21 Nov

Nouveau départ pour Michel Vaillant chez Dupuis

Michel Vaillant est de retour ! Et personne ne s’en plaindra. Personnage légendaire de la bande dessinée franco-belge né de l’imagination de Jean Graton en 1957, Michel Vaillant a connu mille et une aventures sur tous les circuits automobiles du monde. 70 albums, 20 millions d’exemplaires vendus dans 16 pays, une très belle adaptation au cinéma signée Luc Besson, une intégrale en 20 volumes parue au Lombard, 14 dossiers Michel Vaillant portant sur des célébrités liées au monde de l’automobile, un changement d’écurie en 2010 avec l’arrivée du pilote chez Dupuis, la réédition complète de la série et… pour finir le lancement en novembre 2012 d’une nouvelle saison de ses aventures avec un premier album placé sous le signe du renouveau.

Titre de l’album : Au nom du fils. Aux manettes : Philippe Graton (le fils) et Denis Lapière pour le scénario, Marc Bourgne et Benjamin Benéteau pour le dessin. Un travail à quatre mains pour un nouveau départ. « Sur le fond… », confie Denis Lapière, « nous avons voulu rester proches de l’univers existant, riche d’une galerie de personnages avec beaucoup de caractère […] Sur la forme par contre, nous avons poursuivi deux axes supplémentaires : moderniser le ton et rendre cet univers plus réaliste »Plus réaliste et surtout plus contemporain, plus crédible ! Les auteurs ont apporté un sacré coup de jeune à la série tant au niveau du scénario que du dessin. L‘alliance graphique entre Bourgne (pour les personnages) et Benéteau (pour les automobiles) est une réussite totale. Comme peuvent l’être le léger lifting opéré sur le personnage principal, le nouveau design développé autour des voitures et le travail effectué sur les décors. Que vous soyez fans de sport automobile ou non, fans de Michel Vaillant ou non, Au nom du fils devrait vous séduire comme il devrait séduire un très large public.

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L’info en +

Nous vous parlions plus haut des Dossiers Michel Vaillant portant sur les figures emblématiques de l’univers automobile. Le dernier en date, paru à la rentrée, ne porte pas sur une de ces figures mais sur un lieu emblématique, très présent dans les aventures de Michel Vaillant :  Spa-Francorchamps. Les auteurs, Jean Graton et Alain van den Abeele, retracent l’histoire de ce circuit en s’appuyant sur des photos d’archives et de presse, des témoignages de coureurs automobiles, des illustrations et plusieurs extraits des aventures de notre héros Michel Vaillant. Un circuit unique au monde par son caractère, son tracé accidenté, sa beauté, un circuit historique, fabuleux, qui pousse à la limite, sacre les  meilleurs, un circuit d’hommes… disent les connaisseurs. Sans tomber dans le machisme primaire, Spa-Francorchamps est effectivement un circuit hors-norme, un mythe sur lequel tous les grands noms du sport automobile rêvent un jour de se mesurer !

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Au nom du fils, Michel Vaillant nouvelle saison (tome 1), de Bourgne, Benéteau, Graton, Lapière. Editions Dupuis. 15,50 euros

Spa-Francorchamps, Dossier Michel Vaillant, de Jean Graton et Alain van den Abeele. Editions Dupuis. 20,50 euros

19 Nov

Théodore Poussin de Frank le Gall en intégrale

Théodore Poussin n’est pas un héros au sens strict du terme. C’est un gars ordinaire plongé dans une aventure extraordinaire. Il est né anti-héros, il le restera le temps de ses 12 aventures. Un anti-héros magnifique de la trempe d’un Corto Maltese. De ce dernier, il a d’ailleurs hérité le goût du large, l’envie de voyages. Tout commence en 1928 à Dunkerque. Théodore est alors commis aux écritures à la Compagnie des chargeurs maritimes. Un travail de bureau sans horizon. Jusqu’au jour où il se décide à embarquer pour l’Indochine à la recherche d’un oncle disparu : le capitaine Steene. C’est le début d’une longue, très longue quête du côté de Haiphong, Singapour, Macassar, Bornéo ou encore Java. Aventure, exotisme, mystère… La série de Frank Le Gall est l’une des plus belles créations des années 80-90 et l’une des plus belles du Neuvième art tout simplement.

Ce troisième volume de l’Intégrale Théodore Poussin est le dernier. Il réunit quatre récits, La Terrasse des audiences 1 et 2, Novembre toute l’année et Les Jalousies. Frank Le Gall est alors au sommet de son art. Les planches sont d’une rare intensité dramatique, poétique et exotique. Le voyage est immédiat ! Bonheur suprême, un dossier d’une cinquantaine de pages revient sur le contexte de création avec à l’appui de nombreuses illustrations, des couvertures, des croquis et les planches inédites d’un premier découpage de Novembre toute l’année. Une opportunité magnifique pour tous les fans et les autres de (re)plonger dans ces aventures au long cours. EGuillaud

Intégrale Théodore Poussin (tome 3), de Frank Le Gall. Editions Dupuis. 28 euros. Pour l’intégrale complète, comptez 76 euros, le prix de l’excellence.

