Jean-Luc Istin est le très prolifique créateur d’Aquilon, vaste monde directement influencé par les écrits de Tolkien, avec au bout du bout un nombre impressionnant de titres chez l’éditeur Soleil. Pour les éditions Oxymore et cette nouvelle série, il reprend les mêmes ingrédients de l’heroic-fantasy pour les mélanger cette fois-ci… au western !
Orcs Et Gobelins, Mages, Guerres d’Arran, Elfes… Autant de titres aux multiples suites (jusqu’à 35 tomes !), tous ancrés dans le même monde imaginaire peuplé de nains, de sorciers, de valeureux guerriers ou encore d’orcs maléfiques, tous inventés par la même personne : Jean-Luc Istin. Dessinateur mais surtout scénariste, ce breton de cinquante-quatre ans a construit depuis le début des années 2000 un univers à part entière aux références assumées, du Seigneur des Anneaux aux jeux de rôles, en passant par des jeux vidéo, style World Of Warcraft. Soit un syncrétisme plutôt malin car permettant de brasser large, bien au-delà du ‘simple’ lecteur de BD occasionnel.
Sa productivité, impressionnante, est facilitée par sa façon quasi-systématique de mener le récit, avec toujours le même type de chapitre introductif pour chaque personnage, beaucoup de dialogues et des dessinateurs efficaces mais ayant tendance à s’effacer un peu trop souvent derrière l’œuvre, devenant ainsi un peu interchangeables. En fait, tout le travail d’Istin s’apparente à celui d’un showrunner à l’américaine, misant tout sur l’efficacité tout en exploitant à fonds le monde dans lequel tout cela évolue une fois posé.
Alors, ne nous trompons pas : même s’il sort sur un autre éditeur (monté par un… Ex-Soleil) et mise sur un élément inédit (le western donc), West Fantasy se positionne de la même façon. Pour faire un parallèle avec une série télé, c’est un peu comme découvrir tous les quatre ou cinq ans la dernière série en date de la saga Star Trek : c’est la même ambiance, avec les mêmes valeurs disons mais des personnages et des lieux différents.
Comme tout premier tome digne de ce nom, celui-ci pose donc le décor et les trois premiers personnages principaux, présentés d’abord séparément avant de voir leurs chemins se croiser. Histoire de faire simple, on retrouve les trois sur la couverture, sous un titre lui aussi on ne peut plus explicite : Le Nain, Le Chasseur De Primes & Le Croque-Mort. Histoire de faire toujours simple, d’ores et déjà, il a été annoncé que l’un de ses trois héros réapparaîtra dans le tome suivant, formant ainsi un nouveau trio tout en assurant une continuité de l’œuvre.
Alors, est-ce que la greffe prend ? Oui, plutôt. Ce qui n’est pas trop surprenant tant, au final, les deux mondes – western et fantasy – ont pas mal de choses en commun : les grands espaces, une civilisation tentant tant bien que mal de domestiquer la nature, l’irruption soudaine de la violence, l’anarchie latente etc. Après, au bout du bout, à partir du moment où l’on fait très vite intervenir la magie, des zombies et autres créatures sortant tout droit d’un donjon malfamé, la partie fantasy finit invariablement par prendre la part du lion. Reste à savoir si les déjà prévues quatre suites réussiront à rétablir la balance…
Olivier Badin
West Fantasy – le Nain, Le Chasseur de Primes & le Croque-Mort de Jean-Luc Istin, Bertrand Benoit et Nanjan. Oxymore. 15,95€