On aurait pu croire à un plagiat mais non, il s’agit bel et bien de la réédition dans une version remasterisée et sous pavillon Anspach du livre de Goffin, Schuiten et Peeters, publié en son temps aux éditions Humanoïdes Associés et couronné Grand Prix RTL de la meilleure BD en 1990…
C’est un temps que les moins de 20 ans et même les moins de 30 ans ne peuvent connaître, un temps où la ligne claire chère à Hergé et Jacobs revenait en force sous les pinceaux d’auteurs aussi talentueux que Swarte, Ted Benoit, Yves Chaland, Serge Clerc… et Alain Goffin que l’on retrouve ici dans une de ses œuvres majeures, Plagiat!, éditée originellement en 1989 aux éditions Humanoïdes Associés.
Comme il l’a déjà fait pour son album Le Réseau Madou que l’on présente comme un classique de la renaissance de la ligne claire, Alain Goffin offre ici une remasterisation complète de Plagiat! avec à l’arrivée des pages entièrement retracées, remises en couleur et relettrées. Un sacré lifting visible dès la couverture et rattrapant au passage quelques fautes de goûts propres aux années 80. Même la robe de chambre de notre héros pris un coup de jeune.
Du côté de l’histoire, signée par le tandem Schuiten et Peeters (Les Cités obscures), bien évidemment, rien n’a changé. Plagiat! raconte l’histoire d’un peintre, Chris Van Meer, dont le succès booste l’esprit créatif. Le monde des arts est à ses pieds, la gent féminine aussi. Bref, tout va bien dans le meilleur des mondes jusqu’au jour où un artiste sorti de nulle part devient la nouvelle coqueluche des amateurs avec des œuvres qui ressemblent étrangement aux siennes. Dans un geste de colère, Chris Van Meer détruit ses propres tableaux. Pour lui, c’est le début de la fin, une lente descente aux enfers commence…
Histoire intemporelle qui nous transporte dans le monde de l’art et notamment de l’art moderne Plagiat! retrouve ici incontestablement un nouveau souffle, rien ne laissant présager de son âge si ce n’est peut-être la houpette du personnage principal. Pour le reste, le plaisir de lecture est là et bien là, les couleurs se faisant un peu plus discrètes dans cette nouvelle version nous permettent d’admirer au mieux le trait d’Alain Goffin qui fait de cet album un trésor de la ligne claire. L’encart de sept pages qui concluait l’album et avait marqué les esprits en s’inscrivant comme une pièce du scénario est toujours présent, augmenté d’une dizaine de pages portant sur le livre, son histoire, sa renaissance et contenant moult illustrations, recherches graphiques, découpages…
Eric Guillaud