Il n’y avait pas de mot pour exprimer ce qu’il souhaitait raconter dans cet album. Alors, Gwen de Bonneval l’a tout simplement inventé. Philiations, de Philia et filiations, un néologisme assumé évoquant une histoire aussi universelle et collective qu’intime et introspective, une histoire de lien, d’héritage et de transmission dans un monde pas très loin de l’effondrement.
La couverture de ce nouvel album de Gwen de Bonneval paru aux éditions Dupuis est à elle seule une source de réflexion et de questionnement. L’auteur s’y représente au travail sur sa table à dessin tandis que la forêt brûle derrière lui. Une façon d’illustrer un éventuel déni ? Sans doute. Et surtout le déni d’un monde qui court à sa perte si rien ne change rapidement.
Mais si Gwen de Bonneval a un temps refusé ou plus exactement sous-évalué l’ampleur du désastre, le réveil ne fut que plus brutal lorsqu’il commença à s’intéresser plus sérieusement aux questions environnementales et notamment à la théorie de l’effondrement selon laquelle notre société est vouée à disparaître du fait de l’enchaînement de crises environnementales, économiques, géopolitiques et sociétales.
Plongé dans une profonde éco-anxiété, Gwen de Bonneval se devait de réagir, s’imaginant dans un premier temps lanceur d’alerte à travers son art, la bande dessinée, avant de se rendre à l’évidence que réaliser une œuvre didactique ou pédagogique sur cette thématique n’était pas vraiment son truc !
Au travail militant, Gwen préfère alors partager avec le public une « expérience sensible », ce sera Philiations, une première véritable autobiographie pour l’auteur qui lui permet de s’interroger à travers son parcours de vie sur notre monde et cette obsession qu’on a à vouloir le détruire. Une façon de nous interpeller sur notre place, sur la place du collectif et de l’individu dans la lutte contre l’effondrement annoncé, tout un processus qu’il nous explique ici et maintenant…