14 Nov

Le Loup des mers de Jack London librement et merveilleusement adapté par Riff Reb’s

Loup Larsen domine son navire et ses marins par la force, la violence et le mépris, il aurait pu dominer le monde par sa culture. C’est à peu près en ces termes que le jeune naufragé Humphrey Van Weyden, journaliste, chroniqueur, féru de littérature, décrit le Capitaine de goélette qui l’a sauvé des eaux. En être terrifiant qui n’a pas la même définition de la vie, de la mort, que le marin moyen. Mais avec une connaissance de la littérature hors-norme qui forcément interroge, intrigue. Recueilli à bord du phoquier après une infortune de mer, Humphrey Van Weyden est enrôlé de force comme mousse. Mais entre les deux hommes, très vite, naît une relation étrange, un rapport de force et de culture…

Quel délice ! Oui, quel délice de retrouver le coup de crayon et les atmosphères de Riff Reb’s. L’auteur havrais des mythiques et complètement punk Bal de la sueur et Aaaargh parus au milieu des années 80 chez Glénat, et plus tard des aventures de Myrtil Fauvette aux Humanos, nous revient avec l’adaptation de ce roman de Jack London. Et le résultat ? Comme une évidence ! Chaque planche, chaque vignette, chaque mot, est un régal. Riff Reb’s déploie avec force son trait dynamique et précis qui flirte parfois avec la gravure. Le traitement monochrome finit d’ajouter une dimension dramatique exceptionnelle à l’ensemble du récit. Aucun doute, Le Loup des mers version Riff Reb’s est une merveille, un des albums chocs de ce dernier trimestre 2012. EGuillaud

Le Loup des mers, de Riff Reb’s. Editions Soleil. 17,95 euros

12 Nov

Capitaine Cormorant et autres récits, un album d’Hugo Pratt

Oubliés ? Presque. Les trois récits réunis dans ce recueil avaient pourtant bien été édités en France dans les années 80. Mais qui s’en souvient aujourd’hui si ce n’est les passionnés ? Qui se souvient par exemple des aventures de Billy James dans les territoires des Grands Lacs, de L’Assaut du fort qui nous plonge au coeur de la guerre de sept ans, et surtout de Capitaine Cormorant dont les planches préfigurent l’album La Ballade de la mer salée et les aventures d’un des plus grands marins de la bande dessinée mondiale, Corto Maltese. Antonio Carboni, spécialiste de l’oeuvre d’Hugo Pratt, écrit très justement en préface : « On aperçoit déjà le souffle des grands espaces océaniques, les vagues majestueuses, le vol et le cri des goélands, les huttes et les embarcations des indigènes ». Tout est là en train de s’installer dans la tête et sur les planches d’Hugo Pratt…

Pour autant, ces trois récits, écrits au début des années 60 ne sont pas des oeuvres de jeunesse qu’on pourrait ignorer, voire mépriser. Hugo Pratt y fait déjà preuve d’une très grande maîtrise de son art. Et cette édition particulièrement soignée, au format à l’italienne avec custode, leur offre une nouvelle vie, leur redonne même un aspect très contemporain avec une mise en couleurs légère, aux tons pastels. Admirez ces planches, ce trait, ce noir et blanc, ces personnages, cette poésie, cette impression de voyage immédiat… C’est du Pratt, du grand Pratt. Un ouvrage indispensable pour les fans et pour tous ceux qui veulent découvrir un des auteurs majeurs du Neuvième art ! EGuillaud

Capitaine Cormorant et autres histoires. Editions Casterman. 27 euros

HSE pour Human Stock Exchange, un récit de SF signé Dorison et Allart chez Dargaud

Vous rêvez d’investir dans une valeur sûre ? Alors, investissez dans l’être humain. C’est facile, pas trop cher et ça rapporte gros. C’est le HSE, Human Stock Exchange, créé par un certain Simon Sax pour Meninvest Finance. Et parmi les plus belles progressions du moment, le docteur Jonas Miller, un million d’eurodollars de plus-value sur son cours. De quoi faire rêver tous les investisseurs du monde. De quoi faire rêver aussi Félix Fox. Lui n’a pas un centime pour acheter des actions. Il vend des voitures par visiomail chez Zelig et vit dans un quartier de misère sans pouvoir se payer un litre d’eau chaude. Mais Félix Fox rêve de devenir un « Red Eyes », un de ces « yeux rouges », rougis par le travail… Autrement dit, il souhaiterait entrer en bourse, devenir un de ces fameux êtres « côtés » et empocher au passage un beau petit pactole. Mais Les candidats sont nombreux et notre jeune homme va s’apercevoir très vite que l’argent ne se gagne pas sans sacrifices…

