronné Grand prix de la ville et Cyril Pedrosa, prix BD Fnac…

La cérémonie officielle qui vient de se tenir à Angoulême pour clôturer la 39ème édition du Festival international de la bande dessinée a consacré l’auteur Jean-Claude Denis Grand prix 2012 de la ville, le propulsant de fait président de l’édition 2013, quarantième du nom.

Jean-Claude Denis est l’auteur notamment de la série Luc Leroi, de Quelques mois à l’Amélie, d’Un peu avant la fortune et de Tous à Matha dont vous pouvez retrouver la chronique ici.

De son côté, le Nantais Cyril Pedrosa a reçu le prix BD Fnac pour son merveilleux album Portugal… Retrouvez la chronique de l’album ici-même!

28 Jan

Affaires de famille, de Will Eisner. Editions Delcourt. 12,95 euros.

Une famille formidable ! Papy Ben va fêter ses 90 ans. Et pour l’occasion, toute la famille décide de se réunir autour de lui le temps d’une soirée. Molly, Greta, Selena, Al, Léo, Sammy et toutes les pièces rapportées iront lui dire ô combien ils l’aiment dans un élan d’hypocrisie mal contrôlé ! Car sous le vernis des bons sentiments ne tarde pas à transparaître l’avidité des uns, la jalousie des autres, le mensonge, la haine, les rancœurs et les secrets les plus anodins comme les plus terribles…

L’Américain Will Eisner est sans conteste l’un des auteurs majeurs de la bande dessinée mondiale. Et cet ouvrage, initialement publié aux éditions USA, aujourd’hui réédité dans la collection Contrebande des éditions Delcourt, en apporte, si besoin était, une nouvelle preuve.  L’auteur, qui avait au moment de son écriture plus de 80 printemps, plonge le lecteur dans un huis-clos à l’atmosphère particulièrement lourde. L’image de la cellule familiale protectrice et unie explose autour d’un patriarche transformé en simple spectateur cloué par la maladie sur une chaise roulante. Côté graphisme, les amateurs de Will Eisner retrouveront ce trait expressif et libéré du carcan des vignettes qui a fait sa réputation à travers la planète. E.G.

L’info en +

La quasi-totalité des œuvres de Will Eisner, hormis Spirit, est aujourd’hui disponible au sein de la collection Contrebande.

Plus d’infos sur Will Eisner et son œuvre sur le site officiel (en anglais) willeisner.com

24 Jan

L’Enfant cachée, de Marc Lizano, Loïc Dauvillier et Greg Salsedo. Editions Le Lombard. 16,45 euros.

Une vague d’émotion ne peut que submerger tout lecteur normalement constitué ! L’Enfant cachée raconte l’histoire de Dounia, une petite fille juive qui, pendant la Seconde guerre mondiale, échappe à la déportation grâce à la clairvoyance de ses parents qui la cachent dans un double fond d’armoire un soir de rafle, grâce aussi à quelques âmes charitables qui n’acceptent pas ce que beaucoup considèrent subitement comme une évidence : la chasse aux juifs. Une vague d’émotion parce que, bien sûr, l’histoire est bouleversante, tragique, avec cette très jeune enfant plongée dans un univers de brutes, mais aussi parce que Loîc Dauvillier, Marc Lizano et Greg Salsedo, les trois auteurs, ont donné tout ce qu’ils avaient en eux pour que cet album ait ce supplément d’âme qui le rend incontournable.

Les enfants, puisqu’il s’adresse en priorité à eux, mais aussi les grands, y trouveront l’évocation avec beaucoup de pudeur d’une des périodes les plus noires de notre histoire ainsi qu’une réflexion sur la transmission de la mémoire. « Actuellement, nous sommes à un moment de basculement… », confie Loïc Dauvillier, « Les deniers témoins de ces événements disparaissent… En tant qu’auteur, j’ai une responsabilité. Il me semble important de réaliser ce devoir de mémoire dont parlait Primo Levi. C’est pour cette raison aussi que j’aimais l’idée de destiner le récit aux plus jeunes ». Pour autant, même si les personnages ont tous des grosses têtes , un peu comme si on leur avait appliqué une loupe sur le visage, L’enfant cachée est un livre grave qui ne prend pas les lecteurs pour des demeurés. « Je me refuse de parler à un enfant avec des raccourcis au niveau des phrases et je ne trouve pas intéressant d’adapter le vocabulaire sous prétexte que l’on s’adresse à un public jeune. Quelque soit le lecteur, l’histoire reste la même et c’est ça qui est important ». Un très beau récit à mettre entre toutes les mains ! E.G.

L’info en +

Du 26 au 29 janvier, à Angoulême, l’espace Franquin accueillera pendant le Festival international de la bande dessinée une exposition pédagogique de l’AJPN (Anonymes, Justes et Persécutés durant la période nazie) autour de cette page sombre de l’histoire avec notamment les planches de « L’enfant cachée ».

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Le site de Loïc Dauvillier