Sorti en mars dernier aux éditions Delcourt, Shadow Hills nous embarque pour un monde étrange, très étrange, et triste, affreusement triste. Avec pour personnages principaux deux sœurs, Anna et Dana, et deux frères, Cal et Will. Deux familles différentes, des histoires qui le sont tout autant mais qui se retrouvent imbriquées dans un récit à l’atmosphère de fin du monde, un paysage désertique truffé de derricks et de crevasses spontanées qui engloutissent régulièrement hommes et maisons. L’exploitation des gisements de shale fait des ravages mais fait vivre aussi toute la petite communauté de Shadow Hills. Jusqu’au jour où une mystérieuse épidémie fait son apparition. Tout devient alors encore plus sombre, plus étrange et plus triste…
Si Sean Ford ne fait pas ici dans la comédie et pourrait facilement plomber le moral de tout un régiment, c’est qu’il souhaite peut-être nous alerter sur les ravages causés par l’homme à l’environnement, notre environnement. Shadow Hills est une éco-fiction qui mélange les genres, du thriller à l’horreur en passant par le fantastique. Un comics à lire l’esprit reposé pour en appréhender toutes les subtilités et apprécier son dessin épuré ! (Shadow Hills, de Sean Ford. Delcourt. 20,50€)
Déjà responsables et coupables de quelques livres essentiels, notamment Criminel, Mes héros ont toujours été des junkies, Fatale, Kill or be killed ou encore Pulp, Ed Brubaker et Sean Phillips nous embarquent ici pour un quartier de l’Amérique moyenne comme les autres, Pelican Road, avec sa supérette, ses maisons, un quartier en apparence tranquille. En apparence seulement ! Car dans ce qui pourrait être un décor de théâtre se joue la vie, avec ses histoires d’amour et de haine, ses rêves et ses mensonges. Avec un casting de premier choix : un flic qui ne l’est pas, une femme fidèle qui ne l’est plus, une gamine qui se prend pour une super-héroïne, un SDF qui squatte une cabane dans les bois, une paumée qui a fui sa cure de désintoxication et vole sa famille, un privé qu’on va retrouver raide mort… Bref, de quoi faire un excellent scénario de polar. Et ça tombe bien, Là où gisait le corps est un polar, un excellent polar, à lire sur la plage ou ailleurs ! (Là où gisait le corps, de Ed Brubaker et Sean Philips. Delcourt. 18,50€)
Ce comics-là date un peu. De septembre 2023 pour être précis. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire et découvrir une petite perle. Vous souvenez-vous de Stray Bullets, une série policière publiée aux États-Unis à compter de 1995 et dans la foulée en France, double Prix Eisner 1996, des histoires noires et radicales qui nous entraînaient dans les bas-fonds de la société américaine. L’album Lodger qui nous intéresse aujourd’hui est signé par le même duo de choc, David et Maria Lapham, et nous plonge dans une toute aussi sombre histoire, celle d’une jeune femme, Ricky Toledo, à la poursuite d’un serial killer dont elle était tombée amoureuse plus jeune mais qui a surtout tué sa mère. La vengeance est un plat qui se mange froid ! (Lodger, de Maria Lapham et David Lapham. Delcourt. 15,95€)
Pas vraiment plus récent, celui-ci date de novembre 2023, mais tout aussi indispensable et bienvenu pour une lecture sur la plage, Clementine s’inscrit dans la lignée de la mythique série Walking Dead de Robert Kirkman, dessinée par Tony Moore puis par Charlie Adlard, et dans la lignée du jeu video édité par Telltale dont Clementine est l’un des personnages principaux. Avec ici l’immense Tillie Walden au dessin ! Plus qu’une suite, c’est en fait une véritable relecture de cet univers que nous propose la jeune autrice de Spinning et de Sur la route de West, deux albums qui lui valurent chacun un Eisner Award, ou encore du magnifique récit de science-fiction baptisé Dans un rayon de soleil. Avec sa grande sensibilité, son approche plus intimiste et son fabuleux trait tout en délicatesse, Tillie Walden nous offre une douce balade au pays des zombies. (Clementine tome 1, Walking Dead, de Tillie Walden. Delcourt. 18,95€)
Vous avez aimé Strangers in Paradise ? Alors, vous aimerez Parker Girls qui n’est autre qu’un spin-off de la série mère aujourd’hui disponible en quatre intégrales chez Delcourt. Pas de super-héros en vue mais une organisation réunissant des héroïnes de choc, les Parker Girls, appelées à la rescousse pour dénouer les situations les plus inextricables. Et justement, l’une d’entre elles, Piper, vient d’être retrouvée morte sur une plage. De quoi donner du travail à Cherry, Kelly, Katchoo et Tambi. Un plongeon dans le monde du crime avec beaucoup d’action et pas mal d’humour… (Parker Girls, de Terry Moore. Delcourt. 22,95€)
Eric Guillaud