Dernière ligne droite avant Noël ! Pour vous aider, voici une sélection de bandes dessinées très récentes pour les plus jeunes. Du rire, de l’aventure, du sensible… il y a de tout pour tout le monde, on vous laisse choisir la couleur du papier cadeau.
Et on commence par un retour, et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de Gaston Lagaffe. Personnage truculent imaginé par André Franquin pour hanter les pages du journal Spirou en 1957, Gaston devint très vite la coqueluche d’une génération qui bousculait les valeurs établies, à commencer par celle du travail. Pour certains, Gaston est un fainéant, c’est avant tout un poète devant l’éternel, écolo, bricoleur à ses heures et bien sûr pacifiste. Passons sur la polémique née à l’occasion de cette reprise par Delaf, nous retrouvons bien là l’univers mis en place par Franquin, les personnages, les bestioles, les inventions plus délirantes les unes que les autres et les gags qui font mouche. Gastonesque ! (Le Retour de Lagaffe, de Delaf d’après Franquin. Dupuis. 12,50€)
Le plus célèbre des papas poule du neuvième art est lui aussi de retour pour une nouvelle série de gags le mettant en scène dans sa vie quotidienne. Et quelle vie ! Quatre filles et pas une mère en vue, Dad doit tout gérer seul, alors forcément ça peut parfois être compliqué. D’autant qu’il est cette fois appelé au chevet de sa mère et doit laisser ses filles s’autogérer et le remplacer dans les nombreuses tâches ménagères. Et ce n’est pas vraiment gagné ! (Multi Daddy, Dad tome 10, de Nob. Dupuis. 12,50€)
Petite infidélité à sa série Dad, Nob nous entraîne ici dans les pas d’une autre famille, tout aussi déjantée, partie visiter le Louvre. Avec une bonne dose d’humour, on parcourt les salles du célèbre musée à la découverte de ses plus grands chefs-d’œuvre. La Joconde, la Victoire de Samothrace, le Radeau de la Méduse, le Sacre de Napoléon, la statue d’Amon et Toutânkhamon… tous sont l’occasion d’un bon gag mais aussi de quelques informations. C’est frais, c’est drôle, c’est instructif. Que demander de plus ? (Une journée au Louvre, de Nob. Delcourt. 17,50€)
Impossible d’ignorer Les Légendaires, la série culte aux 23 tomes parus, aux 10 millions d’exemplaires vendus et à la dizaine de spin-offs qui scrutent dans tous les sens l’univers imaginé par Patrick Sobral. Les Légendaires – Résistance est l’un d’entre eux. L’histoire se situe dans la continuité directe de la saga originelle, 20 ans après pour être précis, avec au programme un cataclysme terrestre, une succession de catastrophes et des héros nouvelle génération qui vont se dresser face aux dieux responsables de tout ça… (Le Sanctuaire de la mort, Les Légendaires – Résistance, tome 3, de Sobral et Jenny. Delcourt, 11,50€)
D’un côté Kid Paddle, 30 ans d’existence, 19 tomes parus, de l’autre Game Over, spin-off de Kid Paddle, 20 ans d’âge, 22 tomes au compteur, des millions d’albums vendus dans les deux cas, et au centre un auteur belge, heureux, enfin on peut le penser, Midam, devenu en quelques années un pilier de la bande dessinée humoristique franco-belge. Et ce pilier termine l’année en beauté en ajoutant une nouvelle pierre à chaque édifice, sans essoufflement, sans fatigue, les doigts dans le nez. (Game Over tome 22 et Kid Paddle tome 19, de Midam, Dupuis. 12,50€ l’album)
Ils ne sont pas tout jeunes nos héros, 55 ans de bons et loyaux services aux couleurs des Tuniques Bleues, pas tout jeunes et parfois un peu usés. Comme le sergent Chesterfield qui souffre du syndrome du soldat. Les symptômes ? Colères soudaines, paranoïa aigüe, intolérance au bruit, fatigue intense et sentiment d’inutilité. Bref, rien de bien compatible avec la guerre. Mais ça tombe bien, un géographe chargé de cartographier les territoires indiens a besoin d’une escorte. Chesterfield et bien évidemment son fidèle Blutch vont s’en charger, même si le bougre est un anarchiste et antimilitariste de première, tout ce qu’il faut pour énerver le sergent… Et de deux pour Kris qui a repris le scénario des Tuniques Bleues après le décès de Raoul Cauvin. Une histoire qui réunit tous les ingrédients de la série, un dessin qui se maintient, bref un très bon cru ! (Du Feu sur la glace, Les Tuniques Bleues tome 67, de Lambil et Kris. Dupuis. 12,50€)
