22 Juin

75 ans de Spirou : Franquin et les fanzines, un recueil d’entretiens avec la presse souterraine

Petit mais costaud le nouvel ouvrage des éditions Dupuis fêtant les 75 ans de Spirou ! Sur 480 pages, Franquin et les fanzines réunit une vingtaine d’entretiens, l’intégralité selon l’éditeur, que Franquin, l’un des plus grands noms de la bande dessinée franco-belge, figure emblématique du journal Spirou, accorda aux fanzines de 1971 à 1993. 22 ans de passion, de colères, de joies, de partage avec les fans retranscrits dans les pages de Schtroumpf, Esquisse, Antirouille, Sapristi, A l’Aise, Champagne ! ou encore Auracan, des noms qui parleront à certains. Et parmi cette vingtaine d’entretiens, celui réalisé par Guilhem et Christophe Bec en 1990 et qui resta dans les tiroirs pendant plus de vingt ans avant d’être publié sur un blog et finalement dans ce recueil. Guilhem se souvient de ce moment : « J’ai le souvenir d’un grand enfant plein de passion, d’une immense gentillesse et d’une simplicité incroyable. J’ai eu le privilège de lui montrer des pages que j’avais dessinées et apportées avec moi : il s’enflammait sur tel détail ou telle idée, j’étais très impressionné! Je ne sais pas combien de temps a duré l’interview, j’étais sur une autre planète, ne réalisant pas encore ce qui m’arrivait… Bref, je garde le souvenir d’un très grand monsieur – dans tous les sens du terme –  passionné, très simple… et très bavard ! ».

Plus qu’une simple compilation d’entretiens, Franquin et les fanzines pose un regard bienveillant sur une période charnière pour la bande dessinée, période qui la vit entrer dans le monde adulte grâce notamment à ces publications souvent restées confidentielles. Un concentré de passion et d’informations sur un géant du Neuvième art ! EGuillaud

Franquin et les fanzines. Editions Dupuis. 28 euros

19 Juin

M’sieur Maurice et la dauphine jaune, une biographie romancée de Maurice Tillieux signée Bruno Bazile aux éditions Treize Etrange

Mais qu’a donc fait ce fameux M’sieur Maurice pour mériter un album de BD à son nom ? Si les plus âgés d’entre vous comprendront dès les premières pages, les plus jeunes auront peut-être besoin de quelques éclaircissements. Car M’sieur Maurice n’est pas un personnage de papier ordinaire. Dans la vraie vie, l’homme s’appelait Maurice Tillieux et exerçait le métier d’auteur de bande dessinée, oui oui, un auteur prolifique et influent qui imprima sa marque au Neuvième art dans les années d’après-guerre et plus particulièrement au journal Spirou pour lequel il créa les célèbres aventures de Gil Jourdan. C’est d’ailleurs à celles-ci que fait référence la couverture et principalement à celles-ci que nous ramènent les 46 pages de cet album.

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Découvrez l’interview de l’auteur ici-même

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Dans une série d’histoires courtes, Bruno Bazile, auteur par ailleurs des aventures humoristiques de Sarkozix, nous raconte en effet comment le quotidien de l’auteur et notamment ses voyages à travers la France, depuis Marseille jusqu’à Saint-Nazaire, en passant par lîle de Noirmoutier ou  la Normandie, ont pu  influencer son travail et donner naissance à l’un des personnages les plus emblématiques du journal Spirou. Moins épique et surtout moins polémique que le récit des aventures de Jijé, Franquin et Morris aux Etats-Unis (Gringos Locos), M’Sieur Maurice et la dauphine jaune est présenté comme une biographie (très) romancée de Maurice Tillieux. Les amoureux de la série policière s’amuseront des nombreuses anecdotes, des clins d’oeil et des « seconds rôles » qui traversent l’album comme will ou François Walthéry. Toute une époque ! EGuillaud

M’Sieur Maurice et la dauphine jaune, de Bazile. Editions Treize Etrange. 13,90 euros

16 Juin

Moi, moche et méchant : interview exclusive du directeur artistique Eric Guillon

Il est d’origine nantaise mais vit à Los Angeles. Son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant son univers graphique a fait le tour du monde. A quelques jours de la sortie en salles du deuxième volet du film « Moi, moche et méchant », rencontre avec un de ses artisans, le très discret Eric Guillon !

