08 Août

Martha Jane Cannary (troisième partie), de Christian Perrissin et Matthieu Blanchin. Editions Futuropolis. 22,50 euros.

Si vous devez partir ces jours-ci en vacances sur une île déserte ou plus vraisemblablement sur une plage surpeuplée et n’emmener avec vous qu’une sélection drastique d’albums, alors je ne peux que vous conseiller Martha Jane Cannary, un triptyque absolument magnifique et singulier dont le dernier volet est sorti en avril de cette année chez Futuropolis. Bien que l’histoire se déroule dans l’Ouest américain du XIXeme siècle et porte sur l’une de ses figures légendaires, connue sous le nom de Calamity Jane, ce récit n’a rien d’un western à proprement parler. Il s’agit plutôt d’une biographie intime, d’un regard peut-être plus réaliste, plus terrien, sur le parcours hors du commun de cette femme dans un univers alors très masculin. Née le 1er mai 1852 dans le Missouri, calamity Jane est devenue par la force des choses une aventurière au long cours, une femme téméraire qui traversa maintes fois les territoires sioux, une femme libre aussi qui croisa un jour la route du général Custer, tomba amoureuse d’une autre figure légendaire de l’époque, James Butler Hickok, alias Wild Bill, eut une fille qu’elle décida plus tard d’abandonner…

C’est à travers les lettres que Calamity Jane a adressées à cette enfant, entre 1877 et 1902, que les auteurs, Christian Perrissin et Matthieu Blanchin, ont bâti leur récit. Mais pas seulement ! « Pour ne pas être dupes, nous nous sommes documentés sur son environnement historique, social, affectif… », confie Matthieu, « Il a fallu faire des recoupements entre divers bouquins qui parlent d’elle ou de ses contemporains comme Wild Bill Hickok ou Custer, et voir si ce qu’elle racontait concordait avec les dates et les lieux… ». Car Calamity Jane inventait beaucoup de choses à son propos. « Nous proposons en fait un portrait subjectif d’une personne qui, il ne faut pas l’oublier, se mystifiait elle-même de son vivant ». Bien que revendiqué comme subjectif, ce portrait a pourtant bien le mérite de démystifier le personnage et laisser apparaître ses parts d’ombre, ses peurs, ses doutes, ses faiblesses. Avant d’être une légende, Calamity Jane était donc une femme. Au final, Christian Perrissin et Matthieu Blanchin nous offrent 368 pages de bonheur, d’aventure intime et de cavalcades dans les grands espaces, loin des codes habituels du genre, tant d’un point de vue scénaristique que graphique. A lire, les deux pieds dans la poussière… pardon dans le sable ! EGuillaud