Après Nocturnes berlinois, les Espagnols Ruben Pellejero et Juan Diaz Canales sont de retour avec une nouvelle aventure de Corto Maltese au coeur du Mexique des années 1920 et de la guerre des Cristeros…
Mine de rien, ça fait bientôt dix ans que Rubén Pellejero et Juan Díaz Canales ont repris la destinée de Corto Maltese, l’un des plus grands héros du neuvième art imaginé en 1967 par Hugo Pratt.
Dix ans, cinq albums et autant d’aventures qui nous ont emmené de Berlin à Prague, de Venise aux jungles d’Afrique équatoriale, de Tasmanie à Bornéo, de Panama à San Francisco et aujourd’hui au Mexique. Oui, le Mexique, où notre aventurier retrouve, tenez-vous bien, un Raspoutine fraîchement rentré dans les ordres, un Raspoutine en soutane, avec la croix et tout le toutim mais peut-être pas la vocation.
« L’église doit être bien désespérée pour mettre un loup à la tête du troupeau »
Et il n’a pas tort Corto, il peut légitimement s’interroger sur la présence de son meilleur ennemi dans ce coin du monde alors que les Cristeros, une bande de révoltés catholiques, sont en guerre contre les forces gouvernementales et leurs lois anticléricales.
On peut tout aussi légitimement se demander ce que fait Corto ici. Bouche Dorée lui a confié une mission, négocier un lot d’antiquités mayas auprès d’un archéologue véreux. Mais bien entendu, rien ne se passe comme prévu et Corto se retrouve à convoyer un chargement de munitions pour les Cristeros. Et ça n’a pas grand-chose à voir avec une promenade de santé !
« Il faut vraiment avoir la foi pour voir Dieu au milieu de cette boucherie »
Une boucherie, c’est le mot, et Corto n’a pas l’intention de traîner ses rouflaquettes trop longtemps dans ce paysage d’autant que Bouche Dorée lui a prédit une mort prochaine…
« Écoute Corto. Je ne plaisante pas! La mort te guette et elle parle espagnol »
C’est toujours un immense plaisir que de retrouver notre Corto international, que ce soit avec le style graphique très singulier de Bastien Vivès associé au scénariste Martin Quennehen ou avec celui, plus classique, et plus aéré sur cet épisode, de Rubén Pellejero associé pour sa part à Juan Díaz Canales. Les deux approches ont su préserver l’essence même des aventures de Corto, l’ADN du personnage, tout en lui garantissant un allongement de sa ligne de vie. Et c’est bien là l’essentiel !
Eric Guillaud
La Ligne de vie, Corto Maltese tome 17, de Canales et Pellejero. Casterman. 17€