L’histoire est connue. Jusqu’à ce qu’un jeune geek prétentieux dérobe la pyramide de Gizeh, Gru était connu et reconnu comme étant le plus grand super-méchant de l’humanité ! Humilié, ridiculisé, ringardisé, Gru relève la tête et saisit l’occasion pour ressortir de ses cartons un rêve de jeunesse : voler la Lune ! Plus fort que la pyramide, plus fort que tout, Gru et son armée d’assistants, les célèbres Minions, n’ont plus qu’à se mettre au travail et récupérer ce fameux titre de méchant…

Sorti en 2010, le film d’animation « Moi moche et méchant » a rencontré un succès mondial, pour ne pas dire interplanétaire… Ses 540 millions de dollars de recettes le hissent de fait à la dixième place des films d’animation les plus lucratifs de l’histoire aux Etats-Unis. Et rien qu’en France, ce sont près de 3 millions de bambins accompagnés de leurs parents qui l’ont vu et parfois revu…
Et l’histoire continue ! Le 26 juin, le deuxième volet de ce beau bébé des studios Universal sera à l’affiche des salles obscures françaises avec un Gru rangé des voitures ou presque, heureux en tout cas de jouer les papas poule, jusqu’au moment où une organisation ultra-secrète vient frapper à sa porte et lui proposer de lutter contre le mal. Gru luttant contre le mal ? Voyez la bande annonce, vous allez tout de suite comprendre…

Parmi les noms inscrits au générique apparaît celui d’un Nantais d’origine, mais oui, Eric Guillon, directeur artistique, qui malgré une quantité astronomique de travail et un aller-retour Los Angeles Paris encore dans les jambes, a gentiment accepté de répondre à nos questions.

Vendredi 7 juin, 20h00 à Nantes, 11h00 à Los Angeles, c’est l’heure de notre rendrez-vous via Skype, l’image et le son en un clic, c’est la magie d’internet. Allez, on se connecte. Bonjour Eric, bonjour Eric, un petit réglage de l’enregistrement côté français, un décrochage rapide des dernières recherches graphiques qui tapissent le mur côté américain et c’est parti…
Je crois savoir que vous travaillez sur plusieurs nouveaux projets. Pouvons-nous en savoir un peu plus ?
Eric Guillon. Effectivement, je travaille sur trois nouveaux films mais je ne peux absolument pas en parler, ni donner le titre, ni le sujet. Secret défense !

Tout de même, on entend parler de-ci de-là d’un film consacré aux Minions pour 2014.
E.G. Il y a effectivement celui-ci qui est bien avancé. Les deux autres sont deux sujets totalement originaux mais je ne peux pas en dire plus…

Même sous la torture ?
E.G. !!!!

La suite ici…

15 Juin

Junk, un western signé Brüno et Nicolas Pothier chez Treize Etrange

Il n’ont pas vraiment le profil ni les artères des jeunes cowboys fringants qu’on a l’habitude de voir dans les rôles principaux des bons vieux westerns. Ford, Jill, Wood, Moos, Wang et Hank ont certes fait partie de la bande des Jersey Cowpunchers mais c’était il y a 15 ans. Autant dire une autre vie.  Depuis, chacun s’est habitué à ne plus voir l’autre et à se contenter de petits boulots plus ou moins honnêtes pour survivre. Jusqu’au jour où Hank, le leader, réunit l’équipe pour une étrange chasse au trésor dans les montagnes…

Publié initialement en deux volumes, en 2008 et 2010, ce western n’a de vieillerie que les personnages principaux et le titre (junk signifie viellerie, bric à brac…). Pour le reste, Brüno et Nicolas Pothier signent un western tout à fait moderne tant sur le plan graphique, avec ce trait stylisé et reconnaissable entre tous, que sur le plan scénaristique et narratif. Nicolas Pothier, par ailleurs scénariste de l’excellente série Ratafia également publiée chez Treize Etrange, parvient à nous tenir en haleine tout au long des quelques 110 pages que compte l’album. Enfin, il serait totalement injuste de ne pas signaler le travail de la coloriste Laurence Croix qui nous offre là de somptueuses atmosphères notamment dans les montagnes enneigées. Un western qui doit autant à Sergio Leone qu’à John Ford. Indispensable ! EGuillaud

Junk, de Pothier et Brüno. Editions Treize Etrange. 20 euros

11 Juin

L’atelier Mastodonte, une BD collective et désopilante signée Alfred, Bianco, Neel, Pedrosa, Tebo, Trondheim et Yoann chez Dupuis

Prenez quelques représentants de la fine fleur du Neuvième art, disons Alfred, Guillaume Bianco, Julien Neel, Pedrosa, Tebo, Lewis Trondheim et Yoann. Enfermez les dans un appartement parisien, agitez le tout pendant quelques mois et vous obtiendrez suffisamment de gags pour lancer une nouvelle série chez Dupuis. L’atelier Mastodonte, c’est son nom, met en scène la vie quotidienne d’un atelier d’auteurs de bande dessinée. Si l’atelier est virtuel (je vous rassure, les auteurs n’ont pas été enfermés façon Loft Story), les planches sont quant à elles bien réelles et ont été publiées dans le magazine Spirou à partir de l’été 2011. Six auteurs, six styles différents mais une seule ambition : l’autodérision. Et le résultat est tout à fait désopilant !