Des hommes côtés en bourse, il fallait l’imaginer, Xavier Dorison l’a fait ! Lui, l’ex-spécialiste de la finance d’entreprise, imagine ici un futur proche ravagé par la crise financière, les licenciements, les émeutes de petits porteurs ruinés… et donc ces hommes découpés en milliers d’actions et condamnés à rendre en permanence des comptes à des actionnaires assoiffés d’argent. Un scénario à faire frémir les plus libéraux, un dessin réaliste signé Thomas Allart qui fait mouche et une douce atmosphère futuriste, toujours proche du possible… ce premier tome très réussi laisse présager la naissance d’une nouvelle grande série de SF. EGuillaud

HSE, Human Stock Exchange (tome 1), de Dorison et Allart. Editions Dargaud. 13,99 euros

04 Nov

Thorgal : un monde d’aventures…

La série Thorgal est l’une des pièces maîtresses des éditions du Lombard et un monument du patrimoine mondial de la bande dessinée. C’est en 1977 que le personnage fait son apparition dans les pages du journal Tintin, le temps d’une aventure de 30 pages pensent alors les auteurs Grzegorz Rosinski et Jean Van Hamme. Mais les lecteurs vont en décider autrement. Ils aiment, ils adorent et en redemandent. En 1980 paraît le premier album « La Magicienne trahie ». C’est le début d’une longue, très longue aventure. 35 ans de longévité à ce jour, 33 albums et 2 séries parallèles, Kriss de Valnor et Louve, réunies sous l’appellation Les mondes de Thorgal. L’une et l’autre développent les aventures de personnages secondaires rencontrés par Thorgal ou de certains membres de sa propre famille.

Une troisième série parallèle est annoncée et portera sur La Jeunesse de Thorgal. En attendant, deux albums sont sortis ce mois-ci, La main coupée du dieu tyr, deuxième volet de Louve, et Digne d’une reine, troisième opus de Kriss de Valnor. Mais ce n’est pas tout ! Les éditions du lombard viennent de publier un making-of intitulé Aux origines des Mondes qui revient sur ce récent développement de la série. Au sommaire : les interviews des différents auteurs, Grzegorz Rosinski en tête, suivi d’Yves Sente, de Giulo de Vita, Roman Surzhenko, Yann, mais aussi de nombreuses illustrations, des photographies, des découpages, des crayonnés et même des séquences inédites. Des ouvrages indispensables pour les fans de base… EGuillaud

Digne d’une reine, Kriss de Valnor (tome 3), de Sente et De Vita. 12 euros
La main coupée du dieu Tyr, Louve (tome 2), de Yann et Surzhenko. 12 euros
Lz monde de Thorgal aux origines des Mondes. Hors série. 12 euros

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Retrouvez ci-dessous la bande annonce du troisième volet de Kriss de Valnor
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03 Nov

Eden Hôtel ou le jeunesse d’Ernesto Guevara selon Gabriel Ippoliti et Diego Agrimbau

Eden Hôtel n’est pas la première bande dessinée sur le Che. Il y a eu le fameux Che publié en 1968 et signé Hector Oesterheld, Alberto Breccia, Enrique Breccia, plus proche de nous, Le Che une icône révolutionnaire de Spain Rodriguez (Hors Collection) ou encore le livre d’Olivier Wozniak, Maryse et Jean-François Charles, Libertad Che Guevara (Casterman). Mais c’est peut-être la première fois que le mythique personnage se trouve plongé dans un récit qui relève à la fois de la réalité historique et de la fiction.

Le scénariste argentin Diego Agrimbau est parti d’un lieu et d’un contexte bien réels pour mettre en scène Ernesto Guevara Lynch père et fils. Le contexte, c’est la deuxième guerre mondiale, et le lieu, un hôtel de luxe en Argentine dont les propriétaires allemands ont affiché dès le début de la guerre leur soutien à Hitler, au point de transformer le site en un véritable bunker nazi. Autre fait bien réel, le père du futur Che apparaît comme un membre actif  d’Action Argentine, une organisation militante qui enquêtait sur les activités nazies en Amérique du Sud. Et c’est aux portes de l’hôtel que commence la fiction. Ernesto Guevara père et fils n’y ont jamais mis les pieds. « Ils se sont arrêtés devant le portail, ont regardé autour d’eux … », précise Diego Agrimbau dans une interview publiée en fin d’ouvrage, « et sont immédiatement repartis en direction d’Alta Gracia, où ils habitaient alors […] Jamais ils n’ont résidé à l’hôtel. Mais pour moi, c’est là qu’a commencé la fiction, ou plutôt l’uchronie… » Et d’imaginer le père du Che et le futur Che lui-même, alors enfant, infiltrés au coeur de la place forte ennemie avec pour tâche de déjouer les plans d’une éventuelle invasion de l’Amérique latine. Après La Bulle de Bertold et La Grande toile, Diego Agrimbau et le dessinateur Gabriel Ippoliti nous offrent un nouveau récit captivant, bien construit, toujours inscrit dans le plausible, avec un dessin réaliste précis et des couleurs particulièrement soignées. EGuillaud

Ernesto, Eden Hôtel (tome 1), de Gabriel Ippoliti et Diego Agrimbau. Editions Casterman. 13,50 euros