C’est l’un des contes populaires les plus anciens, Peau d’Âne, mis en rime par Charles Perrault en 1694. Indémodable. Universel. Maintes fois adapté au théâtre, au cinéma et en bande dessinée. Cécile Chicault en propose aujourd’hui sa vision dans un magnifique album au dos toilé, à la fois subtile dans l’écriture et raffinée dans le trait, de la poésie à l’état pur et une histoire que l’on peut résumer ainsi : afin d’échapper au désir incestueux de son père, Peau d’âne exige de lui par trois fois des robes irréalisables et finit par s’enfuir, sous une peau d’âne. De toute beauté ! (Peau d’Âne, de Cécile Chicault. Jungle. 16,95€)
Le décor à lui-seul est inquiétant. Castlewitch, une vieille cité aux ruelles sombres et étroites posée au pied d’un imposant château. C’est ici que vit Malo, élève de 5ᵉ, un père lieutenant de police et une mère décédée. Pour le reste, Malo est un gamin ordinaire qui a la fâcheuse manie de se réveiller à la bourre. Mais ce matin-là, Malo aura une bonne excuse pour arriver à l’école après tout le monde. Sur sa route, Malo a secouru une jeune-fille tombée dans le coma. C’est le cinquième enfant qu’on retrouve ainsi. De quoi inquiéter la police locale et bien sûr le père de Malo. La cause de ce coma ? Une guerre secrète et invisible aux yeux des adultes entre les Imaginaires et les Maléfics. Une très belle couverture, un dessin réussi, un univers riche, une bonne intrigue… (Les Monstres imaginaires, Castlewitch tome 1, de Jarry, Gomes et Corderie. Soleil. 13,50€)
C’est un petit bijou que nous proposent de redécouvrir en version intégrale les éditions Dupuis, Messire Guillaume, publié initialement en trois volumes entre 2006 et 2009, primé à Angoulême dans sa version intégrale de 2010 en noir et blanc et au format à l’italienne. Un petit bijou cette fois en couleurs agrémenté d’un dossier d’une vingtaine de pages avec une interview des deux auteurs, Gwen de Bonneval et Mathieu Bonhomme. Une belle occasion de se replonger dans ce conte initiatique et médiéval, l’histoire du jeune Guillaume de Saunhac qui, refusant le remariage de sa mère avec un certain Messire de Brifaut, s’enfuit, espérant rejoindre sa sœur déjà partie en quête d’un père prétendu mort. Inspiré par beaucoup d’aspects de l’existence de Gwen de Bonneval, Messire Guillaume mélange l’intime et la grande aventure dans un Moyen Âge à la fois très réaliste et fantastique. Un petit bijou je vous dis ! (Messire Guillaume, récit complet, de De Bonneval et Bonhomme. Dupuis. 35€)
C’est certainement l’album incontournable de ce Noël 2023, L’Iris blanc, 40ᵉ aventure d’Astérix, la série aux 400 millions d’albums vendus depuis son lancement par Uderzo et Goscinny il y a maintenant 63 ans. Aux manettes aujourd’hui, deux auteurs de renom, le vieux briscard Conrad, au dessin depuis le 35ᵉ épisode, et un « petit nouveau » au scénario en la personne de Fabcaro, dont on a pu apprécier par ailleurs l’humour foncièrement absurde, notamment dans Zaï Zaï Zaï, Open Bar ou encore Walter Appleduck. Et le résultat est bien évidemment à la mesure du talent des auteurs et de la taille d’Obelix, énorme, avec au menu l’installation pas très loin du village d’irréductibles d’une nouvelle école de pensée positive venue de Rome… (L’Iris blanc, Astérix tome 40, de Conrad et Fabcaro. Albert René. 10,50€)
Après s’être penchés sur la peur panique du noir dans un premier album d’une tendresse infinie, Anne Montel, Loïc Clément et Julien Arnal reviennent avec une deuxième volet abordant cette fois la thématique de la séparation « qui est une phase difficile à appréhender pour les petits qui peuvent nourrir de grandes angoisses lors des premiers temps à la crèche ou à l’école », nous expliquaient les auteurs dans une interview réalisée à la sortie du précédent album. C’est beau, sensible et intelligent. À lire aux plus petits ! (Le Voyage, Armelle et Mirko tome 2, de Clément, Montel et Arnal. Delcourt. 15,95€)
On termine avec Elliot, sa vie de collégien et sa boulette d’angoisse comme dirait un des personnages de la bande dessinée, une boulette d’angoisse incarnée par une espèce de bestiole ronde et courte sur pattes qui le suit partout. Mais cette année, Elliot devient la star de la cour de récré grâce à une vidéo de danse postée sur Tic Toc. Plus de 400 000 vues en quelques heures. Elliot est devenu une star des réseaux sociaux, l’ami que tout le monde rêve d’avoir… ou presque ! Repéré avec L’homme le plus flippé du monde, une série pour les plus grands, Théo Grosjean raconte ici les aventures du collégien le plus flippé du monde avec une réflexion sur l’effet miroir aux alouettes des réseaux sociaux. Pas inutile ! (Réseaux et sentiments, Elliot au collège tome 2, de Théo Grosjean. Dupuis. 14,50€)
Eric Guillaud