Publié au format à l’italienne avec une couverture de Bilal, oui oui absolument, L’atelier Mastodonte est un incontournable de l’été. C’est frais comme une bonne bière à consommer avec modération, drôle comme du Trondheim, fin comme une vieille blague scatologique de Tebo, intelligent comme du Pedrosa, bref c’est la BD qu’il vous faut pour reposer votre petite tête bien pleine cet été ! EGuillaud

L’atelier Mastodonte, collectif. Editions Dupuis. 14,50 euros

06 Juin

« Dunk, naissance d’un héros », premier volet d’une trilogie de science fiction signée Robert et Biancarelli

2029. La Terre compte désormais 8 milliards d’individus qui s’entretuent dans des guerres entre nations et ethnies religieuses. L’économie mondiale est entre le mains de 10 personnes, la recherche scientifique a été purement et simplement privatisée, toute idéologie collective a définitivement disparu… Voilà, le décor est planté. Encore une précision et de taille, l’industrie du sport et les paris en ligne offrent un rendement beaucoup plus juteux que le trafic de drogue et d’armes aux mafieux locaux. Et du coup, ça ne plaisante plus chez les sportifs. Steve Moreira, pivot d’une célèbre équipe de basket turque, va l’apprendre à ses dépens en refusant la défaite programmée de son club, les Pills, lors d’un match qui les opposait au leader Galatasaray. Des petites frappes vont s’intéresser à son cas. Mais ils ne seront pas les seuls. Le professeur Mandelberg, grand spécialiste du cerveau, a lui aussi des vues sur le basketteur….

Dunk, du nom d’une action de jeu consistant à mettre le ballon dans le pannier tout en tenant ce dernier d’une main, est l’adaptation du roman de l’écrivain et journaliste Denis Robert paru en 2009 chez Julliard. On y parle de basket mais aussi et surtout d’ultralibéralisme et de neurobiologie dans un univers de science fiction. Malgré un graphisme pas toujours convaincant, ce premier des trois épisodes promet tout de même une belle adaptation ! EGuillaud

Naissance d’un héros, Dunk (tome 1), de Denis Robert et Franck Biancarelli. Editions Dargaud. 13,99 euros

01 Juin

Carnets de mariage, une bande dessinée de Romain Ronzeau chez Delcourt pour tous ceux qui pensent un jour se marier

Romain Ronzeau est un auteur de bande dessinée. C’est aussi, enfin c’était, un célibataire qui décida un beau jour de faire le pas, de s’amarrer, de se mettre la corde au cou… bref de se marier. Bon, on ne dira pas ici qu’il regretta amèrement et rapidement sa décision, mais tout de même, que le chemin fût long et parsemé d’embuches pour parvenir au plus beau jour de sa, de leur vie : le mariage. Et si comme toute belle histoire, celle-ci commence sur l’air du chabadabada chabadabada traditionnel, très vite arrivent les choses sérieuses, le choix du faire-part, des alliances, de la salle de réception, du D.J., du plan de table, de la robe de mariée… C’est ce véritable parcours du combattant que Romain Ronzeau nous raconte ici avec beaucoup de légèreté, d’humour et de justesse. Un guide ultime à conseiller ou offrir aux proches et amis qui s’apprêtent à faire le grand saut ! EGuillaud

30 Mai

Le Vent des cimes, un récit aérien de Buche et Perrissin chez Glénat

Cette nuit là, Rachel Wiezman n’arrive pas à dormir. Quelque chose l’inquiète. Un mauvais pressentiment. Son fiancé, Jack, avec qui elle doit se marier dans quelques heures, devrait être quelque part dans les airs entre Santiago du Chili et Buenos Aires. Il devrait même déjà apercevoir les lumières de la capitale argentine. Mais il n’en est rien. Pris dans une tempête, le jeune et valeureux pionnier de l’aéropostale a du se poser quelque part dans la Cordilière des Andes avec une chance de survie quasi-nulle. Voltigeuse de métier, Rachel décide de s’envoler pour le retrouver et le ramener à la maison…

Basée sur une histoire vraie, celle du pilote Henri Guillaumet qui s’écrasa dans les Andes en 1930 et ne dû sa survie qu’à son incroyable courage, Le Vent des cimes est avant tout une très belle histoire d’amour, de celles à déplacer les montagnes comme le revendique si justement le communiqué de presse de l’éditeur. Aux manettes : un duo qui se connaît bien puisque Eric Buche et Christian Perrissin ont débuté ensemble dans les années 90 avec les Aventures d’Hélène Cartier. Depuis, chacun a taillé sa route, Perrissin travaillant sur la série mythique Barbe Rouge et sur l’excellente trilogie Martha Jane Cannary, Buche signant de son côté Carapace, Francis Cabrel – les beaux dessins, Franky Snow… EGuillaud

Les Vent des cimes, de Buche et Perrissin. Edtions Glénat. 25,50 euros

26 Mai

Douce France, un récit de Simon Rochepeau et Lionel Chouin aux éditions Futuropolis

Douce France, c’est d’abord l’histoire d’une rencontre, celle de Christian, jeune cadre ambitieux dans une entreprise de BTP, et de Raymond Langlade, 92 ans, ancien résistant et homme politique, toujours influent. C’est aussi la confrontation de deux périodes de notre histoire proche. D’un côté, les années noires de la Seconde guerre mondiale, de l’autre le début du XXIe siècle avec son lot de tensions sociales nées de la crise économique internationale. Si Christian n’a pas connu la guerre, il lui doit sa carrière. Christian vient en effet d’être propulsé à la tête du chantier d’un mémorial dédié à la Résistance dans la petite ville de Saint-Yves, d’où il est d’ailleurs originaire. Une belle promotion et un gros chantier. C’est à cette occasion qu’il rencontre Raymond Langlade qu’il érige aussitôt en héros de la Résistance. Un modèle, un homme courageux, droit. Enfin presque… Au fil des rencontres, Christian apprend à mieux connaître l’homme et découvre peu à peu ses zones d’ombre. Mais qui n’en a pas ? Lui-même, issu d’un milieu plus modeste, est constamment sur le fil, prêt à renier les siens, parents et amis, pour faire carrière, rejoindre les nantis…

Un dessin épais, charbonneux, proche de l’esquisse, une histoire dense, très dense, des personnages entre ombre et lumière… le scénariste Simon Rochepeau – qui signe ici son premier album de bande dessinée – et le dessinateur Lionel Chouin (Les Mémoires mortes, Colt Bingers l’insoumis…) nous offrent un récit âpre mais très intéressant sur l’ambivalence de l’être humain. Raymond hier, Christian aujourd’hui, quelque soit l’époque, quelque soit le contexte, l’homme est un être complexe qui peut le meilleur comme le pire… EGuillaud

Douce France, de Simon Rochepeau et Lionel Chouin. Editions Futuropolis. 19 euros

23 Mai

Tueurs de mamans, un thriller signé Zidrou, Borecki et Ers chez Dupuis

Voilà bien un titre surprenant à quelques jours de la fête des mères, surtout de la part des éditions Dupuis. Un titre qui fait froid dans le dos. Et une couverture noire (magnifique!) qui nous met tout de suite au parfum. Tueurs de mamans commence comme une chronique lycéenne, 5 copines qui trainent leur adolescence comme elles peuvent, fondent une congrégation et se retrouvent régulièrement dans une cachette secrète, la chapelle désaffectée de leur école. Là, elles parlent de tout et de rien et bien sûr de ce qui les rapproche : le père qu’elles n’ont pas et cette mère qu’elles maudissent. C’est à l’occasion d’une de leurs réunions qu’elles tombent sur le site internet Castigo. « Ils vous tourmentent ? Nous les châtions ! » promet celui-ci. Et les voilà à passer commande, inconscientes de ce qu’elles vont provoquer. Aucun retour en arrière n’est possible, la machine est lancée, chaque mère va recevoir sa punition : une claque pour la première, une overdose de choux de Bruxelles pour la seconde et puis tout dérape…

Prévu en deux volumes, publiés à un petit mois d’intervalle, ce récit du scénariste Zidrou et des dessinateurs Ers et Borecki est un petit bijou de suspense qui, mine de rien, aborde pas mal de problèmes de société, à commencer par la crise de l’adolescence, la différence au sein du groupe, le handicap, la monoparentalité… et bien sûr les dangers d’internet. Mais tout ceci reste de l’ordre de la fiction, enfin pour le moment, et Tueurs de mamans nous offre un bon moment de détente ! C’est le principal… EGuillaud

Tueurs de mamans (tome 1), de Zidrou, Ers et Borecki. Editions Dupuis. 12 euros

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